20
Lorenzo était impatient de descendre fêter l'anniversaire de Blaise. Si impatient qu'il en oublia que Zoey mettait toujours cent ans à se préparer. Il tourna en rond dans la salle commune, constatant que l'heure approchait et que sa meilleure amie semblait toujours et encore enfermée dans sa salle de bain.
Il ignorait qu'à cet instant précis, Zoey était debout, face au miroir embué, cherchant dans les sorts de ses camarades quelque chose qui cacherait ses cicatrices. La robe qu'elle comptait mettre, celle que Pansy lui avait offert l'automne dernier, avait des manches courtes. Si elle pouvait porter sa cape dans les couloirs frais du château, l'étudiante n'ignorait pas qu'elle mourrait de chaud en bas, chez les Serpentard. Parce qu'elle comptait danser ce soir. Et boire. Ne serait-ce qu'un peu. Elle s'était promis d'essayer de se mêler à la foule. De danser parmis les corps brûlants et avinés de ses camarades. De rire à gorge déployée. Peut-être même de laisser quelqu'un l'enlacer.
Elle en rougit quand le visage de Tom apparut comme une évidence et chassa cette image de son esprit. Zoey était fâchée, après tout. Ne serait-ce que pour la forme.
L'étudiante en revint à son problème principal. Là, le long de son bras droit. Les marques de brûlures. Le C rouge, gravé dans sa chaire du bout d'une baguette et qui refusait de disparaître. L'état de sa peau, autour, à force d'avoir gratté le cicatrice. La pellicule sèche, morte, conséquence des potions que la jeune femme avait testé sur son corps. Personne ne devait voir un tel carnage. Surtout pas Lorenzo ou Mattheo.
– Est-ce que tu comptes sortir un jour ? s'écria quelqu'un, de l'autre côté de la porte.
Pansy. Que faisait Pansy dans son dortoir ?
– Lorenzo s'est impatienté, il est descendu me chercher parce qu'il pensait que tu t'étais évanouie dans ta douche.
– Ah. Non ! Il est venu te chercher pour ça ?
– Apparemment. Il s'est aussi plaint du temps que tu mettais. Sur tout le trajet retour. Et des cachots à ta porte, c'est long.
La Serdaigle ne put retenir un ricanement sonore qui se répercuta contre le mur des douches.
– Je peux entrer ?
Zoey hésita. Elle observa longuement ce bras. Pesa le pour et le contre. S'il y avait bien une personne à qui elle se sentait capable de le montrer, c'était bien la Serpentard. Après tout, elles étaient très proches, avaient partagés un lit pendant toutes les vacances d'hiver passées au château. Elles s'étaient baignées ensemble dans la salle de bain des préfets après avoir volé le mot de passe à Harry, en quatrième année. Son corps n'avait aucun secret – ou presque – pour Pansy.
– Oui, entre.
Pansy actionna la poignée, Zoey reconnut le cliquetis familier de la serrure et les deux jeunes femmes se firent face.
– Pourquoi tu n'es pas encore habillée ?
Zoey était en sous-vêtement, plantée à côté de sa robe, sur le paravent. Le regard de Pansy allait de son amie à son vêtement. La Serdaigle inspira profondément.
– Je... j'ai un soucis.
– La robe est trop petite ? Un coup de baguette mag...
Maladroitement, Zoey révéla l'intérieur de son bras à Pansy. Un silence lourd tomba dans la salle de bain tandis que la porte se refermait d'elle-même et que la Serpentard constatait avec horreur ce qu'était devenu le bras de son amie.
– Oh, Zoo... souffla-t-elle. Est-ce que c'est...
– Lui ?
Elle acquiesça silencieusement, incapable d'entrer dans les détails.
– Je ne peux pas mettre la robe, murmura-t-elle à la place. Tout le monde le verra. J'ai tout essayé, je n'ai pas réussi à le cacher ou à le faire disparaître. Et du maquillage ? Même ça, ça ne marcherait pas.
Pansy s'approcha doucement et, plutôt que de regarder ce bras mutilé, elle attira Zoey dans une étreinte si douce que la jeune femme crut un instant qu'elles ne se touchaient pas.
– Je suis désolée, s'excusa Pansy, bouleversée. Qu'il t'ait fait ça. Que tu doives vivre avec ça.
– Personne ne doit savoir, demanda Zoey, quelque peu réconfortée par l'amour qu'elle recevait.
– Je le garderais pour moi.
Pansy se recula, embrassa d'un regard le visage rond de la Serdaigle.
– Et pour ta robe, je vais trouver une solution.
Pansy ne s'était pas contentée d'un miracle. Elle avait fait encore mieux. Zoey aurait aimé que toute l'école voit comment, avec un morceau de rideau « emprunté » aux fenêtres du dortoir, elle avait taillé du bout de sa baguette une robe tout aussi belle que la première. C'était un bandeau bleu marine auquel on avait ajouté de longues manches légèrement bouffantes et un jupon qui retombait sous ses genoux. Simple, quelque peu hors du temps, et si classe que Zoey ne se reconnut pas vraiment.
– Le vert de ma salle commune t'aurait sied, je pense, conclut Pansy et l'aidant à fermer la robe dans son dos. Mais le bleu te va à ravir aussi.
– Merci de ce que tu as fait pour moi.
– Je t'aiderais toujours avec ça, répliqua Pansy d'une voix douce, pointant le bras de la jeune femme du bout des doigts. J'aimerais qu'on en reparle, par contre. Quand tu seras prête.
– Oui, je t'expliquerai.
Elle pourra au moins lui parler de ça. Pas de tout, mais de cette partie-là, oui. Elle se sentait prête à l'aborder.
– Allons danser, tu veux ? s'enquit Pansy. Et faire la fête.
Elle passa un bras autour de la taille de Zoey et posa ses cheveux bruns, soigneusement coiffés, sur son épaule.
– On est bien trop fraîche pour ne pas profiter de cette soirée.
Ça arracha un sourire amusée à la Serdaigle et, au plus profond d'elle-même, Pansy eut le sentiment qu'elle venait de saisir la plus belle des richesses que ce monde pouvait lui offrir.
*
Lorenzo ne dit rien quand il vit sortir Zoey dans sa nouvelle robe mais il trouva qu'elle lui allait à merveille. Pansy s'excusa, expliqua qu'elle se dépêchait de retourner à leur salle commune car les organisateurs avaient pris du retard. Elle disparut aussi vite qu'elle était arrivée, plantant les deux Serdaigle au beau milieu de leur salle commune.
– Je n'ai jamais vu cette robe, observa Lorenzo en enfilant sa cape par-dessus sa chemise blanche et son pantalon noir.
– Elle est nouvelle.
– Tu ne voulais pas mettre la noir ? Ou la rose. Tu sais, celle à bretelle.
Zoey resta, l'espace d'un instant, interdite.
– Je l'ai jetée.
– Ah ?
– Elle ne m'allait plus.
Lorenzo n'insista pas et se contenta de proposer son bras à son amie. Elle l'accepta, amusée par tant de politesse et les deux compères entreprirent de descendre aux cachots. Parce qu'ils étaient le week-end, le couvre-feu était un peu plus tardif, vers vingt-deux heures pour ceux qui souhaitaient prolonger le plaisir d'une session d'étude un peu plus longue à la bibliothèque. Zoey était de ceux-là. Sauf ce soir.
Ils s'étaient vus plus tôt dans la journée mais avaient toujours quelque chose à se dire. Ce soir-là, alors qu'ils dévalaient les escaliers, ils échangèrent sur les derniers entraînements de Quidditch du garçon et leur avance sur les Poufsouffle dans la Coupe des Quatre Maisons. Puis la discussion prit une tournure inattendue quand Lorenzo se confia sur les cours de Divination qu'il s'obstinait à prendre pour éviter de suivre Soins aux Créatures Magiques. Il avait, dans sa boule de cristal, entrevu un gâteau au fromage blanc. De fil en aiguille, la professeure Trewlaney utilisa cette vision pour justifier la mort prochaine de trois personnes dans le cours.
– Assez parlé de moi, annonça Lorenzo alors qu'ils étaient presque arrivés. Et toi, alors ?
– Moi quoi ?
– Comment ça se passe avec Tom ?
Si Mattheo en faisait encore tout un foin, Lorenzo semblait avoir accepté l'idée que Tom puisse fréquenter Zoey. C'était assez dur de la voir partir chaque jour, sa main dans celle du préfet, mais il avait fini par se faire une raison. Même si cela signifiait qu'il avait Tom Riddle sur le dos bien plus souvent que d'habitude.
– Je crois qu'on s'est disputé, aujourd'hui, constata Zoey.
Elle le réalisait vraiment, maintenant qu'elle allait le retrouver. Et ça l'affecta bien plus qu'elle n'aurait souhaité l'admettre.
– Ah bon ?
– Oui. Pour des broutilles, en plus.
– Pourquoi ?
– Parce que, plutôt que de lui demander de venir me chercher, je suis descendue avec toi.
Lorenzo s'esclaffa. Puis, quand il saisit qu'elle était sérieuse, manqua de s'étouffer dans son propre rire.
– Je n'arrive pas à imaginer Tom jaloux ! s'exclama-t-il, jubilant presque.
Alors c'était ça ? De la jalousie ? Non, pour les autres, ça pouvait l'être. Pour Zoey, toutefois... rien ne les liait si ce n'était ce contrat de confiance et ce secret qu'ils partageaient, cette excuse n'avait donc aucun sens.
– Arrête de rire, maintenant ! l'apostropha Zoey. Sinon, tout le monde va se poser des questions !
Ils étaient devant la porte et Lorenzo récita, aux bords des larmes, le mot de passe. La porte s'ouvrit et les deux amis pénétrèrent dans la pièce déjà noire de monde.
*
Draco et Blaise étaient assez faciles à repérer. Blaise, en roi de la soirée, arborait fièrement sur la tête une couronne en papier que Theo l'avait obligé à porter. Draco, quant à lui, était accroché au bras de son meilleur ami, hurlant à qui voulait l'entendre qu'il était à présent majeur. Mattheo fut plus compliqué à trouver. Il apparut comme par magie pour offrir à Zoey et Lorenzo une Bièreaubeurre.
– Qu'est-ce que tu es belle ! s'exclama le Serpentard. Tu ne faisais jamais cet effort pour moi et Merlin sait que je t'en ai fait des compliments !
– Pitié, Mattheo, grogna Zoey. Est-ce que tu peux te faire à l'idée que ton frère et moi, on...
Le garçon se boucha les oreilles, plaquant ses deux mains contre son visage.
– La ! La ! La ! Je ne veux rien entendre, surtout pas ce genre de choses !
Lorenzo éclata de rire et Zoey leva les yeux au ciel.
– Pourquoi est-ce que Tom boude dans un coin ? s'écria Pansy, surgissant sur leur droite.
– Pourquoi est-ce que tu poses la question, rétorqua Mattheo. C'est Tom !
– Ce n'est pas une raison ! s'exclama Pansy pour couvrir le bruit.
Pansy se tourna vers Zoey.
– Vous vous êtes disputés ?
La question était piège. Bien que Pansy l'ait insinué d'un air innocent, il se cachait dans le fond de sa voix une curiosité dévorante.
– Oui, soupira Zoey qui commençait à croire que c'était une conspiration.
– Pourquoi ?
– Parce qu'il est jaloux ! s'empressa de répondre Lorenzo.
Il y eut un bref silence. Pansy traita l'information bien plus rapidement que ses amis. Mattheo, lui, n'eut pas l'air très surpris. Lorenzo, toujours hilare, avait eu le temps de digérer l'information et continuait de se délecter de l'effet qu'elle provoquait lorsqu'elle était délivrée.
– Et si on buvait ? proposa Zoey pour éviter l'avalanche de questions.
– Ton verre est déjà plein, remarqua le Serdaigle, tout content qu'il était.
– Il n'y a que moi qui n'arrive pas à passer outre le fait que Tom soit jaloux ? s'inquiéta Pansy en avalant cul sec la fin de sa boisson.
Ils s'échangèrent tous un regard.
– Pitié, n'en faites pas tout un plat, les supplia la Serdaigle.
– Non, on ne dira rien, promit Lorenzo.
– Je ne peux plus voir Tom de la même manière, soupira Pansy.
– C'est moi, le frère jaloux ! s'exclama brusquement Mattheo. Argh !
Lorenzo avait créé un monstre : maintenant, Zoey appréhendait le fait que Tom puisse entendre qu'ils parlaient de lui, Pansy tentait vainement de remettre les pièces du puzzle ensemble et Mattheo manigançait déjà un plan en trois parties justifiant la chute de son frère de la tour d'Astronomie.
Heureusement pour la jeune femme, l'arrivée de Millicent et Daphné calma toutes les ardeurs. Quelques verres de plus avaient adouci les esprits – ou échauffé, tout dépendait du point de vue adopté – et, d'un commun accord, le prénom de Tom n'était jamais prononcé devant les deux nouvelles arrivantes.
Daphné avait besoin, une fois n'était pas coutume, de parler en long, en large et en travers d'Hermione Granger. Depuis qu'elles s'étaient battus à mains nues au club de duel, la Serpentard gardait une dent contre la Gryffondor et ne semblait toujours pas lui avoir pardonné d'être allée au bal de Noël en compagnie de Viktor Krum, en quatrième année. Millicent s'en moquait pas mal, quoiqu'elle acquiesçait systématiquement et vouait une admiration sans faille à Daphné.
Zoey l'écouta sagement. Elle défendrait bec et ongle Hermione mais, ce soir, l'étudiante avait surtout envie que les deux amies de Pansy l'oublient. C'était assez compliqué de ne pas leur jeter un sort, surtout quand Zoey entendait tout ce qu'elle avait à dire sur son amie. Ça devait être la raison pour laquelle le Choixpeau avait longuement hésité avec la maison rouge et or, lorsqu'elle s'était assise sur le petit tabouret de bois à son arrivée à Poudlard. Heureusement, songea-t-elle, que je ne suis pas allée là-bas, finalement.
Tout de même – elle essaya de s'en empêcher mais échoua lamentablement – Zoey se demanda pourquoi Tom avait jeté son dévolu sur Daphné Greengrass. Qu'il ait voulu Astoria, ça, la jeune femme l'aurait compris. Astoria était drôle, patiente, douce. Peut-être était-ce parce que Draco avait publiquement annoncé son intérêt pour la cadette, un soir où ils étaient tous au repaire, en petite bande. Mais Daphné ? Daphné ! Oh, elle était jolie ! Raffinée, distinguée. Et, même si ça lui arrachait la gueule, Zoey devait l'admettre, l'aînée Greengrass était vraiment intelligente.
Dans l'aristocratie sorcière, c'était la parfaite épouse. Ambitieuse, mais pas suffisamment pour vouloir son indépendance totale, bien élevée, réputée. Sang Pur. Fortunée. Il était évident que Tom ne l'épouserait pas parce qu'elle le défiait ou qu'elle suscitait chez lui un quelconque intérêt physique ou intellectuel. Non, elle ne serait qu'une étape de plus vers ses rêves de grandeur. Et ça, il ne fallait pas que Tom l'explique pour que Zoey le comprenne.
– Zoo, on t'a posé une question, lui glissa discrètement Lorenzo.
La jeune femme sursauta. Depuis quand phasait-elle sur l'héritière Greengrass ?
– Ah ! Euh... plaît-il ?
– Où est Tom ? insista Millicent.
Zoey scanna la pièce d'un seul regard. Ses yeux étaient naturellement attirés vers Tom. Même dans le noir complet, elle aurait pu le trouver, maintenant qu'elle était habituée à sa présence. Il était dans un coin, discutant avec Blaise et Draco, un verre à la main.
Dans son pull à col roulé et son pantalon noir, elle le trouva beau. Il dégageait quelque chose : de l'assurance, du charisme. Un elle-ne-savait-quoi de magnétique. Tom avait coiffé ses boucles brunes, rabattant quelques mèches sur le côté gauche de son front. Son visage, valorisé par ses cheveux, structuré de ses lignes angulaires, fines, comme taillés dans la pierre, exprimait à la fois l'ennui d'être là et l'intérêt infime pour la conversation qu'il entretenait avec ses camarades.
– Il est là, souffla Zoey. Avec Draco et Blaise.
Ce fut ce moment que choisit le préfet pour plonger son regard dans le sien. Quelque chose y brûlait. D'une intensité si violente que Zoey en eut le souffle coupé. Il la dévisagea, lui refusa le sourire qu'il lui adressait habituellement puis rompit le contact visuel.
– Il n'est pas très démonstratif, n'est-ce pas ? remarqua Daphné.
Le ton était pernicieux. C'était une question piège. La Serdaigle reporta son attention sur la jeune femme. Elle était bien trop parfaite avec ses boucles blondes, son sourire éclatant et ses yeux de biche. Zoey eut envie de lui sauter à la gorge et de lui enfoncer son poing au fond du gosier. Elle se retint de justesse, inspirant profondément pour maîtriser ses pulsions.
– Ce n'est pas le genre de Tom, non, rétorqua-t-elle.
– Je me suis toujours demandée, intervint Pansy, sans se douter qu'un duel oculaire se déroulait entre Daphné et Zoey. Est-ce que Tom embrasse bien ?
– Pitié non ! s'exclama Mattheo. Tout mais pas ça !
Et il se boucha les oreilles si théâtralement que cela arracha à Lorenzo et Zoey un rire moqueur. Pour la Serdaigle, cela ne représentait que quelques secondes de répit car, voilà, maintenant que la question était posée, il fallait bien y répondre... ou trouver une solution pour éviter cette conversation.
– Eh bien...
Eh bien quoi ? Zoey n'avait aucune idée. Et, maintenant, elle regrettait déjà d'en être à son deuxième verre et de ne pas tenir très bien la Bièreaubeurre. Les joues brûlantes, le teint cramoisie, elle cherchait désespérément le soutien de Lorenzo, à ses côtés, qui continuait de taquiner son meilleur ami.
– Est-ce qu'il t'a déjà embrassé, au moins ? s'enquit Millicent.
Ça vire à la catastrophe ! paniqua-t-elle intérieurement. Si elle bredouillait une réponse débile, elle se ferait probablement coincer par Lorenzo, Mattheo ou Pansy. Si elle répondait avec trop d'assurance, la jeune femme ne serait pas particulièrement convaincante non plus. Tout en elle, d'un coup, sonnait l'alarme, suant l'angoisse, la peur que leur supercherie soit découverte, la blessure d'égo à l'idée que Daphné et Millicent dévoilent le pot aux roses.
Et, la seconde suivante, il était là. Près d'elle. Debout. Ténébreux. Imposant. Magnétique. Tom.
– Que se passe-t-il ? demanda le garçon.
– Salut Tom ! s'exclama Daphné, un peu trop fort au gout du reste du groupe. On discutait justement avec Zoey de votre petit amourette.
Zoey se sentit directement attaquée. Ce n'était pas juste une amourette. C'était faux, mais c'était censé être une relation sérieuse d'un an. Le silence obstiné de Tom la blessa.
– Et donc ? releva tout de même le préfet.
– Est-ce que tu embrasses bien ? s'impatienta Pansy. Personne ne sait, tout le monde veut savoir.
La question désarçonna Tom, toutefois Zoey sut qu'elle était la seule à le sentir flancher.
– Embrassez-vous ? proposa Blaise qui venait lui aussi se mêler à cette discussion. Qu'on sache si c'est vrai !
Daphné grimaça. Ce n'était clairement pas ce qu'elle espérait.
– Surtout pas ! éructèrent Mattheo et Lorenzo.
– Détournez le regard et ne nous faites pas braire, lui conseilla Draco.
Pansy, trop heureuse d'avoir ajouté son grain de sel à l'affaire, défia Tom du regard. Zoey, cependant, avait le sentiment qu'elle allait vomir. Ça lui rappelait trop ces soirées d'été, avec ses parents et ceux de Cormac, à être encouragée à ses manifestations amoureuses alors qu'elle n'avait pas envie de ses lèvres sur les siennes.
L'espace d'un instant, sa vue se brouilla. Les odeurs, les couleurs, les sons. Tout se confondaient avec ses souvenirs. Elle eut mal au bras, comme à chaque fois qu'elle se rappelait l'emprise de Cormac sur son corps et ses sens. Ce fut une main, délicate, froide, qui se glissait dans la sienne, qui la rappela à la réalité et l'ancra à la soirée d'anniversaire de Blaise.
– Si tu ne veux pas... chuchotait Tom à son oreille alors que Daphné se délectait du temps que prenait ce baiser, ce simple baiser, à arriver.
Zoey secoua la tête. Le souffle du garçon sur son oreille était chaud, rassurant. Son odeur embaumait l'espace autour d'elle. La jeune femme n'avait pas envie de se dégonfler – surtout devant Daphné Greengrass et son insupportable sourire. Toutefois, l'idée qu'on l'embrasse, que quelqu'un pose à nouveau ses lèvres sur les siennes.
Elle hésita longuement, au point que même Pansy, qui avait pourtant lancé les encouragements, se douta que quelque chose n'allait pas.
– Je vous embê...
Leurs regards se croisèrent. Il avait l'air sincère, prêt à la tirer d'affaire si elle le souhaitait. Ce fut à ce moment précis qu'elle sut qu'elle pouvait vraiment lui faire confiance. Qu'il était peut-être Tom Riddle et qu'elle n'était sûrement que Zoey Walker mais que pour un an, ils seraient là l'un pour l'autre.
Alors, poussée par ce elle-ne-savait-quoi, Zoey se hissa sur la pointe de ses pieds et déposa tout en douceur ses lèvres sur celles de Tom.
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