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Soudain, le ciel s'obscurcit et un mistral se lève. Je plisse les yeux pour éviter au mieux le sable qui vole droit sur ma figure et aperçoit la mer s'agiter. Des vagues monstrueuses se forment puis viennent s'écraser violemment sur le rivage.
Je prends la décision de trouver un abri quand quelque chose capte mon attention. Une masse colorée surgit des flots. Ballotée par le tumulte des vagues, elle disparaît et réapparait à intervalles irréguliers, se rapprochant de plus en plus. Quand je comprends enfin de quoi il s'agit, mon sang ne fait qu'un tour.
— Amor !
Je me précipite en direction du large et atteins l'eau en même temps que les vagues rejettent le corps d'Amaury sur le sable. Je m'efforce de le tourner sur son dos avant de m'agenouiller à ses côtés. Il semble respirer mais son pouls est extrêmement rapide. Et ses yeux s'ouvrent et se ferment comme s'il avait du mal à rester éveiller.
— Amor, tu m'entends ?
Ses lèvres, légèrement bleutées, s'ouvrent mais aucun son ne sort. Merde ! Qu'est-ce que je fais ? J'aurais dû être plus attentive pendant le cours de secourisme. Bon. Clairement, il est conscient mais a du mal à respirer. Dans les films, c'est généralement dans ce genre de situation qu'on fait du bouche à bouche, non ?
En voyant le corps d'Amaury trembler de plus en plus, je cesse de me poser des questions. Tentant de me souvenir avec le plus de précision possible des gestes à faire, je commence à insuffler de l'air dans la bouche d'Amaury. Concentrée, je compte les interminables secondes et réitère le geste pendant ce qui me parait une éternité. Jusqu'à ce qu'Amaury donne enfin un signe de vie. D'abord ses sourcils se froncent puis il se met à toussoter et happer l'air pour enfin retrouver une respiration normale.
— Constance, murmure-t-il à travers ses dents qui claquent.
Motivée par cette réussite, je l'aide à se trainer un peu plus loin afin de se retrouver au sec. Puis j'entreprends de retirer son haut trempé et frotter frénétiquement ses bras et son dos pour le réchauffer.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me questionne Amaury d'une voix faiblarde.
— J'aimerais bien le savoir ! Comment tu t'es retrouvé là ?
Amaury prend le temps d'observer son état et son corps encore tremblant puis son attention se tourne vers l'horizon. Le ciel dégagé et la mer calme ne laisse en rien présager la tempête qui vient d'avoir lieu. Comment est-ce possible ? Puis mon petit ami se tourne vers moi, l'air perdu. Ses longues mèches auburn pendent de part et d'autre de son visage, s'égouttant lentement sur son torse pâle.
— J'ai entendu un cri, explique-t-il. J'ai cru que c'était toi alors je me suis jeté à l'eau mais je me suis fait prendre par surprise par la tempête. Je crois que j'ai perdu connaissance.
J'examine son crâne et y trouve effectivement une trace d'impact mais rien de visiblement grave. Un soupir de soulagement s'échappe de ma bouche alors qu'Amaury m'observe attentivement. Un mélange d'amusement, de gratitude et d'émerveillement virevolte dans ses yeux alors qu'il me sourit.
— Je croyais aller à ta rescousse mais c'est toi qui m'as sauvé.
J'hausse les épaules, un sourire joueur plaqué sur les lèvres.
— Il n'y a pas que les princesses qui peuvent être en détresse.
Loin de le faire rire, mes paroles semblent animer un étrange chagrin dans les yeux de mon petit ami. Je l'ai déjà vu faire la moue ou me faire les yeux doux, mais jamais je n'ai vu une telle intensité briller dans ses yeux. La façon dont il me regarde, avec cette admiration, cette fascination non dissimulée mêlée à cette expression de défaite et de souffrance, jette le trouble dans mon esprit. Qu'est-ce que ça signifie ? Ai-je réellement envie de le savoir ?
Je l'observe, interdite, alors que le doute s'immisce lentement. Puis-je vraiment lui faire confiance ? Je sais bien pourtant que ce doute est infondé mais il persiste, défiant toute logique et corrompant mon cœur. Et s'il mentait ? Et s'il mentait depuis le début ? Et s'ils me mentaient tous ? Et si j'étais seule à tout jamais ?
Amaury doit certainement sentir mon malaise car il finit par se reprendre et se relever comme si de rien n'était. Je sens que l'envie de discuter le démange mais, par respect, par tristesse ou par fierté, il ne lance pas le sujet. Ses pensées se tournent plutôt vers le ciel puis vers les falaises qui entourent la côte.
— On est où à ton avis ? me questionne-t-il.
— Aucune idée. Mais avec un soleil aussi radieux et une plage aussi vide, on est ni en Bretagne, ni sur la côte d'Azur, c'est certain.
Alors que la vue de l'eau qui s'étend à perte de vue me désespère, quelque chose à l'horizon attire mon attention. Un filet de fumée fend le ciel par-delà la mer.
— Tu vois ce que je vois ? remarque également Amaury.
J'acquiesce vivement, le cœur haletant. Ce simple signe de vie suffit à faire renaître l'espoir. Mais comment l'atteindre ?
— Construisons un radeau, propose Amaury en se dirigeant vers les quelques arbres qui jonchent la falaise.
— Comment tu veux faire ça, génie ? Il n'y a que du sable et des palmiers sur cette foutue plage.
La seule solution est de nager. Je tente d'évaluer la distance qui nous sépare de notre objectif. Certes, il n'est pas tout prêt mais je devrais pouvoir parcourir cette distance.
— Reste là.
Bien entendu, Amaury rechigne à me laisser partir seule. Pourtant, il vient à peine d'échapper à la noyade et retourner à l'eau ne serait pas très judicieux pour lui. Mais il ne veut rien entendre.
— Je sais nager, tu sais. Je fais partie d'un club de natation ! C'est pas de ma faute si une tempête s'est levée d'un coup !
Je ne peux empêcher la surprise de s'afficher sur mon visage. Amaury fait de la natation ?
— Je sais, c'est ringard comme sport, bougonne-t-il, gêné. Mais avoue que, vu la situation, c'est bien utile.
Je continue à le dévisager en digérant cette nouvelle information. Je ne comprends pas.
— Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?
— C'était pour avoir l'air cool, m'avoue-t-il. Je ne voulais pas baisser dans ton estime. T'es bien la première à rire quand on passe devant la piscine et que je commente leur look.
— Je... Je ne faisais que suivre ton avis... Je voulais avoir l'air cool aussi.
Un silence gêné s'installe, bientôt suivi de rires nerveux. Qu'est-ce qu'on est stupides, bordel !
— On y va ? me sourit finalement Amaury, gêné. Le temps a l'air de s'être calmé.
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Malgré la distance à parcourir, notre trajet se fait sans encombre. Aucune tempête ne se déclenche sans prévenir et Amaury démontre une réelle aisance dans l'eau. J'en serais presque jalouse si je n'avais pas confiance en mes propres capacités de nageuse.
— Tu es rapide ! me complimente justement mon copain lorsque nous atteignons enfin une minuscule île perdue au milieu de l'océan.
Pendant un instant, j'hésite à lui dire la vérité. Ce n'est pas parce qu'il fait de la natation qu'il va trouver mon secret moins ringard. Il y a une différence entre faire des longueurs et faire des chorégraphies aquatiques.
— À vrai dire, puisqu'on en est aux aveux, moi aussi je-
Mais alors que je cherche mes mots, Amaury se détourne soudain et le reste de ma phrase passe à la trappe. Furieuse, et légèrement vexée, je m'apprête à l'engueuler quand il me fait signe de me taire. Je suis son regard, intriguée. À plusieurs mètres de la rive, à l'ombre de quelques palmiers, se trouvent les restes d'un campement de fortune. Un amas de bois et de feuille servant de tente, un hamac improvisé à partir d'une voile de bateau et les cendres encore fumantes d'un feu de camp.
Amaury s'avance vers l'endroit à pas de loup et je l'imite, tous les sens en alerte. L'occupant de cette île est-il toujours là ? Ou les occupants ? Combien sont-ils ? Sont-ils dangereux ? Est-ce une bonne idée de les surprendre ainsi ?
Une respiration saccadée nous parvient depuis l'intérieur de la tente. Amaury et moi échangeons un regard entendu avant de soulever prudemment la grande feuille bloquant l'entrée. Rien ne se passe. Le vent a dû nous jouer des tours car la tente est vide, à l'exception d'un vieux sac à dos. À l'intérieur, se trouvent une gourde vide, quelques vêtements sales et un journal. Ce dernier contient quelques notes d'exploration ainsi qu'une carte avec d'étranges symboles.
J'examine la carte sous tous les angles avant de me concentrer sur le journal. Il appartient à un aventurier qui s'est échoué ici avec son voilier. Il parle de sa vie, comment il a survécu, les animaux sauvages qu'il a rencontrés. Je fais rapidement défiler les pages jusqu'à tomber sur la dernière trace d'écrit. Puis je m'assoie avant de commencer ma lecture :
« Le monstre est un requin-baleine. Je l'ai enfin aperçu nettement aujourd'hui. Il est gigantesque. Au moiNs six fois ma taille. Même sa bouche, qui occupe toute la largeur de sa tête, est plus grande que moi. Ses yeux, noirs et ronds comme des billes, sont placés latéralement sur sa tête plate, de part et d'autre de l'immense mâchOire.
Je ne l'ai pas remarqué tout de suite, tant sa robe gris sombre, tachetée de points blancs, se fond parfaitement avec les reflets du soleil sur la surface ou l'éclat du plancton dans l'eau. Puis j'ai aperçu son ventre et le desSous de ses nageoires, clairs comme ceux d'une baleine. Mais sa queue pointue, son aileron et sa façon de se mOuvoir ne manquent pas de rappeler la silhouette du requin.
Demain, je retournerai le voir, mais équipé cette fois. »
Quand je relève le nez du journal, Amaury semble plongé dans une réflexion intense.
— Plus rien ensuite ? m'interroge-t-il.
— Non.
Tout porte à croire que cet aventurier est allé chasser le monstre et n'en est jamais revenu. Rassurant...
— Eh, peut-être qu'il a réussi à partir de cette île ! tente de positiver Amaury avant d'observer l'horizon. Il faudra juste rester vigilant.
Certes. Encore faut-il qu'on trouve un moyen de quitter cette île. Avec un requin gigantesque dans les parages, on ne va clairement pas s'aventurer à la nage sans aucune destination précise.
Nous nous mettons d'accord pour explorer un peu plus l'île et finissons par trouver une petite barque échouée sur le rivage. Celle-ci est même accompagnée de rames un peu usées. C'est notre jour de chance on dirait ! Voilà qui règle la question du transport. Reste encore à savoir vers où nous diriger. Voguer à l'aveugle serait trop risqué. Il y a forcément quelque chose d'utile dans ce journal, non ?
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À vous de trouver la solution !
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[Déterminez votre destination]
Aidez-vous du récit pour établir votre trajet sur la carte puis additionnez les 4 nombres pour obtenir votre chapitre de destination. Si vous avez trouvé une boussole pendant votre aventure, ajoutez 1 à votre résultat.
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