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Sincère ou non, je décide de lui laisser le bénéfice du doute. Ce serait fâcheux de le contrarié maintenant alors que je risque d'être coincée avec lui pour un moment. D'une poigne ferme, j'attrape l'avant-bras de mon camarade et me relève d'un bond jusqu'à atterrir à quelques centimètres de son visage. La lumière vive des dalles blanches se reflète en carrés lumineux dans le verre de ses lunettes. Tiens, je n'avais jamais remarqué qu'il avait les yeux bleus.

— Constance ? me demande-t-il en m'inspectant curieusement.

Puis son regard se dépose sur son bras que je tiens toujours solidement. Immédiatement, un sentiment de malaise s'empare de moi et je me retire brusquement. Mais si la situation l'a amusé ou gêné, le garçon ne le montre pas.

— Allons-y, déclare-t-il simplement avant de se diriger vers le côté sombre de la pièce.

Je ne tarde pas à faire de même. Alors que nous nous approchons de la zone sombre, les dalles s'éclairent pour en révéler d'autres, repoussant la zone d'ombre un peu plus loin devant nous. Nous continuons donc à avancer mais la lumière qui s'allume sur notre passage ne fait qu'éloigner l'obscurité en même temps que la salle semble s'allonger. Purée ! Jusqu'où va cette pièce ?

Quand je me retourne pour jauger la longueur de la salle, je me rends compte que le coin où nous étions assis il y a quelques instants est désormais plongé dans le noir lui aussi.

— À peu près dix mètres, se met à marmonner mon camarade.

— Pardon ?

— Il me semble que la lumière ne s'allume que dans un rayon de dix mètres autour de nous.

— Génial ! Et du coup ?

— Avançons, répond le brun, pas le moins du monde décontenancé par mon sarcasme. On va bien finir par atterrir quelque part.

Mais, au fur et à mesure que nous avançons en direction de l'obscurité, la pièce – ou plutôt le couloir – ne cesse de s'étendre. Impossible de savoir si nous sommes encore loin de la sortie, ou même s'il y a une sortie. Je commence d'ailleurs à sérieusement en douter...

Et si ce couloir était sans fin ? Si depuis le début on ne faisait que tourner en rond ? Et si un décompte apparaissait et, arrivé à zéro, le sol s'effondrait à nouveau pour nous faire chuter à notre mort sur ces abominables pics ? Ou encore pire : si rien ne se passait et que je finissais enfermée pour toujours avec le binoclard ?

— On ferait peut-être mieux de faire demi-tour. On a dû rater quelque chose, c'est sûr !

Soit je n'ai pas parlé assez fort, soit Monsieur le délégué est trop absorbé par ses propres pensées car je remarque avec frustration qu'il continue à avancer à pas réguliers. Je m'apprête à le courser pour lui flanquer un bon coup de pied dans le derrière quand une idée m'interpelle. La lumière nous suit dans un rayon de dix mètres mais que se passe-t-il si nous nous séparons ?

Intriguée, je reste plantée là alors que le garçon poursuit sa marche dans un calme déconcertant. Je jette un œil en arrière. La lumière autour de moi ne bronche pas. Pourtant, celle autour de mon camarade continue de révéler le couloir devant lui à chaque nouveau pas.

— Constance ? Qu'est-ce que... Oh !

Je constate avec délectation la surprise qui s'étale sur le visage de Tomichou alors qu'il remarque enfin ma découverte. Satisfaite de l'effet, je lui offre mon sourire le plus radieux.

— Heureusement que je suis là, n'est-ce pas ?

Mais, évidemment, il faut que Tomichou trouve le moyen de ruiner mon petit moment de plaisir.

— Certes cela nous permet de recouvrir plus de surface, mais je ne vois pas vraiment en quoi cela nous aide à trouver la sortie...

— J'en sais rien moi ! C'est toi le génie du groupe...

Un long blanc s'installe durant lequel le garçon semble en pleine réflexion. Puis, sans rien dire, il recule lentement, les yeux rivés au sol. Alors qu'il s'éloigne encore plus de moi, j'observe avec émerveillement la portion éclairée du couloir s'accroitre encore et encore quand, soudain, un filet d'ombre s'immisce entre nous deux. Désormais à vingt mètres l'un de l'autre, chacun se retrouve au centre d'un cercle de lumière qui lui est propre. Abasourdie, je recule pour voir mon cercle lumineux s'éloigner de celui de Tom puis, le cœur battant, je me rapproche et contemple les deux cercles se mélanger à nouveau.

— Punaise ! Si nos lumières sont indépendantes, ça veut dire qu'il faut qu'on se sépare en fait !

Cependant, Tomichou ne semble pas aussi emballé que moi par cette idée. C'est soit ça, soit continuer à tourner en rond comme des abrutis. Franchement, je ne vois pas d'autre solution.

— Tu es sûre ?

Serait-ce un soupçon d'inquiétude que je détecte dans la voix claire de notre cher délégué ?

— Monsieur a peur de se retrouver tout seul dans le noir ?

Étonnement, ma taquinerie et mon sourire narquois semblent avoir raison du garçon qui esquisse un léger sourire avant de se ressaisir et me réprimander.

— Ce n'est vraiment pas le moment de plaisanter. Rien ne nous affirme qu'on puisse se retrouver si on se sépare. Même si l'un d'entre nous réussit à trouver une sortie, l'autre n'aura aucun moyen de le savoir. La fin du couloir n'est peut-être pas si loin. Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas la voir qu'elle n'est pas là.

— Peut-être... Mais elle peut aussi ne pas exister !

— C'est seulement ce qu'on veut nous faire croire. N'oublie pas la consigne qui nous a été donnée : synchronisation et coopération. Comment veux-tu coopérer si nous nous séparons sans aucun moyen de communiquer ?

— Au contraire. Si mes heures de natation synchronisée m'ont appris quelque chose, c'est qu'il n'y a pas besoin de voir ou d'entendre les autres pour être ensemble. Crois-moi !

Ce n'est qu'en apercevant la surprise sur le visage de l'hispanique que je me rends compte de la révélation que je viens de faire. Le rouge me monte aux joues tandis que je me maudis intérieurement. Toutes ces années de lycée passées à s'acharner pour devenir la fille cool et indépendante, qui fait du tennis, de l'escalade, qui traîne avec les sportifs et les casse-cous. Tout ça pour qu'en une seconde, tout s'écroule.

Dire que même Amaury n'est pas au courant. Je l'entends encore rire en déclarant qu'il n'y a rien de plus stupide qu'une pauvre fille en train de battre des jambes et des bras en arborant une véritable tête d'œuf.

Face à moi, Tomichou est plongé dans ses pensées. Qu'est-ce qu'il m'a pris de dévoiler mon secret à ce je-sais-tout ? Pourvu qu'il n'en parle à personne ! Enfin, encore faut-il que nous sortions d'ici...

— Ok, retentit soudain la voix du délégué. Je continue à penser qu'il serait préférable de rester groupés mais, si tu es sûre de toi, faisons comme tu le sens.

J'ouvre la bouche, prête à renchérir, et me stoppe en prenant conscience de ses paroles.

— Vraiment ?

Il hoche la tête d'un air sérieux.

— Enfin, si se séparer est toujours ce que tu veux, bien entendu.

En y réfléchissant, me retrouver seule dans ce long couloir sombre ne m'enchante pas plus que ça finalement. Nous décidons donc de continuer notre avancée ensemble. Le corps envahit par l'adrénaline, je scrute la pénombre qui nous fait face en imaginant tout ce qui pourrait en sortir à tout moment : une porte, un piège, un autre molosse, un nouveau camarade de classe...

— Tu n'as jamais l'impression de dramatiser un peu ? me questionne le délégué, un sourire en coin.

Je feins l'innocence avec un haussement d'épaule puis le silence retombe. Après plusieurs minutes ou plusieurs heures, je ne sais plus trop, l'hispanique se fige soudain.

— Tom ? Que se passe-t-il ?

Planté en plein milieu du couloir, le binoclard pointe le sol du doigt. J'ouvre des yeux de surprise. La dalle sur laquelle repose ses deux pieds brille d'une lueur bleue. Puis le garçon retire avec précaution ses pieds et la dalle s'éteint. Intriguée, je prends sa place sur la dalle qui s'allume à nouveau.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je crois que c'est une sorte d'interrupteur, m'explique Tomichou. Mais je ne vois pas ce que ça active. Il faut peut-être en trouver un deuxième ?

— Reste là. Je vais voir si ça activé quelque chose plus loin !

Je ne laisse pas à mon camarade une chance de répondre et m'élance droit vers la pénombre. Cette dernière m'apparaît soudain plus accueillante, comme si à chaque recoin d'ombre une lueur d'espoir attendait de se révéler. Et comme une entente à ma prière, le bout du couloir se dessine enfin. Mais ma joie retombe bien vite : aucune issue n'est en vue.

— C'est une blague ?

A bout de souffle, je m'approche sans y croire du mur blanc qui me fait face quand un passage s'ouvre à ma droite. Enfin !

On dirait que Tomichou avait raison. La dalle bleue est un interrupteur qui active la sortie. Mais ce passage va-t-il resté ouvert quand le garçon quittera son spot ? Y a-t-il un moyen de l'empêcher de se fermer ? Je me penche pour tenter de distinguer ce qui nous attend de l'autre côté de l'ouverture mais celle-ci se referme sans prévenir. Fichu binoclard ! Comment je fais pour régler le problème s'il ne peut pas rester en place deux secondes ?

Heureusement, le passage ne tarde pas à s'ouvrir de nouveau. Le problème désormais est de savoir comment réussir à l'emprunter tous les deux.

Je me mets à scruter les alentours. Le binoclard a parlé d'un second interrupteur. Ce n'est pas impossible. Peut-être y a-t-il une deuxième dalle qui permet d'ouvrir un passage pour lui ? Sauf si...

La sortie est juste là, sous mes yeux. Même pas deux pas et j'y suis. Après tout, rien ne m'oblige à trouver une solution pour mon coéquipier. Peut-être même qu'il n'y a pas de solution et que, quoi qu'il arrive, l'un de nous doit trahir l'autre pour sortir.



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A vous de choisir...

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[Emprunter la sortie tout de suite]

Si Claudia est morte ou que vous l'avez abandonné dans l'aquarium, allez en 36.

Sinon, direction le 35.


OU


[Chercher un autre moyen de sortir avec Tom]

Si Claudia est morte ou que vous l'avez abandonné dans l'aquarium, allez en 37.

Sinon, direction le 34.

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