Chapitre 36 - Fin de sortilège
Depuis que les jumelles avaient découvert son secret, Yhrice sortait encore moins de sa cabine, autrement dit, elle ne se montrait pas. Elle mangeait enfermée à l'intérieur et la seule personne qu'elle voyait était Allonn, qui s'inquiétait pour elle.
Non pas car elle se cloitrait, au contraire, ça le rassurait de savoir qu'elle ne s'approchait pas des pirates. Ce qui l'angoissait était son comportement tendu et son regard comme hanté par une profonde inquiétude, quelque chose qui la tourmentait, et elle cauchemardait la nuit, se débattant et poussant de petits cris de détresse. Allonn la réveillait en douceur mais elle lui assurait toujours que tout allait bien. Exactement comme lorsqu'elle l'avait suivi à Hawel.
Le jeune inquisiteur se sentait désolé de ne pas réussir à comprendre ce qu'il lui arrivait et de ne rien pouvoir faire pour y remédier mais elle ne lui en voulait pas.
La seule responsable de cette situation était elle-même et un peu un démon. Ce dernier avait de nouveau tenté de la contacter mais elle l'avait ignoré et elle avait enfoui la tête sous son oreiller, revoyant des images qu'elle désirait oublier.
De l'autre côté de la porte de la cabine, les pirates menaient tranquillement leur existence en remplissant leur différentes tâches. Drämen se demandait toujours pourquoi il avait accepté Allonn à bord tout en observant Léanisse à la dérobée, Léanisse pleurait lorsque la nuit tombait, Alowen importunait Allonn et les jumelles ne reparlaient pas de la sorcière qu'ils avaient à bord.
Du moins, elle n'en reparlèrent pas jusqu'à ce que Alowen vienne trouver sa sœur, occupée avec des cordages. Elle s'appuya contre le bastingage à côté d'elle, les bras croisé sur la poitrine.
Léanisse tourna le regard vers elle avant de retourner à sa besogne en demandant :
« Qui y a t-il ?
- Je me demandais... Lorsque Drämen a fait son malaise à Giléanne, à un moment, tu as eu une réaction, un mouvement de recul, et maintenant que je sais que Yhrice est une sorcière, je pense que, peut-être...
- Elle l'aurait ensorcelé !
S'exclama Léanisse avant de se mordre l'intérieur des joues pour se forcer à baisser d'un ton.
Elle repensa à l'œil entrouvert de Drämen qui était devenu violet alors qu'il était agité de soubresauts. Elle avait supposé qu'une sorcière cherchait à se venger du comportement frivole du capitaine mais, à présent qu'elle savait que le tourbillon qui avait manqué de les engloutir avait été provoqué par un démon, sa théorie devenait bancale.
Alowen pouvait avoir raison. Surtout que Drämen avait accepté d'aider l'inquisiteur peu de temps après son réveil. L'idée d'Alowen semblait logique et fort plausible.
Léanisse saisit sa sœur par le poignet et l'amena au bout du gaillard d'avant, à l'écart pour éviter que leurs paroles ne s'échappent vers des oreilles indiscrètes, et Alowen lui demanda son avis :
- Tu penses que Yhrice à fait en sorte que Drämen les accepte à bord ?
- Je trouve que c'est envisageable. C'est une sorcière et le changement d'avis de Drämen était...étrange.
- C'est bien ce que je pensais.
Alowen donna un brusque coup de pied contre un seau qui alla rouler plus loin. Les poings serrés et les mâchoires contractées, la pirate semblait furieuse.
Léanisse pouvait comprendre qu'elle le soit. D'ailleurs, elle aussi l'avait été en apprenant les pratiques particulières de Yhrice. Après tout, si il n'y avait pas de sorcières, il n'y aurait pas d'inquisition et elles n'auraient jamais autant souffert. Mais, actuellement, elle ne se sentait pas furieuse.
Elle avait l'impression qu'elle pouvait comprendre Yhrice, qui avait souhaité aider Allonn, sauf que Allonn était un inquisiteur et que les méthodes qu'elle employait la révoltait. Elle avait ensorcelé Drämen pour pouvoir obtenir une place à bord.
Finalement, Léanisse était furieuse. Cette sorcière s'en était prise à Drämen et l'avait manipulé. Ce fut à son tour de frapper rageusement dans le pauvre seau qui était revenu vers elle avec le mouvement de la houle.
- Comment a t-elle osé ? Grogna la jeune fille.
- Donc, tu crois que j'ai raison ?
- Je pense que oui et je compte bien briser cet enchantement et y soustraire Drämen ! Pas question de le laisser à la merci d'une sorcière et, comme ça, il acceptera de jeter ces deux-là par-dessus bord !
- D'une pierre deux coups ! »
Acquiesça vivement Alowen, exactement du même avis et ayant bien l'intention de faire payer ses actes à cette sorcière, aussi jolie qu'elle soit. Cet équipage, qui les avait recueilli, était comme sa famille et personne ne pouvait s'en prendre à sa famille.
Pour commencer, elles devaient s'entretenir avec Yhrice sans être interrompues et donc, neutraliser Allonn pour pourrait arriver à tout instant, les forçant à suspendre la conversation, et le secret de Yhrice risquerait de ne plus en être un.
Alowen s'en chargea et alla voir le jeune inquisiteur qui s'apprêtait à regagner sa cabine et, prétextant un besoin de récolter son avis, ce qui l'intrigua suffisamment pour qu'il accepte de la suivre, elle l'entraîna à la cale, équipée de cellules.
Le prenant au dépourvu, elle le poussa dans l'une d'entre elles et referma la grille derrière lui. N'ayant pas pris la peine de doser sa force, elle envoya Allonn dans le fond de la cellule et il dû plaquer violemment ses deux mains sur la paroi pour ne pas la heurter du front.
Il se retourna vivement en entendant le cliquetis caractéristique d'une clé verrouillant une serrure. Alowen fit tournoyer le trousseau autour de son indexe, savourant pleinement ce moment. Mettre un inquisiteur aux fers l'enjouait profondément. Elle prenait une petite vengeance ainsi.
Elle suspendit les clés au crocher prévu à cet effet alors qu'Allonn frappait contre les barreaux en exigeant :
« Fais moi sortir !
- Non. T'es bien ici et puis, quelqu'un finira bien par t'entendre. Ou pas. À la prochaine ! »
Alowen envoya un baiser moqueur à Allonn qui cogna à nouveau contre les barreaux, se blessant la main. La jeune fille lui adressa un signe de la main railleur accompagné d'un clin d'œil puis elle remonta sur le pont.
À son large sourire enjoué et pleinement satisfait, Léanisse devina qu'elle s'était débarrassé d'Allonn pour un temps suffisant. Les jumelles échangèrent un sourire, toutes deux partageant ce contentement d'avoir un inquisiteur aux fers sur leur navire, mais elle reprirent bien vite un air grave en s'approchant de la cabine du gaillard d'avant.
En tant que seconde, Léanisse en avait les clés, qu'Alowen lui avait momentanément emprunté pour aller voir Yhrice il y avait quelques jours. Elle trouva la bonne et ouvrit la porte.
Yhrice, assise sur le lit et toujours en proie à ces souvenirs qui remontaient depuis sa conversation avec son ancien démon, se redressa en entendant jouer la serrure. Un éclat de surprise passa sur son visage et dans son regard en voyant les jumelles refermer la porte derrière elles.
Léanisse croisa les bras sur sa poitrine en s'adossant contre la paroi de planches et Alowen se vautra lourdement sur la couchette à côté de Yhrice, qui s'écarta légèrement de la pirate.
Cette dernière papillonna des paupières en fixant la jeune femme puis elle prit la parole avec un sourire langoureux :
« Alors, Yhrice, tu n'as pas fait de magie uniquement l'autre jour, n'est-ce pas ?
- Tu en as fait aussi un peu avant de monter à bord. Continua Léanisse en s'approchant.
- Comment cela ?
Demanda Yhrice en faisant passer son regard de l'une à l'autre, les traits durs et balafrés de Léanisse et ceux beaucoup trop souriants d'Alowen, mais la jeune fille ne conserva pas cette expression longtemps et son visage devint l'exacte reflet de celui de sa jumelle et leur ressemblance n'en fut qu'encore plus flagrante.
Pressentant les problèmes et le piège que les sœurs mettaient en place, Yhrice recula encore davantage vers la paroi de gauche.
Subitement et trop rapidement pour esquiver quoi que ce soit, Alowen et Léanisse se déplacèrent vivement. La première passa dans son dos, la saisissant par les épaules pour brusquement l'allonger sur le dos, et la deuxième bondit sur le lit en dégainant une dague qu'elle plaqua sur la gorge de Yhrice, qui déglutit en se faisant la remarque que, lorsqu'elles agissaient ensembles, les jumelles étaient de redoutables adversaires qu'elle ne souhaitait pas affronter, bien qu'il soit un peu trop tard pour cela.
Alowen se pencha vers le visage de Yhrice, laissant quelques mèches tomber sur ses joues, et elle insista :
- Alors, n'aurais-tu pas quelque chose à nous confesser ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Prétendit Yhrice en tentant de se débattre mais Alowen la plaqua à nouveau contre la couchette et Léanisse appuya un peu plus sa lame sur sa peau pâle. La jeune fille préféra donc rester immobile sans bouger.
Elle se contenta de relever les yeux vers la porte, espérant voir Allonn la franchir pour la débarrasser de ces deux pirates.
Léanisse suivit son regard puis revint sur la sorcière qu'elle avertit de la situation de son fiancé :
- N'attend pas ton inquisiteur. Il n'est pas vraiment en mesure de venir te porter secours et, pour le reste, je vais être plus claire. Tu as ensorcelé Drämen pour qu'il vous laisse monter à bord !
- Je...
- N'ouvre la bouche que pour dire la vérité ! Ordonna Léanisse.
- Et si le silence te tente, sache que, en tant que pirates, nous connaissons des moyens de délier les langues !
Menaça Alowen.
Yhrice écarquilla les yeux en examinant les visages des jumelles, se demandant si elles étaient réellement sérieuses ou si elles cherchaient seulement à lui faire peur pour qu'elle avoue mais, lorsque Alowen sortit un petit poignard qu'elle plaqua en haut de son oreille comme pour la sectionner, elle décida qu'elle n'avait aucune envie de le vérifier.
Elle avait suffisamment de choses à regretter et déjà un traumatisme dont elle peinait à se débarrasser.
Elle s'empressa de stopper Alowen :
- D'accord ! D'accord ! Je vais vous dire ! Oui, je l'ai ensorcelé puisque c'était le seul moyen d'avoir une place !
- Alors tu vas annuler ça !
- Je ne peux pas ! Ce sort ne fonctionne pas comme ça !
- Je ne te crois pas ! Libère Drämen !
- Nisse, je crois qu'elle dit la vérité.
Supposa Alowen, le ton radouci par rapport à l'instant précédent où elle faisait ses menaces. Elle libéra Yhrice dont le premier réflexe fut de se dégager complétement et de se réfugier dans le coin opposé de la cabine mais Léanisse appuya un peu plus sa lame sur sa gorge, la faisant renoncer à son projet.
Alowen rejoignit sa sœur qu'elle saisit doucement par les poignet pour ramener ses bras vers elle. Yhrice se redressa lentement en position assise en se frottant la gorge, heureuse de n'y trouver aucune trace de sang.
Léanisse inspira profondément, s'obligeant au calme. Pour une fois que c'était Alowen qui tentait de l'apaiser et non l'inverse, l'événement méritait d'être souligné. Visiblement, il ne fallait surtout pas toucher à Drämen pour éviter que la seconde perde toute sa retenue.
Elle rengaina sa dague, imitée par Alowen, qui se tourna à nouveau vers Yhrice, subitement beaucoup moins douce qu'avec sa sœur, en résumant :
- Donc, tu as jeté un sort à Drämen pour qu'il accepte de vous aider mais il n'y a aucun moyen de le libérer. Je ne vois pas ce qui peut donc encore nous retenir de vous jeter par-dessus bord à présent.
- Quoi ?
S'exclama Yhrice d'une voix qui monta dans les aiguës à cause de la crainte devant le sérieux qu'affichaient toujours les jumelles. Visiblement, elles étaient tout à fait capables de le faire, surtout Alowen. Léanisse, elle, semblait hésiter à mettre cette menace à exécution mais elle n'empêcha pas sa sœur lorsqu'elle attrapa Yhrice par l'épaule pour la forcer à se lever.
Elle la conduisit vers la porte mais la sorcière plaqua ses mains contre la cloison, bloquant l'accès à la porte.
Espérant se sauver et vraiment éviter un plongeon dans l'océan, elle s'écria :
- Attendez ! Il n'y a aucun moyen magique mais il y en a un naturel qui peut le libérer !
- Vraiment ? S'intéressa Léanisse. Alowen, lâche-la.
La pirate obéit et s'éloigna même d'un pas en arrière. Apparemment, elles venaient juste d'échanger les rôles qu'elles avaient tenu juste précédemment.
Yhrice s'empressa de s'éloigner de la porte, qui amenait droit à une baignade forcée, pour s'appuyer dans un angle de la cabine.
Léanisse s'approcha, les poins sur les hanches, ce qui encouragea la jeune fille à expliquer à toute vitesse :
- Si vous provoquez un choc émotionnel suffisamment fort, ses pensées devraient se remettre en ordre et ses réactions ne seront que les siennes !
- Un choc émotionnel ?
- Oui, quelque chose qui le déstabilise en profondeur, qui le remue vraiment.
- Alors là, il va falloir chercher. Commenta Alowen.
- C'est vrai qu'avec tout ce qu'il lui ait arrivé...
Reconnu Léanisse en réfléchissant, se faisant pensive et cherchant ce qui pourrait causer un tel choc chez leur capitaine. Il avait vu mourir sa sœur aînée, avait assisté à des dizaines d'horreurs de la guerre dans son pays natal, avait perdu son œil... La jeune fille ne voyait vraiment pas ce qui pouvait fonctionner pour remuer l'esprit de Drämen, ébranlant les fondations de ses pensées.
Les bras croisés sur sa poitrine, Alowen tapotait son coude du bout des doigts, également plongée dans ses réflexions et, encore une fois, leur expression était incroyablement semblable.
Yhrice se tassa dans l'angle de la petite pièce, espérant se faire oublier et préférant nettement les voir réfléchir que s'allier pour la menacer. Elle s'abstint de la moindre suggestion ou proposition, ne connaissant pas suffisamment le capitaine du Fleuret et préférant surtout ne pas attirer de nouveau l'intention sur elle.
Le silence s'étendit sur plusieurs minutes puis Alowen poussa soudainement une exclamation de triomphe, faisant sursauter Yhrice mais pas Léanisse qui avait l'habitude de ce genre de réactions un peu excessives de la part de sa sœur.
La jeune pirate annonça :
- Je sais ce qui va évidemment fonctionner ! Quelle idiote de ne pas y avoir pensé plus tôt, c'est tellement évident, ce n'était même pas la peine de réfléchir !
- À quoi as-tu pensé ? S'enquit Léanisse.
- À quelque chose de très simple ! Il suffit de l'embrasser !
- Pardon ?
- Trouve quelque chose qui le choquera plus que d'arriver vers lui et de l'embrasser par surprise ! Jamais il ne pourra s'attendre à quelque chose de pareil !
- Je dois bien avouer que ça devrait le perturber assez profondément. Nous n'avons plus qu'à essayer.
- Toi, vas-y !
- Et...pourquoi moi plus que toi ?
- Je peux pas embrasser un homme, c'est au-dessus de mes forces, même pour la bonne cause, désolée.
- Bon...ce n'est pas grave. Je vais m'en charger.
Accepta Léanisse.
Même si ce n'était pas totalement à contrecœur, elle n'était pas non plus particulièrement enthousiasmée, se sacrifiant, comme toujours, pour sa jumelle mais, cette fois, Alowen ne sentit pas coupable pour ça, au contraire. Comme ça, elle faisait d'une pierre deux coups. Elle encouragea Léanisse d'un large sourire légèrement manipulateur alors qu'elle sortait de la cabine.
Ayant la sensation que la tension ainsi que l'hostilité à son égard étaient retombées, Yhrice osa s'approcher d'Alowen en veillant tout de même à ne pas instaurer une trop grande proximité entre elles et elle lui demanda :
- Juste un baiser ?
- Oh oui ! Crois-moi, il va rester bloqué pendant trois jours, le Drämen ! »
Léanisse leva les yeux au ciel en entendant Alowen.
Elle avait raison cependant. Embrasser Drämen serait vraiment quelque chose qui le perturberait suffisamment pour briser ce sort qui lui retournait l'esprit. C'était certain.
Léanisse était convaincue qu'il n'avait jamais eu l'idée d'entretenir la moindre relation autre que professionnelle et fraternelle avec elles, surtout en ce qui concernait Alowen. Alors, l'embrasser le stupéfierait.
À présent, elle devait seulement trouver le courage de mettre ce plan à exécution. Si Drämen n'avait jamais eu d'intentions plus qu'amicales à son égard, ce n'était pas tout à fait réciproque. Elle savait que ce geste n'impliquerait rien, que c'était uniquement pour neutraliser ce sortilège mais elle craignait que les conséquences soient un peu plus lourdes dans son cœur.
La jeune fille s'empressa de chasser ces pensées et monta sur le gaillard d'arrière.
Ce n'était pas Drämen qui tenait le gouvernail. Il évitait de quitter sa cabine depuis qu'il avait accepté l'inquisiteur et sa fiancée à bord, puisqu'il ne comprenait pas pourquoi il l'avait fait et également car il n'osait plus croiser le regard de Léanisse alors qu'elle lui en voulait autant.
À présent qu'elle savait qu'il avait été ensorcelé, elle n'était absolument plus en colère et se reprochait même de l'avoir autant été.
Elle salua le pirate au gouvernail puis cogna quelques coups contre la porte de la cabine de Drämen. Ce dernier ouvrit rapidement, pensant qu'il ne pouvait y avoir qu'un problème pour que sa seconde vienne le trouver.
Avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche, elle le poussa à l'intérieur et referma la porte derrière elle.
« Qu'est-ce que...
Commença Drämen mais Léanisse ne le laissa pas terminer. Elle n'avait ni envie de réfléchir ni de parler. Elle le désensorcelait et c'était tout, pas la peine d'en faire toute une histoire et de s'y attarder. D'ailleurs, elle n'avait aucune envie d'en faire une histoire ou de s'y attarder.
Elle encadra le visage de Drämen de ses deux mains et plaqua ses lèvres sur les siennes.
Le capitaine écarquilla les yeux, le valide et celui aveugle sous son bandeau. Le mot stupeur n'aurait pas été suffisamment fort pour décrire ce qu'il éprouva en sentant la bouche de Léanisse sur la sienne, chaude et pas vraiment douce mais il s'en moquait. Elle l'embrassait, c'était tout ce qui importait et c'était tout ce qui ressortait de ses pensées, comme paralysées par cet échange, tout comme son corps d'ailleurs sinon, il l'aurait certainement enlacé.
Vraiment, il était...choqué par ce baiser et ce fut comme si quelque chose se brisait dans son esprit, que quelque chose venait de s'effacer et de le libérer mais il n'y prêta pas attention, focalisé sur Léanisse et ses lèvres.
La jeune fille se détacha, toujours aussi peu tendre et trop rapidement au goût de Drämen, qui chercha à rattraper ses lèvres qui s'éloignèrent.
Il balbutia :
- Que... Tu... Qu'est-ce que...
- Attend. Te souviens-tu qu'il y a un inquisiteur à bord ?
- Oui mais... Comment ai-je pu tolérer une telle chose ?
- Alowen avait raison. Ça a fonctionné !
- Qu'est-ce qui a fonctionné ? Qu'est-ce que ça signifie ? Et pourquoi...
- Tu as été ensorcelé.
- Quoi ? Par qui ?
- La fiancée de l'inquisiteur. En fait c'est une sorcière et elle cherchait à l'aider mais, s'il te plaît, ne dit rien pour elle. Je n'excuse pas son geste, au contraire, mais je ne veux pas qu'elle soit une autre victime de l'inquisition par ma faute.
- Mais...et pour...le baiser ?
- Il fallait un choc émotionnel important pour te désensorceler. C'était l'idée d'Alowen.
- Ça ne m'étonne pas... Donc, ça ne signifiait rien ? C'était...juste pour...
- Oui, exactement. Acquiesça Léanisse, rougissant, avant de s'empresse de changer de sujet, alors, que vas-tu faire ?
- Changez de cap immédiatement ! »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top