2 : "Caprice chaud" (1/3)

En approchant de la cité Silridriss capturée, l'ADAV commença à pencher sur le côté droit. Il fut vite remit en place par son pilote, mais il pencha derechef. La nuit n'aidait pas vraiment aux manœuvres délicates, sur la piste marqué du célèbre H, un opérateur faisait de grands mouvements avec des torches lumineuses pour donner les information pour un atterrissage correct. Malgré ça, l'engin avait des difficultés pour conserver son assiette. Après moult essais et corrections, l'avion se posa.

Le responsable de la piste se précipita auprès du pilote tandis que les hélices ralentissaient leurs mouvements et que les soutes de transports s'ouvraient.

« - Qu'est-ce que vous foutiez bon dieu ? Vous avez failli vous foutre en l'air avec vos conneries ! Lui adressa-t-il avec colère par la petite fenêtre ouverte.

- Je voudrais bien t'y voir toi ! Avec un truc pareil sur un côté c'est un miracle de nous être posé sans casse ! » Répondit le pilote avec un signe de pouce vers le chargement.

Le chef de piste vit alors descendre du véhicule un escadron complet de machines étranges, aux visages humains et sans émotions tels les masques blancs de Venise. Les formes qui les composaient étaient douces et arrondies, et dans leurs mouvements, il était clair que ces machines n'avaient rien à voir avec les modèles classiques. Plus agiles, plus précis, ils se déplaçaient quasiment sans aucun bruit.

« - Non, de l'autre côté ! » Précisa le pilote.

Au milieu de ces étranges machines, l'homme vit alors émerger un modèle vraiment étrange : semblable à une créature anthropomorphique, il représentait un loup gris avec un œil vert, le second étant remplacé par un énorme objectif de caméra dont l'intérieur rougeoyait d'une lueur étrange.

« - Putain... Encore un ?

- Vous avez ce que c'est ? Demanda le pilote, ce truc pèse un âne mort. J'espère que ce sera utile.

- Cet engin, c'est la bête noire des lézards. Mais pourquoi on n'en a qu'un ? Pourquoi est-ce qu'ils ne lancent pas la production en série ? »

*

* *

*

Le Silridriss se déplaçait rapidement dans les coursives du navire volant. Il atteignit rapidement la porte du bureau du commandant du navire. Il frappa à la porte, attendit le ''Entrez'' nécessaire avant d'ouvrir énergiquement la porte. La Favorite était là, dans dans une toge simple.

« - On en tient un.

- Un seul ? Où sont les autres ?

- On n'en sait rien. D'autres machines de combat ont débarqués avec elle. Elles sont... bizarres.

- A quel point ?

- Je vous laisse seule juge, Ô favorite. » répondit le saurien en donnant une plaque de cristal orange sur lequel les nouvelles machines évoluaient.

La Silridriss laissait légèrement sa peau briller en signe d'animosité à l'égard de l'image devant elle.

« - La troisième machine,..., commenta-t-elle face au loup gris en armure décorée à l'orthodoxe. Pas d'engagement, on la suit, ne la perdez pas de vue. Quand aux autres machines... as-t-on des informations sur elles ?

- Non, mais elles semblent de bonne qualité.

- Les sarbacks devraient pouvoir s'en débarrasser. Les Kalieks se concentreront sur les démons d'Alikaross, objecta la Favorite, autre chose ?

- Oui, nous n'avons pas reçu de ravitaillement depuis le mois dernier. Les humains attaquent nos lignes arrières par petits groupes. Ils font de gros dégâts matériels. Nos renforts sont harcelés par de petites équipes très mobiles. Ils ne finissent pas toujours la bataille, ils partent avant.

- Pourquoi les troupes ne les poursuivent pas ? Ils doivent les exterminer !

- Ils ont essayé, Ô favorite, répondit le garde inquiet de sa sauvegarde. Mais généralement c'est pour tomber dans un piège pire encore. »

Myanate se calma en quelques instants avant de réfléchir calmement.

Comment Arsear s'y prendrait-il ? Il commencerait par chercher des informations.

« - Quel est ton nom guerrier? murmura-t-elle

- Alfijag votre seigneurie.

- Et bien Alfijag, tu vas me chercher un des prisonnier que nous avons fait. Un mâle, en bon état, le plus haut rang disponible et tu me le ramène ici rapidement sans l'abîmer. J'ai envie de m'amuser un peu...

- Bien Favorite. » Fit le garde en se précipitant vers la porte.

Il revint au bout de quelques minutes dans le bureau avec un homme dont les mains étaient attachés dans le dos. Il jeta l'homme au sol. C'était un homme de trente-cinq ans, une barbe naissante et des cheveux coupés aux cinq millimètres réglementaires. La combinaison était tâchée de sang.

« - Je t'ai dit de faire attention, hurla la favorite dont les écailles s'étaient recouverts d'or de colère.

- C'est le cas ô Favorite : ce sang n'est pas le sien. » S'excusa le fautif avant de se faire éjecter de la pièce avec violence.

L'homme se contorsionna pour voir l'infortuné cogner avec violence le mur du couloir. La porte claqua immédiatement après et une clef étrange tourna dans la serrure. Le soldat vit alors la clef arriver dans la main de la Silridriss. Avec terreur, il comprit qu'elle n'était pas un adversaire normal. Il se sentit se faire relever pour prendre la position à genoux. Elle flotta un instant et s'installa dans la même position en face de lui. Avec sa main, elle lui fit tourner la tête à droite et à gauche.

« - Ça ira : tu n'as pas trop l'air amoché... Quel est ton nom esclave ? murmura-t-elle.

- Erik ... Erik Klamosten, répondit-il sans pouvoir détacher son regard des yeux jaunes.

- Quel est ton rang Erik Klamosten ?

- Je suis... Major.

- Pourquoi est-ce que vos troupes fuient le combat ?

- Je ne...

- Avant que tu ne répondes, coupa la Silridriss, laisse moi te préciser que tu joues à un jeu : si tu me prends cette clef, tu seras libre de sortir et de t'enfuir. Si tu réponds à toutes mes questions, je te la donnerai. Si tu n'y réponds pas, je retirerai un vêtement. Si nous nous retrouvons nus, nous ferons ce que font deux individus de sexes différents lorsqu'ils sont dans cette situation. Alors ? »

L'homme réussi à détacher son regard de la Favorite quelques instants pour la jauger de haut en bas. Il ne comprenait pas où était le piège. Mais l'idée de réaliser cet acte physique avec une Silridriss ne l'engageait pas vraiment.

« - Je vois que tu ne connais pas encore les mœurs de mon espèce... On abandonne le jeu et on va remédier à cela. Ensuite, tu me diras tout ce que je veux savoir... »

D'un claquement de doigts, la combinaison de pilotage de l'homme se déchira et fut envoyée à tout les coins de la pièce, ses fers rebondirent au sol dans des bruits métalliques. La tunique de la favorite tomba elle aussi, mais aussi délicatement qu'un pétale de fleur. « ... Rappelle-toi : tu peux toujours prendre la clef. »

Peu rassuré, le soldat prit une position de combat à main nues, la favorite eut un sourire sadique. Quelques instant plus tard, le prisonnier hurlait de douleur derrière la porte du bureau.

*

* *

*

« - Alors, tu t'en sors ?

- Salut Fernand. Pas vraiment, j'arrive pas à être réceptif à ce truc. »

Dans le kiosque arrière du navire, dans la petite cantine, Manuel cherchait à comprendre ce que son père leur avait transmis. Mais il s'intéressait plus à ce qui se passait dans la pièce qu'au document en lui-même. Son ami s'était installé en face de lui avec deux canettes.

« - C'est dur à lire ?

- Tu ne peux pas imaginer...

- Ou alors tu as du mal à te concentrer à causes de facteurs extérieurs ?

- Comment ça ? »

Fernand se retourna pour se placer dans le même sens que Manuel. De là où il était, il voyait la tigresse dans la cuisine. La dryade commis de cuisine lui apprenait la préparation d'un plat exotique pour l'équipage.

« - Une idée en l'air... Juste comme ça, fit le combattant en se retournant le sourire au lèvres. C'est marrant quand même qu'elle se soit trouvé une occupation qui lui plaise... Et une qui n'a rien à voir avec les chimères qui plus est.

- Du moment qu'elle se change les idées, moi, ça me va. La vie n'a pas été tendre avec elle.

- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais y'a de plus en plus de couples qui se forment à bord.

- C'est un problème selon toi ? Demanda Manuel.

- Tant que personne ne s'approche de l'infirmière, tout va bien, sourit-il en ouvrant les canettes. Daniela m'a dit que c'était normal : une forte promiscuité dans un milieu clos avec un risque élevé de mort violente... Ça crée des liens. C'est psychologique à ce qu'il paraît. Une histoire d'évacuation du stress ou un truc du genre... Sinon, ton pavé ? Demanda-t-il en faisant référence au document affiché devant Manuel.

- C'est un mélange d'histoire et de mysticisme... Y'a pas grand chose qui m'a marqué. Pour le moment, juste un point : la manière dont Estelarielle est arrivée au pouvoir.

- C'est qui ?

- C'est la Déesse-Impératrice, répondit Shershalla en s'installant à leur table.

- Euh... Qui pilote ? S'inquiéta Manuel.

- Calianne. N'ait pas peur, elle sait très bien diriger un navire... Mais vas-y ça m'intéresses : qu'est-ce qu'un Humain peut bien penser de notre Histoire ?.... Poursuis.

- En gros, Estelarielle était une princesse d'un royaume mineur dans le monde d'origine des Silridriss. A l'époque, les guerres étaient très fréquentes, presque de l'ordre du normal. Les massacres étaient monnaies courantes... Son frère et son père sont morts au champ d'honneur. Elle s'est imposée comme dirigeante et a demandé aux équipes de mages de mettre au point une arme pour défendre le petit royaume. Ils créèrent un truc nommé ''Klastlabad'' auquel tout les habitants furent amenés à participer. L'arme était imposante, quasiment une ville entière. La cacher à la capitale eut été la montrer aux yeux de tous, même d'espions qui transmettraient les plans aux autres forces. Un village éloigné fut choisi pour héberger et assurer la protection du ''Klastlabad''. L'ensemble fut enfermé dans une bulle de protection temporelle et encerclé de fortifications... »

Autour des trois personnages, les esclaves de l'équipage se regroupèrent en comprenant que le discours sur l'origine de l'impératrice était différent de ce qui leur avait été enseigné.

« ...Dés la première tentative d'invasion, poursuivit Manuel, le Klastlabad fut employé. Le résultat de la guerre fut déterminé dés la première bataille : Les armées ennemies furent vaporisées. Le royaume ne fut plus jamais inquiété. Mais, devenu un endroit sûr dans un monde en conflit quasi-perpétuel, il se retrouva bien vite à recevoir tout les réfugiés des royaumes voisins. Pour nourrir tout le monde, ils durent se rendre à l'évidence : ils manquaient d'espace vital. Le besoin fut tel que l'Impératrice dû mener des guerres de conquêtes. Avec le Klastlabad, ce fut une formalité. D'abord quelques royaumes, puis les empires, et enfin, la planète entière. Pour palier aux dissensions, l'Impératrice installa un dogme religieux à son égard.

Cet état dura un temps, mais les Silridriss ne tardèrent pas à reprendre les conflits internes entre maisons nobles. Et cela empira... Pour palier aux besoins agressifs de son peuple, elle s'attaqua aux marginaux et aux hérétiques, ceux qui vivaient tranquillement furent exterminés sans vraiment comprendre pourquoi. A la grande tristesse de l'Impératrice, les conflits reprirent peu après, chacun cherchant des noises aux autres. L'Impératrice s'est retrouvée coincée, les dogmes religieux qu'elle avait crée étaient compris de travers et tous voulaient tuer en son nom.

Une expérience ratée ouvrit le premier portail. Un monde océan, très peu de terres..., et un peuple pacifique vivait au fond des mers : les sirènes..., voilà, j'en suis là.

- Ah bah putain... ils voulaient vraiment se mettre sur la gueule ces loustics, commenta Fernand.

- C'est... Je..., murmura Shershalla visiblement aussi choquée que le reste de l'équipage présent.

- Oh ? Shershalla ? Ça va ? Demanda Manuel en voyant la Silridriss se tenir à la table pour éviter de tomber.

- Oui, c'est juste que... c'est très différent de ce qui nous est enseigné. Tout Silridriss doit apprendre l'histoire et le dogme. C'est... Une autre vision que tu donnes sur ce qui s'est passé.

- Tu peux nous en dire plus ? Interrogea Fernand.

- L'Impératrice est bien une fille de roi, mais elle a rallié les autres royaumes pacifiquement. Et le premier monde conquis fut celui des gnomes, pas d'un monde-océan. Il y a bien une référence à un village maudit par l'Impératrice et condamné à revivre la même journée dans sa bulle pour l'éternité, mais... Il n'y a aucune trace d'un quelconque matériel. Est-ce qu'il est décrit comment est-ce qu'il fonctionne ?

- Euh... Fit Manuel en tournant quelque pages. C'est un genre d'accumulateur d'Erapha, une fois par mois, les habitants doivent aller toucher une pierre dans un temple. Une partie de leur Erapha leur est prélevé et envoyé au Klastlabad pour y être stocké.

- La communion, murmura un esclave comme pour dire ce que tout le monde dans la pièce pensait.

- Comment l'Impératrice a fait pour traverser le temps ? Demanda un autre esclave.

- Elle utilise l'Erapha du Klastlabad pour rester éternellement jeune.

- Mais c'est une arme, objecta un autre.

- Non, un immense accumulateur, corrigea Manuel, c'est son utilisation qui diffère.

- Alors l'Impératrice,... n'est pas une Déesse ? Demanda un autre esclave.

- Je crains que non, du moins, pas d'après ce document. Pour un peu, je la plaindrai. Elle voulait le bonheur de son peuple, d'un monde en paix, mais c'est allé de mal en pis. Elle a fini par générer un cauchemar sans fin. Shershalla ? »

A ses côtés, la Silridriss avait levé son visage vers le plafond et le regardait d'un air absent. Des larmes avaient tracés des sillons sur ses joues et couraient sur le cou. Elle n'avait pas lâché la table et la tenait toujours fermement.

« - Oh, Shersha... commença Fernand.

- C'est bon, murmura-t-elle, je vais bien. C'est juste un choc, découvrir que le monde dans lequel je vie depuis toujours n'est qu'un vaste mensonge... Si l'Impératrice est bien une Silridriss comme les autres, le dogme qu'elle a défini, est... aussi faux qu'elle, n'est-ce pas ? »

Manuel hocha la tête tandis que la capitaine continuait :

« ... Et dans ce cas, je ne suis pas une Silawësis non plus... Mais qu'est-ce que je suis ?!

Aucun des deux humains ne sut de quoi parlait réellement la capitaine. Par conséquent, aucun ne sut quoi dire. Les autres membres d'équipages virent leur capitaine totalement décontenancée et sans aucun repères. Pourtant, parmi eux, le golem qui avait joué les portiers lors de leurs première rencontre prit la parole :

« - Vous êtes Shershalla, capitaine du ''Corbeau Couronné''. Celle pour qui chaque personne dans cette pièce est prête à donner sa vie.

- Merci Grem, mais tu ne m'aides pas là... J'ai besoin de me reposer. »

Joignant le geste à la parole, la Silridriss se leva et se déséquilibra immédiatement. Bousculant tout le monde, le golem la retint d'une poigne solide.

« - Je vais vous aider capitaine.

- Ça ira Grem.

- Je le sais, puisque je vais vous aider. Allons-y. »

Tandis que la créature minérale sortait avec la capitaine dans les bras, Manuel se leva et alla au poste de pilotage. Calianne était là, les mains sur des leviers de bois.

« - Est-ce que tout va bien ? J'ai entendu des cris...

- Oui, tout va bien. Même si on a encore du mal à comprendre ce qui se passe.

- Comment ça ?

- Attends deux minutes..., reprit Manuel en prenant l'interphone. Mylène? C'est Manuel, décroche.

- Qu'est-ce qui se passe frangin ? Répondit l'interphone.

- Je sais pas trop. Shershalla n'est pas bien. Je sais que tu t'entends bien avec elle, essaye de savoir ce qui ne va pas. Si besoin, emmène-là à l'infirmerie.

- A merde ! Bon, je vais voir ça.

- Merci Mylène, oublie pas de me tenir au courant.

- Pas de problèmes, fini sa sœur tandis que le jeune homme raccrochait le micro.

- Bon, dis-moi ce qui se passe maintenant. »

Lorsqu'elle se retourna pour savoir si l'humain avait bien entendu sa requête, elle constata qu'il était perdu dans ses pensées.

« - Manuel ?

- Hein ?! Euh oui... Mon père m'a envoyé un document qui raconte l'histoire Silridriss en me disant qu'il s'agissait de leur dogme. Mais... il y a des différences notables. Assez pour choquer la capitaine du moins.

- Quel genre ?

- Du genre à bousiller l'aura d'une déesse, termina Manuel avant de repasser la sortie.

- Attends !

- Quoi ?

- Je fini mon quart dans deux heures, est-ce que tu pourras m'expliquer plus en détail tout ça ? Devant un verre par exemple...

- J'ai pas tout compris encore. Mais dés que c'est le cas, promis, j'en parle à tout le monde. » Conclu Manuel avant de retourner dans le mess.

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