4. Vider sa chambre
4 mars 2020
Quand mon meilleur ami a disparu, et que l'enquête a été commencer, les policiers m'ont donné les clefs de sa chambre. Ils ont décrété que c'était à moi de la vider. La deuxième étape de notre plan consistant à découvrir ce qui est arrivé à Nasa était donc de vider sa chambre pour découvrir un quelconque truc.
Je suis donc avec Mona et Lino, et nous toquons à la porte de la maison des parents de Nasa. Un homme avec une calvitie et un regard noir ouvre. Le père et la mère de mon meilleur ami ont toujours été des gens en colère contre tout le monde. Il ne nous a même pas adressé la parole et nous a laissé entrer.
— Nous sommes là pour vider la chambre de Lazare, je dis avec un sourire forcé.
J'avance dans leur salon qui a l'air d'être reste bloqué dans les anciens temps. Je suis venue ici très peu de fois, mine de rien. Mon meilleur ami détestait sa maison, pour une raison inconnue.
Nous déverrouillons sa chambre et je me retrouve à nouveau projetée dans son monde. J'ai envie de mourir, sa chambre sent son odeur. J'observe les murs verts, les livres entassés partout, sa tablette dans un coin, des piles de gribouillages, des photos accrochés au mur, et le sac poubelle dans mes mains paraît si peu nécessaire en cet instant.
Je jette un coup d'œil à mes deux acolytes. Mona a l'air émerveillée, analysant chaque particules et chaque recoin tandis que Lino a un air choqué sur son visage. Il pleure. Lui aussi a tellement mal, et, même si c'est compliqué de l'admettre, peut être plus que moi. Je comprends que ça doit être compliqué, car il n'avait personne à part lui.
Je m'approche des photos sur le mur. Une photo de nous deux, pendant un rallye de primaire. Trois autres, une de moi faisant une grimace horrible, une de nous en train de danser sur un banc, et encore une, avec nos cheveux teints. Je souris en me rappelant de ces souvenirs. Il me manque tellement.
Il y a d'autres photos sur les autres murs. Lino est en train d'en scruter une, et quand j'approche, il l'arrache et la range dans sa poche.
— C'est quoi cette photo ? Je questionne.
— Rien d'important.
— Ça pourrait l'être, tu n'en sais rien.
— Ça ne l'est pas, crache Lino.
Je n'insiste pas. Nous avons mieux à faire qu'une bagarre immature et inutile. Je commence à ouvrir les placards, ne trouvant que des vêtements entassés les uns sur les autres, du matériel de peinture, des rollers trop petits et un téléphone cassé avec une coque décoré avec des petits dinosaures par nos soins.
Chacun des objets présents dans sa chambre me rappelle une anecdote sur nous. Par exemple, nous étions au parc avec Nasa, quand on a voulu se filmer en train de faire de la balançoire. On est partis un peu trop haut, et il a fait tomber son téléphone par terre. Paf, crack, cassé, inutilisable.
Mona saute de partout, comme si elle avait à nouveau cinq ans. Je pense qu'elle est en train de faire un portrait robot de Nasa. C'est vrai qu'on en parle tout le temps (normal puisque c'est lui qui a disparu) mais elle ne sait rien sur lui, contrairement à nous.
Elle ne connaît pas sa passion pour les étoiles, son talent en peinture, sa haine des télé-réalités, son ex collante qu'on voulait tous gifler tellement elle était lourde, que son plat préféré est le riz cantonais, et tout le reste, toutes les petites choses. Mais au final, est-ce que nous, on sait tout de lui ? Je n'en suis pas sure. Chacun cache une part d'ombre.
— Les gars... s'écrie soudainement Mona, la voix devenue blanche.
— Quoi ?
— Est-ce que votre pote avait des allergies ? Ou des maladies ?
— Non, pourquoi ?
Nous nous rapprochons de la jeune rousse qui était en train de fouiller les tiroirs de son bureau. Elle et en train d'inspecter un tiroir se situant en recul par rapport aux autres, caché par quelques boîtes.
A l'intérieur s'entassaient des dizaines de boîtes et plaquettes de médicaments, de pilules en tout genre. On aurait dit qu'elles avaient été prises a l'arrache dans une pharmacie sans même regarder leur nom.
Nous nous dévisageons tous les trois et j'ai l'impression flavour subitement bien plus froid. Nous ne disons rien, nous n'en avons pas besoin. Mona s'approche de moi pour me serrer dans ses bras et j'enfouis ma tête dans son cou. Elle fait un signe de tête à Lino pour qu'il vienne aussi, et, après un bref moment d'hésitation, il vient nous rejoindre dans un câlin à trois. J'ai enfin l'impression d'avoir des amis.
En me détachant d'eux, je sautille en arrière et donne un coup dans la poubelle. Je lâche un petit « aïe » et un « désolée ! » automatique en direction de la poubelle. En me penchant pour ramasser les papiers tombés de celle ci, je remarque une espèce de carte froissée.
« Monique Nozmenrre
2010-2011
Repose en paix, petite amie partie trop tôt »
Au stylo noir, une flèche a été rajoutée, qui mène à une note.
« La raison pour laquelle Papa et Maman me détestent ».
Je donne la carte à Mona qui la passe ensuite à Lino et ce dernier murmure :
— Aténa, Mona, est-ce que vous pensez à la même chose que moi ?
Je me rassieds au milieu de tous les papiers jonchant au sol, sous le choc. Les informations affluant dans mon cerveau à la vitesse de la lumière. Mona se recule, presque apeurée. Un pot de crayon tombe sous le choc du poids de la jeune fille contre le bureau et elle commence à ranger à nouveau les crayons à leur place. Lino et moi, nous la voyons s'affairer, hébétés.
La surdose d'informations me fait bugger. Plot twist, ahah.
Mona, trouve une gomme au milieu des crayons qu'elle s'affaire à ranger. Je devine sans mal qu'elle fait partie de ces personnes qui noient leur stress sous la maniaquerie. Pourtant, à première vue, on penserait plutôt qu'elle serait extrêmement désordonnée. Alors qu'elle tire un tiroir au hasard pour y déposer sa gomme, elle s'exclame :
— Y'a un double fond !
Je hausse un sourcil et me relève, me précipitant vers elle. Lino prends le temps de remettre sa capuche sur sa tête.
Le double fond est extrêmement mal fait avec du carton et du scotch noir, tant et si bien qu'il est extrêmement facile à déchirer. Sous le double fond de trouvé un carnet bleu. Je le saisis et l'ouvre à la première page. Un intitulé annonce :
« JOURNAL DE L'AGENT DE LA NASA
2016-2019 »
Je me dépêche de descendre mon sac de mon épaule et de fourrer le journal dans mon sac. D'un ton sans appel, je déclare :
— On le lira une autre fois. La, je pense qu'on a juste besoin de se reposer.
Mona et Lino hochent tous les deux la tête, et je renifle une dernière fois l'odeur s'estompant de Nasa, m'en imprégnant pour toutes les prochaines années de ma vie. Je sais que les deux autres font pareil, même la rousse qui n'à jamais ne serait-ce qu'adressé la parole au garçon blond qui arriver à monopoliser notre vie même après sa disparition.
Nous refermons la porte à clé et remercions en vitesse M. et Mme Nozmenrre, expliquant que nous reviendrions vider sa chambre une autre fois, puis nous courrons nous réfugier devant une pizza dans ma chambre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top