Chapitre 13 : Engluée dans l'inertie #1
Milly
Plusieurs jours sont passés depuis la rencontre avec les frères squelettes. Je ne les ai pas revus et j'avoue que ça m'arrange grandement. Cela m'évite un stress supplémentaire, à savoir comment je dois me comporter et ce que je dois dire, sans me faire houspiller par mon copain qui est toujours derrière, à l'affût du moindre écart de ma part.
En parlant de Jo, il rentre de plus en plus tard chaque soir. Déjà, le métier de mécano fait que les journées sont chargées, longues et on a tout juste le temps de se prélasser avant le dîner. Jo, lui, vient bien après l'heure habituelle depuis ses nouvelles fréquentations.
La première fois qu'il a dépassé l'heure escomptée et n'ayant aucune nouvelle de sa part, je l'ai appelé. Par chance, il m'a répondu au bout de la troisième sonnerie – souvent, je dois faire plusieurs tentatives avant qu'il daigne décrocher – et j'ai su qu'il n'allait pas rentrer de si tôt. Il passait le plus clair de son temps avec Had, et aussi Ash étonnamment, après le travail et a oublié de me prévenir de son retard. J'ai à peine souligné ma déception de ne pas le voir qu'il a écourté la conversation – en insistant bien qu'il avait le droit d'avoir un peu de temps libre en dehors du boulot – pour enfin raccrocher. Je suis restée interdite face à ce constat, en fixant d'un air vide le repas que j'avais préparé pour nous deux.
Depuis, je passe mes soirées seule à regarder des émissions télévisées plus nulles les unes que les autres. Je ne cesse de me plonger dans ces absurdités qui ne remonteront pas mon QI, afin de combler ce silence et de rejeter une vérité trop pesante pour mon moral déjà bien en berne ; je ne supporte plus cette solitude que je côtoie à chaque instant, elle est devenue une amie bien plus fidèle que je ne l'aurais voulu. Je n'ai plus de travail, je n'ai plus d'amis. Ma famille me parle à peine et n'est disponible que le dimanche, jour où je mets un point d'honneur à les voir, même si je ressors bien plus dévastée que ressourcée.
Je n'ai plus personne, à part Jo qui rentre quand je suis couchée, le dos tourné, incapable de m'endormir jusqu'à tant que je sente sa présente dans la maison. Et c'est ainsi que je finis mes journées, rassurée par le faible bruit familier qu'il émet, mon cœur devenant bien plus lourd que la veille.
Pourtant, j'ai beau avoir un esprit déprimé que je traîne comme un boulet, il y a une chose qui arrive encore à me stimuler : l'appel du ventre.
En ce moment même, je m'apprête à faire quelque chose qui sort de ma routine : je vais quitter ma grotte pour aller chercher quelque chose à manger. Bien que Jo rentre tard tous les soirs – et a dépassé largement l'heure du dîner –, il finit toujours les plats préparés. Nos provisions, déjà minces, s'amenuisent et, malgré l'insistance que j'ai eue envers mon copain à faire le plein de courses ensemble après son travail, il oublie à chaque fois et rentre comme si de rien n'était, préférant dévorer les maigres collations qu'il nous reste. J'en ai eu assez de me répéter comme un perroquet après trois tentatives et j'ai décidé d'agir.
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