Chapitre 37 - La mort de l'Oiseau
Alowen avait laissé Yhrice il y avait déjà un peu plus d'une demie-heure et, depuis, la jeune fille tournait en rond. Non pas qu'elle s'ennuyait mais plutôt qu'elle se sentait fébrile.
Elle se demandait comment la tentative de Léanisse avait tourné mais, surtout, elle avait peur pour Allonn. Léanisse lui avait signalé qu'il n'était pas en mesure de venir la secourir et, se souvenant des menaces proférées par les différents membres de l'équipage du Fleuret, elle craignait ce que les jumelle avaient pu lui faire pour le neutraliser.
Normalement, le sort de protection fonctionnait toujours à la perfection mais elle ne pouvait en être certaine. Olaphas avait pu l'annuler pour lui faire payer de ne pas lui avoir répondu dans ses essaies de communications donc, elle imaginait le pire et s'inquiétait profondément. Alowen était capable de lui faire subir un sort peu enviable.
Après tout, elle avait été sur le point de lui sectionner une oreille.
Sentant ses jambes faiblir sous le poids de l'angoisse, elle préféra s'asseoir sur le bord de sa couchette avant de s'écrouler.
Elle tira le sac d'Allonn à elle et en sortit la gourde. Elle se remplit un gobelet d'étain, espérant qu'elle se sentirait mieux lorsqu'elle aurait bu quelques gorgées mais ce fut pire. Elle eut à peine porté le gobelet à ses lèvres que l'eau se troubla avant de devenir rouge.
Yhrice crispa les doigts sur le gobelet, sur le point de craquer et de faire une crise d'hystérie, hurlant et brisant tout ce qu'elle pourrait, mais elle devait voir le bon côté des choses. Ce n'était pas Olaphas qui voulait lui parler.
Par automatisme, elle répondit et, cette fois, son interlocutrice parla la première :
« Bonjour, Yhrice. Je voulais seulement savoir si ton cher fiancé avait reçu mon message.
- Quel message ?
- Celui où je lui explique ce que tu étais réellement et que tu lui caches.
- Tu...tu n'as pas fait ça ?
- Je t'avais prévenu. Je ne suis pas entrée dans les détails mais je me verrais dans l'obligation de le faire si tu me refuses ton aide une nouvelle fois.
- Mais...nous étions amies...
- Tu m'as tourné le dos la première et tu ne me laisses pas le choix.
- Très bien... »
Se résigna Yhrice. Elle préférait rester auprès d'Allonn et elle pouvait faire encore un sacrifice pour y réussir.
Elle sortit le bol qu'elle avait emporté, le posa sur le coffre et s'agenouilla devant, le gobelet à la main. Elle remplit le bol d'eau, vidant la gourde, et y mélangea les quelques ingrédients nécessaires, certaine que sa consœur en faisait de même, où qu'elle soit. Elle s'essuya les mains sur les cuisses puis elle commença à réciter la formule, sa voix s'unissant à celle s'élevant de l'eau rouge.
Lorsqu'elles eurent terminé leur litanie, elles la répétèrent à nouveau et Yhrice perçut sa magie se déployer, se mêlant à celle de sa consœur pour aller s'emparer du sort échappé.
***
Krélia sentit le navire se mettre en branle.
Le reste de l'équipage avait bien travaillé pendant qu'elle se remettait tranquillement de sa blessure. Bien, ils reprenaient leur route et leur mobilité.
Un soupir de soulagement souleva sa poitrine. Elle préférait vraiment rester en mouvement pour se soustraire à l'emprise de son créateur qu'elle percevait presque continuellement autour d'elle.
À présent que l'équipage avait terminé de libérer le navire, ils allaient tous revenir et voir que sa blessure avait disparu comme par magie, ce qui était un peu le cas. Elle n'avait pas besoin que plus de personnes que Léttan et Vanilesse soient au courant de sa nature et, si le petit mousse avait tout accepté paisiblement, lui accordant toute sa confiance, Léttan allait mettre son ingéniosité en œuvre pour entièrement la percer à jour aux yeux tous. Continuer à vivre sur ce navire serait difficile.
Avant que tous ses camarades ne reviennent à bord, Krélia se leva et récupéra le morceau de couverture ensanglanté dont elle s'était servi pour panser ses plaies il y avait déjà de nombreux jours et dont elle ne s'était toujours pas débarrassé. Aujourd'hui, elle se félicitait de cet oublie et le sang qui maculait encore le tissu aidait à la supercherie et encouragerait l'équipage à croire à sa blessure, même si le sang était séché.
Elle s'en enveloppa l'avant-bras de manière à ce que les taches rouges soient visibles à travers les déchirures des vêtements puis elle se recoucha, jouant les alités et pelotonnée dans le vieux manteau de Léttan.
Elle savait qu'elle aurait mieux fait de le retirer ou, en tous cas, de ne pas se blottir dans le vêtement en respirant l'odeur qu'il portait encore mais, de toute manière, il était trop tard pour éviter de tisser des liens et elle souffrirait à cause de cela quoi qu'il advienne alors autant s'emparer des petites miettes qu'elle pouvait encore voler.
Elle entendit le bruit caractéristique de la passerelle qu'on remettait puis des pas précipités qui descendirent sur le faux-pont et Nialek se rua sur son hamac. Il prit délicatement son bras qu'il croyait blessé, les mâchoires contractées pour ignorer le froid mordant qui le traversait. Son expression se fit sincèrement désolé, air que Krélia ne lui avait jamais vu, lorsqu'il découvrit le sang sur le bandage de fortune.
« Je suis désolé, vraiment. Je ne voulais pas...
- Je sais. C'est bon. Je te pardonne, ne t'inquiète pas.
- Frand a pu te soigner ?
- Oui, tout va bien.
Grogna Krélia en se dégageant sans trop de brusquerie pour éviter que son bras ne paraisse plus solide et en meilleur état qu'il n'était censé être.
Nialek hocha doucement le menton, quelque peu rassuré, pas tant par les paroles de Krélia que par la manière dont elle les avait prononcé. Si elle possédait encore toute sa morgue et qu'elle ne se tordait pas de douleur en gémissant, c'était que, comme elle l'assurait, c'était bon. Nialek devait bien reconnaître qu'elle l'impressionnait. Jamais il ne l'aurait imaginé si forte. Si il avait su la vérité...
Krélia détourna le regard, lisant très bien dans celui bleu de Nialek un important éclat de respect et d'admiration pour la façon dont elle supportait avec courage sa blessure si profonde. Elle se sentait mal de constater cela alors qu'elle mentait, et en profitait même.
Vanilesse se précipita à son tour vers Krélia, très inquiet.
Il avait entendu Léattan avertir Wiesse de la blessure de la jeune fille mais il n'avait osé désobéir pour s'enquérir de l'état de Krélia et s'était contenté de continuer à piocher la glace avec les autres.
En remontant sur le pont, il avait d'abord questionné Léttan mais ce dernier avait seulement grogné en soulevant le coin supérieur de sa lèvre puis il était allé s'enfermer dans sa cabine sans plus de mot. Vanilesse s'était étonné de cette réaction singulière. Il avait, comme tout le monde, remarqué que le second se méfiait d'une manière presque maladive de Krélia, qu'il avait été en colère d'apprendre la vérité sur sa famille et ensuite désolé ainsi que confus et, à présent, il semblait plus que furieux.
Cependant, le petit mousse ne s'était pas interrogé bien longtemps, préférant s'enquérir de l'état de Krélia.
Cette dernière se mordit la lèvre inférieure en le voyant arriver, se sentant encore plus mal-à-l'aise de lui mentir à lui.
Vanilesse s'appuya sur le bord du hamac, manquant de faire basculer Krélia. Nialek leva les yeux au ciel et retira les mains du petit rouquin qui pinça les lèvres en une moue d'excuses en baissant le regard.
- Tu...tu vas bien ? Demanda t-il.
- Ouais, je survivrai.
- Tu as intérêt ! Sourit Vanilesse. Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi !
- Pareil. »
Se proposa aussi Nialek, nettement moins à l'aise avec les déclarations d'amitié candides et généreuses que Vanilesse.
Les deux marins levèrent la tête en même temps en entendant Léttan crier leurs noms. Tous deux saluèrent Krélia, Vanilesse d'un signe de la main, n'osant toujours pas ne serait-ce que la frôler, et Nialek lui serra l'épaule presque amicalement en grimaçant à cause de la sensation de froid qui envahit son membre, puis ils retournèrent sur le pont.
Krélia se détendit un peu, n'ayant plus besoin de mentir et feindre la blessure face à des gens qui lui offraient leur soutien et même leur amitié. Elle s'efforça de ne plus songer à l'abjecte personne qu'elle était, puis elle se replia sur elle-même en fermant les yeux, décidant de rattraper les heures de sommeil que lui subtilisaient trop souvent les ordres de son créateur et les réminiscences de l'écho.
La jeune fille fut réveillée par Léttan qui hurlait après elle et, bien qu'il tente de le dissimuler, elle nota une certaine fureur dans sa voix.
Krélia ouvrit paresseusement une paupière, se demandant ce qu'il lui voulait. Elle avait l'accord de Wiesse pour se reposer et se remettre du terrible traumatisme qu'elle avait subi avec cette blessure qui la tourmentait. Léttan ne devait pas avoir parfaitement saisi ou bien il souhaitait simplement l'importuner, n'ayant sûrement rien trouvé de mieux pour lui faire payer ce qu'elle était. Krélia ne voyait donc pas pourquoi elle se dérangerait.
Elle était peut-être amoureuse mais ni une idiote ni une midinette qui accourait dès que le prince charmant prononçait son nom. À la place, elle se retourna, appuyant sa joue contre l'oreiller usé et le col du vieux manteau relevé.
Ne comptant visiblement pas lui accorder un peu de paix, Léttan descendit sur le faux-pont et, ne prévenant pas ni ne laissant la moindre occasion à Krélia, il saisit le hamac et le retourna violemment, répétant une action déjà effectuée.
Avant de comprendre ce qu'il lui arrivait, Krélia se retrouva le nez contre les planches. Elle se rattrapa de ses deux mains puis se retourna en lançant un regard noir au second qui ironisa :
« Oh, désolé. Je n'avais plus pensé à ton bras. Ma pauvre, tu dois affreusement souffrir.
- Très amusant. Qu'est-ce que tu veux, à part te payer ma tête ?
- Et bien, même si tu es en convalescence et que la douleur doit être indescriptible, tu peux un peu participer à quelques tâches. Il faudrait que tu ravitailles la cuisine. Ton bras le supportera, j'espère.
- C'est tout ce que tu as trouvé pour me forcer à me trahir ? C'est pathétique.
Léttan haussa les épaules, n'en ayant vraiment absolument rien à faire des avis de cette créature maléfique.
Krélia se releva en se servant de son bras droit plus que nécessaire et uniquement dans le but de faire enrager Léttan, puis elle remit ses affaires dans le hamac. Elle monta ensuite les escaliers et, juste avant de poser le pied sur le pont, elle crispa les doigts sur son avant-bras censé être blessé et se composa une légère grimace de douleur.
Derrière elle, Léttan contracta les mâchoires et serra les poings. Il devait résister à l'envie de la pousser violemment. Elle serait bien obligée de se rattraper de ses deux bras devant tout le monde mais il peinerait à se justifier, alors il se contenta de marmonner tout bas.
Nialek baissa les yeux sur le passage de Krélia, se sentant toujours terriblement coupable. La jeune fille s'efforça de ne pas s'en préoccuper et elle alla plutôt vérifier ce qu'il manquait à la cuisine, son bras serré contre sa poitrine au cas où quelqu'un passerait la tête par la porte.
Faire l'inventaire de la cuisine n'était pas la chose la plus aisée à effectuer à cause du désordre y régnant. Il y avait toujours la rame et le filet qui traînaient dans un coin.
Il lui fallu une dizaine de minutes, n'inspectant que les caisses de provisions et évitant de s'intéresser aux différents objets des plus hétéroclites.
Sachant ce qu'il manquait, elle descendit à la cale, plongée dans l'obscurité. Elle jura, ayant oublié de s'équiper d'une lampe. Il allait falloir remonter. Cependant, elle n'en eu pas besoin, Léttan arriva dans son dos, lampe à la main.
- Tu me surveilles ? Lança Krélia.
- À ton avis ?
Rétorqua Léttan d'un ton dur et distant.
Krélia descendit les dernières marches et s'éloigna entre les caisses et les tonneaux. Léttan la suivit, ne souhaitant pas la perdre de vue dans l'obscurité. La jeune fille l'ignora totalement, tentant de se concentrer sur autre chose que sur sa présence derrière elle.
Léttan posa sa lanterne sur l'une des caisses, de manière à avoir les mains libres, puis il s'empara de la dague qu'il préférait d'ordinaire conserver dans sa cabine mais que, exceptionnellement, il avait à la ceinture.
Krélia ne s'aperçut de rien, tout son esprit étant occupé à ne pas se soucier de lui et elle n'eut conscience de ses intentions que lorsque la lame lui traversa le dos pour ressortir par sa poitrine. La jeune fille poussa un petit cri étouffé, bien que cela se rapproche davantage d'un soupir de surprise.
Léttan lâcha le manche de son arme, les mains tremblantes, s'attendant à voir Krélia s'écrouler et également choqué par son propre geste.
La jeune fille leva les yeux au ciel avec un grognement d'agacement. Elle se retourna vers Léttan, un air de lassitude sur son visage que le faible éclairage rendait blafard, la dague toujours en travers du corps.
Léttan écarquilla les yeux, manquant de défaillir à cette vision, celle de Krélia à peine éclairée, la lame rougie dépassant de sa poitrine, du sang sur sa chemise blanche et seulement un air agacé sur le visage.
La jeune fille se tordit de le bras pour saisir le manche de la dague, se poissant le doigts de son propre sang, puis elle tira d'un coup sec, cillant à peine.
Elle attrapa soudainement Léttan par le col, le sortant de sa torpeur, et elle appuya délicatement la lame sur sa joue, y laissant une marque sanglante.
Elle susurra et Léttan aurait préféré qu'elle hurle, elle aurait été moins effrayante :
- Un conseil, utilise l'argent, c'est plus efficace.
Krélia sentit le rythme cardiaque et la respiration de Léttan s'accélérer.
Il avait peur. Il croyait réellement qu'elle allait le tuer. Donc, il l'en pensait parfaitement capable. Après tout, elle était une créature n'existant que grâce à la magie noire.
Cette idée blessa la jeune fille et elle libéra brusquement Léttan, le repoussant. Il tituba en arrière et se rattrapa à un tonneau.
Krélia jeta la dague dans un coin de la cale au hasard où elle retomba avec un bruit mat puis elle s'avança vers Léttan qui recula. Le jeune homme fixait l'endroit par lequel la lame était ressortie, juste en milieu de la poitrine, mais la blessure était déjà refermée, ne laissant que quelques traces sur le devant de sa chemise.
- Nous allons faire comme si il ne s'était rien passé dans cette cale, d'accord ? »
Léttan ne répondit pas mais il gravit les escaliers en courant presque.
Krélia ne s'inquiéta pas. Elle savait qu'il ne dirait rien. Il était bien trop effrayé et ne savait que faire. Après ça, il devrait la laisser en paix. La situation se compliquait de plus en plus.
Krélia remonta sur le pont. Léttan était déjà à la porte de sa cabine. Il se tourna vers la jeune fille, les dents enfoncées dans la lèvre inférieure et le regard toujours effrayé.
Krélia baissa les yeux, blessée, mais elle avait décidé il y avait déjà un moment qu'il était mieux pour son entourage qu'il la déteste. C'était totalement raté pour Vanilesse mais elle pouvait encore protéger celui qui comptait autant à ses yeux et elle semblait y réussir parfaitement. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle avait prétendu, comme lui, que le baiser qu'ils avaient échangé ne signifiait rien pour elle non plus. Elle était dangereuse.
En tous cas, au regard que lui adressait Léttan, elle était certaine qu'aucun nouveau baiser n'arriverait.
Elle eut soudainement une étrange sensation, comme si quelqu'un avait posé ses mains sur ses épaules. Ce fut une impression si présente que la jeune fille se retourna vivement mais il n'y avait personne et la pression sur ses épaules augmenta et se propagea à son crâne, comme si une chape de plomb s'était abattue sur elle.
Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas d'où venait cette sensation mais elle saisit très rapidement lorsque la voix résonna dans son esprit.
La jeune fille jura. Son créateur tentait encore de la soumettre à nouveau à son contrôle mais c'était différent des fois précédentes. C'était comme si la voix se dédoublait à l'intérieur de sa tête pour réciter une formule, qui s'étouffa un peu pour ne plus être qu'un bruit de fond sous des ordres de plus en plus vifs.
Krélia se prit la crâne dans les mains avec une grimace de douleur, la voix dédoublée se faisant de plus en plus présente et pressante. Elle tâtonna à sa ceinture à la recherche de son couteau, seule planche de salut à sa disposition mais elle ne réussit pas à le trouver.
Elle tituba vers le bastingage sur lequel elle prit appuis en grognant.
Détruis ce navire !
L'ordre tonna dans son esprit en le faisant comme vibrer et la voix le répéta à plusieurs reprises.
Krélia aurait pu jurer si elle n'avait pas été dans un tel état. Son créateur l'avait repéré, il savait où elle se trouvait et cette exigence n'était qu'un test pour s'assurer qu'elle était à nouveau sous son contrôle.
Krélia lutta, contractant ses muscles et mettant chaque once de son énergie dans cette affrontement mental. Elle perdait du terrain et était en train de perdre tout court d'ailleurs. Elle était trop faible pour combattre son créateur qui paraissait doté d'une nouvelle puissance.
Krélia tomba à genoux sur les planches, les mains toujours de chaque côté du crâne et les lèvres tordues dans un rictus de profonde souffrance.
Léttan se retourna, intrigué et il ne put s'empêcher de s'inquiéter en la découvrant ainsi. Il s'avança vers elle mais, avant qu'il ne l'atteigne, la jeune fille se cambra brutalement en arrière, les bras écartés et, ne parvenant pas à lutter davantage, elle ouvrit la bouche d'une manière démesurée et un hurlement horrible jaillit de sa gorge.
Un hurlement déchirant, montant dans les aiguës. Le son strident se répercuta sur l'océan autour d'eux.
Léttan s'écroula à quelques centimètres d'elle, les mains plaquées sur les oreilles. Tous les membres de l'équipage eurent la même réaction et ils cherchèrent à se protéger de cet affreux cri. Vanilesse en tomba même des cordages et le hurlement continuait comme si il ne s'arrêterait jamais et il devenait plus intense de seconde en seconde.
Les yeux de Krélia se révulsèrent, apparaissant réellement et la révélant comme elle était.
Les planches du navire se mirent à vibrer et, dans les sonorités les plus puissantes qu'atteignit le hurlement, la coque de l'Oiseau des vagues se disloqua, envoyant tout ce que le navire transportait dans l'eau.
Krélia se tut enfin lorsque les flots glacés et salés l'étreignirent en lui brûlant la peau. L'eau pénétra dans sa bouche qu'elle n'avait pas eu le temps de fermer.
Léttan creva la surface pour s'accrocher à un débris qui, il y avait quelques secondes encore, composait un navire en état convenable.
Son crâne bourdonnait encore de ce terrible hurlement qui lui avait empli les oreilles. D'ailleurs, un peu de sang en coulait pour se diluer dans l'eau qu'il avait sur le visage. Il cracha celle qu'il avait dans la gorge en haletant.
Il regarda autour de lui à la recherche des autres mais il ne repéra personne et perdit connaissance, toujours fermement accroché au débris flottant.
Les courants l'amenèrent sur les rives de Frékilia qui le recueillit dans ses bras gelés.
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