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Dès que mes pieds passent le seuil de la porte, il m'engloutit dans ses bras et l'alarme s'arrête nette.
DEMANDE DE RÉINITIALISATION ANNULÉE.
FÉLICITA...
Puis la porte se ferme sous mon nez. Pendant un moment, nous restons silencieux, tentant de capter le moindre indice sur ce qu'il peut bien se passer à l'intérieur. Mais rien. Pas le moindre son. J'appose ma main sur la surface lisse, en vain. J'ai beau cogner, tirer et pousser de toutes mes forces, la porte reste close.
À bout de force et d'esprit, je me laisse glisser au sol.
— Génial ! Et maintenant ?
Amaury ne tarde pas à me rejoindre tandis que mes yeux se perdent dans l'immensité blanche du couloir. C'est rare de voir mon petit ami aussi silencieux, lui qui arrive pourtant toujours à blaguer dans la pire des situations. Sans doute est-il aussi perdu et démuni que moi en cet instant, devant cette immensité blanche. Du blanc. Rien que du blanc. À perte de vue. À en perdre la vue. Ce blanc incolore. Ce néant.
Je sens les larmes me monter en même temps que le garçon me sert contre lui. Mon visage s'enfouit sans hésitation dans le tissu de son t-shirt, laissant les grandes eaux couler. Bientôt, seuls les battements réguliers de son cœur contre mon oreille se font entendre. Je sens son souffle chaud me chatouiller le cou. Notre dernière dispute me semble si lointaine à présent. À la fin, je suis heureuse de ne pas avoir eu à affronter ces épreuves seule.
— On devrait en profiter pour se reposer, propose Amaury d'une voix fébrile en se massant l'épaule.
— Je suppose qu'on n'a rien de mieux à faire pour l'instant.
Amaury propose de monter la garde mais j'insiste pour tenir ce rôle en premier. Trop fatigué pour rechigner, il finit par s'endormir rapidement, la tête confortablement installée sur mes genoux.
Alors que j'observe d'un air absent la vaste pièce blanche et sa porte désespérément fermée, ma main caresse le cuir chevelu de mon petit ami qui ronronne presque de bonheur. Après tout ce que nous venons de vivre, cela me semble presque irréel. L'idée de sortir un jour de ce labyrinthe infernal me semble si lointaine à présent.
Pourtant, je suis soulagée. Soulagée de ne pas être seule. Malgré nos différents, je ne souhaiterais perdre Amaury pour rien au monde. Et même si je dois finir mes jours enfermée ici, tout ira bien tant qu'on sera ensemble. J'en suis persuadée.
— Constance ?
Je penche doucement la tête, plongeant mes yeux avec reconnaissance dans ceux d'Amaury, et prends le temps d'admirer son beau visage à moitié endormi.
— Je sais que tu n'aimes pas quand je le dis mais je t'aime.
Un petit sourire triste s'étire sur mes lèvres et j'acquiesce timidement.
— Je suis désolée, tu sais. Être sérieuse et parler de sentiments, ça a jamais été mon fort, et je n'ai pas arrêté de réagir comme une gamine. La vérité c'est que j'ai l'impression que tu m'aimes trop parfois. Je veux dire, on est encore jeunes et j'apprécie beaucoup tout ce qu'on partage mais je ne sais pas si je suis prête à... parler aussi sérieusement.
— Je comprends. Excuse-moi. Tout était si évident pour moi que j'ai brûlé les étapes. Une fois qu'on sera sortis de cette galère, on pourra reprendre à zéro, doucement, à notre rythme. Qu'est-ce que t'en dis ?
À ces paroles, un grésillement attire mon attention. Un compte à rebours vient de s'afficher au-dessus de la porte close. Amaury et moi échangeons un regard impuissant.
— Ça va aller, finit-il par dire en se redressant. Parce qu'on restera ensemble, quoi qu'il arrive.
Je souris et enlace mon petit ami, faisant abstraction du timer qui défile.
— Oui, ça va aller.
Dans un geste rassurant, les doigts d'Amaury font des allers et retours sur mon dos et je lève un regard triste vers lui.
— Amor, je... Je t'aime.
Mon petit ami se fige et, pendant un court instant, j'ai peur de l'avoir trop pris au dépourvu. Cependant, ses lèvres finissent par s'emparer des miennes avec passion. J'en oublie presque notre inévitable situation.
Nous échangeons un dernier sourire avant que le compte n'atteigne zéro. C'est alors que tout s'arrête. Incapable de bouger, je ne peux qu'observer devant moi Amaury paralysé, comme un arrêt sur image. Quelque chose dans ses yeux s'éteint, ne laissant face à moi qu'un mannequin sans vie qui me sourit.
Avant même que j'ai me temps d'assimiler la bizarrerie de la chose, ma conscience me quitte et tout devient noir.
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Les rayons du soleil qui percent à travers la persienne finissent par me réveiller. Presque aussitôt, un mal de crâne astronomique s'abat sur mes tempes.
— Ghhh, pourquoi monde cruel ?
Puis la réalisation me tombe dessus avec force. Je suis dans mon lit ?
Je me redresse bien trop vite pour mon état et me retrouve rapidement pliée en deux, la tête dans les mains. J'ai comme la nausée tout à coup. Que s'est-il passé ? Le fruit d'une soirée trop arrosée ? Je n'arrive même pas à me souvenir de ma journée d'hier.
Ma main se tend d'un geste automatique vers ma table de chevet. Mon portable n'est pas là. Me décidant à sortir du lit, je me rends compte que je suis déjà habillée. Ce devait être une soirée sacrément arrosée pour que je me sois couchée ainsi. Je remarque d'ailleurs que mon portable se trouve dans ma poche. La date sur l'écran m'indique que nous sommes mercredi matin. Je hoche sensiblement la tête avant de me rendre compte du plus important : il est bientôt 9h. Je vais être en retard au lycée !
Je bondis sur place, imaginant déjà la complainte de ma mère si jamais je devais lui ramener un énième mot de retard à signer. Je saisis mon sac de cours et dévale les escaliers pour débarquer dans le salon. Je m'apprête à sortir quand une intuition me pousser à m'arrêter. Quelque chose cloche. Pourquoi diable aurais-je fait une soirée un mardi soir ? Qui fait ça ? Surtout que j'ai cours le lendemain matin et, en plus, le mercredi je dois aussi... amener Prunelle au collège ! Merde ! J'avais complètement zappé ce détail ! Où est-elle ?
D'habitude, à cette heure-ci, elle devrait être scotchée devant la télé en attendant que je sois prête à partir. Pourtant, le salon est désert et la maison semble silencieuse. Elle ne s'est pas réveillée ?
— Prunelle ? Prunelle !
Mon regard se dépose sur la télécommande de la télévision que je m'empresse d'allumer. Je tombe direct sur les informations du matin. Si ça, ça ne lui donne pas envie de se réveiller, je ne connais pas ma petite sœur.
« La société A.I.Tech vient d'annoncer la sortie imminente d'une nouvelle expérience inédite. Grâce à leurs nombreuses années de recherches sur le développement d'une intelligence artificielle plus vraie que nature, la société propose aux testeurs d'établir un portrait physique et... »
— Écoute Prunelle, c'est ton moment préféré...
Je remonte les escaliers à contrecœur pour toquer à la chambre de ma sœur.
— Allez Prunelle, on va être en retard !
Quand elle ne répond toujours pas, je n'ai d'autre choix que d'entrer. Évidemment, la petite peste roupille toujours.
Bien décidée à la réveiller, je m'avance à grands pas et retire ses draps d'un coup. Mon cœur se fige aussitôt. Pourquoi dort-elle habillée ? Et pourquoi son teint est-il si... violet ?
Je pose une main sur sa joue et la retire aussitôt. Froide. Complètement froide et rigide. Mes doigts se mettent à trembler de façon incontrôlable alors que mon esprit assimile petit à petit la scène qui se trouve sous mes yeux. Ma petite sœur, morte. Ce n'est pas possible. Sûrement, je suis en train de rêver, n'est-ce pas ?
Je commence à me pincer et à observer ce qui m'entoure. Tout ça est faux. C'est faux. Je le sais. Je le sais parce que ma petite sœur ne peut pas être morte. Prunelle ne peut pas...
Mes réflexions sont coupées court par la sonnerie de mon portable. Encore sous le choc, je décroche et la voix d'Amaury me parvient.
— Constance ! Écoute, je... Tu vas trouver ça bizarre mais je ne me souviens plus très bien de ma soirée d'hier. Je sais qu'on était en froid et je crois que je suis sorti pour te voir. Est-ce que je suis venu chez toi ?
Je me souviens effectivement que je faisais la tête à mon petit ami. Depuis qu'il s'est fait de nouveaux amis skateurs, il ne m'accorde presque plus de temps. Mais est-il venu me voir hier ? S'est-on disputés ? Rabibochés ? A-t-on bu au point de ne se souvenir de rien ?
— Constance ?
Tellement de questions m'assaillent et j'ai si peu de réponses. J'ai encore du mal à réaliser ce qu'il m'arrive. Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas affronter la réalité seule.
— Tu es loin ?
Il ne faut que quelques minutes à Amaury pour arriver. Il devait être en chemin pour le lycée. Et c'est avec hâte que je quitte la chambre de Prunelle et cours au rez-de-chaussée pour me retrouver contre le corps si chaud et familier de mon petit ami.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'empresse-t-il de me demander. Au téléphone, tu avais l'air...
Intriguée, je lève le regard dans sa direction. Ses yeux ronds d'étonnement semblent rivés sur la télévision. La photo d'un garçon hispanique que je ne reconnais que trop bien me fixe.
« Tom Martinez, un jeune lycéen a été retrouvé décédé ce matin dans son lit. La cause est pour le moment inexpliquée. C'est sa grande sœur, avec qui il habitait, qui l'a trouvé complètement... »
Ma vision se brouille de larmes alors que je me sens de plus en plus désemparée. Comment est-ce possible ?
— Amor, dis-moi que c'est un cauchemar...
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Bravo ! Vous avez atteint la fin du Cube !
Enfin, une fin...
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[Finir votre aventure]
Direction le chapitre Conclusion !
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