Tu voudrais que ta mère soit plutôt fière de toi
Les derniers mots d'un poème, presque chuchotés.
Les lumières qui s'éteigent dqns un silence religieux.
Le bruissements des fauteuils dans la salle.
Noir.
Les gens se relèvent. Je sens les corps autour, les corps partout de chaque côté de mes mains qui aggrippent mes poches comme un noyé et son rocher.
Je sens mon ventre qui se crispe et se décrispe, une symphonie de Bach tourne dans mon estomac.
Lumières.
Les gens applaudissent. Ils crient. Ils sont fier de cette jeunesse qui se croit d'or et qui salue les parquet et le plafond.
Les gens crient.
J'entend autour de moi le brouhaha de la vie qui reprend, les comédiens de papiers qui vont et viennent, les fleurs, les lumières aveuglantes, les accolades, les sourires.
Les gens crient dans ma tête le silence de mon futur.
Mentalement, la pièce se rejoue en flashback derrière mes rétines, petites et ridées comme une vieille pélicule de caméscope. Les poules qui pondent et le café dans le sucre. Les palmiers. Les courses sans fin. La fille, la soeur, Moritz. Et puis la mère.
La mère.
Elle n'est pas là, mais elle aussi elle crie dans l'intérieur de mon corps.
Je revois les déplacements de chacun. La tête baissée, le pas assuré, parti dès le top si ardamment attendu. Les premiers pas dans le grand bassin de scotch blanc.
Je m'entend encore m'esclaffer devant les astronautes.
Je me vois baisser la tête devant les mots assassins
Tu voudrais que ta mère soit plutôt fière de toi.
Je suis à genou. Impuissant face au poid de ce que ces foutus planches me coulent à la gueule.
Tu voudrais trouver ce que tu voudrais faire vraiemant, et de le faire vraiment
L'étau de ma gorge se bloque. Je suis immobile devant l'échaffaud.
Je sens, petit à petit, mon corps partir. Mon deuxième corps. Celui qui n'a ni peau ni coeur pour sentir et ressentir que toute sa vie, on lui dira ce qu'il devra faire. Celui qui n'a ni sexe ni yeux pour hair et subir le monde dans lequel il vit.
Au fond, je me suis toujours sentie au dessous, non, au dessous de ma vie.
Comme si l'existence que je menais n'avait été rien. Une ombre. Un mirage.
Le moi de ce monde n'est pas le moi des tous les autres mondes existants.
Et il existe une infinité de mondes.
Je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir fait partie de ma vie, je n'ai jamais eu le sentiment d'être à ma place, de trouver ne serais-ce que l'endroit inexact où pourrait possiblement être ma place.
Entre les Sex Pistols et Neil Young, je revois le sourire de mes parents.
La restitution d'atelier de la classe théâtre de leur fille. Simple démarche administrative. Simple démonstration de circonstance. On irait à l'Idéal comme on remplirait sa fiche d'impôts.
Les mots reviennent.
Tu voudrais que ta mère soit plutôt fière de toi.
Les mots d'une autre. Les mots de tout le monde. Les mots qu'elle nous a dédié à nous les à-genous, alors qu'elle aurait pu le crier haut et fort à la tête de cette mère qui pense qu'avocate ou médecin serait convenanble, entre un mari, deux enfants et un chien.
Pour elle, je chanterai Smells Like Teen Spirit.
Pour les autres.
Pour le moi qui n'est pas moi et qui n'écoute que moi. Je rentrerai dans la légande.
Je ferai de ma vie cette chute longue et insaissable de eux qui ont choisi de brûler les convenances par les deux bouts.
Je ne deviendrai pas panthéiste ou New Age, je ne serai pas Liberté, Amour ou Révolte, je trouverai enfin le moi de mon vrai moi, le moi pur, celui qui forme trois grosses lettres immondes sur la nappe de ta grand tante le dimanche après-midi.
Le moi qui n'aura plus besoin de cette existence là pour exister.
Le moi qui emmerdera le monde comme la fille au large froid qui parcourait la ville à la suite de ses envies.
Le moi qui vivra vraiment.
Parce que moi aussi Lulu, j'ai choisi la fuite en avant.
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