La nuit où la Nasa s'est envolée

3 novembre 2019

Je m'étais penchée vers mon téléphone et avait soufflé :
— Reçu cinq sur cinq, agent de la NASA. Le début de l'opération balançoire commence. Terminé.

J'avais enfilé en vitesse mon manteau et mes chaussures ainsi que mes gants. Ce ne serait pas la première connerie que j'aurai fais avec Nasa. Le nombre de fois où je l'avais aidé à sortir de chez lui en douce comportait probablement trois chiffres.

— Hop, hop, hop, où vas-tu, jeune fille ? S'était exclamée ma mère en me voyant enfiler mes chaussures.

Je pouvais encore reculer. Je faisais la fière, mais j'étais quand même vachement flippée.

— Nasa m'a appelé en urgence. Il est coincé dans les toilettes publiques et a besoin de mon aide.

Après tout, que pouvais t'il arriver ?

Ma mère avait levé les yeux au ciel. Elle savait à quel point Nasa était maladroit et, connaissant mon meilleur ami, mon mensonge devenait parfaitement crédible. Pendant que ma mère m'autorisait à sortir et retournait à son visionnage de «  Scènes de ménage », j'avais discrètement récupéré son briquet dans la poche de son manteau et j'étais sortie de la maison.

J'avais marché cinq minutes jusqu'au pâté de maisons juste à côté, faisant confiance à Nasa pour avoir désactivé (ou plutôt cassé) les caméras, comme il me l'avait dit. Avant, je réussissais à faire sortir mon meilleur ami par sa fenêtre (qui n'est pas si haute par rapport au sol), mais ses parents avaient décidé de renforcer les mesures de sécurité. Désormais, ses volets étaient soudés et on ne pouvait plus activer notre stratégie de toujours.

J'avais vérifié tout autour de moi si un voisin était présent, et, voyant que personne n'était là à cette heure de la nuit, j'avais entrepris d'escalader le grillage. Enjambant les piques qui pointaient en haut de la grille, je m'étais lourdement laissée retomber dans l'herbe, passant rapidement la main sur mes habits froissés et plein de terre. Je frissonnais et mes cheveux roses venaient parfois m'obstruer la vue a cause du vent.

Je m'étais avancée dans le jardin des Nozmenrre, une pointe d'appréhension malgré tout. Je m'étais avancée vers la balançoire trônant au milieu de leur jardin, et j'avais avancé tout doucement le briquet de ma mère vers la corde de la balançoire, la flamme dansant devant mes yeux.

Quand j'avais regardé la flamme se répandre doucement sur la balançoire, j'avais mis quelques secondes à reprendre mes esprits et courir jusque la porte de chez Nasa, abandonnant le briquet dans l'herbe et fourrant mes gants dans mon soutif avec hâte.

— Madame, madame ! J'avais crié d'un ton affolé, car je l'étais vraiment — je venais de mettre le feu à une balançoire — il y a le feu dans votre jardin !

J'avais cogné à la porte de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'une femme, la mère de Nasa, sorte en trombe de chez elle, un visage effaré.

— Je passais par là et j'ai vu votre balançoire brûler ! Avais-je crié en bégayant (ce qui rendait le mélange assez louche).

J'avais jeté un œil à la porte d'entrée pendant que les parents de mon meilleur ami s'élançaient vers la balançoire qui brûlait doucement. J'étais restée en retrait, dardant un œil stressé sur la porte d'entrée, pendant que M et Mme Nozmenrre appelaient les pompiers.

J'avais vu Nasa sortir discrètement de sa maison et se diriger vers moi. Il m'avait ébouriffé les cheveux et avait claqué un baiser sur ma joue. Il m'avait glissé :

— Bien joué Até ! On se voit tout à l'heure. J'espère que mes parents ne te retiendront pas trop.

Il m'avait fait un clin d'œil et s'était évanoui dans le noir de la nuit, bien trop relaxé par rapport à ce que nous venions de faire. Mais après tout, le plan s'était déroulé comme prévu, donc je n'avais aucune raison de m'inquiéter.

J'avais parlé à ses parents et était restée un peu avec eux, puis je m'étais décidée à le rejoindre sur la place du marché, là où avait lieu la fête à laquelle il voulait participer. Je l'avais cherché toute la nuit, et j'avais obstinément attendu de ses nouvelles le lendemain.

Mais il fallait que je me rende à l'évidence : mon meilleur ami, la seule personne qui comptait pour moi dans ce monde à part mes parents, s'était volatilisé sans que je ne puisse lui dire à quel point je l'aime.

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