Chapitre 24 : Inquiétude malvenue #1


Ash


Cette confirmation m'a encouragé à continuer dans mon enquête et à trouver davantage de réponses auprès de la petite copine du concerné. Ce matin même, désespéré à croiser la femme en question, je me suis posé chez Betty pour me prendre un verre – sans alcool bien sûr, je suis bien surveillé par la gobeline – et je concoctais un autre plan pour l'approcher. Je commençais à penser qu'il serait peut-être plus judicieux d'y aller au culot et de taper directement à sa porte pendant que son mec n'était pas présent. Ensuite, j'aurais agi comme un monstre qui aurait eu une soudaine conscience de son mauvais comportement lors de leur rencontre et souhaiterait juste se rattraper.

Ce plan était bancal, voire foireux à bien des égards, mais c'était le moins brutal que j'avais sous la main. J'ai un tant soit peu de savoir-vivre, je réfléchis à deux fois avant d'avoir une attitude ouvertement nuisible envers la gent féminine.

Quelle ne fut pas ma surprise – mon choc, à vrai dire – quand je l'ai aperçue sur le trottoir d'en face, la tête tellement baissée que j'aurais presque cru qu'elle ne voulait pas me voir, avant de disparaître dans l'épicerie. Son cinéma m'a fait sourire, c'est même le premier que j'ai eu depuis des jours.

Mais je devais accomplir ma mission. Il était hors de question de la laisser s'échapper, bien que j'ai eu quelques secondes d'hésitation quand j'ai remarqué son état lamentable dès sa sortie du magasin...

Durant mon interrogatoire, je n'ai cessé d'observer son regard. Je ne l'ai pas fait pour ses beaux yeux, même si j'ai discerné dans ses iris noisette des pépites d'or et d'émeraude. À ma grande surprise, il y avait des petits trésors en elle que jamais je ne pensais déceler et je tentais de me convaincre que je n'étais nullement intéressé.

En pénétrant dans ses orbes parsemés de nuances chaudes, je désirais simplement admirer l'étincelle de son âme et être sûr qu'elle ne me mentirait pas.

Sa flamme, pure et délicate, n'avait pas une once de malveillance et balbutiait des vérités du bout des lèvres. Je m'en voulais presque d'avoir bousculé une telle innocence, même si elle était d'origine humaine.

Pourtant, je doutais de ma découverte, car tous les humains ont une part d'ombre, des péchés trop lourds à porter pour leur frêle carrure. Leur nature fait qu'ils sont incapables de garder une pareille pureté, hormis leurs enfants. Leur brève existence leur a préservé des agissements des adultes, mais c'est une fatalité qu'aucun ne peut éviter.

Sous leur masque de bienséance et d'hypocrisie, l'humanité cache une facette que je trouve bien hideuse.

Alors, avec cette femme en face de moi, je n'ai pas procédé différemment. Je souhaitais ressortir en elle quelque chose, n'importe quoi pourvu qu'elle se mette à table. Pendant un moment, je lui avais même fait peur, et je n'aimais pas cette sensation déplaisante qui parcourait ma colonne vertébrale.

La culpabilité est une émotion rare chez moi mais facilement reconnaissable.

Étrangement, je ne voulais pas la briser. Je ne voulais pas qu'elle me fixe comme le monstre de ses contes. Après avoir eu quelques réponses, j'ai tenté une approche différente pour l'apaiser : celle de la comédie.

Mon âme a vrillé à l'entente de son rire, de cette mélodie unique. Cet éclat était bel et bien là et prouve son existence en imposant sa cacophonie. Elle souhaitait crier qu'elle était encore en vie, qu'elle n'était pas qu'une simple coquille vide.

Et j'ai maudit mon être pour avoir ressenti quelque chose d'autre que du dégoût.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top