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Au fur et à mesure que la barque avance, la silhouette du phare se précise et s'agrandit. J'ai l'impression que l'étincelle d'espoir dans mon cœur fait de même alors que je garde les yeux rivés sur l'objectif.

Enfin, mes pieds se posent sur les rochers qui entourent la structure et je sens le sol tanguer sous moi. Mes jambes tremblent et ma tête tourne, comme si j'étais prise d'un vertige. En quelques secondes, je me retrouve à quatre pattes sur le sol, les tempes en feu. Prunelle, elle, sautille hors de la barque comme si de rien n'était.

Je finis tout de même par me stabiliser et nous marchons ensemble en direction du phare. Mes pas se font de plus en plus rapides alors que nous approchons de la porte. J'imagine déjà la tête du gardien du phare quand il nous apercevra. Même s'il ne parle pas notre langue, il comprendra que nous avons besoin d'aide, n'est-ce pas ?

Le cœur palpitant, je tourne la poignée de la porte puis me fige soudain. Là, à la place que ce qui aurait dû être l'entrée du phare, se trouve un portail lumineux. Encore un. Qu'est-ce que cela veut dire ? Ne sommes-nous pas sorties du Cube ?

Pas tout à fait sûre de comprendre ce qu'il se passe, je me tourne vers Prunelle. Elle est aussi confuse que moi. Autour de nous, la mer s'agite, venant se fracasser en écume contre les rochers qui bordent le phare. Nous n'avons nulle autre part où aller. Quel autre choix avons-nous ?

Notre espoir anéanti, nous décidons donc de traverser la barrière bleutée.

Un sentiment de défaite s'empare de moi en reconnaissant les dalles blanches qui nous entourent. Retour à la case départ. En observant mes vêtements, je constate avec étonnement qu'ils sont de nouveaux secs. Toute trace de mon aventure maritime évaporée.

Sous nos yeux, une dalle coulisse pour révéler un passage dont la lumière éclaire la salle dans laquelle nous nous trouvons. Mais je n'ai pas le temps d'observer les alentours. Une silhouette apparait dans la nouvelle ouverture : une fille se tenant droite.

J'y crois pas ! Cheng !

Alors que la première de la classe s'avance vers nous, le passage d'où elle sort se referme et nous sommes de nouveau plongés dans l'obscurité. Heureusement, cela ne dure pas longtemps car la pièce s'éclaire finalement sous un concert de grésillements.

Nous nous trouvons dans une longue salle au bout de laquelle se tient un cube de taille humaine. Une porte semble se découper sur l'une des faces. Surprise par cette vision, ce n'est que quelques minutes plus tard que je remarque qu'un pilier à l'apparence familière trône au centre de la pièce. Il semble identique en tous points à celui qui cachait un garde-manger. Et il se trouve que l'asiatique tient dans ses mains l'objet permettant de l'activer.

Un moment de silence s'installe alors que chacun semble venir à la même conclusion : pas question de refaire la même erreur. D'un commun accord, nous ignorons le pilier et nous dirigeons vers l'étrange porte. Sans surprise, la porte ne semble pas prête de s'ouvrir. Elle ne possède aucune poignée et l'interstice qui la sépare du reste du grand cube est trop fin pour espérer forcer son ouverture. Cela ne nous empêche pas de tester.

Nous entreprenons donc d'analyser le reste de la structure à la recherche d'un indice ou d'un bouton secret. Notre camarade en profite pour nous conter son aventure au sein de marais et d'animaux dangereux. J'ai l'impression qu'à côté, notre virée en mer ressemble plus à une promenade de santé. Clauporte ne manque d'ailleurs pas de nous faire remarquer que le fameux requin baleine est techniquement une baleine et n'est pas carnivore. Fait que j'aurais bien aimé connaître en amont, au lieu de flipper pour rien.

Après de longues minutes de recherches, nous sommes bien forcés de nous rendre à l'évidence. La seule chose avec laquelle il est possible d'interagir dans la pièce est le pilier comportant une encoche carrée.

Sans rien dire, nos regards se dirigent vers le petit cube blanc que Clauporte tient précieusement dans sa main gauche. Il sert certainement à ouvrir la porte mais à quel prix ? Le cube précédent avait été à double tranchant : nous avions été rassasiés pour être tout de suite endormis, séparés et forcés à nous éliminer. Qui sait ce qu'il pourrait se passer cette fois ?

L'asiatique observe l'objet avec appréhension et je soupire. J'ai comme le sentiment que c'est à moi de m'en charger.

— Donne-le-moi. Je vais le faire.

Pourtant, je ne lui donne pas le cube. J'ai comme le sentiment que c'est à moi de m'en charger.

L'objet s'enfonce dans l'encoche jusqu'à se faire avaler entièrement par le pilier. Une lumière vive jaillit, embaumant mon corps entier. Je détourne le regard pour ne pas être aveuglée.

Je me sens instantanément comme bordée d'un nuage chaud et doux qui vient effacer doutes et douleurs en un clin d'œil. Quand la luminosité de la pièce revient à la normale, deux secondes plus tard, je me sens plus que bien. Et c'est avec un sourire presque béat que je m'approche du cube géant.

Sans réfléchir, comme si cela coulait de source, je viens apposer ma main sur la porte. Un clic terriblement satisfaisant retentit. Il me suffit alors de pousser du doigt la porte pour que celle-ci s'ouvre. Je me tourne vers mes compagnes d'infortune avant de m'y engouffrer. Aussitôt, l'intérieur de l'immense cube s'illumine et un texte s'affiche sur le mur qui nous fait face.


FÉLICITATIONS CONSTANCE.

VOUS AVEZ ATTEINT LA FIN DU...


Soudain, le message se brouille et une alarme se déclenche. Tout se teinte de rouge.


ERREUR.

LE NOMBRE DE SUJETS EXCÈDE LA CAPACITÉ MAXIMALE AUTORISÉE.

VEUILLEZ NE LAISSER ENTRER QU'UN SEUL SUJET.


Je me tourne, incrédule, vers les autres. Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Non, c'est pas possible ! s'écrie soudain Claudia. C'est une blague, c'est ça ?

L'asiatique semble absolument excédée et je la regarde sans y croire se mettre à taper sur les murs telle une furie.

— Qu'est-ce qu'il lui prend ?

Je continue de la contempler en quête de réponse. Puis mon attention se reporte sur le message d'erreur et je comprends alors. Si la sortie est ici et qu'il n'y a qu'un « sujet » qui peut y entrer, ça veut dire que les autres ne pourront pas sortir. Donc, celles qui restent vont devoir trouver une autre sortie. Enfin, s'il y en a bien une autre...

Je déglutis à l'idée de devoir tout recommencer depuis le début.

— C'est mort ! Si je vois une nouvelle pièce blanche ou un nouveau compte à rebours, je vais devenir folle !

Claudia s'immobilise soudain et accoure vers nous avec urgence. Ses petits yeux nous contemplent avec un air d'illuminée.

— Je dois sortir, dit-elle comme s'il s'agissait de l'idée du siècle. Laissez-moi y aller. Je leur dirais qui je suis, qui sont mes parents et ils comprendront qu'ils ont fait une erreur et je vous ferais libérer aussi. C'est la meilleure solution.

Bien que son visage ahuri fasse légèrement peur, je reconnais que sa proposition n'est pas si mauvaise. Si tout cet enfer est bien lié aux partenaires des laboratoires Cheng, laisser sortir Claudia est certainement notre meilleur pari.

— Mais on est bien sûrs que c'est la sortie ? Qu'est-ce qui nous assure que y a pas des mecs armés qui attendent de l'autre côté ? Si ça se trouve, tes parents sont dans le coup aussi.

— Non, je suis sûre que non, répond l'asiatique en secouant vivement la tête. Pas possible. Ils ne me feraient pas ça. Pas à moi. Je ne suis pas un génie comme Tao mais je suis leur fille. Je...

Elle s'effondre alors en sanglots et je me surprends à m'abaisser à sa hauteur pour la réconforter. Ma main caresse lentement son dos dans un geste apaisant.

D'une part, la possibilité d'avoir quelqu'un à l'extérieur serait une vraie chance pour enfin libérer tout le monde. D'une autre part, rien ne nous permet de savoir ce qu'il adviendra à la personne qui sort. Et si elle ne tient pas parole ou est dans l'incapacité de venir en aide aux autres, ils pourraient bien restés ici enfermés pour toujours. Qui sait ?

Je m'apprête à rétorquer quand un cri retendit soudain dans mon dos. Je me retourne pour constater avec horreur que Claudia tient ma petite sœur en otage.

— Ok, fait-elle en nous observant un à un avec attention. Pas de gestes brusques. Tu vas gentiment quitter ce sas et me laisser seule, d'accord ? Je vais sortir de ce foutu cube et tout arranger, tu vas voir.

— Lâche d'abord Prunelle.

— Fais un pas de plus...

La voix nasillarde de la jeune fille se fait soudain menaçante et j'hésite. Physiquement, je sais que le frêle gabarit de Claudia ne fait pas le poids contre moi. Mais l'asiatique semble avoir perdu tout contrôle sur elle-même. Et je sais que les adversaires les plus ardus sont ceux qui sont le moins prévisibles. Devrais-je tout de même tenter de riposter ? Peut-être a-t-elle un plan ? Peut-être sait-elle quelque chose que nous ignorons ? Une botte secrète qui lui permet d'agir aussi inconsciemment en toute confiance.

— Maintenant tu vas suivre ta grande sœur fissa, ordonne ma camarade de classe à Prunelle. Et pas d'entourloupes, fillette. Je ne rigole pas.

Autour de nous, l'alarme continue à retentir.


ERREUR. ERREUR.

LE NOMBRE DE SUJETS EXCÈDE LA CAPACITÉ MAXIMALE AUTORISÉE.

DEMANDE DE RÉINITIALISATION DU SYSTÈME.


Je ne sais pas où conduit ce sas, ni même s'il conduit bien quelque part. Je ne sais pas ce qui attendra à la sortie ou s'il y en a bien une. Je ne sais pas non plus ce qu'il adviendra si cette réinitialisation se lance, ni même ce que cela veut dire. Mais je sais que ma prochaine décision sera décisive.



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À vous de choisir...

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[Obéir à Claudia]

Direction le 112.


OU


[Attaquer Claudia]

Si vous avez trouvé un couteau au cours de l'aventure, allez en 191.

Sinon, rendez-vous en 184.

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