3. Le Premier Face À Face

Point de vue de Margaux :

Je n’arrive pas à me calmer. Depuis ce matin, une boule d’angoisse s’est logée dans mon estomac, et rien n’y fait. Ce rendez-vous, ce client… quelque chose me dérange profondément, mais je ne peux pas me permettre de flancher. Pas aujourd’hui.

Je pousse la porte de la salle d’exposition privée et m’efforce de garder la tête haute. À l’intérieur, il est déjà là. Roman Darcourt. Il ne ressemble en rien à l’image floue que je m’étais faite de lui. Tout en lui respire l’assurance et le contrôle. Il se tient près de la fenêtre, un léger sourire aux lèvres, mais ses yeux… Ses yeux sont froids, presque inquisiteurs.

Deux hommes en costume sombre se tiennent près de lui. Ils ne parlent pas, mais leur présence suffit à remplir toute la pièce. L’un d’eux porte une arme. Une arme ? Je sens un frisson parcourir ma colonne vertébrale. Pourquoi ce genre de précaution serait-elle nécessaire ici ?

Je prends une profonde inspiration et m’approche. "Monsieur Darcourt," dis-je, tendant une main que je veux ferme, professionnelle.

"Margaux Lefèvre," répond-il simplement, en serrant ma main. Sa voix est grave, posée, mais je perçois quelque chose de presque calculateur dans son ton.

Je veux garder mon calme. Après tout, ce n’est qu’un client, me répété-je en boucle dans ma tête. Pourtant, lorsqu’il fait signe à l’un de ses hommes de déposer une grande mallette sur la table, mon malaise grandit.

Je regarde, silencieuse, tandis qu’ils ouvrent la mallette. Et là, sous mes yeux, des pièces exceptionnelles apparaissent : des sculptures, des peintures, des bijoux anciens. C’est une collection magnifique, presque irréelle.

Je commence par la sculpture la plus imposante, un buste en marbre grec. En apparence, tout semble parfait. Les détails sont exquis, la patine subtile. Mais il y a un truc… un détail qui m’échappe.

Je prends une loupe pour examiner de plus près. C’est là que je le vois. Le marbre est trop parfait, trop homogène. Mon cœur rate un battement. Ce n’est pas du vrai marbre.

Je repose le buste avec précaution, en essayant de ne pas trahir ma surprise. Mon regard se tourne vers une peinture supposément du XVIIIe siècle. Une œuvre magnifique, en théorie. Mais les couleurs sont trop vives, les textures trop modernes. Je passe mes doigts sur le cadre, cherchant des traces d’usure… Il n’y en a pas.

Tout cela n’a aucun sens. Ces œuvres sont censées valoir des millions, mais elles sont fausses. Faux. Tout est faux.

"Quelque chose ne va pas ?" La voix de Roman brise le silence et me fait sursauter.

Je relève la tête et croise son regard. Il me fixe, immobile, comme s’il lisait dans mes pensées. Je dois répondre, mais quoi dire ? Lui annoncer que sa collection est un mensonge ? Que ces pièces sont des contrefaçons grossières ? Impossible.

"Non, tout va bien," dis-je, ma voix à peine assurée.

"Bien," répond-il, sans quitter mes yeux. "J’ai besoin que cette vente se passe rapidement et discrètement. Je compte sur votre expertise, Mademoiselle Lefèvre."

Je hoche la tête, incapable de trouver quoi que ce soit d’intelligent à dire.

Il se lève alors, suivi de ses hommes. "Nous reparlerons des détails très bientôt," ajoute-t-il avant de quitter la pièce.

Je reste là, seule avec ces œuvres. Mon esprit tourne à toute vitesse. Pourquoi un homme comme Roman Darcourt voudrait-il vendre des faux ? Et surtout, que suis-je censée faire maintenant ?

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