6 : Oklahoma City (3/3)

Dans les rangs Silridriss, ce fut la panique, les navires quittèrent la formation pour changer de monde, les uns après les autres. Quelques chasseurs et mages tentèrent tout de même de l'attaquer. Rien de bien gênant pour une machine construite pour le massacre. Rapidement, les rangs s'éclaircirent : plus personne ne voulait les approcher, ni lui, ni aucun des deux autres Berserkers. Pour Nemaya, la destruction de l'immense disque fut une formalité : elle se posa à son sommet, et elle se laissa tomber en le découpant au laser.

Les missiles de croisière frappèrent alors les quelques navires qui étaient encore là. Les boucliers vibrèrent quelques instants, puis disparurent... laissant la coque libre aux terribles engins autoguidés.

Manuel resta un instant à regarder cette débâcle ennemie avant de reposer son regard sur le corps de la favorite qui avait reprit sa taille normale.

- On a un problème Manuel... Fit le loup en affichant toute une série de données. Elle est encore pleine d'Erapha...

- Et ?

Sa vision fit un gros plan sur le bras tranché net : lentement, il se reconstituait.

- C'est pas vrai... c'est un cauchemar...

- Je suis en train de demander à Noral une solution...

- Espérons qu'elle arrive vite...

*

Une immense clameur de joie résonna dans le centre de commande d'Oklahoma-City lorsque la retraite des Silridriss fut avérée. Le bouclier principal hors-service, les missiles frappaient violemment ceux des navires de guerre. Devant son écran le vieux général compta le nombre d'engins nécessaires pour les passer. Le septième ne fut pas arrêté, il traversa la coque avant d'exploser et de couper en deux le navire de guerre.

Ça fait quand même beaucoup de missiles pour une seule cible...

« - Combien de navires abattus ? Demanda-t-il

- Cinq. Les autres se sont enfuis, répondit un soldat

- Non, au total, combien de cuirassés ont-ils perdus ?

- Une vingtaine... »

La moitié de leur flotte a été bousillée en à peine trois heures de combat... J'ignore ce que sont ces trois machines, ou ce que leurs pilotes ont fait pour que l'ordre soit donné de les capturer... Mais ils sont sacrément efficaces...

Sur la table de commandement, il ne restait plus de la flotte Silridriss que quelques épaves éparses, brûlantes et fumantes. Les fiers navires de guerre n'avaient pas résisté à l'assaut.

Il faut en profiter, et se concentrer sur les groupes plus petits désormais. Mais avant cela...

« - Contactez ces pilotes, je veux leur payer un coup à boire.

- Ils ne sont plus là mon commandant. »

*

* *

*

Lorsqu'elle reprit ses esprits, la favorite était assise sur un siège, dans la pénombre. Elle reconnut sans peine l'intérieur de l'un des cuirassés Silridriss. Les murs déformés, le sol plié et l'énorme trou dans la carlingue à sa droite qui laissait entrer le soleil couchant signifiait qu'il s'était abîmé. Devant elle, assis dans un renfoncement, Manuel lisait un document sur une tablette numérique. Juste à coté, debout, adossée à la carlingue, Nemaya affûtait lentement un petit couteau sur une pierre a aiguiser. Le troisième pilote était absent.

La Silridriss voulu se lever du siège, ce fut à cet instant qu'elle se rendit compte qu'elle y était attaché. Aucun de ses pouvoir ne fonctionna lorsqu'elle voulu les utiliser.

« - Libérez-moi ! Et je vous promet une mort rapide ! »

La guerrière russe fit quelques pas et, sans un mot, planta jusqu'à la poignée son couteau à la base du cou de la Favorite.

Elle hurla.

Le visage impassible, la combattante recula d'un pas, admirant son œuvre. Ce fut à peine si Manuel releva la tête.

« - Tu paieras cette affront de de ta vie misérable créature !! »

Sans un mot, la tortionnaire fit un pas et prit la poignée en main avant de remuer le couteau dans la plaie. La Silridriss hurla de plus belle. D'un coup sec, elle retira la lame avant de la planter entre les côtes. Nouveau hurlement.

« - Oh ? Elle a commencé ? Fit Fernand en entrant dans la pièce. Il traînait le cadavre d'une créature noire, poilue et inerte sur le sol.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Je sais pas, mais à l'analyse, Alpha m'a dit que ça se rapprochait du poulet.

- Un poulet gros comme un dogue allemand avec des poils bouclés ? Fit Manuel en allant l'aider

La russe se retourna en levant un sourcil face aux affirmations des deux combattants.

- Bon, ok, Alpha m'a simplement assuré que c'était comestible.

- Et le poulet là-dedans ?

- C'est le goût que j'espère trouver dans ce truc possède : ça fait un bail que j'en ai pas mangé. Bon, je vais le dépecer, et en faire une grillade, déclara-t-il en s'arrêtant pour souffler.

- Bande de fous... murmura la Favorite avec un rictus de douleur. Vous attaquer à moi, c'est vous attaquer à la Déesse-Impératrice elle-même.

- Elle est la prochaine. » Répliqua Manuel.

A ces mots, la Silridriss eut un rictus mauvais. Ses blessures se refermaient lentement.

« - Et vous comptez sur moi pour parler ? Vous dire ses points faibles ?

- Parler ? Fit Manuel en récupérant la tablette numérique. Et pour dire quoi ? Je suis sûr que tu sais qui est la Déesse-impératrice en réalité.

- Elle est la Déesse-Impératrice. Celle dont l'univers lui a transmis tous les pouvoirs. »

Sans un mot, Manuel lu quelques mots sur la tablette :

« - Ces temps sont dangereux, et la paix ne durera qu'un temps.

- Oui reine Estelarielle, mais que pouvons nous faire contre de telles forces à nos frontières, répondit un ministre. Pour le moment, nous ne sommes pas menacés, mais lorsque la paix reviendra entre-eux, nous disparaîtrons. Nos armées ont été vaincues et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne viennent finir ce qu'ils ont commencé.

- Et la diplomatie ? Demanda la reine.

- Les messagers que nous avons envoyés ont été assassinés. Depuis que votre père, vos frères et vos sœurs ont été tués dans la dernière bataille, nos adversaires se savent en position de force. Tout ce qu'il nous reste, c'est le temps dont ils ont besoin pour déterminer qui d'entre-eux est le plus fort. Et soyez sûre que celui-là viendra réclamer son dû.

- Du temps ?! C'est là tout ce dont nous avons besoin. Réunissez tout nos mages royaux, j'ai une projet à leur soumettre. »

Le jeune homme fit glisser plusieurs pages avec le doigt avant de reprendre :

« - Fabriquez le plus grand réservoir d'Erapha possible, chaque habitant du royaume sera contraint de déverser régulièrement une partie de son énergie vitale. Ceux qui refusent seront forcés d'y vider la totalité avec les conséquences que cela implique. Vous me donnerez ensuite l'accès à cette réserve, où que je sois ! C'est là la seule solution pour protéger notre royaume. Soyez aussi le plus discret que possible. Vous avez deux mois

- Bien Reine Estelarielle ! Répondirent en cœurs les mages. Dans deux mois, vous aurez ce que vous avez demandé, nous l'appellerons : Klastlabad »

Le jeune homme s'arrêta, et regarda la Silridriss totalement décontenancée face à ces informations.

« - Je vais donc reposer ma question : Qu'avez-vous à nous apprendre que nous ne sachions pas ?

- L'Impératrice te fera payer au centuples ces informations interdites... murmura la Favorite qui prenait conscience du danger que représentait cet humain au teint blafard, aux cheveux blancs et aux lunettes de soleil qui cachaient son regard.

- Avez-vous déjà eu peur Favorite...euh comment vous appelez-vous ?

- Vrinnnss.

- Charmant... Je m'appelle Manuel Ferreira. Avez-vous déjà eu peur Vrinnnss ?

- Non.

- Vraiment ?

- La Déesse-impératrice est toute puissante, et il me tarde d'être présente quand tu seras amené devant elle. »

Sans rien rajouter, Manuel reprit sa lecture, Nemaya ne bougea pas d'un iota, Fernand, lui se retint de sourire.

Ainsi fut portée à Estelarielle la prisonnière tirée des mers.

« - Désormais, ton peuple suivra nos ordres, notre loi sera tienne, abandonne ta liberté, car elle est nôtre. Nous savons désormais comment vous capturer et vous vaincre par la même occasion.

- Reine au sang froid, fit calmement la créature avec de multiples voix, je ne suis ici que de part ma seule volonté. Je suis venue vous avertir : cessez vos conquêtes dés maintenant, ou vous en payerez le prix.

- Silence esclave !! Qu'est-ce qui te permet de dire cela !! fit la reine en punissant douloureusement l'esclave qui lui tenait tête.

- La double vue qu'est la mienne : le sang appelle le sang, la haine appelle la haine. Notre Némésis est lancée, vous seule pouvez la stopper en cessant la tempête de métal et de larmes. »

De colère, notre Impératrice Estelarielle sortit la prisonnière de son bassin pour la jeter sur le sol de la salle du trône. Elle posa sa botte sur la poitrine de la sirène tandis que celle-ci cherchait son souffle.

« - Nul ne me stoppera jamais ! Que ton peuple se soumette à notre autorité !

- Un jour viendra, reine à sang froid, où tu pénétreras dans le monde de trop. Dans ce monde sans Erapha, dont l'existence même en sera inconnue, quatre individus, bons et généreux, se transformerons en cauchemars. Morts une fois, ils reviendrons à la vie, leurs yeux, lumineux, brilleront de haine à votre égard. Maudits et bannis, ils réunirons autour d'eux la plus hétéroclite des armées. La somme de toutes ces volontés dépassera vos ambitions pour un résultat sans équivoque. »

De rage, L'Impératrice punit l'insolente en vaporisant son corps. Celle-ci hurla longtemps lors de l'application de la sentence, les murs du palais résonnent encore de ses cris.

« - Et alors ? Demanda la favorite, en quoi cela est-il sensé m'effrayer. »

Manuel se rapprocha de la Silridriss, avant de planter ses yeux dans les siens.

« - Alors vous n'avez pas peur...

- Pas le moins du monde, répondit-elle. Cette déclaration n'est que celle d'une esclave sans intérêt qui cherchait à sauver sa vie avec une prédiction sans fondements. »

Lentement, Manuel retira ses lunettes, laissant apparaître des yeux comme ceux de sa machine. Le premier, aussi bleu qu'un ciel d'été, le second, aussi rouge qu'un brasier. Ce regard sans pupilles, sur ce visage blafard et tatoué, rendait la vision malsaine.

« ...Vous pouvez commencer. »

La favorite détourna les yeux pour regarder Fernand, adossé à la carlingue. Les yeux de ce dernier était d'un vert pur sur un visage orangé. Le sourire au lèvres il jeta un œil à Nemaya qui retirait ses propres lunettes, pour montrer un regard vert et rouge..

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