4. Une Nuit Sous Pression

Je rentre enfin chez moi, vidée de ma journée. Mes pensées sont un tourbillon chaotique depuis cette rencontre avec Roman Darcourt. Les œuvres fausses, sa présence glaciale, les hommes armés… Tout cela n’a rien à voir avec ce que j’ai vécu jusqu’à présent dans ma carrière. Mais ce n’est pas le moment de penser à ça.

Je glisse la clé dans la serrure de mon petit appartement, prête à tout oublier pour une nuit. Pourtant, à peine ai-je tourné la clé que mon téléphone se met à vibrer violemment dans ma poche. Je soupire, fatiguée, mais l’écran m’arrête net : c’est l’hôpital.

Une vague d’angoisse me submerge alors que je décroche.

"Madame Lefèvre ?" La voix à l’autre bout est calme, professionnelle, mais je perçois une tension sous-jacente.

"Oui, c’est moi."

"Nous avons besoin que vous veniez immédiatement. L’état de votre mère s’est aggravé."

Le téléphone manque de glisser de mes mains. Mon cœur s’accélère, et sans réfléchir, je fais demi-tour et redescends les escaliers en courant.

La route jusqu’à l’hôpital me semble interminable. Chaque feu rouge, chaque ralentissement est une torture. Mon esprit est envahi par des pensées sombres. Et si je ne suis pas arrivée à temps ? Et si je la perds ?

Quand j’arrive enfin, je me précipite vers le comptoir des infirmières, le souffle court.

"Ma mère, Jeanne Lefèvre. Je suis sa fille. Vous m’avez appelée…"

L’infirmière me regarde avec une douceur qui ne fait qu’augmenter mon inquiétude. "Elle est stable pour le moment, mais elle a eu une complication. Suivez-moi."

Je la suis dans les couloirs blancs et froids de l’hôpital, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Lorsque j’entre dans la chambre, je vois ma mère, plus fragile que jamais. Elle est allongée, ses yeux à demi-ouverts, sa peau pâle.

"Margaux…" Sa voix est faible, mais elle essaie de sourire.

"Je suis là, maman," dis-je en prenant sa main. Elle est glacée.

Nous parlons doucement, comme si le moindre mot trop fort risquait de briser ce moment fragile. Elle essaie de me rassurer, comme toujours. Mais je vois dans ses yeux qu’elle sait. Elle sait que son état empire, et moi aussi.

Quand l’infirmière revient pour ajuster ses perfusions, je l’interroge sur les options. Il faut un traitement plus agressif, quelque chose de plus coûteux. Je me mordille la lèvre, tentant de calculer combien il me reste sur mon compte en banque. Pas assez, jamais assez.

"Je trouverai l’argent," dis-je soudain, presque pour moi-même. Je le dis pour ma mère, pour me convaincre. Parce que si je ne le fais pas, qui le fera ?

Je quitte la chambre après l’avoir embrassée sur le front. Je murmure une promesse que je ne sais pas si je pourrai tenir. Je vais trouver l’argent, peu importe comment.

Dans le couloir, tout s’effondre. Le poids de la journée, la peur pour ma mère, l’incertitude de ma situation… Je ne peux plus contenir les larmes. Elles coulent librement, brûlantes, et je trébuche presque en avançant.

C’est là que je me heurte à quelqu’un.

"Pardon…" dis-je en essuyant rapidement mes joues, sans lever les yeux. Mais la personne ne bouge pas, et je sens un regard sur moi.

"Margaux."

Je relève la tête, stupéfaite, et mon cœur se serre. Roman Darcourt.

Il est là, dans ce même hôpital, vêtu de son éternel costume impeccable, les mains dans les poches, mais son regard semble… différent. Moins froid, peut-être ?

"Vous allez bien ?" demande-t-il d’un ton neutre, mais je n’arrive pas à déchiffrer s’il est sincèrement inquiet ou simplement curieux.

"Qu’est-ce que vous faites ici ?" Ma voix est rauque, un mélange de surprise et d’épuisement.

"Je pourrais vous poser la même question," réplique-t-il, un sourcil arqué.

Je serre les bras autour de moi, comme pour me protéger. Je suis vulnérable, et je déteste ça. "C’est personnel," murmuré-je finalement.

"Tout comme ma présence ici," dit-il simplement.

Nous restons là, dans ce couloir froid, à nous fixer. Et pour la première fois, je vois autre chose dans ses yeux. Quelque chose que je ne parviens pas à identifier.

Mais je n’ai ni la force ni l’envie de le questionner. Pas maintenant.

"Bonne soirée, Monsieur Darcourt," dis-je en me détournant, prête à fuir cette étrange rencontre.

"Margaux."

Sa voix m’arrête, mais je ne me retourne pas.

"Si vous avez besoin d’aide… demandez-moi."

Je reste immobile une seconde de trop, puis je pars, le cœur encore plus lourd qu’avant.

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