19
Quand Tom avait besoin d'être en paix, il descendait jusqu'au Scriptorium de Salazar Serpentard. Cette pièce secrète du château était l'un des secrets laissés par son ancêtre derrière lui, à l'adresse de ses descendants les plus téméraires. La salle avait été découverte des années plus tôt, par un oncle lointain – un traître à son sang si l'on en croyait le grand-père de Tom – Ominis Gaunt. Celui-ci était descendu dans ce dédale de pierre en compagnie de son meilleur ami et d'une élève aux pouvoirs étranges, puissants et immémoriaux, avait résolu les énigmes de pierre et s'était introduit dans la pièce poussiéreuse pour y dérober un épais grimoire entièrement consacré à la magie noire.
Tom aimait l'ambiance pesante de la pièce. L'air y était saturé de particules, puait le vieux parchemin et le renfermé et, sur les étagères, cela faisait bien longtemps que les rares plantes installées ici avaient fané. Cela lui avait pris des jours entiers avant de parvenir à nettoyer la pièce, à lui rendre un semblant de confort. Il était tombé sur les recherches de Salazar, sur des pamphlets tous plus véhéments que les autres sur l'arrivée de ces Nés-Moldus au sein de son école. C'est là, notamment, qu'il avait appris l'existence de la Chambre des Secrets et de son basilic.
Tout portait à croire que Salazar s'évertuait à combattre la mort. Sa propre fin l'effrayait : comment un sorcier aussi puissant, aussi important, aussi célèbre que lui, pouvait-il décemment s'éteindre un jour ? Ces inquiétudes avaient été soigneusement consignées dans ses journaux, d'épais carnets de notes aux lourdes couvertures de cuir animal, et, lorsque Tom s'était plongé dedans, elles avaient gagné le garçon.
Comment lui, Tom Riddle, pouvait-il un jour disparaître ? Il avait trop de pouvoir : sa magie grondait en lui, colère sourde insatiable, dévorant le trou béant qu'avait laissé sa naissance. Il n'avait pas été conçu comme les autres. Ni lui, ni Mattheo. Ils étaient des enfants nés de la manipulation, de la tromperie et de l'abus. Ce père qui vivait chez eux, à défaut d'avoir été tué dans son sommeil par leur grand-père, ne devait sa présence qu'à la goutte d'Amortentia versé dans son thé, chaque matin. Personne n'ignorait cette information, pas même Mattheo qui avait un jour découvert la bouteille dans un coffre du boudoir de sa mère.
Merope Gaunt avait donné naissance à Tom sans jamais le désirer. Il était là parce que sa mère était une femme stupide et faible. Sa survie, il ne la devait qu'à son grand-père et son oncle. Mais l'avaient-ils véritablement aimé un jour ? Cela faisait bien longtemps que Tom ne se posait plus la question. Marvolo Gaunt ne le gardait près de lui et ne le couvrait d'attentions que parce qu'il avait compris que son petit-fils était l'héritier tant attendu : puissant, charismatique, ambitieux. Il était celui qui sauverait le nom des Gaunt de la honte et la déchéance.
Tout cela préoccupait Tom quand il ne pensait pas à ses cours ou à ses recherches. Sa mort. L'absence d'amour. Il s'était décidé à ne jamais mourir, à être toujours seul – du moins, au plus profond de son cœur. Cela lui éviterait des déconvenues : la route tracée par Salazar était empreinte de violence. Elle était indigne de celui qui refusait d'aller jusqu'au bout des choses. Ominis le savait, sans quoi, il n'aurait jamais pu entrer dans le Scriptorium.
Assis dans son fauteuil, Tom songea aux derniers évènements. S'il s'était allié à Zoey, c'était parce qu'il avait commis une erreur. Une erreur de taille. Lui qui pensait avoir Horace Slughorn dans la poche s'était retrouvé en porte à faux, lorsque, au détour d'une conversation, il l'avait interrogé sur les Horcruxes. Depuis, le professeur de potions qui ne jurait que par lui avait pris ses distances. L'incident, bien qu'il ait été rapidement clos, parvint à Dumbledore.
Tom se souvenait encore de la rage qu'il avait éprouvé quand, de son ton calme, le directeur lui avait annoncé que plus aucun professeur n'aurait la capacité de lui donner accès à la Réserve. Votre quête de savoir, avait-il conclu la discussion, ne doit pas vous éloigner du droit chemin, Tom. La puissance est une chose, s'y perdre en est une autre.
C'était sur un coup de tête qu'il avait saisi l'opportunité. Zoey Walker, la meilleure amie de son frère, avait eu besoin d'aide. Tom s'était contenté d'accepter. L'idée du contrat lui était venue ensuite, quand il s'était décidé à pousser le vice un peu plus loin.
Il avait besoin de la réserve. Car Ominis, son oncle d'une autre époque, n'avait pas détruit ce livre rédigé par Salazar. Non. Il existait, quelque part ici, à Poudlard. Et quoi de mieux pour cacher un grimoire de Magie Noire que les rayons interminables et déboussolant de la Réserve ?
*
L'enquête de Pansy fut particulièrement rapide. Elle remonta à la source de la rumeur – Justin lui-même – et on raya à contrecœur McLaggen de la liste des suspects. Celui-ci, bien sûr, eut vent de la rumeur. Il s'en vanta auprès de Zoey, une fois où ils se croisèrent dans la Grande Salle. Si Tom n'était pas arrivé à ce moment-là, il aurait sûrement eu le temps de souligner chaque fait dans son entière vérité à la jeune femme. Elle en fut malade tout le reste de la journée.
Deux semaines plus tard, la rumeur mourut aussi vite qu'elle était née. Tom s'assura que personne ne parle dans le dos de Zoey ou ne suggère quoique ce soit sur sa petite amie. L'aura parfois terrifiante du préfet en chef faisait son effet : ceux qui étaient assez téméraires pour continuer à convoquer les mots de Flinn-Fletchey se retrouvaient la tête en bas ou perdaient un nombre de points si importants qu'ils en pâlissaient à vue d'œil.
Mattheo proposa qu'on redonne une leçon au Poufsouffle. Loren vota pour. Du côté de Pansy, on se rangea derrière Draco et Zoey qui pensaient que le mieux était d'ignorer le garçon. On apprit plus tard que le soir d'Halloween, alors que Justin se rendait à la Grande Salle pour le banquet annuel, Zoey se trouva sur son chemin, l'attrapa par le col et lui enfonça son poing dans la figure. Pour Tom, qui avait exceptionnellement eu son mot à dire puisqu'il assistait à la scène, l'incident fut considéré comme clos. Mattheo ne regarda plus Zoey de la même manière : de leur six années passées ensemble, elle n'avait jamais frappé personne.
Zoey, qui s'était engagée auprès du préfet sur un coup de tête, avait très vite saisie l'avantage que lui procurait sa fausse relation avec le Serpentard. Si McLaggen tournait toujours autour d'elle et qu'elle se surprenait à le guetter continuellement par peur de se retrouver nez à nez avec lui, la présence de Tom à ses côtés semblait avoir dissuadé le Gryffondor de l'approcher frontalement.
Ainsi le mois de novembre commença-t-il sous de bonnes auspices. Zoey partageait son temps entre ses études, ses amis et son petit-ami. Elle dormait toujours très mal, se réveillait parfois en sueur, les mains crispées autour de sa couverture mais elle retrouvait peu à peu l'appétit et il lui arrivait de sortir de la salle commune sans le poids qui s'était logé dans son estomac depuis son retour à l'école.
Doucement, Zoey reprenait goût à sa vie quotidienne. Elle s'était habituée à la main de Tom dans la sienne, avait retrouvé le plaisir de prendre Lorenzo dans ses bras ou de frapper Mattheo. La jeune femme se joignait plus régulièrement aux fêtes organisées par les Serpentard et Pansy, ravie d'avoir enfin son amie à ses côtés, l'introduisit à son cercle.
Si Zoey aimait sincèrement Pansy, elle appréciait bien moins la compagnie de Daphné et Millicent. La seule personne qui trouvait grâce à ses yeux était la jeune Astoria. Elle avait un an de moins que le reste du groupe. Zoey suspectait qu'elle eut un faible pour l'un des garçons de la bande car elle se présentait aux soirées, restait en retrait et repartait quand sa sœur lui faisait comprendre qu'elle était de trop. C'était dommage. Des trois amies de Pansy, Astoria était celle que la Serdaigle préférait.
Daphné et Millicent désapprouvaient la relation entre Tom et Zoey. Chaque fois qu'elles en avaient l'occasion, les deux jeunes femmes rappelaient à l'étudiante que ce n'était qu'une amourette et que Tom retrouverait bientôt la raison. Daphné prétendait qu'il serait plus avantageux pour lui de se concentrer sur carrière. Bien qu'il ait été un Sang-Mêlé, Tom était l'héritier des Gaunt. Cela signifiait qu'il était digne d'épouser une Sang-Pur et, qu'avec un peu d'ambition et une excellent carrière au Ministère, il serait probablement un sorcier influent que les pères de la haute aristocratie sorcière s'arracherait pour leur fille.
Zoey riait jaune. Si elle ignorait les motivations profondes de Tom, elle se doutait toutefois que le garçon avait calculé son coup et qu'il cherchait à être convoité par des familles comme les Greengrass ou les Bulstrode. Son plan, s'il comprenait cette clause, marchait à merveille. Il ne se passait pas une journée en leur présence sans qu'on lui rappelle qu'elle n'était que de passage. Et tout à fait indigne de devenir un jour Madame Riddle.
Heureusement pour Zoey, la fidélité de Tom quant aux termes du contrat lui sauvait systématique la peau. Il avait promis de la soutenir, de la défendre et de la respecter. Les deux comparses étaient donc vite remises à leur place. Le préfet se glissait entre elles, enlaçait Zoey d'un bras et la tirait contre lui. Il était rare qu'une marque d'affection vienne souligner leur liaison « amoureuse » : Tom avait bien compris que Zoey n'aimait pas qu'on la touche sans prévenir et si elle acceptait désormais qu'il la prenne dans ses bras, elle se montrait toujours réticente à l'idée qu'ils puissent s'embrasser un jour.
Tom, lui, s'était pris au jeu de cette fausse relation. En deux semaines, il avait découvert avec plaisir que la professeur McGonagall – qui avait pourtant glissé au professeur Rogue qu'un couple comme celui-là était voué à l'échec – s'était finalement attendrie après avoir entendu Zoey parler du garçon à Granger. Il fallait dire que l'étudiante était une excellente comédienne. Elle entretenait chez les plus curieux l'image d'un Tom Riddle mystérieux, quelque peu imprévisible mais d'un romantique surprenant. Aussi avait-on peu à peu constaté que le garçon, toujours aussi magnétique, l'était un peu plus encore : il se faisait respecter des élèves, mais, à présent, on l'appréciait plus qu'on ne le craignait. L'effet Walker avait fonctionné.
Le Serpentard était parfois craintif de la place que prenait la Serdaigle à ses côtés. Non pas qu'elle l'imposât : Zoey semblait avoir le sixième sens pour saisir l'occasion de s'effacer. En réalité, Tom s'était aperçu qu'il attendait maintenant de la chercher avec impatience et qu'il préférait leurs séances de révisions à ses nuits solitaires dans un coin de son dortoir.
Lorsqu'il s'enfermait dans le Scriptorium après avoir dérobé un ouvrage à la Réserve – tout cela dans le dos de Zoey, bien évidemment – il songeait à la mine renfrognée de la jeune femme si elle venait à l'apprendre. Ça l'amusait. Toutes ses émotions qui peignaient sur son visage des expressions étonnantes, il avait appris à les susciter en si peu de temps. La jeune femme n'était pas bien compliquée à cerner. Elle aimait les choses simples, réagissait à ce qui l'entourait et devenait une toute autre personne dès lors qu'elle tenait entre ses mains un grimoire.
De leur étrange couple, Tom se demandait parfois si ce n'était pas la Serdaigle qui était la plus ambitieuse. Bien qu'elle le cachât plutôt bien, elle était un véritable puit de connaissance, dont la soif d'apprendre était tout aussi intarissable que celle du garçon. Elle s'en tenait à l'Histoire de la Magie, aux méandres des révoltes gobelines et aux actes désespérés des Moldus pour détruire les Sorciers. Elle chérissait les quelques traces d'une magie ancienne, plus secrète, que plus personne ne semblait pouvoir maîtriser. Si Zoey parvenait un jour à percer les secrets de la magie, elle serait plus heureuse que Tom lorsqu'il trouverait le grimoire de Salazar Serpentard.
S'il se gardait bien de l'exprimer, le garçon s'assurait toujours que Zoey se sente en sécurité en sa présence. C'était dans les termes du contrat et le préfet s'appliquait à les respecter à la lettre. Il avait appris à lire ses gestes, à interpréter les trémolos de sa voix quand elle paniquait ou à comprendre le moindre de ses soupirs. En deux semaines, il avait été si obnubilé par son besoin de maîtriser le langage de Zoey Walker qu'il en avait parfois oublié ses propres objectifs.
Ce ne fut qu'au bout de ce temps-là qu'il remarqua qu'en sa présence, Zoey se détendait parfaitement et, lorsqu'il eut compris qu'il aimait sa compagnie malgré lui, Tom lui avoua, au détour d'une conversation, qu'il avait cessé de la considérer comme une personne banale.
– Que me vaut l'honneur de cette déclaration ? demanda Zoey en refermant le livre qu'elle lisait avec bien plus d'attention qu'elle n'écoutait leur conversation.
– Il faut que je me répète ? grogna le garçon.
Tom était bien plus démonstratif, maintenant. Zoey était capable d'interpréter ses sourires – certains lui étaient encore inconnus aussi ne se risquait-elle pas à les comprendre – toutefois, et elle en était encore plus fière, l'étudiante déterminait à présent quelle émotion fugace se cachait derrière ses moues et ses regards noirs.
– Non, j'ai compris du premier coup, se moqua la jeune femme. Je voulais juste t'embêter.
– Je n'aime pas qu'on m'embête.
– Je sais, Tom. Je sais.
Ils s'échangèrent un sourire.
– Et moi, alors ?
– Toi quoi ?
– Ai-je changé à tes yeux ?
Elle eut une brève hésitation, ce qui déplut fortement au Serpentard. Heureusement, Zoey se rattrapa de justesse car elle avait senti l'atmosphère changer.
– Je te fais confiance, Tom. Même si je ne comprends pas tout à fait ce à quoi tout cela te sers réellement. Si tu n'étais pas toi, j'aurais même dit que tu étais devenu un ami.
Le garçon considéra cette réponse un long moment, à tel point que Zoey se plongea à nouveau dans son livre. Pour elle, la conversation était close. Pour Tom, cela avait réveillé en lui une drôle de sensation qui le prenait aux tripes et diffusait dans tout son être une étrange satisfaction.
– Ton ami ? répéta-t-il, pensif.
Il s'avança quelque peu, obligeant la Serdaigle à planter son regard dans le sien.
– Et si j'avais envie d'être ton ami, Walker ?
Elle lui adressa un sourire confus et un regard sceptique.
– Je dirais que tu n'as pas le temps pour ce genre de frivolités.
Tom se redressa.
– Je m'en ferais.
Cet étrange moment, Zoey l'imprima dans sa mémoire comme l'un de ses souvenirs préférés de Tom. Elle retint la façon dont il était assis, droit comme un piquet, le visage couvert de poussière et ses boucles brunes retombant sur son front. Elle grava également le son de sa voix quand il prononça ses derniers mots et la manière dont ses lèvres s'étaient furtivement courbées en un sourire timide.
Ils retournèrent ensuite à leur lecture, comme si de rien n'était. S'il y avait eu plus de lumière dans la réserve, l'un d'eux aurait probablement constaté qu'ils souriaient tous deux comme des imbéciles. La bonne nouvelle pour l'un comme pour l'autre, c'était qu'il faisait nuit tôt et qu'une ou deux chandelles ne suffisaient pas à ravir à l'obscurité le plus niaise des expressions.
*
L'anniversaire de Blaise avait été une nouvelle excuse pour les Serpentard d'organiser une soirée dans leur salle commune. Zoey fut conviée par le principal intéressé et promit de venir accompagnée de Lorenzo. Cette révélation, quand elle vint aux oreilles de Tom, provoqua chez le garçon un sentiment qu'il n'avait encore jamais ressenti pour une femme. Aussi le chassa-t-il dans un coin de son esprit et ne laissa-t-il rien paraître devant l'étudiante.
– Et cette soirée ? demanda-t-il quand vint le jour fatidique de festoyer les dix-sept ans de Blaise.
– Quoi, cette soirée ? s'inquiéta Zoey.
Ils étaient tous les deux en salle d'étude. Elle, penchée sur son parchemin de potion, tournait et retournait ses grammages dans tous les sens, incapable de trouver le bon. Lui, tout entier consacré à ses devoirs de Défense Contre les Forces du Mal, la baguette rangée derrière son oreille, après l'avoir oubliée.
– J'ai entendu que tu y allais avec Lorenzo.
– Oui, et alors ?
– Je suis ton...
– Faux.
– Petit ami. Ça compte quand même.
Zoey lui adressa un sourire amusé. C'était la première fois qu'il se montrait ostensiblement possessif. Cela relevait du miracle quand on savait que Tom appréciait le contrôle plus que tout autre plaisir dans sa vie – même celui de manger une bonne tarte à la mélasse. La jeune femme, par prudence, se pencha vers le garçon.
– Tom, tu seras de toute façon à cette soirée. Et je comptais descendre avec Lorenzo, c'est tout.
– Je serais venue te chercher.
– Tout le monde sait que Lorenzo et moi sommes amis, s'impatienta la Serdaigle. Tu n'as rien à craindre de notre petit jeu, il ne sera pas menacé.
Et elle se recula, tapotant distraitement son livre de recette du bout de sa plume. Tom en conclut qu'elle avait était claire et qu'elle refuserait qu'ils discutent plus longtemps ensemble du sujet. Cela lui déplut et il hésita un instant à la planter.
Pourquoi était-il resté ? Aucune idée. Ces deux dernière semaines – et trois jours, maintenant – il n'avait su décrocher son regard de Zoey Walker. Il avait appris à apprécier sa façon assez directe de mener une conversation, sa manière de ranger ses cheveux derrière ses oreilles. Si ça le rassurait – au moins avait-il bien choisi sa fausse petite amie – cela l'inquiétait de plus en plus. Car, à chaque fois qu'il lui prenait la main, il devenait de plus en plus difficile pour Tom de la lâcher. Et à l'idée que Lorenzo l'accompagne jusqu'aux cachots, il en avait des frissons d'agacement.
– Et ce soir, tu passeras la soirée avec tes nouvelles amies ? demanda Tom, ignorant pourquoi il avait tant besoin de savoir.
– Tu parles de Daphné et Millicent ? Honnêtement, je préférerais voir Pansy, Hermione et Astoria autour d'une Bièreaubeurre que de leur parler plus de cinq minutes.
– Je pensais épouser Daphné, un jour, déclara le garçon comme si le contrat était déjà signé.
Cela surprit tant Zoey qu'elle redressa son regard bleu vers le garçon et chercha sur son visage la trace d'une plaisanterie. Il était sérieux. Mortellement, impassiblement sérieux. Ça la dérangea. Parce qu'il était son faux petit ami, pour le moment. Et pour d'autres raisons, aussi. Aucune dont elle ne saisissait vraiment l'importance, pour l'instant, aussi se contenta-t-elle d'hausser les épaules et d'avoir l'air la plus détachée possible.
– C'était donc ça, ton plan ? La rendre jalouse ?
– Non, ce n'était pas ça mon plan, rétorqua Tom.
Ils chuchotaient tous deux mais il était évident qu'ils se disputaient. Du moins était-ce ce qu'en conclure les troisièmes années présents dans un coin de la salle d'étude et qui choisirent de la quitter avant que l'histoire ne tourne au vinaigre.
– Alors quoi, Tom ? Pourquoi fallait-il que tu le précises absolument ?
– Je ne sais pas. Je voulais te partager cette information ?
– Et tu veux que je t'applaudisse ?
– Tu pourrais te réjouir. J'ai réfléchi à mon avenir.
– C'est ce que tu fais tous les jours, Riddle.
Ils n'entendirent pas la porte se refermer sur les trois Gryffondor ni se rendirent compte qu'ils étaient seuls dans la pièce.
– Je ne vais pas bousculer tout un plan de vie parce que je fais semblant de te fréquenter, argua Tom, calmement.
– Je ne t'ai rien demandé, à ce que je sache.
– Tout à fait.
– Donc, au risque de me répéter, qu'est-ce que tu attends de moi, Riddle ? Que je me fâche parce que tu comptes épouser Daphné ?
Le Serpentard toisa la Serdaigle avec la sensation qu'il ne savait plus pourquoi il avait invité l'héritière Greengrass dans leur conversation.
– Je me moque de savoir qui tu vas épouser, Tom Marvolo Riddle. D'ici là, nous aurons arrêté de jouer les amoureux et tu seras libre de faire ce que tu voudras de ta vie.
– Très bien, rétorqua le garçon.
– Parfait.
Cette fois, Zoey ne se contenta pas de revenir à son manuel de potions et ses calculs. Elle se redressa, étendit ses courtes jambes sous la table et dans un soupir, rassembla ses affaires sous son bras gauche.
– Je suis fatiguée, constata l'étudiante sans jeter un regard à Tom. Puisque tu es décidé à me faire tourner en bourrique, je te laisse. On se voit ce soir.
Tom se mordit les lèvres, incapable de dire s'il allait la rattraper ou la laisser filer. Il hésita juste assez pour qu'elle en ait assez. Sans demander son reste, Zoey le gratifia d'un sourire énervé et tourna les talons.
Pourquoi, par Merlin, avait-il eu besoin de préciser qu'il comptait épouser Daphné Greengrass ?
Oh, il le savait. Parce que, ce soir, Zoey arriverait dans une jolie robe noire, outrageusement simple, et qu'à son bras, au lieu de le trouver lui, on verrait Lorenzo.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top