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Retenant mon souffle, j'entreprends de me tourner lentement pour suivre son regard. D'abord, je ne vois que des troncs d'arbres couverts de lianes et leurs racines qui s'entortillent dans la terre, entrant et sortant à leur guise. Puis une des racines se met à glisser tout doucement et c'est alors que je le vois : un serpent fin et long s'avance dangereusement dans notre direction.

Une vague de sueurs froide m'envahit alors que je me tourne vers ma camarade. Celle-ci me fait signe de ne pas bouger. Je déglutis fortement. J'ai jamais été très forte au un, deux, trois, soleil.

Évitant tout mouvement brusque, nous nous éloignons à bonne distance pour contourner l'animal. Sa peau écailleuse se confond si bien avec le sol boueux que je me demande comment Clauporte a réussi à le repérer dans un premier temps.

— Tu as une vision supersonique ou quoi ?

Désormais hors de portée du reptile, l'asiatique se détend. Ses sourcils se soulèvent puis son visage prend une moue amusée.

— Tu es sûre de savoir ce que supersonique veut dire ? me demande-t-elle avant de ressortir sa carte.

Elle y plonge son nez quelques secondes, observe les alentours avec minutie puis pointe une direction du doigt avec une confiance déroutante. Elle semble si différente du cloporte qui s'agitait avec terreur au-dessus d'un bassin d'eau. Son air est déterminé et aucun doute ne vient faire trembler sa voix quand elle se tourne vers moi.

— On y est presque.

Je me laisse guider sans broncher, sachant parfaitement que je n'aurais jamais pu me repérer aussi facilement qu'elle. Si je ne connaissais pas mieux l'intello, je pourrais même croire qu'elle est dans son élément.

—T'as l'habitude de te retrouver perdue dans une jungle ?

Clauporte pouffe à ma question.

— Non mais j'étais scout quand j'étais petite. Difficile à croire, je sais. Pour être honnête, ça n'a pas duré très longtemps. Un jour, en traversant une rivière, j'ai glissé et... le courant était si fort que je suis restée bloquée dans l'eau une bonne minute avant qu'on ne réussisse à me sortir. Rien de grave mais mes parents n'ont plus jamais voulu que j'y retourne après ça. D'après eux, ce n'est pas une activité digne d'une Cheng.

J'imagine que sortir d'un labyrinthe bourré d'épreuves mortelles pour débarquer dans une véritable jungle amazonienne ne sera pas digne d'une Cheng pour eux non plus.

— En vérité, ajoute Clauporte avec une visible amertume, ils étaient trop embarrassés d'être associés à une incapable comme moi. De toute façon, rien de ce que je fais ne sera jamais aussi bien que ce que fait Tao.

Je fronce les sourcils. Quoi ou qui est Tao ?

— Mon frère prodige, m'explique-t-elle en comprenant ma confusion. À peine majeur et déjà acclamé par les professionnels de la musique. Je ne serais pas surprise d'apprendre qu'il était un pianiste de renom dans une ancienne vie. Comment je suis censée rivaliser avec un Mozart miniature ?

Je lui offre un sourire réconfortant. Voilà pourquoi elle se donne tant de mal pour être la meilleure en tout. Cela n'excuse pas son comportement hautain mais je crois que je la comprends un peu mieux.

— Un enfant ne devrait pas se battre ou se pousser à bout pour obtenir l'approbation de ses parents. Si tes parents sont trop stupides pour voir ce que tu vaux, qu'ils aillent chier.

Les yeux de Clauporte s'écarquillent d'effarement à mes mots et, l'espace d'un instant, j'ai l'impression qu'elle va me tourner le dos et partir. Mais c'est finalement un rire cristallin qui s'échappe de ses lèvres.

— Ça a l'air si facile quand c'est toi qui le dit, dit-elle dans un soupir. Tu sais, parfois j'aimerais bien être plus comme toi.

— Vulgaire et immature ? C'est pas si difficile tu sais.

— Non, je veux dire cool. Tu es sportive, populaire, tu t'entends bien avec les garçons, tu as un physique à rendre jalouses la plupart des filles mais tu te fiches de tout. Tout parait si facile quand on te regarde. C'est presque injuste.

— Tu blagues ? Si j'essaie si désespérément d'être « cool » comme tu dis, c'est parce que, contrairement à toi, je n'ai pas un cerveau assez brillant pour réussir des études et je sais très bien ce qui m'attend à la sortie. Et quand tu seras médecin ou avocate ou je ne sais quoi, et que moi je serais là à passer la serpillère dans ton cabinet, ça te fera bien rire de savoir que j'étais cool ou populaire au lycée.

La petite brune m'observe avec des yeux ronds. Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?

— Franchement ? me questionne-t-elle avec un étonnement exagéré. Toi, en femme de ménage ? Est-ce que tu as déjà utilisé une serpillère ?

Nous nous dévisageons un moment avant d'éclater de rire. C'est fou. Clauporte deviendrait presque sympathique. Je ne vois même pas la fin de notre parcours arriver.

Mais devant nous s'étend bien une cascade, si haute que je n'en aperçois pas le sommet. Au milieu du jet d'eau qui chute avec puissance jusqu'à former une rivière, une nouvelle barrière d'énergie bleue est à peine visible.

— Euh, Cheng ? Je croyais qu'on cherchait un moyen de sortir de la forêt, pas de re-rentrer dans le cube de la mort.

— Je ne pense pas qu'on en soit sortie, Mercier.

Alors, tout ça est faux. Une jungle entière créée de toute pièce ? Impossible. Je sens la terre sous mes pieds, la brûlure du soleil sur ma peau et les griffures des branches me piquent encore les joues et les bras. Je peux tout sentir comme je sens mon propre corps. Je peux entendre, voir, toucher, respirer...

— Goûte, m'ordonne soudain Claudia. Ce sont des espèces de concombres, assez amers.

Mais ce qui se trouve dans la paume de sa main ressemble plus à un tas de pastèques miniatures, pas plus grosses que des radis.

— Tu ne risques rien, promis.

Face à son insistance, je finis par refermer mes doigts sur l'un des mets et croquer dedans. Le légume craque sous mes dents et je mâche avec attention, redoutant déjà l'amertume annoncée par ma camarade. Mais rien.

— Ça n'a aucun goût ton truc !

— Exactement, clame-t-elle comme si cette découverte était évidente. Tu viens ?

Pas tout à fait sûre de suivre son raisonnement, je hoche la tête et suit en silence alors qu'elle s'enfonce dans la cascade pour traverser le portail lumineux. Un sentiment de défaite s'empare de moi en reconnaissant les dalles blanches qui nous entourent. Retour à la case départ...

En observant mes mains, je constate avec étonnement que tous les bleus et coupures issues de notre aventure dans la jungle se sont évaporées. De même pour le reste de mon corps.

Un grésillement familier et un écran s'allume. Ne me dites pas qu'il s'agit encore d'une maudite énigme.

— Tu veux essayer ? me questionne Claudia.

J'examine son sourire d'un œil perplexe. Ça n'irait pas plus vite si elle s'en chargeait ? Vu son air confiant, je suis sûre qu'elle a déjà trouvé la solution.

— Effectivement, me confirme-t-elle. Mais si tu veux tenter ta chance avant, ça ne coûte rien. Je suis sûre que tu n'es pas aussi stupide que tu ne le penses. Après tout, ton esprit brillant m'a déjà sauvée une fois.

Mes yeux font des allers-retours entre l'écran et le sourire bienveillant de l'asiatique. Je vois où elle veut en venir. Il est vrai que j'ai déjà résolu quelques énigmes pour arriver jusqu'ici, mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Je sens la nervosité s'étendre dans mes poumons alors que je lis enfin l'énoncé devant moi :


LA FIN EST TOUTE PROCHE.

03-15-13-02-09-05-14-05-20-05-19-22-15-21-19 ? 


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À vous de trouver la réponse...

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Résolvez l'énigme en répondant à la question. Puis additionnez votre réponse et...


[Amaury et Prunelle sont morts ou éliminés]

...ajoutez 118 pour obtenir votre chapitre de destination.


OU


[Prunelle est morte ou éliminée]

...ajoutez 116 pour obtenir votre chapitre de destination.


OU


[Amaury et Prunelle sont probablement en vie]

...ajoutez 117 pour obtenir votre chapitre de destination.

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