Chapitre 22
Willa réitéra sa question :
- Pourquoi on est là tous les quatres ?
Abby haussa les épaules, en signe d'ignorance. Yohann prit la main d'Alison dans la sienne et la serra fort tout en lançant un regard interrogateur à Willa. Celle-ci, perturbée par la proximité entre un total inconnu et sa meilleure amie, détourna le regard. Elle observa la réaction de Théo, qui fut la même que les deux autres.
- Ah ! Vous êtes tous réveillés !
Une infirmière un peu forte passa la porte d'entrée en souriant. Ses joues étaient toutes rosies et ses cheveux bouclés étaient ramassés en queue-de-cheval étalée sur sa nuque. Willa l'imaginait très bien en vendeuse de bonbons, à une fête foraine.
La dame se dirigea vers les cinq adolescents et commença à leur expliquer leur cas.
- Vous devez vous demandez ce que vous faites là ! J'en ai parlé avec Maïlana et on est d'accord pour dire que c'est votre proximité inhabituelle et l'apport de pouvoirs supplémentaires que ça a provoqué qui a causé ces petits malaises...
Willa fit une moue dubitative.
Des petits malaises ? Sérieusement ? On n'arrivait même pas à tenir sur nos jambes...
L'adolescente essaya de se repasser sa dernière heure de cours dans la tête, pour comprendre ce qui aurait pu se passer. Son esprit en ébullition se rappela d'un détail, peut être insignifiant.
Elle lança un regard à ses amis et dit, un peu gênée par son statut de "nouvelle du groupe" qui ne s'était toujours pas estompé :
- Je sais pas si ça vous a fait pareil mais moi, j'ai ressenti une douleur à l'épaule... Comme si on m'avait fait un vaccin...
- Oui ! Ça m'a fait pareil ! La douleur se répandait de là, répondit Abby, en touchant son épaule.
Les deux garçons approuvèrent eux aussi ce fait.
- À votre avis, qu'est ce qui a pu provoquer cette douleur collective ? demanda Alison à la femme.
- Je pense que c'est juste un éventuel effet secondaire de votre proximité... renchérit l'infirmière, restant sur ses positions.
Willa haussa les sourcils d'un air peu convaincu et se leva.
- Willa ! Il faut que tu restes allongée !
L'infirmière l'avait rejoint au pas de course et l'empêchait de quitter son lit.
- Mais pourquoi ? J'ai déjà loupé assez de cours pour toute l'année !
Alison lâcha un petit rire en commentant :
- Ça, c'est sûr ! Je crois même que tu as battu un record... Ça fait tout juste une semaine que t'es là et l'endroit que tu connais le mieux, c'est l'infirmerie !
Willa regarda Alison d'un air choqué. Comment son amie pouvait-elle plaisanter sur le fait qu'elle était allée voir Jean souvent depuis son "attaque" ?
- Il vaut mieux en rire qu'en pleurer... se justifia Alison, décelant la gène de Willa.
Théo, qui était décidément le plus discret de tous, se tourna vers l'infirmière, toujours affairée autour de Willa, et lui demanda poliment :
- Et quel est votre diagnostic pour Jean ?
L'infirmière haussa les épaules et répondit vaguement :
- Normalement, on n'a pas le droit de divulguer ce genre d'information aux élèves mais... Vous m'avez l'air d'être des adolescents de confiance alors, je vais faire une exception ! s'exclama-t-elle d'une voix malicieuse. Votre ami a été victime d'une attaque de loup... Où de vampire... Voire des deux ! Alliée à un sort de sorcier qui le maintient dans cet état comateux.
Willa, qui n'avait retenu que les mots "loup", "attaque", "vampire" et "sorcier" du discours de la femme, commença donc à paniquer. Elle demanda d'une voix tremblante :
- Vous savez s'il va s'en sortir ?
- Mme Goldmouse travaille dessus... Elle espère trouver un remède rapidement pour ce jeune homme...
- Qui est Mme Goldmouse ?
- Notre professeure de mathématiques, spécialiste de sorcellerie, lui expliqua Abby.
Willa sentit sa gorge se nouer.
- C'est ma faute s'il était là... Il aurait dû rester chez lui ! Il n'avait rien à faire ici ! Il n'aurait même pas dû connaître cet endroit ! Si je n'y avait pas été, il ne serait jamais venu !
Alison lâcha la main de son amoureux et vint se placer aux côtés de son amie. Elle la serra dans ses bras et essaya tant bien que mal de la réconforter.
- Ne t'inquiète pas Willa... Jean va s'en sortir. Mme Goldmouse est une super prof ! Elle va forcément trouver un antidote !
Elle chercha du soutien auprès des trois autres adolescents, qui hochèrent la tête avec conviction.
- Et... Je ne pense pas que vous le sachiez mais... commença l'infirmière.
Willa se redressa aussitôt en disant :
- De toute façon, je ne sais jamais rien, alors vous pouvez tout me dire.
Cette phrase sonnait avec un sérieux air de reproche mais Alison décida de ne pas le relever en se concentrant sur la femme.
- Vous savez, normalement, je n'ai vraiment pas le droit de vous le dire mais... Je pense que je peux réellement vous faire confiance alors... Et en plus, vous êtes ses amis !
Alison et Willa était à fleur de peau. Pourquoi l'infirmière tournait elle autant autour du pot ?
- Il me semble de par ses analyses sanguines que votre ami est un vampire.
Tout le monde resta bouchebée sauf Alison qui toussota.
- Ah... C'était ça...
Willa regarda son amie avec étonnement.
- Qu'est ce qui était ça ? Tu étais au courant ?! demanda-t-elle, légèrement sur les nerfs.
Alison hocha la tête puis se reprit en s'embrouillant :
- Oui... Enfin non ! Je ne savais pas ! J'avais des doutes, on va dire...
Willa respira un bon coup pour essayer de se calmer.
Un "omission" de plus...
Elle lui fit un petit sourire forcé qui sonnait faux et regarda Jean, toujours allongé à l'autre bout de la salle sur son lit de camp.
Elle se leva doucement, ayant la tête qui tournait. L'infirmière n'eut pas le temps de l'en empêcher qu'elle était déjà au chevet de son ami.
Elle le regarda intensément. Sous un angle nouveau, improbable. Elle observa sa mâchoire, mais ne distingua aucune trace "vampirique".
- Vous en êtes sûre ? demanda Willa à la femme qui se démenait derrière elle pour la ramener au lit.
L'infirmière cessa ses mouvements, qui étaient de toute façon vains, et répondit.
- Certaine ! Son sang n'est pas génétiquement humain. Enfin, si, en partie... Ce qui me fait penser que c'est un natif.
Willa fit une moue contrariée. Elle détestait ne pas comprendre vite. Elle se tourna donc vers ses amis. Ceux-ci avaient un peu décrochés de la discution qui ne les regardait pas. Alison la rejoignit et demanda à l'infirmière :
- Vous pouvez lui expliquer ce qu'est un natif ? Tout ça, c'est un peu nouveau pour elle... Et n'hésitez à rentrer dans les détails, elle adore ça !
Cette petite touche d'humour fit sourire Willa, lui rappelant le bon vieux temps, où tout était simple, normal...
Pas surnaturel, en somme !
L'infirmière, contente de pouvoir expliquer quelque chose à une oreille attentive et intéressée, se lança dans des explications compliquées qui remettaient en cause les lois de la génétique et de la biologie. Toutes ses paroles pouvaient se résumer ainsi: les vampires natifs sont des vampires qui naissent avec leur condition. Ils grandissent normalement jusqu'à l'âge adulte (pour un vampire natif, c'est à dire environ 21 ans) et là, leur croissance s'arrête. Si ils ne meurent pas (en étant tués), les vampires natifs ont une espérance de vie équivalente aux vampires "mordus" (ou "mutés"), soit quelques centenaires à suivre les progrès de la société autre part que dans les livres.
Willa hocha la tête avec conviction, elle aussi contente que quelqu'un lui donne enfin des explications complètes. D'habitude, les professeurs de sciences n'osaient pas donner trop de détails, de peur de faire décrocher les moins bons élèves.
Ces explications complètes lui avaient fait presque oublié le "problème" principal: Jean.
Elle regarda de nouveau son ami, essayant de déceler le moindre signe de vampirisme chez lui, mais non, tout paraissait normal.
- Les canines pointues ne se déclenchent que volontairement et en cas de défense ou d'attaque ou l'informa Alison.
Willa hocha la tête, concentrée sur son ami. Quel changement cela allait il entraîner dans leur vie qu'il soit un vampire et elle une sorcière ? Était il au courant pour elle ? Bien sûr que oui, il l'était !
L'Ombre Noire sait que Willa est là. C'est ce qu'il avait dit le vendredi de son "arrivée". Un vendredi 13 d'ailleurs. Willa sourit devant l'ironie de la situation: elle n'avait jamais été très superstitieuse mais il y avait de quoi se poser des questions !
Tant de questions tournaient et retournaient dans sa tête, sans cesse. Elle s'en lassa vite et repartit près de son lit, son mal de crâne étant revenu.
Arrivée environ à mi chemin entre le lit de Jean et le sien, qui étaient situés à l'opposé l'un de l'autre, elle entendit un halètement paniqué.
Elle se retourna d'un coup, se cognant par la même occasion son épaule douloureuse dans une armoire à pharmacie qui était accrochée sur le mur.
Elle se retint de gémir, ne voulant pas paraître plus faible qu'elle ne se le considérait et rapporta son attention vers la provenance du bruit, la main sur l'épaule.
Jean était redressé sur son lit, fouillant du regard la pièce. Paniqué, il ne reconnu dans un premier temps ni Willa ni Alison. Cette dernière, plus proche du garçon, se rapprocha et essaya de le calmer. Willa accourut et soutint son amie. À elles deux, elles réussirent à maintenir stable Jean.
Celui-ci comprit enfin où il se trouvait et se calma d'un seul coup. Il regarda ses deux amies tour à tour et les serra dans ses bras.
- Vous êtes là toutes les deux...
Il se dégagea de l'étreinte, apparement en pleine forme malgré ses 6 jours d'inconscience, et demanda aussitôt :
- Où est Maïlana ?
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La petite bande d'amis est enfin au complet... En fait, c'est la première fois que vous allez tous les "voir" d'un seul coup !
J'avais envie de mettre deux "espèces de vampires: les natifs et les mutés ("mordus" est un terme plus péjoratif)... J'espère que mon explication les concernant a été clair, sinon, n'hésitez pas à me le dire et je vous ré-expliquerais tout :)
Sur ce, je vous souhaite à tous une super bonne journée ou soirée...
Tchuss ! 😜
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