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Aussitôt ma réponse entrée, un petit cube identique à celui trouvé par Prunelle plus tôt se matérialise dans ma main. Puis une dalle coulisse sous nos yeux pour révéler un passage dont la lumière éclaire la salle dans laquelle nous nous trouvons. Mais je n'ai pas le temps d'observer les alentours. Une silhouette apparait dans la nouvelle ouverture : un jeune homme à l'allure élancée et aux cheveux tombant jusqu'à son menton. Je m'élance sans réfléchir.

— Amor !

Alors que j'enlace mon petit ami, celui-ci me tombe presque dessus. En me reculant pour détailler son visage, je me rends compte que le pauvre parait véritablement épuisé. Il trouve pourtant la force de me sourire tout en vacillant sur place.

Je lui attrape la taille juste à temps. S'appuyant sur mon épaule, il tente de rester droit mais ses bras le lâchent. Je n'imagine même pas ce qu'il a dû vivre pour arriver dans cet état. Contrairement à nous, il s'est retrouvé seul dans cette épreuve.

Soudain, le passage d'où Amaury vient de sortir se referme et nous sommes de nouveau plongés dans l'obscurité. Heureusement, cela ne dure pas longtemps car la pièce s'éclaire finalement sous un concert de grésillements.

Nous nous trouvons dans une longue salle au bout de laquelle se tient un cube de taille humaine. Une porte semble se découper sur l'une des faces. Surprise par cette vision, ce n'est que quelques minutes plus tard que je remarque qu'un pilier à l'apparence familière trône au centre de la pièce. Il semble identique en tous points à celui qui cachait un garde-manger. Et il se trouve que je suis justement en possession de l'objet permettant de l'activer.

Un moment de silence s'installe alors que chacun semble venir à la même conclusion : pas question de refaire la même erreur. D'un commun accord, nous ignorons le pilier et nous dirigeons vers l'étrange porte. Sans surprise, la porte ne semble pas prête de s'ouvrir. Elle ne possède aucune poignée et l'interstice qui la sépare du reste du grand cube est trop fin pour espérer forcer son ouverture. Cela ne nous empêche pas de tester.

Laissant Amaury assis contre un mur, Tom et moi entreprenons d'analyser le reste de la structure à la recherche d'un indice ou d'un bouton secret. Cependant, après de longues minutes de recherches, nous sommes bien forcés de nous rendre à l'évidence. La seule chose avec laquelle il est possible d'interagir dans la pièce est le pilier comportant une encoche carrée.

Sans rien dire, tous les regards se dirigent vers le petit cube blanc que je tiens précieusement dans ma main gauche. Il sert certainement à ouvrir la porte mais à quel prix ? Le cube précédent avait été à double tranchant : nous avions été rassasiés pour être tout de suite endormis, séparés et forcés à nous éliminer. Qui sait ce qu'il pourrait se passer cette fois ?

Je soupire :

— Bon, qui veut y aller ?

— On peut faire un vote pour décider, propose Tom.

— Je peux le faire..., annonce Amaury d'une voix fébrile.

Il se relève avec difficulté et se masse l'épaule avant de s'approcher de nous.

Je m'apprête à le réprimander mais suis devancée par le délégué.

— Dans ton état ? le questionne-t-il. Je ne pense pas que ce soit très judicieux.

— Justement, insiste le rouquin. Je ne vais pas vous être bien utile dans cet état. S'il m'arrive quelque chose, ce ne sera pas une grande perte...

Choquée, j'étudie le visage sérieux de mon petit ami sans vraiment y croire. Peu importe nos différents et nos stupides disputes, peu importe les insultes que j'ai pu lui balancer ou souffler dans mon sommeil, la seule pensée de le perdre me retourne l'estomac. Comment peut-il dire ça ? Les larmes commencent à poindre dans mes yeux malgré moi.

— Hors de question.

Visiblement mal à l'aise, Tom tourne discrètement la tête. Et, quand il se tourne vers moi, il arbore une expression décidée. Sans rien dire, il me tend la main. Pourtant, je ne lui donne pas le cube. J'ai comme le sentiment que c'est à moi de m'en charger.

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L'objet s'enfonce dans l'encoche jusqu'à se faire avaler entièrement par le pilier. Une lumière vive jaillit, embaumant mon corps entier. Je détourne le regard pour ne pas être aveuglée.

Je me sens instantanément comme bordée d'un nuage chaud et doux qui vient effacer doutes et douleurs en un clin d'œil. Quand la luminosité de la pièce revient à la normale, deux secondes plus tard, je me sens plus que bien. Et c'est avec un sourire presque béat que je passe devant mes camarades et m'approche du cube géant.

Sans réfléchir, comme si cela coulait de source, je viens apposer ma main sur la porte. Un clic terriblement satisfaisant retentit. Il me suffit alors de pousser du doigt la porte pour que celle-ci s'ouvre. Je me tourne vers mes compagnons d'infortune avant de m'y engouffrer. Aussitôt, l'intérieur de l'immense cube s'illumine et un message s'affiche sur le mur qui nous fait face.


FÉLICITATIONS CONSTANCE.

VOUS AVEZ ATTEINT LA FIN DU...


Soudain, une alarme se déclenche. Tout se teinte de rouge et le message laisse place à un autre.


ERREUR.

LE NOMBRE DE SUJETS EXCÈDE LA CAPACITÉ MAXIMALE AUTORISÉE.

VEUILLEZ NE LAISSER ENTRER QU'UN SEUL SUJET.


Je me tourne, incrédule, vers les autres.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? s'étonne Amaury.

Nous nous tournons tous deux vers Tom en quête de réponse et le délégué soupire.

— Ce n'est qu'une hypothèse mais... Si nous venons bien de trouver la sortie, et que seulement une personne a le droit d'y entrer, il y a de fortes chances que seule cette personne puisse sortir.

— Tu veux dire que ceux qui restent vont devoir trouver une autre sortie ?

— S'il y en a bien une...

Nous continuons tous deux à contempler le message d'erreur en quête de réponse. Puis je comprends alors.

— Amaury, si la sortie est ici et qu'il n'y a qu'un « sujet » qui peut y entrer, ça veut dire que les autres ne pourront pas sortir, non ?

— Tu veux dire que ceux qui restent vont devoir trouver une autre sortie ? Et s'il n'y en a pas ?

Je déglutis à l'idée de devoir tout recommencer depuis le début.

— C'est mort ! Si je vois une nouvelle pièce blanche ou un nouveau compte à rebours, je vais devenir folle !

— Je crois qu'on n'a pas vraiment le choix..., expire Amaury, l'air abattu. Mais on est bien sûrs que c'est la sortie ? Qu'est-ce qui nous assure que y a pas des mecs armés qui attendent de l'autre côté ?

— Rien ne le confirme à cent pour cent, lui répond le délégué avec un brin d'inquiétude dans la voix. Comme rien ne nous permet de savoir ce qui attendra le rescapé à la sortie. On pourrait tout aussi bien l'amener à l'abattoir sans le savoir. Mais je crois que c'est un risque à prendre. Si l'un de nous parvient à sortir, il pourrait effectivement tenter de libérer les autres de l'extérieur.

D'une part, Amaury a raison. Rien ne nous permet de savoir ce qu'il adviendra à la personne qui sort. Cependant, la possibilité d'avoir quelqu'un à l'extérieur serait une vraie chance pour enfin libérer tout le monde. Mais, d'une autre part, si la personne choisie ne tient pas parole ou est dans l'incapacité de venir en aide aux autres, ils pourraient bien restés ici enfermés pour toujours. Qui sait ?

— Dans ce cas, je suis prêt à prendre le risque, déclare Amaury, solennel. Je vais leur montrer de quel bois je me chauffe et vous faire sortir de là. Mais tu dois me promettre de veiller sur Constance.

Je me lève en un bond. C'est quoi ce délire ? Pourquoi il décide de ça tout seul ? S'il croit que je n'ai pas mon mot à dire !

Je m'apprête justement à rétorquer quand quelque chose capte mon attention. Non seulement le message d'erreur sur le mur a changé mais celui-ci est désormais accompagné d'un compte à rebours.


ERREUR.

LE NOMBRE DE SUJETS EXCÈDE LA CAPACITÉ MAXIMALE AUTORISÉE.

DEMANDE DE RÉINITIALISATION DU SYSTÈME.


Merde ! Si on veut que l'un de nous sorte d'ici, il faut qu'on prenne une décision et vite ! J'aimerais pouvoir y aller moi-même mais suis-je vraiment prête à endosser une telle responsabilité ? Et si cette sortie conduisait en fait droit dans un énième piège ?


LANCEMENT DE LA RÉINITIALISATION DANS 20 SECONDES.



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À vous de choisir...

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[Se proposer pour sortir]

Rendez-vous en 165.


OU


[Laisser Amaury sortir]

Rendez-vous en 38.


OU


[Laisser Tom sortir]

Rendez-vous en 29.

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