UNHAPPY EVER AFTER

Pour être honnête, je ne sais pas trop ce que je fous là, à l'enterrement d'un garçon à qui je n'ai jamais parlé dans ma vie entière. Mais apparemment, comme j'ai aidé à le retrouver, j'obtiens l'immense honneur de me retrouver ici. Youhou.

Ca me déprime, tous ces gens en noir. Même Atena s'est mise en noir. Lino aussi, mais ça ne compte pas parce que c'est son style habituel. A vrai dire, je ne l'ai jamais vu porter autre chose que du noir.

La douleur dans les yeux de mes deux amis est insoutenable, et je me mords la lèvre, regrettant de m'être rendue à cet enterrement avec un T-shirt violet et mon éternelle salopette en jean. Dans un sens, c'est comme si je me moquais de leurs malheurs.

Atena éclate de rire en me voyant arriver.

- Meuf, t'es carrément le personnage principal d'un anime ! Tous les autres sont en noir, et toi t'es en violet !
- Hyper irrespectueux, lance Lino en levant les yeux au ciel, tentant de cacher son sourire.

Je suis vraiment heureuse que le brun s'ouvre de plus en plus à nous. En février, il peinait même à nous parler sans nous insulter. C'est toujours pareil, mais un peu différent en même temps.
J'observe le cercueil arriver, apparemment payé par la tante de Nasa.

Dès qu'il voit le cercueil arriver, Lino se précipite vers lui, suivi de près par Atena. Il se met à pleurer sur le cercueil, laissant tomber ses barrières durement érigées, et Atena pleure aussi.

Je me mordille l'intérieur de la joue, stressée. Moi-même je suis mal pour eux, alors je n'imagine même pas l'étendue de leur douleur.
Toute la cérémonie se passe comme dans un rêve. Quelqu'un récite un texte pour dire à quel point Nasa sera regretté.

Je serre les dents. Je suis juste venue pour l'adrénaline (et ça, j'en ai eu, putain, j'ai vécu dans un roman policier, pour de vrai !) mais je me suis retrouvée à empathiser pour un pseudo bad boy et une privilégiée super égoïste.

Wow.

En sortant de l'enterrement, Ophélie m'attend. Je souris dès qu'elle entre dans mon champ de vision.

- Coucou, je murmure en venant l'embrasser .
- Coucou, me répond-t-elle avant d'aviser mes deux camarades derrière. Lino et Atena, je présume ? Mona m'a beaucoup parlé de vous.

Le pire ? C'est que c'est vrai.
Chaque jour, je l'appelais en face cam pour lui raconter ce qu'on avait trouvé. Ophélie fais la bise à Lino, pour éviter de le mettre mal à l'aise.

J'agrippe Ophé par le bras et nous nous mettons à marcher.

- Comment vous vous sentez ? Je demande à mes amis.
- Mal, répond Lino.
- Etonnamment, plutôt bien, répond Atena exactement en même temps.

J'attends patiemment qu'ils développent.

- En fait, personnellement, je me dis que ça va mieux que quand il était vivant, pour lui. Et puis, je sais pas, c'est comme si un poids avait disparu de ma poitrine.
- Moi, j'ai juste une forte envie de mourir, explique Lino.
- Waw. Constructif.
- On se fait un MacDo ?
- OK.
- Ecoute Ophélie, apparemment, ici personne ne connaît la notion de respect.
- Lino t'abuses de ouf ! On est pas comme ça nous !
- Ouais, ouais.

Nous rions avant de nous mettre en route.

Atena a l'air d'être heureuse dans sa souffrance, Lino aussi. Il n'y a pas de "Ils vivront heureux et auront beaucoup d'enfants". Ici, tout est gris. Ils (nous) n'oublieront pas Nasa avant des années, des années, des années. C'est pour ça qu'il n'y a pas de happy ever after. Parce que la douleur subsistera. Mais ils finiront par s'en remettre, même si la douleur est toujours là. Elle deviendra supportable, mais ils s'y habitueront.

Peut-être que si ils iront mieux, ce sera au moins un peu grâce à moi.

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