4 : Éclaircissements (1/3)
Le loup blanc s'écroula comme une marionnette dont on aurait coupé les fils. Le cockpit s'ouvrit et le pilote en sortit. Il se précipita vers la tigresse sans faire attention à la situation qui, quelques minutes auparavant voyait deux escadrons prêts à s'entre-tuer. Manuel, épuisé, s'écroula et fini les derniers mètres qui les séparait presque en rampant. De son côté, Salida fit ce qu'elle put pour le rejoindre, elle clopina jusqu'à lui pour s'éffondrer à ses côtés. Les deux amants s'enlacèrent sans arriver à articuler quoi que ce soit. Dans les bras l'un de l'autre, ils pleurèrent de soulagement : pour chacun, la perte de l'autre n'aurait pas été supportable.
*
« - Bon, on fait quoi maintenant ? Demanda Aquil par radio à personne en particulier, je sais pas vous, mais moi, j'ai plus trop envie de vous mettre sur la gueule.
- Moi non plus, renchérit Fernand, mais on ne peut pas les laisser transmettre des informations aux lézards.
- Mais c'est quoi cette histoire d'infos ? Pesta Hécate dans sa machine. Qui vous a dit que nous voulions transmettre des infos à ces ordures ?
- Eh bien...
- Alerte radar, coupa Friedrich, multiples navires Silridriss dans le secteur...
- Ok, on fait une pause, on continuera cette discussion plus tard. Il faut...
- Ici Happy Summer, désolée de te péter ton moment de gloire, mais faut se tirer d'ici vite fait ! Shershalla m'a dit qu'elle connaissait cette formation, d'autre navires sont en position dans d'autres monde et sont prêts à changer de monde si ça tourne mal pour eux ici ou à nous cueillir si on se barre. Je réactive les armes du Spartacus et du Ciel d'automne. Fantasy-Circus, je suggère que vous ramassiez les blessés et les épaves puis direction le Corbeau-couronné. Fissa !
- Spartacus aux papillons. Multiples adversaires détectés, revenez, il va falloir accueillir les nouveaux invités. Nous éliminerons les traîtres plus tard.
- Traîtres ? Répondit Fernand, mais va te faire foutre ! On n'a jamais...
- La communication est meilleure quand celui-là se tait, commenta Mylène après avoir coupé le son du pilote de berserker. ''Papillons'' c'est ça ? Vos navires sont perdus, si vous voulez nous suivre pour tirer cette affaire au clair, c'est à votre convenance, on vient de trouver une solution pour se barrer. Quoi que vous fassiez, choisissez vite. Kouiros, les marqueurs sont posés. A toi de jouer ! »
*
« - Non ! Non ! Non ! Et Merde ! » Hurla Arionis en jetant sa tasse de café contre un mur. Sur l'écran, les Papillons s'enfuyaient avec la Fantasy-Circus. Les Silridriss resserraient un implacable étau autour de la petite vallée.
*
Dans le poste de pilotage du vaisseau amiral de la neuvième flotte Silridriss, Myanate jubilait. Elle avait savamment laissé les humains s'épuiser les uns contre les autres, et maintenant qu'ils étaient fatigués et calmés, elle entrait en scène. Dans les différents mondes connus des Silridriss, d'autres parties de la flotte attendaient au cas où les démons chercheraient à s'enfuir. Mais, pour le moment, les treize navires de sa force de frappe s'élançaient sur les infortunées frégates qui avaient ouvert le feu. Déjà endommagées par le combat précédent, elle ne purent même pas opposer une résistance correcte face à l'avancée de la flotte ennemie.
Les deux carcasses métalliques allèrent s'abîmer au sol, les flammes courraient le long des flancs à cause des incendies qui s'étaient déclarés dans les niveaux touchés. Dans un bruissement de métal plié après une chute de plusieurs centaines de mètres.
*
Dans le tunnel qui traversait la montagne, l'onde de choc de l'impact arriva aux oreilles des deux escadrons sous la forme d'un bruit sourd. Pourtant, personne de se retourna. Tout le monde courait à la suite de Kouiros qui traçait un chemin direct jusqu'au navire.
Les blessés furent montés en premier, puis les machines. Les Papillons installèrent leurs équipements sur le pont.
Lentement, le Corbeau-couronné commença à prendre de l'altitude.
*
Sortant de la vallée, le navire de bois orné du drapeau rouge grimpa dans le ciel le plus vite possible. Myanate les regarda avec un sentiment de puissance presque euphorique : les Démons avaient peur d'elle.
Vous ne m'échapperez pas... Où que vous alliez, ils vous attendent.
Comme elle l'avait prévu, le vaisseau de bois créa un portail et le traversa. Elle se tourna alors vers le responsable des communications :
« - Où sont-ils passés ?
- Aucune idée : je n'ai aucun rapport du reste de la flotte.
- C'est impossible. Ils sont forcément quelque part.
- Ils ont peut-être fait un saut aléatoire... suggéra le soldat. Si c'est le cas...
- Alors il y a de grandes chances pour qu'ils soient tous morts, compléta la Favorite, non, ils sont vivants, commencez les recherches : nous devons absolument les retrouver »
*
Arsear s'était armé pour le combat. Cote de mailles, toge, épée, et la broche à son cou. Toutes les navires s'étaient déployées et l'ensemble des équipages prêts au combat. Sur le pont de son navire amiral, le seigneur Silridriss cherchait du regard le cœur d'Erapha. Il était inquiet, quelque chose avait détruit les sphères de reconnaissance avec une rapidité telle qu'aucune n'avait pu voir l'assaillant.
« - Rig-rid ?
- Il arrive, et vite, mais... y'a phénomènes bizarre dans l'atelier. Soyez très prudent !
- Quel genre de phénomène ? Demanda Arsear.
- Les pierres d'Erapha rouge se vident plus vite que prévues. C'est de plus en plus flagrant.
- Est-ce que le phénomène peut être lié au cœur d'Erapha. ?
- Oui, c'est possible... Attendez... vous ne pensez tout de même pas que...
- Propulsion, demanda-t-il à un opérateur, quelle est notre charge d'Erapha. ?
- Nous avons consommé la moitié de nos réserves. La salle des machine signale qu'il y a une surconsommation. Le chef de section pense qu'il y a une fuite dans le circuit et...
- Par la Déesse-Impératrice ! Coupa Arsear, bâbord toute ! A toute la flotte : Manœuvre d'urgence ! Bâbord toute ! Vite ! »
L'équipage, entraîné à de telles manœuvres inclina le navire sur un coté tandis que les communications relayaient l'ordre d'urgence. Lentement, les lourds navires changèrent de cap. La moitié furent désactivés et s'écrasèrent au sol dans le métal et les flammes. Le seigneur des terres de Kalam et de Youris vit avec horreur les navires s'écraser au sol les uns après les autres. Dans son propre navire, ce fut la panique, l'Erapha contenu dans les pierres disparaissait à vue d'œil. Les jauges se vidaient les unes après les autres.
« - Le cœur va nous dépasser... signala Rig-rid grâce à la broche.
- On ne le voit pas ! Répliqua Arsear en cherchant des yeux l'objet responsable d'une telle catastrophe dans un ciel désespérément vide.
- Il nous double ! »
Mais le Silridriss avait beau observer l'horizon tandis que les navires s'échappaient de justesse, il ne voyait qu'une étendue vide. Seules les flammes et la moitié de sa flotte encore intacte créaient des mouvements dans ce décors vide.
Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
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* *
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Manuel, allongé sur sa couchette dans la pénombre de la pièce, somnolait, l'esprit embrumé par le souvenir de la bête. Il n'osait vraiment croire ce qui s'était passé. La sensation brûlante de la haine et de la puissance qui en avait découlé avait failli le tuer.
Pourquoi ai-je pété les plombs ?
Telle une réponse de l'univers à cette question, Salida entra. Comme à son habitude, elle grimpa sur le lit superposé pour vérifier l'état du jeune homme. Manuel posa tendrement la main sur la joue de la chimère. Elle lui sourit avant de se glisser sur le lit tout contre lui.
« - Je ne savais pas que tu tenais autant à moi »murmura-t-elle en glissant son museau dans son cou. »
Lentement, Manuel se dégagea, et plongea son regard dans les iris d'argent de la créature hybride. Il vérifia les quelques bandages et le pansement sur le dessus de la tête avant de parler :
« - Comment est-ce que...
- Lorsqu'elle à tourné la tête vers moi, j'ai tout de suite compris qu'elle allait m'attaquer. Je n'étais pas sûre qu'elle m'ait repérée. Mais sa découpe au laser, je ne pouvais pas l'éviter. J'ai ralenti le temps nécessaire pour sortir de ma machine. L'onde de choc... je ne l'avais pas prévue. Ça m'a mise K.O. quelques minutes, et occasionné quelques hématomes. Pour le... »
Le jeune pilote embrassa avec tendresse la princesse comme pour s'assurer de sa présence en vie dans ce lit. D'abord la bouche, puis le cou, la chimère prit un plaisir non masqué à ces preuves d'amour.
« - Manuel ? Qu'est-ce que tu fais ? » souffla-t-elle en sentant sa combinaison de pilotage s'ouvrir lentement. Elle s'était déjà retrouvée nue avec lui, pourtant, il y avait dans cet instant particulier, quelque chose de différent.
« - Ce que j'aurais dû faire depuis un moment déjà, répondit-t-il de la même manière.
- Est-ce que tu te rappelles à quoi cela t'engage ?
- Oui, si tu veux de moi bien sûr. »
En guise de réponse, la chimère guida une main du pilote dans sa combinaison, juste sous le sein. De son autre main, elle le rapprocha d'elle pour l'embrasser.
*
* *
*
Le consul s'était installé dans son bureau dés la fin des combats. Il réfléchissait aux solutions envisageables pour conserver son autorité. La Fantasy-Circus s'était enfuie avec les Papillons. Il restait une faible chance pour que ces derniers accomplissent leur mission, dans le cas contraire, il devrait prendre les mesures nécessaires. Il devait justifier ses actes auprès du grand public, discréditer la Fantasy-Circus et s'en occuper plus tard.
Sa secrétaire entra dans la pièce sans frapper.
« - Bonjour Monsieur.
- Bonjour Vérité, quelle heure est-il ? Demanda Arionis en constatant le soleil levant sur la ville de Bordeaux.
- Il est huit heures moins dix. Je vous rappelle votre emploi du temps de la journée : à neuf heures, réunion d'état-major, elle devrait prendre toute la matinée. Cet après-midi, visite d'un hôpital militaire, puis conférence de presse. Ce soir, vous avez également une entrevue de prévue avec le roi Hillgearim. Il demande toujours des explications sur ce qui s'est passé dans les Balkans.
- Il m'emmerde. J'ai d'autres problèmes pour le moment. Rien ne s'est passé comme prévu hier, fit le consul en se dirigeant vers une salle de bain cachée derrière un faux mur.
- Rien ?
- Non, rien. Lancez dés maintenant la campagne d'information sur la Fantasy-Circus. Décrédibilisez-les auprès de l'opinion publique.
- Bien monsieur. Je vous laisse vous préparer. Je repasse dans une demi-heure. »
*
* *
*
Assis en cercle, Fernand, Nemaya, Kouiros, Mylène, Hécate, Daniela et Oneshot discutaient. Le pont du navire était légèrement incliné sur tribord et s'adossait à une colonne rocheuse. Après le changement de monde, le corbeau-couronné était tombé comme une pierre. Un système d'urgence s'était déclenché, limitant l'impact au minimum. Mais l'absence d'Erapha. pour alimenter les pierres bleues du navire avait surpris tout le monde. Shershalla avait réussi un tour de force en posant le navire de bois sans casse en haut d'une montagne. Par miracle, personne n'avait été sévèrement blessé durant la dernière manœuvre. En revanche, quatre corps étaient allongés dans des sacs mortuaires sur le pont. Trois papillons, et Mohamed de la Fantasy-Circus ne verraient pas la fin de la guerre. Cyclope et Maximilien regardaient les décédés les pensées lourdes des conséquences de la bourde faites en haut-lieu. Le commando fumait une cigarette en comprenant les derniers ordres du professeur Belamour... Mais la scientifique n'était plus là pour lui rendre compte.
Il était seul.
« - C'est à n'y rien comprendre... marmonna Fernand un papier entre les mains. Cette simple phrase sortit les deux observateurs de leurs sombres contemplations.
- C'est complètement fou... Confirma Hécate en secouant la tête.
- J'ai l'impression qu'on s'est foutu de notre gueule. Et bien hein ! Et nos potes qui sont morts pour des conneries...
- Quand même, nous envoyer nous battre les uns contre les autres... c'est vraiment dégueulasse, fit Mylène. Comme si nous n'avions pas assez des Silridriss...
- Hé ! Coupa Shershalla. Seule l'Impératrice est responsable de ce bazar.
- Comment ça ? Demanda Daniela.
- Ha oui, Manuel et moi avons reçu un message de papa sur le dogme religieux Silridriss. Il y explique clairement la manière dont l'Impératrice s'y est prise pour asseoir son autorité et de ses pouvoirs divins. Au fait, vu que tu es de la même génération que papa, qu'est-ce que mille-neuf-cent quatre-vingt-quatre évoque pour toi ?
- Une date.
- Rien d'autre ?
- Pas pour le moment pourquoi ?
- Manuel et moi pensons qu'il a voulu nous transmettre un message caché, ça ne te dit rien ?
- Non. Mais qu'est-ce qu'il a dit au juste ? Demanda Daniela
- Il ''évoluait en plein milieu de dix-neuf-cent quatre-vingt-quatre''
- Dix-neuf-cent quatre-vingt-quatre est aussi un livre.
- Non ? Fit Mylène incrédule.
- Si, c'est un classique de la science-fiction. Ça parle d'une guerre entre état totalitaires je crois.
- Oh merde... Et je suis passé à coté d'un truc aussi basique. Fit Mylène de manière rhétorique avant que son regard se pose sur la combattante russe. Et toi ? J'ai essayé de te contacter un nombre incalculable de fois... Pourquoi n'as-tu pas répondu ? »
La guerrière se contenta de soulever un sourcil, ne comprenant pas vraiment de quoi la jeune femme parlait.
« - Laisse Happy Summer, intervint Hécate. Elle ne parle pas.
- Parle pas ? Mon cul ! Nous avions un accord. Explique-toi ! »
Joignant le geste à la parole, Mylène colla la tablette numérique qu'elle avait entre les mains sur le ventre de la russe avec violence sans être franchement agressive.
''C'était les ordres.'' Écrivit la muette avec rancœur sur cet acte.
« - Et je voulais te dire que c'était contradictoire, mes ordres devaient être prioritaires par rapports aux leurs. »
''Je n'ai rien reçu de ta part.''
« - Exact, tu as coupé toutes tes communication. Cherche pas, j'en ai la preuve ! Et la prochaine fois que tu me fais un coup comme ça, je te garanti que je m'occupe de ton cas. Plus d'entourloupe ! Clair ?
Nemaya hocha la tête et la pirate reprit vivement sa tablette.
« - Bon, je vous laisse, je vais étudier la piste du livre... »
Joignant le geste à la parole, elle se leva et prit la direction de l'intérieur du navire.
« - On, on fait quoi nous ? Demanda Fernand.
- Moi, j'ai trop chaud dit la capitaine du navire, je ne tiens plus, je dois rentrer, désolée.
- J'ai vu des ruines un peu plus loin, déclara Oneshot. Je serai d'avis d'aller y faire un tour.
- Je te suis, répondit Tégos.
- Moi aussi, ajouta Kouiros.
- Je viens également, termina Hécate.
- J'arrive, mais faites attention, déclara Fernand aux chimères. Ici, il n'y a pas d'Erapha. Donc, pas de pouvoir chimérique.
- T'inquiète, on fera à l'ancienne, répondit l'ancien commando qui s'invitait aussi dans l'expédition.
- A l'ancienne ? Demanda Daniela inquiète.
- Une exploration à la machette et au fusil. »
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