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Cela fait au moins un bon quart d'heure que je longe cette côte interminable. Le sable bouillant me brûle les pieds et je me réfugie à la bordure de l'eau. Cela ralentit grandement mon avancée mais ce n'est pas comme si je savais où j'allais. Fatiguée de m'aventurer à l'aveugle sous cette chaleur étouffante, je finis par me poser à l'ombre d'un palmier.

— Bon sang. Mais qu'est-ce que je fous là ? J'y comprends rien.

Ma perte de mémoire, les consignes sur les écrans, les épreuves tordues, mes camarades de classe, Prunelle, et ce stupide nom « Le Cube ». Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi nous faire subir tout ça ? Dans quel but ?

J'ai beau me creuser la tête, mes souvenirs d'avant le cube sont encore flous. J'étais à la maison, en train de garder Prunelle. La tâche n'était pas bien difficile. Donnez-lui un écran et vous serez tranquilles pendant au moins trois heures. Elle regardait justement un de ses feuilletons à l'eau de rose quand Amaury a commencé à m'envoyer des messages. Il voulait me voir et certainement s'excuser mais je n'ai pas répondu. Trop facile.

Puis quelqu'un a sonné. Oui, c'est moi qui ai ouvert et j'étais surprise. J'étais surprise parce que c'était un homme bien habillé. Je ne le connaissais pas. Je ne me souviens plus trop de son visage mais il avait un langage très soutenu qui m'a bien fait rire.

« Mademoiselle Mercier ? »

Je me suis dit que c'était certainement un collègue de ma mère ou quelque chose dans le genre. Alors j'ai voulu me donner un peu de contenance, histoire de ne pas passer pour une plouc. Mais c'était sans compter sur l'autre gamine et sa télé montée à des volumes pas possibles.

« C'est pas pour moi, c'est pour le chewing-gum sur pattes ! »

Mais l'inconnu était resté de marbre. Il s'était simplement décalé pour me montrer la voiture stationnée devant notre portail avant de reprendre calmement :

« Mademoiselle Cheng m'envoie vous chercher. Vous avez rendez-vous à son domicile. »

Tomichou et moi avions effectivement été invités chez Clauporte pour réaliser notre projet de SVT. Évidemment, j'avais complètement zappé ce rendez-vous.

« Euh, je peux emmener ma petite sœur ? »

Mes yeux se déposent sur le soleil éclatant et l'étendue infinie de sable qui me fait face. En verrais-je le bout un jour ? Suis-je en train de tourner en rond ? N'y a-t-il personne d'autre sur cette plage ?

Désespérée, je tente de me souvenir de la suite. La voiture... Noire... Brillante... Nous sommes montées dans la voiture et...

Ah oui ! Quand Prunelle et moi sommes montées dans la voiture, Tomichou était déjà à l'intérieur. Comme d'habitude, notre conversation n'a pas dépassé les salutations polies. Je crois que Prunelle lui a posé quelques questions mais je n'ai pas vraiment fait attention. Puis la demeure des Cheng, son hall immense, ses colonnes et son carrelage en marbre...

Je m'enfonce un peu plus dans le sable, le corps alourdi par la chaleur ambiante. Mes paupières aussi se font pesantes et je suis sur le point d'abandonner quand quelque chose à l'horizon attire mon attention. Un filet de fumée fend le ciel par-delà la mer.

Ce simple signe de vie suffit à me remotiver et c'est avec une nouvelle énergie que je me relève. Les yeux brillants d'espoir, je me traine jusqu'à l'eau et pousse un soupir de soulagement en sentant les vagues me lécher la peau. Je bois goulument, ignorant le goût salé, puis observe mon nouvel objectif.

Il n'est pas tout prêt mais la mer est calme. Je peux nager.


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Malgré la distance à parcourir, mon trajet se fait sans encombre et j'atteins bientôt une minuscule île perdue au milieu de l'océan. Trempée et le souffle court, je prends le temps de me reposer sur le sable chaud avant d'observer les alentours.

À plusieurs mètres de la rive, à l'ombre de quelques palmiers, se trouvent les restes d'un campement de fortune. Un amas de bois et de feuille servant de tente, un hamac improvisé à partir d'une voile de bateau et les cendres encore fumantes d'un feu de camp.

Intriguée, je m'approche du campement avec précaution. L'occupant est-il toujours là ? Ou les occupants ? Combien sont-ils ? Sont-ils dangereux ? Est-ce une bonne idée de les surprendre ainsi ?

Une respiration saccadée me parvient depuis l'intérieur de la tente.

— Y a quelqu'un ?

Face au silence qui me répond, je décide de prendre mon courage à deux mains et soulève prudemment la grande feuille bloquant l'entrée.

Rien ne se passe. Le vent a dû me jouer des tours car la tente est vide, à l'exception d'un vieux sac à dos. À l'intérieur, nous trouvons une gourde vide, quelques vêtements sales et un journal. Ce dernier contient quelques notes d'exploration ainsi qu'une carte avec d'étranges symboles.

Je commence à feuilleter les pages. Il appartient à un aventurier qui s'est échoué ici avec son voilier. Il parle de sa vie, comment il a survécu, les animaux sauvages qu'il a rencontrés. Je fais rapidement défiler les pages jusqu'à tomber sur la dernière trace d'écrit. Puis m'assoie avant de commencer ma lecture :


« Le monstre est un requin-baleine. Je l'ai enfin aperçu nettement aujourd'hui. Il est gigantesque. Au moins six fois ma taille. Même sa bouche, qui Occupe toute la largeur de sa tête, est plus grande que moi. Ses yeux, Noirs et ronds comme des billes, sont placés latéralement sur sa tête plate, de part et d'autre de l'immense mâchoire.

Je ne l'ai pas remarqué tout de suite, tant sa robe gris sombre, tachetée de points blancs, se fond parfaitement avec les reflets du sOleil sur la surface ou l'éclat du plancton dans l'eau. Puis j'ai aperçu son ventre et le dessous de ses nageoires, clairs comme ceux d'une baleine. Mais sa queue pointue, son aileron et sa façon de se mouvoir ne manque paS de rappeler la silhouette du requin.

Demain, je retournerai le voir, mais équipé cette fois. »


Quand je relève le nez du journal, mon sang grelotte d'effroi. Il n'y a plus aucune entrée ensuite. Tout porte à croire que cet aventurier est allé chasser le monstre et n'en est jamais revenu. Rassurant...

Essayant d'oublier la perspective qu'un monstre marin puisse nager dans les eaux qui m'entourent, je décide d'explorer un peu plus l'île. Après de nombreuses minutes de marche, je tombe sur une petite barque échouée sur le rivage. Elle n'est pas en trop mauvais état et devrait supporter mon poids sans problème. Elle est même accompagnée de rames. C'est mon jour de chance on dirait !

Voilà qui règle la question du transport. Reste encore à savoir vers où me diriger. Voguer à l'aveugle serait trop risqué. Il y a forcément quelque chose d'utile dans ce journal, non ?



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À vous de trouver la réponse...

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[Déterminez votre destination]

Aidez-vous du récit pour établir votre trajet sur la carte puis additionnez les 4 nombres pour obtenir votre chapitre de destination. Si vous avez une boussole en votre possession, ajoutez 1 à votre résultat.

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