Chapitre 27 - Echardes
Léanisse sortit de la taverne à la suite d'un Drämen hors de lui.
Il donna un coup de pied rageur contre une caisse entreposée sur le quai en attendant d'être chargée sur un navire.
Que Léttan l'ait accusé de mentir sur ce qu'il avait vécu dans son pays natal le rendait furieux et lui donnait littéralement des envies de meurtres. Il s'acharna contre la pauvre caisse sans parvenir à se vider de sa rage, commençant à déformer les planches de bois sous ses coups et ajoutant des échardes à celles déjà enfoncées dans ses phalanges.
Une main se posa sur son épaule et il se retourna vivement, dressant le poing, prêt à frapper l'importun dans l'espoir de se purger de sa rage. Il stoppa brutalement son geste en découvrant Léanisse derrière lui.
La jeune fille eut un mouvement de recule en écarquillant légèrement les yeux, par réflexe et également surprise par la réaction brutale de son capitaine, qui évitait pourtant la violence autant que possible. Léanisse s'avança à nouveau, son visage portant toujours son masque de calme, et posa les main sur le poing de Drämen pour abaisser son bras.
Le pirate se passa une main sur le visage, sa colère brûlante cédant la place à une profonde lassitude qui alourdit ses épaules.
Léanisse croisa les bras sur sa poitrine, ses traits posés agités d'un léger tremblement de colère et d'incompréhension.
Elle demanda avec un vif mouvement du menton :
« Je peux savoir ce qu'il te prend ?
- Cet idiot m'a accusé de mentir !
- Ce n'est pas le premier.
- Il a prétendu que ce que j'avais vu chez moi était faux !
Drämen abattit de nouveau son poing contre la caisse à la fin de sa phrase.
Léanisse pinça les lèvres, comprenant mieux sa réaction qu'elle avait jugé disproportionnée sur le coup. Elle savait à quel point Drämen avait été traumatisé par les horreurs auxquelles il avait assisté dans son pays natal, bien qu'elle n'en connaisse pas les détails, et qu'en parler le rongeait alors elle n'imaginait pas ce qu'il devait ressentir alors qu'on l'accusait de mentir. Certainement la même chose qu'elle si on assurait que son histoire était fausse. Oui, elle comprenait parfaitement bien.
Les émotions devaient être d'autant plus violentes pour Drämen en cette période anniversaire de son départ de Vran, des événements qui l'avaient conduit à prendre le commandement du Fleuret et à rencontrer les jumelles.
Léanisse hocha lentement la tête et Drämen s'en sentit un peu mieux en constatant qu'elle comprenait ce qu'il s'était produit dans son esprit.
Elle le saisit par l'avant-bras et le conduisit plus loin. Inutile de rester dans les parages de la taverne de laquelle Léttan pouvait sortir à tout moment, ravivant la confrontation. Ils s'éloignèrent à pas lents sans prendre particulièrement de direction, changeant simplement d'endroit.
Il n'y avait pas grand monde sur les quais en raison de l'heure matinale et de l'absence d'équipages disposés à travailler et ils avaient l'étrange impression d'évoluer dans une ville morte. À moins que ce ne soit les souvenirs et la peine de Drämen qui remontaient après cette altercation qui lui conféraient cette sensation.
Le jeune homme ressentait toujours des difficulté à se retrouver et à ne pas se perdre durant les trois semaines commémorant sa fuite de la guerre. Durant ces jours, il avait l'habitude de se reposer sur Léanisse, fidèle soutien de toujours, seulement, ils étaient en froid et il craignait de devoir affronter cette période seul.
Il baissa les yeux sur son poing que Léanisse tenait toujours entre ses doigts. Il ne s'agissait pas d'un geste de tendresse, à peine amical en fait. Elle s'assurait simplement qu'il restait contrôlable. En cette période, impossible de prévoir ses réactions qui se révélaient souvent irrationnelles, mais qu'elle tienne à ce qu'il ne fasse rien de regrettable prouvait peut-être qu'elle n'était pas totalement emplie de rancoeur et que le pardon était possible.
Cette idée en tête, Drämen demanda, plutôt timide :
- Tu m'en veux toujours ?
Léanisse ne répondit pas tout de suite, tordant la bouche en une moue de réflexion.
Elle ne savait que dire à Drämen. D'un côté, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir sa décision de se rendre à Hawel comme une trahison, bien qu'il lui ait appris la veille qu'il avait changé d'avis alors qu'il était totalement ivre, mais, de l'autre côté, elle était incapable de le détester viscéralement. Après tout, il les avait sauvé, Alowen et elle. Donc elle était partagée et ignorait quoi répondre.
Finalement, elle se contenta de hausser les épaules, disant à la fois tout et rien. Drämen baissa la tête, ne sachant comment interpréter ce simple mouvement et préférant ne pas se prononcer, ce qui arrangeait Léanisse.
Avisant deux tonneaux posés l'un contre l'autre contre un mur, ils s'y assirent sans vraiment savoir de qui venait l'idée.
Ils restèrent silencieux durant quelques minutes puis Léanisse attrapa le poing de Drämen, toujours serré, et elle entreprit d'en retirer les échardes dont il ne paraissait pas se soucier. Le pirate grimaça légèrement de douleur puis adressa un sourire d'excuse à Léanisse lorsqu'elle releva les yeux vers lui.
Encore une fois, elle était présente et veillait à ce que tout se déroulait bien, à tout arranger et à le soutenir sans se plaindre ni faire le moindre commentaire.
Lâchant Drämen, elle épousseta son pantalon, en chassant les petits éclats de bois puis elle reporta son regard sur le lointain qu'elle observa en passant distraitement les doigts sur la cicatrice de sa joue, vieille habitude qui revenait lorsqu'elle se perdait dans ses pensées.
Drämen plia et déplia les doigts, provoquant un élancement autour des petits points sanglants qu'avaient laissé les échardes. Il poussa un soupir, ne sachant que dire mais refusant de laisser le silence perdurer alors qu'il sentait Léanisse toujours plus ou moins contrariée à côté de lui.
Alors qu'il cherchait toujours quelque chose à dire, quelque chose de banal sans rapport avec leur différend ou la moindre chose ayant de l'importance, Léanisse prit la parole, s'enquérant :
- Que faisons-nous à présent ?
- Nous restons ici.
- Pourquoi ?
S'étonna Léanisse.
S'attarder dans les ports n'était absolument pas dans les coutumes de l'équipage du Fleuret, sauf dans un cas exceptionnel. Ils mouillaient seulement le temps de refaire leurs provisions de vivres, de revendre leur butin ou éventuellement d'effectuer des réparations sur le navire or, rien de tout cela ne les retenait, alors pourquoi prolonger leur séjour à terre ?
C'était étrange. Encore quelque chose que Drämen s'était gardé de lui dire.
Se justifierait-il en prétendant à nouveau que c'était pour la protéger ? Cela ne la surprendrait pas, contrairement à leur stationnement prolongé.
Elle insista en posant son regard, presque bleu face à l'océan, sur son capitaine. Ce dernier soupira de nouveau.
Exactement un sujet qu'il espérait éviter autant que possible. Il se passa une main sur le visage et détourna son œil valide. Il savait déjà quelle serait la réaction de Léanisse. La même que sur le navire.
Se préparant à peut-être recevoir un coup, il annonça d'une traite :
- L'inquisition m'a prié de rester dans les parages.
- Quoi ? Mais qu'avais-tu besoin d'aller parler à l'inquisition ? C'est vrai que tu ne veux pas m'expliquer ! Donc, tu vas sagement attendre qu'un inquisiteur te siffle comme son chien pour que tu rappliques ! Parfait mais réfléchis bien. Peut-être que, moi, je ne serai plus là.
- Tu me fais du chantage ?
Drämen remarqua que sa voix s'étrangla légèrement et que la crainte était clairement audible dedans mais qui pouvait-il ?
Si Léanisse partait, Alowen la suivrait à coup sûr sauf que ce n'était pas le fait de perdre deux excellents marins qui l'inquiétait mais de la perdre, elle. Comment tenir sans son soutien de toujours ?
Ils ne se connaissaient que depuis un peu plus de deux ou trois ans mais il avait l'impression qu'elle avait toujours été là et il savait parfaitement qu'il ne s'agissait pas de menace en l'air lancée sous le coup de la colère. Léanisse ne disait et ne faisait jamais les choses pour rien. Si elle le formulait, elle y pensait sérieusement.
L'argument du "et où iras-tu ?" ne fonctionnerait pas. Léanisse était parfaitement capable de se débrouiller seule et de s'en sortir, la preuve était qu'elle avait survécu jusqu'ici.
Il ne restait donc pas beaucoup à Drämen pour la convaincre de rester à part renoncer, mais il jugeait qu'il était allé trop loin et comment pourrait-il se considérer comme quelqu'un de presque bien en sachant qu'il avait laissé se reproduire un peu des horreurs auxquelles il avait assisté enfant ?
La seule possibilité qu'il avait encore était de se jeter à ses pieds en la suppliant de ne pas l'abandonner mais il n'oserait pas. Le pirate ne fit que se détourner légèrement, regardant ailleurs.
Léanisse serra les poings, blessée qu'il ne cherche même pas à la retenir. Il préférait l'inquisition à elle alors qu'il savait pertinemment ce que cela représentait pour elle, les épreuves qu'elle avait vécu. La sensation de trahison, qui commençait à peine à s'estomper, revint la poignarder en plein cœur et une colère brûlante, qui ne la saisissait qu'avec un seul sujet et qui était restée dissimulée au fond d'elle durant longtemps, surgit violemment en s'emparant de chaque fibre de son corps.
La gifle jaillit et elle ne s'en aperçut que lorsque sa main heurta durement la joue de Drämen avec un fort bruit de claquement de peau.
La jeune fille ramena sa main, les yeux écarquillés de stupeur par son propre geste qui était parti tout seul. Drämen porta la main à sa joue rougie.
- Je...je suis désolée !
S'exclama Léanisse, oubliant sa soudaine et violente rage, totalement troublée d'avoir frappé Drämen.
C'était la première fois qu'elle était en colère contre lui et donc, lever la main sur lui la dérangeait vraiment. Elle n'avait même pas imaginé faire un jour preuve de violence à son égard. Après tout, il les avait sauvé, leur évitant l'esclavage, et il s'était ensuite attelé à les protéger en toutes circonstances. Jamais elle n'aurait imaginé lui en vouloir mais elle n'aurait non plus jamais pensé qu'il lui ferait une chose pareille, alors la situation avait changé.
Sa culpabilité et son incompréhension pour le coup qu'elle lui avait décoché s'évanouirent et la colère revint. La seule pensée qu'elle eut en voyant Drämen frottant toujours sa joue vibrante de douleur fut qu'il le méritait amplement et que c'était même un traitement trop magnanime. Drämen refit face à Léanisse et il déclara :
- Je pense qu'une deuxième ne serait pas volée.
- Je ne veux pas te frapper jusqu'à l'épuisement, je veux des explications.
- Je sais mais je t'ai déjà dit que je n'en ferai rien.
- Alors va voir les inquisiteurs.
- Ça n'a aucun rapport avec toit ou ce que tu as vécu, c'est complétement différent et si tu n'étais pas aussi bornée, tu le comprendrais !
- Car c'est moi qui suis bornée ? Espèce de sale hypocrite ! Tu sais que je te faisais confiance ?
- Tu peux encore ! Cette histoire n'a rien à voir avec toi ! C'est vrai que ce que tu as vécu est plus qu'horrible, je ne le nie pas, mais l'inquisition ne commet pas que des erreurs et sert à sauver des vies, c'est ce que je veux !
- Ils font ce qu'ils veulent tant qu'ils ne contrôlent pas mon existence, ce qui est exactement en train de se produire !
- Pourquoi cette aversion ne concerne t-elle que l'inquisition ? Les pirates t'ont aussi infligé des supplices, pourtant, tu fais partie de cette belle famille et tu en fréquentes continuellement ?
Léanisse se raidit à l'évocation de ce qu'il lui était arrivé sur le navire qui, par la suite, était devenu le Fleuret et sur lequel elle s'était retrouvé en suivant Alowen, qui s'était faite enlevée par des pirates.
Sa respiration se fit plus laborieuse alors qu'elle repensait à cet événement. Elle se tordit les mains en faisant passer son regard d'un endroit à un autre, tentant d'échapper à la scène se rejouant sous ses yeux sans qu'elle n'y puisse rien.
Drämen se mordit les lèvres en s'insultant mentalement. En s'énervant face aux reproches de Léanisse, il n'avait pas réfléchi à ses paroles et avait exposé violemment une interrogation qu'il se posait depuis longtemps déjà.
Il tendit la main vers Léanisse mais elle le repoussa brusquement, les yeux brillants de larmes.
- Léanisse, je ne voulais pas...
Drämen ne termina pas sa phrase, craignant que les paroles qu'il ne prononça pas ne ravivent encore davantage les souvenirs de la jeune fille. Il ne faisait que des erreurs avec elle ces derniers temps. Il ne parvenait pas ou plus à s'exprimer.
Alors qu'elle s'efforçait de toujours sembler solide et assurée en journée, ne libérant ses larmes qu'à la nuit tombée, son masque de tranquillité se fissura et les larmes coulèrent sur ses joues, passant sur sa cicatrice, vestige d'un passé éprouvant qui la plongeait dans une telle détresse.
Drämen ne sut comment réagir dans l'immédiat. Il était vraiment stupéfait de la voir craquer ainsi, surtout face à lui. Elle ignorait qu'il savait qu'elle pleurait seule dans sa cabine à l'abri de l'obscurité.
Il se trouvait dans la même position que lorsque les pleurs de la jeune fille filtraient à travers le plancher du navire. Son cœur se serrait, désolé et compatissant, mais il n'osait venir la réconforter sauf que, là, il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas se reposer sur le fait qu'Alowen viendrait s'en charger. Actuellement, il n'y avait personne.
Sachant qu'il faisait ce à quoi il avait souvent pensé dans son lit, parmi d'autres choses, il tendit les bras en direction de Léanisse. Par contre, il doutait sérieusement qu'elle accepterait qu'il la réconforte, surtout après leur différend et les paroles malheureuses qui avaient causé cette réaction mais la jeune fille vint se blottir contre lui.
Interdit, il ne referma pas ses bras sur sa seconde immédiatement mais, se reprenant, il l'étreignit en la serrant contre son torse. Elle sanglota en s'accrochant à son manteau usé, totalement remuée et bouleversée par ses souvenirs qui repassaient sans s'interrompre dans son esprit, remuant le couteau dans sa plaie béante.
Drämen lui frotta amicalement le dos pour lui transmettre un peu d'apaisement, chose qu'il ne possédait guère mais Léanisse se sentit tout de même mieux. Ne pas lutter seule contre toutes ces douleurs l'aidait à y faire face. Il était vrai que, d'habitude, c'était Alowen qui tenait ce rôle mais elle n'était pas avec elle pour le moment, alors elle se blottissait contre Drämen, ayant vraiment besoin de se sentir soutenue, protégée.
Subitement, elle prit conscience que c'était donc contre Drämen qu'elle se serrait et elle rougit violemment, se sentant très étrange et troublée donc elle ne pensa plus du tout à ce qui lui était arrivé. Le rouge aux joues, elle se détacha et essuya les dernières larmes s'écoulant de ses yeux. Elle prit une grande inspiration pour se reprendre.
Drämen assura :
- Je ne voulais vraiment pas remuer ça, je suis navré.
- Ouais, j'ai l'impression que tu as beaucoup de raisons de t'excuser en ce moment.
- Tu veux vraiment reparler de ça ?
- Non, c'est inutile. Tu as déjà pris ta décision.
- Je t'en prie, ne le prend pas comme ça.
- Car il y a une façon de prendre une trahison ?
Cracha Léanisse, toute sa détresse envolée et remplacée par sa rage qui revenait brouiller son esprit et encombrer sa poitrine.
Drämen soupira, d'agacement cette fois, lassé qu'elle ne fasse que lui servir des reproches sans faire l'effort de comprendre qu'il y avait plus en jeu que ses traumatismes, bien qu'il ne les diminue pas.
Seulement, comment faire pour ne pas se sentir trahie alors qu'il ne lui expliquait rien ? Sauf qu'il ne comptait pas lui expliquer. Sa réaction de profonde détresse confirmait qu'il ne voulait pas la bouleverser davantage avec ce qu'il savait. Pas la peine d'ajouter encore au poids qui alourdissait déjà ses épaules.
À bout de nerfs, à la fois énervé par Léanisse qui refusait de voir plus loin que ses traumatismes, par le dilemme dans lequel il s'était lui-même engouffré, tourmenté par les émotions qui le traversaient après leur étreinte partagée, Drämen s'emporta :
- Vas-y, pars ! Je suis ton capitaine et je ne te donne pas l'autorité de contester mes décisions ! Si cela ne te convient pas, tu es libre de t'en aller ! Et emmène ta sœur avec toi. Le navire sera calme comme ça.
- Retire ce que tu as dit.
- Enfin, Léanisse, je vous ai sauvé ! Pourquoi me retournerais-je contre vous après deux ans ?
- C'est bien ce que je te demande, pourquoi ?
- Que je t'explique ne servirait pas, tu as déjà décidé de ce qu'il en était.
- Tu es en train de me rendre folle !
- Au moins, j'arrive à quelque chose avec toi. »
Léanisse poussa un grognement de colère et de frustration. Si elle ne se canalisait pas, elle risquait de le frapper de nouveau.
Finalement, elle préféra stopper ici la conversation et partir avant de perdre encore plus son sang-froid mais Drämen la retint par le poignet. Il ne pouvait laisser la situation ainsi et la regarder s'éloigner alors qu'il n'était pas certain qu'elle reviendrait. La jeune fille baissa les yeux sur les doigts du capitaine serrés autour de son poignet puis elle se dégagea sans violence mais sans douceur non plus.
Elle détailla Drämen durant quelques secondes sans expression particulière sur le visage puis elle secoua négativement la tête en une attitude de déception et se détourna. Elle n'avait pas envie de rester avec lui, pas alors qu'il refusait de lui expliquer, qu'elle se sentait blessée et qu'elle avait éclaté en sanglots dans ses bras. Elle était passée par de nombreuses émotions durant ces dernières minutes et avait besoin de s'en remettre, pas de prolonger la dispute.
Sans compter que sa peau frissonnait toujours de ses souvenirs. Peut-être qu'une heure ou deux lui suffiraient pour tout enterrer de nouveau ou bien elle ne serait pas en paix avant des jours.
Sans un dernier regard pour Drämen, elle l'abandonna sur place et s'éloigna, ses bras serrés autour d'elle en une futile protection, puisque ce qui la tourmentait tourbillonnait à l'intérieur.
Drämen hésita à la rappeler mais il n'en fit finalement rien, jugeant que c'était mieux de la laisser. Il venait de remuer beaucoup de choses que toute personne souhaiterait oublier et, bien que ce soit plus ou moins involontaire de sa part, la douleur restait la même pour elle. Le pirate croisa les bras sur sa poitrine, les mâchoires contractées.
Après cet échange agité, il s'interrogeait sincèrement sur la pertinence de sa démarche.
Actuellement, il trouvait qu'il ne gagnait pas grand chose à être fidèle à une certaine forme d'intégrité et qu'on gagnait bien plus en ne se souciant que de sa propre personne. Si il n'avait pas voulu protéger une bande de marins de ce qu'il avait vu arriver, il ne serait pas dans cette situation et Léanisse ne serait pas sur le point de lui tourner le dos de manière définitive mais il était trop tard pour regretter et tout stopper maintenant ne changerait rien.
En ce qui concernait Léanisse, le mal était déjà fait et, si, il abandonnait avant d'aller au bout, il serait coupable pour ce qui arriverait à cet équipage inconscient du danger. Donc, il demeurait dans cette situation qui le rongeait.
Ce n'était plus dans sa main qu'il sentait les échardes.
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