Chapitre 25 : Inquiétude malvenue #2


Ash


Je cesse enfin d'être dans mes stupides pensées et je soupire fortement. Franchement, ce moment passé ensemble m'a plus chamboulé qu'autre chose. De nouvelles questions se bousculent dans mon être, des interrogations la concernant dont je ne me suis jamais soucié.

Je me sens préoccupé, inquiet, voire même curieux, par cette femme supposée insignifiante.

Sa silhouette n'est pas très loin et, pour la seconde fois, j'utilise mon don pour l'écouter au-delà de sa chair.

Ce que j'entends est la même vibration que lors de notre première rencontre.

Ce jour-là, quand je l'ai vu au milieu du salon de son appart, si petite, si soumise devant notre apparence et aux caprices d'un homme, je me devais de la vérifier. En serrant sa main, j'ai tendu l'oreille à son chant. Ma conclusion était qu'elle était aussi transparente intérieurement qu'extérieurement, et qu'elle ne devait son existence qu'au bon vouloir d'un humain qui ne la regardait pas. Il y a un tel vide en elle qu'il serait difficile de le combler.

Je pensais en outre qu'on l'avait déjà tué et qu'il était impossible pour elle d'être récupérée.

En ce moment même, je ne décèle toujours rien, à part un léger son étouffé, comme si son âme était maintenue sous une tonne d'eau et noyée sous les flots.

Mais quelque chose ne va pas, quelque chose ne correspondait pas.

Comment une âme avec une telle radiance peut-elle être si muette ? Pourquoi y a-t-il un tel paradoxe entre sa flamme et son silence ?

Qui a bien pu la mettre dans cet état ? Qui a pu lui faire si mal au point qu'elle ait décidé de se cacher aux yeux de tous ?

Mais le plus important de tout, c'est qu'elle peut être encore sauvée. Au fond de cette mer abyssale gorgée de mélancolie et de douleur, son âme hurle à plein poumon une aide à quiconque qui pourrait l'entendre.

Et vu ma veine, c'est moi qui ai intercepté le message.

Ce n'est pas mon problème, j'ai assez de merdes à gérer comme ça.

Je ne suis pas un saint ou un défenseur, je ne sauve pas les âmes en détresse.

Au contraire, je les fauche quand elles le méritent.

Je ne vois plus cette humaine nommée Milly, bien décidée à rejoindre la rue pour aller dans son appart qui lui sert de prison. Les coudes posés sur la table, je me prends la tête entre les mains et je soupire pour la dixième fois depuis qu'elle est partie.

« Had a raison sur un point. Tu as vraiment un bon fond. »

Si tu savais comment tu as tort, petite. Je ne suis pas quelqu'un de « bon ».

Sinon, je t'aurais déjà sauvé...

Et bordel, ce n'est qu'une humaine ! Qu'est-ce que j'en ai à foutre, franchement ?

Alors, pourquoi ma poitrine me fait mal rien que de penser à l'abandonner ?

Putain d'âme de merde ! Je deviens un petit sensible ou quoi ? Je vais être comme Had, maintenant ? Je vais commencer à secourir la veuve et l'orphelin ? Pff, ça me fait bien rire !

Je suis sans doute en manque de bonne compagnie. Ça expliquerait pourquoi je suis si émotif face à sa détresse et à la clarté de ses yeux ? Je devrais peut-être rappeler une de mes conquêtes, oublier toute cette merde et passer une agréable soirée. Mais qui exactement ? Il y a le félin – c'est quoi son nom, déjà ? –, une vraie chatte en chaleur qui attend fébrilement le moindre message de ma part. Ou sinon, il y a la lapine de la semaine dernière ? Non, en fait non, elle m'a trop crevé et mes os ont encore du mal à s'en remettre.

L'humaine avait l'air si triste en sortant de l'épicerie...

Qu'est-ce qu'ils lui ont fait, ces bandes de chien ?

Et merde, je suis foutu...

– Ash, qu'est-ce que tu fais exactement ?

Je libère mon crâne de mes doigts osseux et relève la tête pour découvrir une Betty mécontente, postée près de la table.

Je me doutais qu'elle m'attendrait à la seconde où je serai seul. Je la connais par cœur.

Après tout, elle est comme une deuxième maman pour moi.

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