5 : L'Exode (3/3)
Dans la pénombre de la chambre à coucher du seigneur Arsear, tout était calme. Pourtant quelques instant plus tôt, l'horreur avait eu lieu. Désormais, tout était calme. Le corps de l'Ingénieure gnome fumait tandis qu'elle sanglotait doucement dans les bras du saurien. La sang avait giclé sur leurs deux corps et avait teint les draps. Mais dans cette atmosphère de gris, personne de pouvait vraiment distinguer les couleurs.
« - Il faut arrêter cela Rig-rid, murmura le seigneur Silridriss.
- Non, répondit-elle entre deux pleurs.
- Mais un jour, je risque de te tuer.
- Je prends le risque.
- Tu es complètement folle. »
Sans vraiment s'en rendre compte, Arsear serra un peu plus la gnome contre lui. Du moins jusqu'à ce qu'elle l'alerte.
« - Monseigneur, vous m'étouffez.
- Désolé, je... comment dire... commença-t-il en desserrant son étreinte.
- Ne le dites pas, coupa Rig-rid.
- Quoi ? Demanda-il surpris. Comment oses-tu ?
- Vous n'avez pas atteint votre but. Vous le direz quand ce sera le moment. Par pitié, ne le faites pas avant : Vous pourriez tout gâcher. »
De nouveau, sans le remarquer, il serra la gnome contre lui.
*
* *
*
Le cortège de voitures sortit de la ville fortifiée de Bordeaux à vive allure. Il s'agissait de 4x4 blindés, qui avançaient vite sur la vieille route abîmés. Les engins roulèrent environs deux heures avant d'arriver à la limite d'un bosquet où des AMC aux couleurs kakies sécurisaient le périmètre. C'étaient les nouveaux modèles issus des expériences sur les Berserkers. Les engins aux visages inexpressifs regardaient de leurs yeux vides les environs à la recherche d'une menace absente pour le moment.
Des véhicules nouvellement arrivés sortirent une grande quantité d'homme en armes qui allèrent renforcer les armures de combat. Mais, de la troisième automobile, sorti une jeune femme en tailleur, suivi d'un homme en costume. Tout les deux avaient le visage blanc légèrement translucide où les muscles étaient visibles. Un soldat lourdement armé avec béret rouge et casque audio ne disposant que d'un écouteur et d'un micro vint à leur rencontre. Il portait une barbe derrière laquelle la bouche était à peine visible. Ses yeux bruns étaient extrêmement dur avec tout ce qu'il voyait.
« - Monsieur le consul ? Interrogea-t-il avec un salut militaire avant de se présenter, Commandant Gerhart, vos invités sont arrivés.
- Sont-ils dangereux ? Demanda Arionis
- Ils sont plutôt calme, et, sauf votre respect, je ne crois pas qu'il soit dans leur intérêt de foutre le merdier ici.
- Et pourquoi donc ?
- Qualitativement parlant, ils sont aussi dangereux que nous. Si ça merde, y'aura pas grand monde qui s'en tirera. Il vous attends dans la clairière, un peu plus loin. Il a demandé à ce que vous ne soyez que tout les deux : il désire de la discrétion.
- Et il à raison. Comment êtes-vous disposés ? Demanda Vérité à coté de lui.
- On a la lisière est. Ils ont l'ouest. J'ai dit à mes hommes d'ouvrir le feu sans retenue si ça se passait mal ou s'ils vous voyaient courir, alors ne courrez que si vous êtes vraiment en danger sinon, on comptera les cadavres.
- Excellent. Autre chose ? Demanda le consul.
- Faites gaffe. C'est tout, finalisa le soldat un peu bourru.
- Je n'y manquerais pas, reprenez votre poste Commandant. »
Pour toute réponse, le combattant hocha la tête d'un air entendu avant de rentrer dans le sous bois. Le consul se tourna alors vers sa secrétaire.
« - Vérité, ma chère, vous devrez rester à la lisière de la prairie.
- Pardon ?
- C'est ma première rencontre avec cet individu et je ne tiens pas à le froisser inutilement. Chaque chose en son temps, cependant, je laisse le micro de mon oreillette ouverte pour que vous puissiez écouter la conversation.
- Bien. Faîtes attention quand même.
- Oh ? De l'inquiétude de votre part ? Sourit l'homme.
- Oui, je ne tiens pas à me retrouver au chômage.
- Je m'en doutais. Rassurez-vous, je n'ai pas envie de mourir ici.
- Parfait. Les sites d'emploi sont saturés de chercheurs et je n'ai pas envie de les rejoindre. Allons-y. »
Il ne fallut que quelques minutes de marche au couple de diplomates pour rejoindre le lieu de la rencontre. Comme prévu, la jeune femme resta à la limite de la zone boisée tandis que le consul continuait son chemin pour rejoindre un immense et superbe pégase blanc. La conversation s'engagea immédiatement.
*
« - Mon commandant ? C'est Goust ! Vous devriez changer de canal et passer sur le dix-sept... Fit la voix d'un soldat dans le casque de combat.
- C'est pas le moment Goust. Qu'est-ce qui se passe au juste ?
- Ce n'est pas explicable commandant et, promis, je déconne pas. »
Intrigué le soldat sorti son le talkie-walkie sur lequel son casque était branché et fit bouger le sélecteur jusqu'à la fréquence pré-sélectionnée. La conversation des politiques lui fut immédiatement retransmise.
« - Ce devait être une opération conjointe ! Fit la voix grave d'Hillgearim. Qu'est-ce qui vous a pris d'envoyer cette monstruosité contre nous ?
- Je vous répète qu'elle ne devait pas être là ! Ce qui s'est passé dans le Caucase est une tragédie pour nous aussi ! Vous croyez quoi ? Qu'elle a différencié ses cibles ? Nan ! Elle s'est débarrassé de tout le monde ! Nos hommes également !
- Et la Fantasy-Circus ? Ne deviez-vous pas la faire disparaître reprit la chimère.
- Y'a eu un petit contretemps...
- Je sais, je suis au courant ! Coupa la chimère.
- Comment cela ? Demanda le consul incrédule.
- Des chimères pilotent certaines de vos machines dans cette unité je vous le rappelle ! Je sais donc parfaitement ce qui s'est passé : votre meilleure unité à prit une sévère correction ! Ne vous rendez-vous pas compte du risque que la Fantasy-Circus représente ?
- Ils sont une gêne mineure !
- Non ! Vous ne vous en rendez pas encore compte, mais ils ont de plus en plus de partisans.
- Baliverne ! Objecta le consul.
- La vérité est pourtant là : un certain nombre de chimères ont décidé de ne plus rien mettre dans la mémoire commune et tentent de rejoindre discrètement la princesse.
- Je croyais qu'elle n'avait plus aucun pouvoir dans votre société.
- Contre toute attente, son pouvoir personnel s'est déclenché. Nombreux sont ceux qui on vu le signe qu'elle appartenait toujours au peuple chimère. Et dernièrement, elle a prit un mari et l'a déclaré publiquement comme sien, comme n'importe quelle chimère.
- Ces affaires là vous concernent, moi, pas.
- Erreur : son mari est Humain, c'est l'un de vos pilotes d'essai qui s'est enfui après que vous ayez validé votre directive neuf.
- Pas grave : deux rats de laboratoire qui copulent ne me posent pas problème. Et si elle espère obtenir un quelconque pouvoir politique elle se trompe : ce type n'en a aucun.
- Vraiment ? Et si je vous disais qu'un certain ''Happy Summer'' était avec eux et qu'il s'occupe des relations publiques ? »
Le silence du Consul fut éloquent.
« - C'est une plaisanterie ?
- Je crains que non.
- Bon qu'attendez-vous de cet entretien ? Roi Hillgearim.
- Trouvez une solution pour vous débarrasser de la Fantasy-Circus dans son intégralité avant qu'ils ne deviennent trop puissant. C'est dans notre intérêt commun.
- Vous êtes drôle vous... Et je fais comment ? Ils se sont barrés et c'est la deuxième fois qu'on leur fait un coup pareil : ils ne se rapprocheront plus. Ils vont s'isoler complètement et dépérir. Nous allons les y aider.
- Nous n'avons plus le temps d'attendre, ni vous, ni moi Monsieur le Consul. Nous sommes tout les deux dans une situation critique !
- Non, pas ''Nous'' : ''Vous''. Corrigea l'homme.
- Et selon vous, combien de temps avant que ce ne soit votre tour ?
- Je verrais, mais, pour le moment, il est une menace lointaine comparée à celle, plus immédiate, des Silridriss.
- Alors vous ne ferez rien ? Demanda la chimère.
- Non. Mais si vous agissez, nous ne ferons rien non plus. Vous êtes libre de prendre toutes les mesures que vous voulez contre eux.
- Rhaaaa ! Têtus que vous êtes ! J'espère que vous ne regretterez pas cette décision !
- Soyons clairs Roi des Chimères ! Je ne suis pas l'un de vos sujets, je n'ai aucun compte à vous rendre et encore moins à vous obéir. Respectueux, oui, subordonné, non ! Vous comme moi avons fait l'erreur de penser que nous pourrions les contrôler et ensuite faire disparaître les traces de leur existence. Maintenant, je considère que nous devons prendre notre mal en patience et nous occuper de problèmes plus urgent. Effacer nos erreurs ne se fera que lorsque l'opportunité se présentera. D'ici là vous êtes libre d'agir à votre guise.
- J'ose espérer qu'il ne sera pas trop tard quand vous le ferez. »
Le commandant coupa la radio et remit la fréquence utilisée par le soldat pour le prévenir.
« - Goust ?
- Oui commandant ?
- Passe me voir à la fin de cette mission.
- A vos ordres. »
*
* *
*
Kouiros s'était adossé à la rambarde du corbeau-couronné, il aurait voulu partir avec Manuel pour récupérer des pierres Silridriss. Là, il attendait patiemment que la petite équipe partie explorer l' ''Arche'' revienne.
Le héros chimérique attendait désormais le retour de la nouvelle reine et de sa garde du corps à bord du navire. Il assurait la protection du navire avec quelques membres d'équipage. Il se doutait également que Magla avait discrètement envoyé un peu d'aide. Tout était calme, et une escarmouche avec les Hommes présents ici ne servirait à rien, et il était conscient que les hommes du chef Stein le savaient eux aussi. Manuel, Fernand et Nemaya étaient partis depuis deux jours. A la plus grande surprise de Salida, la russe lui donna le code d'accès à l'arche et lui en montra les principaux organes avant de partir. Mylène avait immédiatement emménagé dans la salle de commande de la base et débuté un inventaire complet. Ce faisant, elle avait demandé à la capitaine de surveiller quelque chose dans sa cabine. Shershalla avait emménagé dans celle-ci. L'équipage, au courant depuis bien longtemps des préférences de la capitaine se désintéressèrent du sujet. Ce ne fut pas le cas des chimères, qui furent extrêmement choquées de l'existence de cette relation homosexuelle. Même s'il n'osait se l'avouer, cela avait profondément ébranlé le bouquetin. Tout comme Salida ou Tégos, il faisait de gros efforts pour éviter de s'exprimer sur le sujet, estimant que cela ne le regardait pas... avant de faire une analogie avec la situation de Salida. Si elles sont heureuses ainsi...
- Et bien Kouiros... ça faisait longtemps. Fit une voix familière dans la mémoire du Héros, brisant ses réflexions sur le sujet.
- Sellgan ? Que veux-tu ?
- Que de méfiance...
- Je n'ai jamais vu la moindre sympathie désintéressée de ta part.
- Je t'avoue que j'ai du mal à croire que la princesse ait pris un Humain pour mari...
- Laisse les en paix. Sinon, c'est moi qui m'occupe de toi... Et de manière définitive. Grogna le héros chimérique en fronçant les sourcils.
- Reste calme. Je me suis simplement un peu outré d'avoir été rejeté au profit d'une de ces créatures. Sincèrement, qu'a-t-il de plus que moi ?
- Tu veux vraiment le savoir ? Répondit le bouquetin.
- Oui : il ne sait pas négocier, il n'a aucune conscience politique, aucun plan stratégique à grande échelle... rien.
- Alors ça va te faire un choc : il ne veut pas le pouvoir. La reine lui a fait sa déclaration il y a un moment déjà, mais il a mit un moment avant d'accepter. A priori, il ne voulait pas lui faire du mal en changeant d'avis plus tard alors il a prit soin de réfléchir avant de s'engager. Toutes les qualités que tu évoques s'acquièrent, la droiture, le courage, et la gentillesse sont innées. Et il les possèdent toutes.
- Mais le peuple... objecta Sellgan.
- Le peuple a besoin qu'on prenne soin de lui, qu'on panse ses plaies, qu'on le guide vers des lendemains plus sûrs. Pas qu'on se cache derrière lui comme le fait Hillgearim... Sincèrement, Sellgan, serais-tu prêt à affronter une armée entière en première ligne en tant que Roi ?
Le silence de Sellgan dans la discussion fut explicite. Kouiros continua :
- J'ignore totalement quel genre de Roi il deviendra. Mais, comme Shershen avant lui, il a le courage de ses actes, il ne prendra jamais le chemin le plus facile, mais toujours celui qui mène vers le bonheur à long terme. Et c'est là ce dont à besoin notre peuple... Pas d'un politicien, pas d'un général, ni même d'un scientifique ou d'un soigneur. Il faut une personne qui fera toujours de son mieux, quelque soit le domaine. Quelqu'un qui ne délaisse pas un aspect pour se concentrer sur d'autres.
- Je comprends... mais reconnaît quand même que c'est dur à accepter quand même... Dirigés par un Humain... quelle honte.
- Et si tu lui accordait le bénéfice du doute le temps de voir ce qu'il va faire ?
- Essayons. De toutes façons, nous n'avons plus le choix maintenant. Je vais faire en sorte d'en convaincre le maximum pour lui laisser le temps de faire ses preuves.
- Merci de ton aide Sellgan, même si elle n'était pas prévue, elle est la bienvenue.
- On verra la suite... En attendant, Jralerm est occupé, mais il a un message pour toi....
- Lequel ? Fit le héros en se redressant.
- Je n'ai pas très bien compris, mais il a dit que toi tu comprendrais. Il a dit : ''Le sceau fonctionne''.
- C'est parfait ! Cela ne pouvait tomber à un meilleur moment ! Salida sera ravie !
- De quoi est-il question ? Interrogea Sellgan.
- C'est assez compliqué, mais rejoins Jralerm au plus vite ! Une surprise t'attendra !
- Bien, de ton côté, fait attention au Roi. Protège-le au maximum, je sais que certains ne l'apprécient pas du tout. Ce serait dommage de le perdre alors qu'il vient d'être nommé.
- Merde... pesta Kouiros.
- Quoi ? Me dit pas qu'il n'est pas avec toi !
- Il est parti pour les Amériques... et je n'ai aucun moyen de le prévenir. »
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