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TW.: aggression
Il fallut deux journées entières à Zoey pour cesser de fulminer. Elle n'en pipa pas un mot à Lorenzo et encore moins à Mattéo de peur que les garçons s'en mêlent. C'était comme si la gent masculine s'acharnait sur elle. Comme la jeune femme avait horreur de tourner en bourrique, la Serdaigle redoubla d'efforts pour éviter les deux élèves qu'elles rédoutaient le plus : McLaggen et Riddle premier du nom.
Lundi, Zoey passa l'ensemble de sa journée en compagnie d'Hermione Granger. Elles avaient des cours en commun et travaillaient ensemble en Arithmancie et en Études des Moldus. Les deux jeunes femmes s'entendaient bien, sans être véritablement proches, et Hermione était une véritable professionnelle lorsqu'il s'agissait de trouver des recoins discrets et des salles de classe vides pour étudier. Zoey ne s'était presque jamais aussi sentie en sécurité que ce jour-là.
Mardi fut plus compliquée à gérer. Tom l'attendait à la sortie de son cours de Potions et Zoey dut s'accrocher de toutes ses forces à Mattheo pour échapper au préfet. Le Serpentard chercha ensuite à lui parler à midi, dans la Grande Salle. Heureusement pour Zoey, Lorenzo avait un travail à rendre et elle proposa de l'accompagner. Au beau milieu de l'après-midi, alors qu'elle se rendait en Histoire de la Magie, Tom et Cormac apparurent chacun d'un bout à l'autre du couloir. Paniquée, Zoey saisit Pansy qui marchait à côté d'elle et la poussa dans un placard à balai. Ce fut le premier retard de sa scolarité. Elle s'échappa de classe si vite qu'elle en oublia ses notes. Et cette journée était loin d'être terminée... Tout ce qu'espérait la jeune femme, c'était un peu de paix. Et elle trouva cette dernière au bord du Lac Noir.
La nuit était tombée quand Zoey décida de rentrer. Elle avait somnolé, d'abord, épuisée par les nombreux cauchemars et les angoisses qui ponctuaient ses nuits. Ensuite, la Serdaigle avait répété les sortilèges appris en cours, le matin-même jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus entendre le son de sa propre voix. Cet instant de solitude l'avait apaisée. Zoey avait enfin pu souffler un peu et personne, pas même un groupe d'élèves qui se serait tenu à distance, ne l'avait ennuyée.
L'étudiante entra dans le château par l'une des courtines qui donnait sur la tour des Serdaigle et la bibliothèque. Elle avait prévu d'y passer pour rendre le livre passionnant qu'elle venait de terminer sur les premières fouilles archéologiques autour du paléolithique sorcier. À cet instant, elle n'avait plus que sa lecture en tête et que c'était délectable d'être hantée par autre chose que les pensées sombres qui l'avaient animée ces derniers temps !
– Zoey ! s'exclama quelqu'un, alors qu'elle n'était plus qu'à quelque pas de la bibliothèque.
Son corps entier se raidit. Il était là, appuyé contre le mur, un sourire soulagé aux lèvres. Le couloir était vide, la porte de la bibliothèque, à quelques mètres, désespérément fermée.
Cormac se redressa, quittant son pan de mur pour la rejoindre. Il était grand, bien trop grand. Son odeur enveloppa Zoey avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir. Le garçon sentait le cuir, la cire à balai et l'odeur des pins. Elle en eut un haut le cœur. Un mois plus tôt, ce musc étrange lui aurait plu. La jeune femme aurait été intrigué par ce mélange riche, transpirant l'aisance et l'arrogance. À présent, il lui filait la gerbe.
– On peut enfin se parler, soupira Cormac en passant une main dans ses cheveux.
– Je...
– Je sais qu'on s'est quittés en mauvais termes, Zoey, précisa-t-il sans lui laisser le temps de s'exprimer.
Mauvais était un euphémisme. Elle l'avait fui. S'était tirée avant qu'il ne la détruise complètement. Elle avait couru, à moitié-nue, dans les couloirs de la maison et s'était, par chance, trouvée une alliée inespérée dans le personnel de service. Voilà comme elle s'en était sortie.
– Mais, tu sais, le temps qu'on a passé ensemble... il était exceptionnel.
– Je ne suis... pas... d'accord.
Cormac la privait de sa voix. Sa simple présence annihilait toutes ses capacités à tenir tête à qui que ce soit. Où était passée la verve qui l'avait poussée à affronter Tom ? Elle avait peur. Voilà tout. Peur qu'il agisse, peur qu'il la touche. Elle n'aurait pas supporté un contact de plus. Pas même le souffle de son haleine sur son visage alors qu'il ne se tenait qu'à quelques centimètres d'elle.
– Zoey... Zoo... chérie.
– N...
– Notre couple mérite tellement mieux. Laisse-moi te choyer. On pourrait aller dans cette salle vide, là et...
– Non.
C'était dur. Ça lui en coûtait. Mais Zoey allait perdre la raison si elle ne luttait pas, ne serait-ce qu'un minimum, contre le garçon. L'expression de Cormac s'assombrit. De la douceur feinte, son visage s'endurcit pour n'être plus qu'un masque de colère.
– Il n'y a pas de non qui tienne, Zoey, martela-t-il plus franchement.
McLaggen saisit sa main sans la moindre douceur, serrant si fort les doigts de la jeune femme qu'elle en eut mal. Zoey reprit brusquement ses esprits, réalisant ce qu'il était en train de se passer. Un courant électrique parcourut son échine à lui en faire mal à la tête et elle écarquilla les yeux d'horreur.
– Non ! s'écria-t-elle. Lâche-moi !
– Chut, tu vas finir par attirer quelqu'un.
– Lâche-moi, Cormac ! Je t'en supplie.
Il se retourna, un sourire victorieux aux lèvres, tirant sur son bras comme si elle avait été une poupée de chiffon.
– Tu me supplieras plus tard, Zoey, ordonna-t-il sans la moindre compassion pour la jeune femme qu'il traînait derrière lui. Parce que tu sais que j'aime quand tu me supplies.
Les larmes brouillèrent ses yeux. Son cœur se mit à battre plus fort. C'en était fini. Voilà comment, après avoir fui tout ce temps, elle se retrouvait seule face à son agresseur, incapable de se défendre.
– Lâche-là, s'exclama quelqu'un, au bout du couloir.
Cormac se figea. Le cœur de Zoey aussi.
– De quoi tu te mêles, Riddle ? s'enquit McLaggen en se retournant. Zoey est avec moi.
Elle n'osa pas lever les yeux, tétanisée qu'elle était. Consciente que c'était sa seule porte de sortie, Zoey, se fit violence. Elle en vomirait plus tard, c'était sûr. C'était toutefois sa seule solution.
– Tom, murmura-t-elle d'une voix si faible qu'elle eut peur qu'il ne l'entende pas.
– Laisse-nous tranquille, grogna le Gryffondor. Tu ne vois pas que je suis avec ma copine.
Tom fit un pas de plus. Un pas ferme, autoritaire. L'air s'alourdit à en devenir irrespirable, la lumière des bougies vacilla dans le couloir.
– Dis-lui, Zoey, l'encouragea le Serpentard. Dis-lui qu'il se trompe. e
La Serdaigle fut surprise d'entendre autant de douceur dans sa voix si dure, si impérative. Elle savait ce qu'attendait Tom et, d'une certaine manière, dépréciait qu'il profite de cet instant de faiblesse pour lui soutirer son accord. L'étudiante était face au mur. C'était la peste ou le choléra et, à bien choisir, elle était prête à céder au préfet plutôt qu'au Gryffondor.
– Tom et moi...
– Tu ne vas pas me dire que tu m'as quittée pour ce type ? éructa Cormac en lui lâchant brusquement la main.
Effrayée, Zoey recula de quelques pas pour heurter le torse de Tom. Il ne la saisit pas. Ne l'attira pas non plus contre lui dans une étreinte qu'elle n'aurait pas souhaitée. Non. Le préfet se contenta de rester droit, impassible. Étrangement présent.
– Même si elle ne m'a pas officiellement dit oui, je ne peux qu'approuver son choix, insista le Serpentard qui se délectait de la situation. C'est surprenant, ce que deux jeunes gens peuvent réaliser quand ils passent un peu de temps ensemble à la bibliothèque. J'aimerais, maintenant, que les choses soient claires...
– Si tu penses que...
Tom fit un geste sec. Cormac se tut, méfiant. Zoey ne l'avait même pas senti dégainer sa baguette.
– Walker finira par me choisir, McLaggen, poursuivit le garçon. Et tant que je respirerais, si j'apprends que tu as osé poser ta main répugnante sur elle, je te détruirais. Ni plus, ni moins.
Cormac éclata d'une rire fou. Zoey le reconnut car il avait eu le même avant d'écraser ses mégots de cigarette sur son bras.
– Je n'en ai pas fini avec elle. J'ai été le premier, Riddle. Et je serais le dernier.
– Je crois que ce n'est pas à toi de décider, n'est-ce pas, Zoey ?
Elle secoua la tête, pressée de venir à bout de cette discussion. Sa main accrocha instinctivement le pan de la cape de Tom et, dépassée par les évènements, elle chercha à se blottir un peu plus contre lui. Il la protégerait. Même si c'était pour servir ses propres intérêts.
– Bien, je pense que ma future petite-amie a été assez claire sur le sujet, concéda Tom. Nous allons nous retirer et toi, McLaggen, tu vas retourner dans ta tour avant que je ne t'y envoie de force.
Cormac déglutit, excédé par la tournure des évènements. Il serra les poings, fusilla Zoey du regard et tourna les talons.
– Ce n'est pas fini ! déclara-t-il en crachant ses mots. Zoey sait très bien de quoi je parle. Ne te mêles pas de ce que tu ne comprendrais pas, Ri...
Les lèvres du préfet remuèrent à peine. Sa baguette, par contre, s'éclaira d'une lumière rouge qui frappa directement le sol, aux pieds de Cormac. Le regard fou, les mains tremblantes, le Gryffondor battit en retraite, la queue entre les jambes, jurant contre le Serpentard.
Tom et Zoey restèrent plantés dans le couloir sans rien se dire, figés dans cette étrange position. La Serdaigle ne s'était jamais sentie aussi proche du garçon qu'à cet instant et bien qu'elle savait qu'elle s'était attirée de nouveaux ennuis, la jeune femme était soulagée de s'être débarrassée de Cormac.
– Dis-moi que c'était un hasard ? demanda l'étudiante quand elle eut retrouvé son souffle. Promets-moi que tu n'as pas attendu que la situation dérape pour intervenir.
S'il y avait bien une chose dont Tom était capable, c'était de calculer son apparition pour qu'elle tombe à point nommée. Et qu'elle tourne à son avantage. Zoey aurait encore plus détesté le garçon s'il lui avouait avoir écouté ce qu'il se passait depuis le début.
– Ce n'était pas prévu, admit le Serpentard. Mais je ne peux pas nier que cela m'a arrangé.
Elle en sourit, désabusée. Bien sûr. Quand Zoey se sentit prête, elle recula de quelque pas et se tourna vers le garçon. La jeune femme l'observa comme si c'était la première fois.
Son visage, froid, impassible. Ses yeux plus sombres encore que les ténèbres. Ses boucles brunes et ses sourcils légèrement froncés. Sa taille, écrasante. Sa carrure, fine et élancée. La façon dont il se tenait, la manière dont il la regardait. Elle ne pourrait pas l'aimer. Faire semblant, toutefois... Oui. C'était possible. Si ça signifiait que Cormac ne la toucherait plus jamais.
– Tu es convaincue, alors ? Tu as vu de quoi j'étais capable, non ? Je ne te demande pas grand-chose, Walker. Tu n'auras qu'à être toi-même et moi, je profiterais de ta réputation, c'est tout.
Elle acquiesça. Zoey n'avait pas entièrement retrouvé sa voix.
– Très bien. Je te raccompagne à ton dortoir, alors.
Cette fois, elle eut un geste de recul. Tom la scruta, étonné. Zoey venait de frôler du bout des doigts ce qu'elle avait associé à l'enfer. Elle était incapable de retourner dans sa chambre dans cet état.
– La tour d'astronomie, souffla-t-elle. Je... je veux voir les étoiles.
Tom considéra la proposition.
– Je te suis, accepta le préfet sans rechigner. Au cas où... au cas où tu sais quoi.
Elle lui sourit, soulagée qu'il accepte. Son visage, pourtant, était constellé de larmes.
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