Aloïs entreprit ses explications sans tarder :

-Bon, tu connais les bases en astronomie ?

Ça, c'était clair qu'il les avait les bases en astronomie. Étudier l'astronomie fut l'une des plus grandes passions qu'il ait eu au cours de sa vie. L'espace est quelque chose qu'il admirait profondément pour toute sa diversité et ses mystères. Cela l'avait rapproché peu à peu de la science en général ; et du titanesque il passait au microscopique, du vide à la matière, et se fascinait de l'ingéniosité que pouvait avoir certains hommes de sciences. Mais peu à peu il se rapprocha du monde littéraire, sans jamais rien regretter. Charles était fâché avec les math, et les formules ne l'enchantaient pas, a contrario des mots qu'il assemblait pour créer des choses qui avaient pour lui autant de valeur et de signification qu'un tableau pour un peintre, ou qu'une musique pour un mélomane.

Après un hochement de tête approbatif de Charles, Aloïs reprit avec un sourire malicieux:

-Au centre de notre voie lactée, il y a une étoile bien particulière qui pourrait bien être le sujet de notre petite strophe...  

En deux temps trois mouvements Charles reprit le bout de papier et le relit.

-Mais... tu parles d'un trou noir !? S'écria-t-il stupéfait. Maintenant que tu le dis c'est flagrant...

Tout en parlant, Aloïs mis la musique en pause sur son téléphone avant de retirer complètement ses écouteurs.

-Eh oui mec, un trou noir c'est une étoile morte, ça explique donc ce qu'est "l'étoile brisée" ! Il y a les trous de ver aussi, mais ça ne correspond pas, niveau orthographe... De plus elle est en plein centre, c'est une masse noire que l'on peut qualifier de glauque ; on peut appeler ça une déchirure à cause du fait qu'elle altère considérablement l'espace-temps, et il est simplement impossible d'y trouver autre chose qu'un néant !

Ce que disait Aloïs confirmait exactement tout ce qui avait traversé l'esprit de Charles. Cependant, celui-ci effaça son sourire et reprit son air sérieux.

-Donc on peut dater ce poème... Je veux dire, ce poème n'a surement pas été écrit avant la découverte des  trous noirs ; c'était quand ?

-Les trous noirs ? Je sais pas... Cherche sur ton portable, je n'ai presque plus de connexion au réseau.

Charles repartit vers son lit où se trouvait son blouson. Il fouilla une poche, puis l'autre et en sortit son téléphone portable. Il l'alluma et entra une recherche. Il y apprit que les trous noirs firent leurs apparitions dans l'histoire à la fin du XVIII° siècle, où l'on nommait cela « corps de Schwarzschild » ou « astre occlus ». Après quelques échanges verbaux, les deux lycéens s'étaient accordés pour dire que le sens qu'ils avaient donné à ces vers étaient correct et définitif.

Connaissant le thème du poème, Charles s'était mis en tête d'enquêter sur les vers perdus et les remettre dans l'ordre. En attendant le week-end où il pourrait remonter dans son grenier, le soir, il ne lut plus ; assis sur le rebord de la fenêtre, il contemplait les étoiles...