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Au fur et à mesure que la barque avance, la silhouette du phare se précise et s'agrandit. J'ai l'impression que l'étincelle d'espoir dans mon cœur fait de même alors que je garde les yeux rivés sur l'objectif.
Enfin, mes pieds se posent sur les rochers qui entourent la structure et je sens le sol tanguer sous moi. Mes jambes tremblent et ma tête tourne, comme si j'étais prise d'un vertige. Heureusement, le bras d'Amaury me rattrape juste à temps. À en juger par son teint drôlement pâle, lui aussi commençait à avoir le mal de mer. Prunelle, elle, sautille hors de la barque comme si de rien n'était.
Je finis tout de même par me stabiliser et nous marchons ensemble en direction du phare. Mes pas se font de plus en plus rapides alors que nous approchons de la porte. J'imagine déjà la tête du gardien du phare quand il nous apercevra. Même s'il ne parle pas notre langue, il comprendra que nous avons besoin d'aide, n'est-ce pas ?
Le cœur palpitant, je tourne la poignée de la porte puis me fige soudain. Là, à la place que ce qui aurait dû être l'entrée du phare, se trouve un portail lumineux. Encore un.
Pas tout à fait sûre de comprendre ce qu'il se passe, je me tourne vers Amaury et Prunelle. Les deux sont aussi confus que moi. Qu'est-ce que cela veut dire ? Ne sommes-nous pas sortis du Cube ?
Autour de nous, la mer s'agite, venant se fracasser en écume contre les rochers qui bordent le phare. Nous n'avons nulle autre part où aller. Quel autre choix avons-nous ?
Notre espoir anéanti, nous décidons donc de traverser la barrière bleutée.
Un sentiment de défaite s'empare de moi en reconnaissant les dalles blanches qui nous entourent. Retour à la case départ. En observant mes vêtements, je constate avec étonnement qu'ils sont de nouveaux secs. Toute trace de mon aventure maritime évaporée.
Sous nos yeux, la pièce s'éclaire finalement sous un concert de grésillements.
Nous nous trouvons dans une longue salle au bout de laquelle se tient un cube de taille humaine. Une porte semble se découper sur l'une des faces. Surprise par cette vision, ce n'est que quelques minutes plus tard que je remarque qu'un pilier à l'apparence familière trône au centre de la pièce. Il semble identique en tous points à celui qui cachait un garde-manger.
Un moment de silence s'installe alors que chacun semble en venir à la même question : que se passe-t-il si nous n'avons aucun cube à insérer ? Même si nous en avions un, on ne refera pas deux fois la même erreur.
D'un commun accord, nous ignorons le pilier et nous dirigeons vers l'étrange porte. Elle ne possède aucune poignée et l'interstice qui la sépare du reste du grand cube est trop fin pour espérer forcer son ouverture. Cela ne nous empêche pas de tester.
Nous entreprenons d'analyser le reste de la structure à la recherche d'un indice ou d'un bouton secret. Cependant, après de longues minutes de recherches, nous sommes bien forcés de nous rendre à l'évidence. La seule chose avec laquelle il est possible d'interagir dans la pièce est le pilier comportant une encoche carrée. Sauf que nos mains sont vides. Étions-nous censés récupérer un cube sur notre chemin ?
Peu importe la réponse. Nous ne pouvons plus faire demi-tour. Il semblerait que nous soyons coincés dans cette pièce. Notre sort est scellé.
Je soupire :
— Bon, et maintenant ?
— On devrait en profiter pour se reposer, propose Amaury d'une voix fébrile.
Jusqu'à présent, je n'avais pas remarqué à quel point il avait l'air fatigué. Le pauvre a dû ramer bien plus longtemps que moi. Il se masse l'épaule avant de s'approcher de nous, Prunelle à ses trousses.
— Je suppose qu'on n'a rien de mieux à faire pour l'instant.
Amaury propose de monter la garde mais j'insiste pour tenir ce rôle en premier. Trop fatigué pour rechigner, il finit par s'endormir rapidement, la tête confortablement installée sur mes genoux. Prunelle ne tarde pas à se blottir également contre moi et je dépose un baiser un sommet de son crâne.
Alors que j'observe d'un air absent la vaste pièce blanche et sa porte désespérément fermée, ma main caresse le cuir chevelu de mon petit ami qui ronronne presque de bonheur. Après tout ce que nous venons de vivre, cela me semble presque irréel.
L'idée de sortir un jour de ce labyrinthe infernal me semble si loin à présent. Pourtant, je suis soulagée. Soulagée de ne pas être seule et que mes proches aient survécu au moins. Malgré nos différents, je ne souhaiterais perdre ma sœur ou Amaury pour rien au monde. Et même si je dois finir mes jours enfermée ici, tout ira bien tant qu'on sera ensemble. J'en suis persuadée.
— Constance ?
Je penche doucement la tête, plongeant mes yeux avec reconnaissance dans ceux d'Amaury, et prends le temps d'admirer son beau visage à moitié endormi.
— Je sais que tu n'aimes pas quand je le dis mais je t'aime.
À ces paroles, un grésillement attire mon attention. Un compte à rebours vient de s'afficher au-dessus de la porte close. Le bruit réveille Prunelle qui s'agrippe à mon bras avec inquiétude.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce qu'on va mourir ?
Amaury et moi échangeons un regard impuissant.
— Ça va aller, finit-il par dire en se redressant. Parce qu'on restera ensemble, quoi qu'il arrive. D'accord ?
Ma sœur acquiesce vivement et je souris tandis qu'Amaury nous tend ses mains. Je les enlace tous deux, faisant abstraction du timer qui défile.
— Oui, ça va aller.
Je sens les larmes me monter aux yeux quand Prunelle enfonce un peu plus son visage contre mon torse pour murmurer un « je t'aime ». Dans un geste rassurant, les doigts d'Amaury font des allers et retours sur mon dos et je lève un regard triste vers lui.
— Je sais que je le dis jamais mais je vous aime, tous les deux.
Mon petit ami se fige et, pendant un court instant, j'ai peur de l'avoir trop pris au dépourvu. Cependant, ses lèvres finissent par s'emparer des miennes avec passion. J'en oublie presque notre inévitable situation jusqu'à ce que Prunelle intervienne.
— Ce serait super romantique si j'étais pas juste en dessous...
Nous partageons tous les trois un dernier rire avant que le compte n'atteigne zéro. C'est alors que tout s'arrête. Incapable de bouger, je ne peux qu'observer devant moi ma sœur et Amaury paralysés, comme un arrêt sur image. Quelque chose dans leurs yeux s'éteint, un à un, ne laissant face à moi que des mannequins sans vie qui me sourient.
Avant même que j'ai me temps d'assimiler la bizarrerie de la chose, ma conscience me quitte et tout devient noir.
SESSION TERMINÉE.
CALCUL DES RÉSULTATS EN COURS...
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Bravo ! Vous avez atteint la fin du Cube !
Enfin, une fin...
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[Finir votre aventure]
Direction le chapitre Conclusion !
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