3- Pourquoi lui ?



Nefeli - TW



À peine ai-je ouvert la porte qu'il me fait déjà la bise, me faisant sentir son odeur d'oranger de force. Qui a un parfum à l'orange sérieusement ? Et pourquoi est-il ici ?


Bloquant le passage avec mon corps, Evander attend, un bouquet de tulipe dans la main. Le symbole de passion et d'amour intense. Tellement intense qu'il m'est infidèle. Il me dévisage, un rictus au lèvre, attandant peut-être que je me pousse pour le laisser acceder au salon. Ou peut-être attend-il une réaction de ma part ? Même si je n'avais pas envie de voir du monde, je m'exécute pour son plus grand bonheur.

« Oh quel bouquet ! C'est pour moi ? Les couleurs sont magnifiques !

— Enfin ma chérie, pour qui d'autre ce serait ?» S'esclaffe-t-il comme si ma réaction était d'une absurdité sans nom. Pour qui d'autre ? Oh, je ne sais pas moi. Pour Eva peut-être ? Ou bien pour Eira ? Il a intérêt à arrêter de rire avant que je lui mette le bouquet dans le gosier, pensais-je amèrement.

Ignorant sa question rhétorique qui mériterait plus d'une réponse, je pars dans la cuisine, rangeant au passage mon appareil photo pour éviter qu'il ne jette un œil sur les clichés. C'est mon copain, oui, mais mon allié, j'en doute.

Il me suis, inspectant chaque détail de la maison comme s'il n'était pas déjà venu ici des centaines de fois. Son instant possessif le force à bien tout analyser pour être sûr qu'aucune présence masculine n'est venue ici. Pitoyable. Une fois quelques tasses des jours précédents posées dans le lavabo, je m'appuie contre les meubles de la cuisine, les bras croisés, et attends. Son tour enfin fini, il revient, fier de ma potentielle fidélité ou de mon talent à cacher d'éventuels amants.

« Désolé, j'aurais dû prévenir. T'aurais eu plus de temps pour ranger cette épave » annonce-il d'une voix morte.

Il commence à me taper sur le système, lui et ses remarques. Plus je le vois, et plus j'ai du mal avec lui. C'est comme si, de jour en jour, je découvrais sa véritable facette. Je commence à comprendre la personne qu'il est réellement, et ça me dégoûte au plus au point.

"Comment partir ?" est la question que je me pose à chaque fois que son regard malsain se pose sur moi, à chaque fois que je me rappelle ce qu'il me fait subir, à chaque fois que je pense à son prénom.

« Je peux ranger un peu si tu veux. Fais comme chez toi et sers-toi à boire » est tout ce que je réponds.

Aussitôt dit, aussitôt je m'éclipse dans une autre pièce, préférant le fuir autant que je le peux. Alors que de ma chambre, je l'entends se servir dans le réfrigérateur, je prends quelques vêtements de mon armoire, les défais sur le lit, et m'amuse à les plier de différentes manières. Cela dura plus d'une dizaine de minutes. Ne voulant le faire douter sur mes intentions, je finis par revenir dans la cuisine où cette fois, je nettoie réellement la vaisselle.

L'eau chaude coule doucement sur ma main alors que je savonne une assiette plate. Le soleil tapant par la fenêtre me réchauffe la joue.

De sa taille colossale, il vient se poster près de moi. Cachant les doux rayons de lumière.

De sa main rêche, il vient la glisser sous mon haut, me donnant instantanément la chair de poule.

Comme pour chasser l'ombre et la froideur qu'il me donne, je monte la température de l'eau. Celle-ci devient brulante à m'en faire rougir les mains, mais je n'y fais rien. J'ignore ses demandes silencieuses alors que ses lèvres viennent se poser dans mon cou. Je ne veux pas le faire. Je reste de marbre alors qu'il se rapproche de mes lèvres.

Une fois le dernier verre fait, je me décale rapidement, coupant court à ses baisers dans l'intention de remettre les coussins du sofa. Mais sa main me tient l'avant-bras.

Ça va le faire.

« Déjà 2 ans tu imagines ? On devrait fêter ça, tu ne crois pas ?

—2 ans ? répétai-je difficilement. Où veut-il en venir ?

Je vois son regard s'assombrir, faisant place à l'irritation.

—Tu avais oublié ?

—J'ai été très occupé ses derniers temps, je n'ai pas vu les jours s'écouler, pardonne moi.» Excuse qui ne vaux rien pour lui. J'ai fait une erreur. Je vais en payer les frais. La crainte commence à s'installer en moi mais j'essaye de me reprendre. « Tu veux qu'on le fête comment ? Que veux-tu faire aujourd'hui mon amour» lancais-je d'une voix mielleuse pour le faire oublier cette fautes qui lui vaux sa frustration.

« Tu n'es même pas fichu de te rappeler notre date de couple ? lâche-t'-il sèchement, passant outre ma question en se passant la main dans ses cheveux brun doré pour lui redonner contenance.

Ça va le faire. Craque pas. Reste calme. Trouve-toi une excuse.

—J'ai été débordé, je ne savais pas quel jour on était » murmurais-je pour ne pas le brusquer avec ma justification.

« Moi aussi je suis débordé, mais je prends quand même le temps de venir ici pour te faire plaisir ! » Par cette phrase, il me lâche et s'approche de moi. Bien trop près. Intimidé, je recule et finis contre le mur. Avec comme seul appui la poignée du frigo, ma main s'y tient comme dernier pilier. Son visage s'approche du mien et son odeur de fruit se fait plus ressentir qu'avant.

« Je supporte ton sang de détraqué, je viens te voir plusieurs fois dans le mois, je t'offre des fleurs, et en échange j'ai quoi ? Tous ses efforts pour que tu ne te souviennes même pas de l'anniversaire, peste-il en émanant le parfum amer du café qu'il s'est préparé il y a peu.

—Oui, excuse-moi, j'ai fauté... Qu'est-ce que je dois faire pour que tu me pardonnes ?»

Ses mains se placent de chaque côté de mon corps alors que sa tête se rapproche de ma poitrine. Son souffle atterrit sur mes clavicules et ses cheveux me chatouilleraient presque le menton s'il se rapprochait plus. Il ne m'a même pas encore touché que je suis déjà frigorifié.

" J'y réfléchis." est tout ce dont je l'entends marmonner alors que sa bouche embrasse avec avidité mon buste.

Tous, mais pas ça...

D'abord le cou, comme pour reprendre où il s'était arrêté, puis les épaules. Ses doigts se posent sur ma peau et finissent sur ma chemise couleur neige qu'il s'empresse de déboutonner.

Il ne prend même pas le temps de me dire combien il m'aime, ni même de me contempler comme si j'étais la plus belle chose qui ait jamais eu la chance de voir. Il ne veut plus faire semblant.

Une fois face à mon soutien-gorge, le courage me prend et je me mets à tenter de le repousser doucement quand ses embrassades commencent à descendre plus que je ne le pourrais. Lui voit ça comme une provocation. À quoi a servi le combat des femmes en l'an 2000 si c'est pour finir comme ça ?

À partir du moment où son index et son annulaire se sont introduits dans mon bas-ventre, mon esprit s'est déconnecté. Ma conscience et mes valeurs ont laissé la place à l'instinct. 

.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top