Septembre.

Des perles de pluie glissaient sur la vitre embuée du café presque désert. Une odeur chaude et sucrée sortait du four qui produisait un ronronnement continu. Au-dessus du comptoir, un poste de télévision posé en hauteur diffusait des clips à la mode.

Alicia porta à ses lèvres le gobelet de thé brulant qui réchauffait ses doigts. Dehors, les lumières des feux tricolores et des enseignes se fondaient dans un flou artistique. Elle aimait bien cet endroit. Ce n'était pas très loin de l'Université et elle pouvait s'y rendre entre deux cours, pour écrire et surtout dessiner.

D'ailleurs, une idée d'histoire la taraudait depuis quelques jours mais elle n'arrivait pas encore à mettre tout cela au clair. Elle s'empara d'un vieux stylo bic au capuchon tordu :

Dans un étrange manoir, un homme contemple le portrait de sa bien-aimée disparue. Quand soudain, minuit sonne, le portrait s'anime et sort du tableau pour danser avec l'homme sous la lumière bienveillante de...

Alicia leva les yeux vers la fenêtre. La pleine lune était déjà visible dans le ciel clair, transparente comme un voile. Quelque chose au fond d'elle lui dit qu'à ce moment-là, Owen la contemplait aussi.

Au même moment, une mélodie envoutante sortit du poste de télévision. La voix suave qui chantait avait des accents mélancoliques. Quelques mots anglais parvinrent à ses oreilles :

dreams, snow, magic...

Moonlight.

Alicia leva les yeux, le cœur battant. Sur l'écran aux couleurs de vieux polaroid, une magnifique jeune femme dansait dans une maison abandonnée, au milieu d'ombres chinoises, une rose dans ses cheveux blonds. Pourquoi ce visage lui semblait-il familier ?

Le nom de la chanson défila sur un bandeau :

" Strange memories"- Selena Cat."

I saw you in the realm

Of my dreams

And the snow brings back

Strange memories

of magic

Dancing in the moonlight

Feel like everything's alright

Dancing in the moonlight

Feel like everything's alright...

*

Ainsi s'achève le conte de la Luna. Certains diront que c'est une histoire à dormir debout. D'autres sauront lire entre les lignes. Moi je suis de ceux qui pensent que les histoires sont comme des passeurs de monde et que la magie existe encore si on se donne la peine de la chercher. Dans un rayon de lune ou dans l'éclat d'un rire, dans l'odeur de la pluie ou le bois qui crépite, dans une mélodie qui reste en tête ou un bibelot poussiéreux, un graffiti sur le bord d'une table ou le chemin d'une ancienne adresse, dans un manoir abandonné ou la saveur d'une pomme.

Mais faut-il me croire ? Après tout, je ne suis qu'un livre,

Et les livres peuvent vous raconter des histoires...

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THE END ? Mais non, il reste l'épilogue voyons ! 🌙