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D'un pas décidé, je m'avance vers Amaury et pose une main sur son épaule. Il se fige au contact puis se tourne dans ma direction pour m'adresser un regard interrogateur. Sans avoir besoin de dire quoi que ce soit, il comprend mon intention et recule d'un pas.

Devant nous, le molosse se recroqueville de plus en plus, ses mouvements se faisant plus petits et ses couinements plus légers. Alors que mes yeux semblent ne pas pouvoir se défaire du lugubre spectacle, deux mains puissantes me saisissent aux épaules et je me retrouve bientôt dans les bras de mon petit ami.

Puis ce dernier desserre son étreinte pour me caresser tendrement la joue. Ses yeux d'un brun chaleureux inspectent mon visage avec appréhension et je me perds un instant dans les constellations rousses parsemées sur son nez et ses pommettes. Cachée derrière quelques mèches rebelles, une petite égratignure entaille son front, tâchant sa peau claire de rouge.

— Amor...

Mes doigts se dirigent d'eux-mêmes vers son visage, repoussant les cheveux ambrés qui me barrent la route du revers de la main. Les doigts d'Amaury, eux, se referment sur mon poignet comme pour me rassurer.

— C'est rien, sourit-il tendrement. Mais toi ?

Son regard se met alors à parcourir mon corps à la recherche d'une quelconque blessure. Les griffes du molosse ont visiblement eu raison de mon sweat. Des morceaux entiers de fabrique pendent lamentablement du reste du vêtement pour révéler plusieurs petits écorchures et coupures. Et je peux déjà sentir quelques bleus se former un peu partout sur mes membres. Cependant, rien de grave. Enfin, je crois.

Bien sûr, cela suffit à échauffer le tempérament intempestif d'Amaury qui se met à jurer entre ses dents :

— Putain de clébard de merde !

Ses mains se dirigent presque immédiatement sur la chemise à carreaux nouée autour de sa taille qu'il défait à la hâte. Puis il en déchire avec force un morceau de tissu pour ensuite l'envelopper autour d'une longue coupure sur mon bras droit. Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment nécessaire mais c'est assez agréable de le voir s'occuper ainsi de moi.

Toute retournée de voir mon petit ami être aussi attentionné après m'avoir sauvé la vie, je n'arrive même plus à être surprise quand une nouvelle voix familière ma parvient aux oreilles.

— Tout va bien ? demande le nouveau venu sur un ton étrangement calme.

— Tom ? s'exclame alors le Clauporte, un mélange de joie et de soulagement dans la voix.

Je tourne la tête pour en effet apercevoir un grand binoclard à la peau hâlée tendre une main amicale à l'asiatique pour l'aider à se relever. Le délégué ? Mais c'est une vraie réunion de classe, ma parole !

Le brun doit sentir mon regard car il se tourne placidement dans ma direction. Il jette un bref coup d'œil attristé envers le chien toujours agonisant avant de déposer ses yeux perçants sur moi.

— Vous auriez dû l'achever, déclare-t-il simplement.

— Voyez-vous ça ! Ne serait-ce pas Monsieur Martinez, notre fameux délégué adoré ? Mais je t'en prie ! Achève-le toi-même si tu y tiens tant !

— Je dis juste que cela aurait été plus plaisant pour lui d'abréger ses souffrances. Mais c'est ton combat, c'est toi qui vois.

Je grince des dents avec fureur, sachant pertinemment que le petit génie a raison, comme d'habitude. Enfin, ma décision est prise. Je ne vais pas revenir dessus juste pour faire plaisir au chouchou de la classe.

— Et on peut savoir ce qui t'amène par ici, Tomichou ?

— Je m'appelle Tom, répond-t-il avec sérieux. Et nous nous trouvons certainement tous ici pour la même raison. Reste à savoir laquelle.

— Tu n'as aucun souvenir de comment tu es arrivé ici non plus ? s'enquit de demander le Clauporte avec ses yeux mielleux.

Le délégué secoue la tête, nous expliquant qu'il s'est réveillé seul dans une pièce blanche et a surmonté différentes épreuves avant de tomber sur Amaury.

— Pareil pour moi, intervient alors ce dernier. Heureusement que j'ai croisé Martinez d'ailleurs parce que j'ai bien failli y passer. J'ai toujours pas compris comment t'a résolu cette énigme mais merci encore mec.

Quoi ? Même Amaury se met à faire des compliments au chouchou de la classe. Je crois que je vais vomir.

A vrai dire, j'ai toujours détesté la façon dont le garçon est apprécié de tout le monde, élèves et professeurs confondus. Il n'a pourtant jamais rien fait de spécial pour attirer autant de sympathie. Il ne parle quasiment à personne, passe ses journées seul sur un banc ou à la bibliothèque, fait acte de présence aux soirées mais les passe à observer les gens dans son coin et pourtant, malgré son désintérêt flagrant pour l'espèce humaine, tout le monde ne fait que chanter les louanges du gentil petit Tommy-chouchou-Martinez.

— C'est tout naturel, sourit poliment l'hispanique en repoussant ses lunettes sur son nez. Je crois bien que si nous souhaitons sortir vivants de cet étrange endroit, nous allons devoir nous serrer les coudes.

— Génial ! je m'exclame, munie d'un sarcasme outrecuidant. Si vous voulez mon avis, il est clair que quelqu'un essaie de me faire vivre mon pire cauchemar !

— Oh, pour l'amour du ciel ! soupire Clauporte. Le monde ne tourne pas autour de toi, Constance !

Mais qu'est-ce qu'elle me veut la lilliputienne ? Ça y est, le délégué est là pour la soutenir et elle se sent plus péter ? Elle faisait moins la maline y a deux minutes face au petit toutou.

— Quoi ? Je te dérange ? T'aurais préféré que je te laisse barboter dans ton bassin peut-être ?

Encore gonflée à bloc par l'adrénaline de mon combat, je commence à m'avancer vers l'asiatique mais suis tout de suite stoppée dans mon élan par Amaury. Son grand bras encercle ma taille et vient me coller solidement à lui.

— Pas la peine de s'énerver, bébé, me glisse-t-il a l'oreille de sa voix rocailleuse. Tom a raison : si on veut sortir d'ici, il faut rester soudés. On a besoin d'eux autant qu'ils ont besoin de nous. Mmh ?

Je lève un sourcil, intriguée. Depuis quand est-ce qu'il est si raisonnable, lui ? C'est quoi la prochaine étape ? Le bad boy va se reconvertir en moine boudiste ? Elle est bien bonne celle-là ! Non mais franchement, j'aurais tout vu !

— Au moins pour le moment, ajoute-t-il à voix basse, un soupçon de malice dans la voix.

J'hausse les épaules, soulagée de percevoir malgré tout la pointe d'arrogance habituelle dans son demi-sourire.

— Il semblerait que nous allons devoir discuter plus tard, proclame Tomichou, le regard désormais rivé sur le mur à ma droite.

Je comprends sans peine qu'un nouveau passage s'est ouvert, nous invitant à poursuivre notre chemin ensemble. Du moins, pour le moment...


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Les deux intellos ouvrent la marche jusqu'à l'intérieur de la nouvelle pièce et je ne tarde pas à suivre, Amaury sur mes talons. Sans surprise, le passage se clos derrière nous, nous laissant seuls au milieu d'un cube d'un blanc immaculé.

— Et maintenant ?

— Tu n'as vraiment aucune patience, me fait remarquer Tomichou.

— Je n'aime pas perdre mon temps, c'est tout !

Je lui tire la langue avec toute l'immaturité qu'il m'est donné de posséder tandis que les mains de mon petit ami se glissent sur mon ventre. Puis ce sont ses lèvres qui viennent titiller mon oreille.

— Je peux t'occuper moi, si tu veux.

Ses longs cheveux roux sombre me chatouillent la nuque et je glousse en sentant ses baisers langoureux sur mon cou.

Mon regard se pose malgré moi sur Clauporte qui nous lorgne d'un mauvais œil, à la fois offusquée et extrêmement gênée. Je paris qu'elle est jalouse. C'est pas l'autre binoclard qui va lui faire pareilles avances !

Mais le plaisir de voir la petite asiatique ainsi fulminer ne suffit pas à cacher le sentiment de malaise qui s'installe peu à peu en moi.

Même si mon sauveur embrasse comme un dieu, je crois que j'ai presque envie qu'il me lâche.

Est-ce parce que, la dernière fois que l'on s'est vu, cela s'est terminé en une grosse dispute ? Ou est-ce parce que je viens de le voir tabasser un chien sans vergogne ?

Amaury doit finir par sentir ma tension car il se retire pour me regarder dans les yeux. Ses deux noisettes me dévisagent avec inquiétude.

— Constance, je voulais te dire que...

— C'est bon, t'inquiète.

Je lui fais signe que tout va bien. Ce n'est certainement pas le moment ni le lieu d'avoir des états d'âmes. Notre engueulade me semble si insignifiante face aux évènements récents. J'ai quand même failli me faire déchiquetée par un putain de clébard géant. Et qui sait ce qui nous attend à présent ?

Tomichou est d'ailleurs en train d'inspecter avec intérêt les moindres recoins de la salle. Bien évidemment, il ne trouve rien d'intéressant ou de différent des autres pièces mais je veux bien lui accorder un bon point pour l'effort. C'est alors qu'une dalle s'allume :


POUR ARRIVER DE L'AUTRE CÔTÉ,

SYNCHRONISATION ET COOPÉRATION SONT LA CLÉ.


Hein ? C'est quoi ce délire ? Mais ça veut rien dire !

Je me tourne vers les autres et suis soulagée de constater qu'ils ont l'air aussi confus que moi. A part peut-être notre cher délégué qui s'avance déjà vers un des deux passages qui viennent de s'ouvrir.

Attends... Y a deux passages ? Pourquoi y en a deux ?

Comme s'il avait entendu ma question, alors que le compte à rebours habituel vient de se lancer, Tomichou prend soudain la parole.

— Je crois qu'on va devoir se séparer en deux pour réussir cette épreuve, annonce-t-il posément. Essayons de faire ça de façon intelligente afin de pouvoir coopérer au mieux.

Bah voyons ! Ce qui est certain c'est que je ne mettrais jamais ma vie dans les mains de Clauporte. Après sa grande utilité lors de la précédente épreuve, hors de question que je me la coltine une nouvelle fois ! Voilà qui réduit déjà grandement le choix. Pour le reste, la décision est vite prise...



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À vous de choisir...

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[Faire équipe avec Amaury]

Allez en 40.


OU

[Faire équipe avec Tom]

Allez en 30.

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