1. Flashback
Margaux Lefèvre se tenait au bout de l'allée, vêtue de sa robe blanche immaculée, mais son esprit n’était pas là. Tout autour d’elle semblait irréel, une scène qu'elle avait construite pour un seul but : sauver sa mère, effacer les dettes de son père et se sortir d’une situation désespérée. Ce mariage, ce contrat, c’était le seul moyen de s’en sortir.
Les invités se tenaient dans la grande salle, leurs murmures se dissipant dans un silence lourd de tension. Elle ne les entendait pas. Elle n'entendait rien d'autre que le bruit de ses propres pensées, qui tournaient inlassablement autour du même point : cet homme qui l’accompagnait aujourd’hui, Roman Darcourt.
Quelques semaines plus tôt, tout avait changé. Elle, commissaire-priseur honnête et dévouée, avait rencontré Roman lors d’une vente aux enchères. Dès le début, il avait su tout de ses problèmes financiers, de la maladie de sa mère, de la dette que son père avait accumulée. Puis il avait fait sa proposition. Un marché : elle l'aiderait dans ses affaires louches, vendrait des objets d'art douteux en échange du remboursement de ses dettes et de la prise en charge des soins de sa mère. Mais il y avait une condition. Un mariage. Un mariage pour officialiser l’accord.
Margaux avait accepté, acculée. Elle n’avait pas d’autre choix. Les soins de sa mère étaient trop coûteux et les créanciers se faisaient de plus en plus pressants. Roman lui avait promis la paix, mais à quel prix ? Un mariage d’apparence, une alliance qu’elle n’avait pas désirée. La suite serait un jeu de façade, et elle en serait la pièce maîtresse.
Les portes de l'église s'ouvrirent et les regards se tournèrent vers elle. Roman entra à ses côtés, d’une calme implacable. Il lui jeta un regard furtif avant de murmurer dans son oreille, d’une voix froide, presque dénuée d’émotion.
"Tu vas sourire. Souris pour les invités, Margaux."
Le ton de sa voix était un ordre, sans place pour la discussion. Ses yeux sombres ne se posèrent pas sur elle de manière bienveillante. Il était là, mais il n'était pas présent pour elle. Il était là pour les affaires, pour l’image, pour l’apparence.
Margaux hocha légèrement la tête, comme un automate, sans prononcer un mot. C’était une façade. Elle le savait. Il le savait. Ce mariage était une illusion, un acte que personne ne croirait sincère. Tout cela n'était qu'une formalité. Pourtant, en avançant vers l’autel, elle sentit l’ampleur de l’engagement qui pesait sur elle. Un engagement qui n’avait rien à voir avec l’amour ou la passion, mais uniquement avec le devoir et la survie.
Le prêtre prononça les mots qu'elle attendait : "Si quelqu’un s'oppose à ce mariage, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais."
Margaux regarda droit devant elle, sans hésitation. Elle n’allait pas s’opposer à cet instant. Elle n’avait plus la force de le faire. Ses pensées étaient ailleurs, sur la mère qu’elle devait sauver, sur le poids des secrets qu’elle devait désormais porter.
Roman la regarda un instant, un léger sourire en coin qui ne la toucha pas. Ce n’était pas le sourire d’un homme amoureux, mais celui d’un homme qui avait tout sous contrôle. Il savait qu’il avait gagné.
"Je vous déclare mari et femme", annonça le prêtre, son ton solennel résonnant dans l’air.
Margaux se sentit glacée. La pièce autour d’elle se dissipa comme dans un brouillard. Ce mariage, ce pacte, venait de prendre forme, mais pour elle, il n’était rien de plus qu’un fardeau qu’elle porterait en silence.
Elle tourna la tête vers Roman, qui lui souriait froidement, satisfait de l’accomplissement de son plan. Margaux se força à sourire, comme il l’avait ordonné, masquant derrière ce geste mécanique l’angoisse qui la rongeait. La scène semblait irréelle, un rôle qu’elle jouait sans conviction. Mais la réalité, elle, serait bien plus complexe à affronter.
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