19 : Mise en branle (1/3)
Lorsqu'il pénétra dans le monde onirique, Manuel ne put que constater les nouveaux systèmes de défense. Des balistes et leurs servants couvraient les remparts et cherchaient d'hypothétiques menaces. Les patrouilles s'étaient renforcées et les soldats se déplaçaient sans discontinuer. Nul besoin pour lui de demander les raisons d'une telle débauche de sécurité, il le savait, le sentait au plus profond de son cœur, ses enfants vivraient, il les protégerait jusqu'à son dernier souffle.
Dans la cour du château, le jeune homme et le loup blanc s'étaient posés pour profiter du frais que le ciel bleu leur fournissait. Un peu partout, le Gleipnir courait en bandes dorées sur les murs et le sol comme du scotch sur un vase brisé puis réparé à la hâte.
« - Tu es sûr que ça va tenir ? Avait demandé Manuel.
- Oui, tant que personne n'y touche. C'est assez instable, mais tant qu'il n'y a pas de perturbations, ça ne bougera pas. Je sens que tu as plein d'idées...
- Est-ce que tu peux créer une quinzaine d'emplacements mémoire s'il te plaît.
- Autant ? s'étonna le loup.
- Je prévois aussi leur mise en application, je vais avoir besoin de place pour les prototypes.
- Juste une petite question : as-tu la plus petite idée de ce que tu vas créer ?
- Oui, pourquoi cette question ?
- Je sais ce que tu as en tête... ma question portait sur les conséquences à long terme, pas sur les horreurs qui vont sortir d'ici. »
Manuel se mit à réfléchir au milieu du magnifique jardin, mais il refusa d'aller plus loin dans ses réflexions.
« - On verra ça plus tard. C'est maintenant que nous avons besoin de ça. L'impératrice nous trouvera un jour où l'autre. Il faudra que nous puissions nous défendre quand elle sera là. »
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Comme toutes les forges Silridriss, le quartier aux esclaves était situé en plein cœur des massives installations. Quelques dortoirs étaient éparpillés ça et là, à quelques endroits pour des spécialistes particuliers, mais le secteur majeur était là. Les services annexes communs qu'étaient la distribution de nourriture, d'eau et l'accès aux sanitaires s'effectuaient précisément dans ce lieu au centre de la production, mais aussi point où les polluants étaient toujours présents. Une ville dans l'immense machinerie, les familles y vivaient dans la terreur, dans l'insécurité et la misère. Un épais brouillard noir recouvrait les rues où les ombres des créatures aussi diverses que variées vaquaient à leurs occupations sous les lumières rougeoyantes du fonctionnement de la forge ou de celles filtrant entre les volets d'une fenêtre fermée. Dans une grande rue, une porte richement décorée trônait là, deux flammes rouges brûlaient de part et d'autre, éclairant l'accès de manière suffisamment forte pour que tout ce qui se trouvasse dans les dix mètres autour fusse aisément reconnaissable. Pourtant, nul individu ne s'attardait dans l'aire illuminée. Tous cherchaient ou à l'éviter ou à le traverser en vitesse, terrifiés à l'idée de ce qui pourrait sortir de l'accès pour le moment fermé.
Soudain, la porte s'ouvrit.
Tous ceux qui se trouvèrent dans la zone, se précipitèrent hors de vue encore plus rapidement. Les deux gardes ne firent même pas attention à ce qui se déroulait là. Ils trainaient avec eux le corps d'une Silridriss écaillée et vêtue d'une robe de bure et la jetèrent sans ménagement au milieu de la place. Le corps de la pauvre créature heurta le sol avec une violence que seule son incroyable constitution naturelle lui permit d'endurer. L'un des deux guerriers lui cracha dessus avant que son compère et lui ne quittent les lieux par le même accès que celui par lequel ils étaient entrés.
Myanate resta ainsi de longues minutes avant de chercher à se relever. Mais même ainsi, ce ne fut qu'essais sans succès. Elle réussit tout de même à se retourner pour voir le ciel couvert par les fumées. L'ancienne favorite de l'Impératrice avait mal dans toutes les parties de son être, jusque dans son intimité. Le simple fait de respirer la faisait souffrir, peut-être qu'une ou deux côtes avaient été brisée lors de son dernier molestage. Elle se jura intérieurement de massacrer tous ceux qui l'avaient tourmenté lorsque cette histoire serait finie. Le premier sur la liste serait Ragoune, le maître des forges. Mais il y avait plus urgent : elle devait manger et dormir.
C'est dans ces pensées chargées de revanche que son visage cessa d'être éclairé par un esclave qui s'approchait. Son pas lent et pesant laissait à penser que sa densité était élevée.
Il n'exprima aucun propos, ne fit aucun bruit. Il se contenta de s'approcher du corps meurtri et, toujours avec la même lenteur dans ses mouvements, son énorme main de golem l'attrapa sans ménagements par le vêtement au niveau de la poitrine. La Silridriss fut décollée du sol sans effort avant que la créature ne pénètre plus avant dans la pénombre polluée. Pas après pas, il se dirigeait, impassible et inéluctable, dans le labyrinthe glauque du quartier des esclaves.
Trop faible et trop douloureuse pour exprimer son désaccord, Myanate se laissa porter par la créature qui finit par entrer dans une maison sans avoir frappé à la porte. L'ambiance intérieure était très différente de celle qu'il venait de quitter. Dans l'horreur de leurs conditions, les esclaves de ce logement avaient réussi à créer un peu de confort avec ce qu'ils avaient pu trouver çà et là depuis des générations. C'était accueillant, cosy et chaleureux. La pièce principale disposait de tables et de bancs. Dans un coin, un feu brûlait tranquillement au-dessus d'une marmite.
« - Euh... Tork ? fit une voix dont la provenance restait à identifier.
- Oui ? Répondit le Golem sur un ton sombre.
- Je peux savoir ce que tu fais ?
- J'amène quelqu'un.
- Euh... Oui. Ça, je le vois bien. Mais, pour quelle raison ? Je veux dire, personne n'a donné son accord.
- Parceque Kaloushine est seul. Il a besoin de compagnie, déclara la créature comme une évidence.
- Si Kaloushine avait besoin de quelqu'un il l'aurait dit, tu ne crois pas ?
- Non. »
Avec une attention toute particulière, le Golem nommé Tork déposa Myanate au milieu de coussins faits de pièces de tissus récupérés. La sensation de quelque chose de doux et de confortable sur sa chair meurtrie, Myanate l'avait oubliée. Ce contact, dans cette pièce chaude et accueillante, la plongea immédiatement dans un repos réparateur et sans douleurs tandis que les derniers propos de l'autre interlocuteur frappaient ses tympans.
« - J'espère juste que tu ne fais pas une bêtise là... »
*
Au plus profond du sous-sol de la cité d'argent, les chimères venues avec la délégation s'activaient sous le regard inquiet des techniciens gérant l'accès au Mastodonte. Au début, curieuses, elles s'étaient engagées dans cet immense couloir rectiligne pour constater les ténèbres sans fins dans lequel le passage était plongé. Certaines étaient même revenues un peu inquiète de ne pouvoir identifier le fond du passage à plusieurs centaines de kilomètres d'un côté ou de l'autre. L'imagination était prompte à créer une peur quasi lovecraftienne face à ce qui pouvait potentiellement peupler les profondeurs invisibles.
Elles avaient pourtant installé du matériel que nul dans la cité d'argent n'avait la capacité de comprendre. Mais le portail fut ouvert vers le monde qu'elles avaient annexées à la suite du massacre des sirènes. A leur grande surprise, et malgré la profondeur, le passage s'ouvrit vers un accès à l'air libre. Mais ce soulagement fut de courte durée en constant que le portail s'était ouvert au fond d'un ravin qui montait en pente douce jusqu'à la surface presque cent mètres plus haut.
Les traces sur les bords du ravin n'étaient pas maquillées : L'accès avait été volontairement creusé.
Était-ce pour eux ? La réponse affirmative les mettait mal à l'aise. Une partie de l'équipe en doutait mais il n'y avait aucun contre-argument à présenter. Le Chef d'équipe fini par faire un rapport qu'il glissa dans la mémoire avant de contacter le diplomate pour lui annoncer que les accès étaient finalisés. L'évacuation de la zone dévastée pouvaient commencer.
Pour de nombreuses chimères, les preuves qu'une autre faction était à l'œuvre à travers le temps pour les aider dans le conflit. Mais jusqu'à quel point avaient-ils pu prévoir leurs actions. Comment, avec un tel avantage stratégique, ces derniers avaient-ils perdu la guerre ?
Toutes ces interrogations furent stoppées lorsque la délégation du gouvernement central, menée par le commandant Higas entra dans la zone. Ils portaient armes et bagages, mais ils s'installèrent dans un coin et attendirent patiemment sans s'approcher trop proche du portail.
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Assis à son bureau, Arsear regardait les rapports de sa flotte volante. Dans un coin de la pièce, des têtes de Silridriss, découpées depuis un petit moment, trônaient telle une mise en garde visuelle aux éventuels invités désobligeants. Le sang avait coulé avant d'être nettoyé, et l'opération répétée jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'éléments liquide qui s'évacuerait sur le meuble dessous. Une odeur de pourriture emplissait l'air ambiant tandis que les morceaux de corps se décomposaient lentement, avec parfois l'aide de quelques insectes nécrophages. Mais cela ne dérangeait pas vraiment le Seigneur des Terres de Kalam et de Youriss. Bien au contraire, cela provoquait chez lui une ambiance propice à la relaxation et à la réflexion poussée.
Il n'eut pas besoin de se retourner ni de relever la tête pour deviner qu'une autre personne était dans la pièce avec lui. Et son sang ne se glaçait qu'en présence d'une seule interlocutrice.
« - Bien le bonjour Seigner Arsear, se présenta Estelarielle avec une voix douce.
- C'est un plaisir de vous voir Ô Déesse-Impératrice... » Déclama Arsear en voulant se lever pour Saluer la souveraine.
D'un geste, cette dernière lui fit signe de ne pas se lever, le protocole pouvait ne pas être respecté à cet instant. Arsear comprit aussi qu'il ne s'agissait là que de l'image de cette dernière. Présente visuellement sans être physiquement là, cela lui permettait de gérer l'empire sans vraiment se déplacer. Elle portait une ses riches parures dorées dans lesquelles l'Impératrice aimait se draper. Son pouvoir lui permettait de générer une légère aura dorée qui augmentait d'autant son aspect divin.
« ... Que me vaut le plaisir de votre présence au sein de ma modeste flotte Ô Déesse-Impératrice ?
- Je viens prendre des nouvelles de mon nouveau favori. Savoir si votre ascension a été très rapide. Et je voulais m'assurer que tout se passait bien dans l'exercice de vos nouvelles fonctions.
- Et bien, comment dire Ô Déesse-Impératrice. Deux points ont récemment retenu mon attention : un début de rébellion au sein de la quatrième flotte et une demande aux archivistes... rien de plus. Je devrais bientôt de nouveau disposer de Kalieks, ce qui me permettra de reprendre le combat contre les démons d'Alikaross.
- Justement, les archivistes m'ont signalé votre étrange requête. Les plans du plus secret des systèmes qui régit notre société. Pour quelle raison nécessitez-vous de telles informations ?
- Les démons d'Alikaross ont, par maintes fois, prouvés leurs capacités à faire des dégâts et à frapper nos installations stratégiques, parfois avec des méthodes bizarres. Toujours est-il qu'ils ont rarement manqués leurs objectifs. J'ai besoin de savoir dans quelle mesure cet équipement est vulnérable, et les points d'attention si des actions étranges venaient à être employés contre ce dernier. Je dois pouvoir identifier les conséquences des possibles opérations qu'ils vont mener.
- Qu'est-ce qui vous fait dire cela ? Interrogea l'Impératrice en se tournant vers les macabres trophées.
- La bataille de Qoulomin. Il n'y a aucune autre raison pour laquelle l'un de ses démons ait pénétré dans votre sanctuaire au cœur de la cité.
- Et l'agent mortel qu'il y a déployé ?
- Un bonus, ou une action individuelle... Je l'ignore. Mais on ne se lance pas à l'assaut d'un endroit tout en sachant qu'il y a un très fort risque d'y rester coincé sans avoir une raison particulière. Si on regarde de plus près leurs interventions, ils ne tapent que s'ils sont sûr de faire mal stratégiquement parlant. Vos croyants, à l'abri dans le sanctuaire, ne sont pas une raison suffisante. Je suis convaincu qu'ils cherchaient des informations sur le rituel... Et s'ils sont partis, il y a de fortes chances qu'ils les aient.
- Et cela vous inquiète.
- En effet. »
L'affirmation et la réponse immédiate avaient laissé place à un silence qui meublait tout autant la conversation. Pourtant, en se déplaçant face aux crânes en décomposition, la souveraine des terribles sauriens changea de sujet :
« - Qu'ont-ils fait ?
- Léger désaccord religieux.
- A mon sujet ?
- Oui.
- Seigneur Arsear. Vous aurez les documents demandés. Mais il vous sera impossible d'en parler, et, toute personne non autorisée qui les verra aura les yeux brûlés. C'est une sécurité intégrée au document. Faites attention à ne pas les laisser traîner.
- Bien Ô Déesse-Impératrice...
- Autre précision, vous constaterez que le Klastlabad est totalement sécurisé. Il ne risque rien.
- J'en suis heureux ma souveraine, mais je tiens à m'en assurer. Je ne prendrais pas le risque qu'ils trouvent un moyen de le neutraliser.
- Vous constaterez également que personne d'autre que moi ne peut l'utiliser sans mon accord.
- Pardon ? Veuillez m'excuser Ô Déesse-Impératrice, vos propos m'échappent complètement. » Fit un Arsear réellement surpris.
Durant un court instant, la terrible souveraine jaugea le Seigneur de guerre, elle s'attendait à ce qu'il se confonde en excuses. Mais ce dernier n'avait réellement pas compris où elle venait en venir. Elle se sentit le besoin d'éclairer ce dernier sur le sens de ses propos :
« - D'autres avant vous ont cherchés à me dépouiller de cet extraordinaire puissance pour prendre ma place. En cela, ils se sont procuré les plans du Klastlabad pour y trouver une faille et en récupérer le contrôle. Autant vous dire que la majeure partie a abandonné et à préférer me servir. L'autre a fini de manière bien peu héroïque et leur existence a été effacée. Pourrais-je savoir ce qui vous fait rire ? demanda-t-elle tandis qu'Arsear avait du mal à cacher son sourire.
- Rien Ô ma reine, c'est juste que l'idée ne m'a même pas effleuré : Je suis un individu de terrain, je ne suis pas fait pour la politique. Les intrigues m'ennuient au plus haut point, c'est aussi la raison pour laquelle je préfère rester à ma place : sur le champ de bataille.
- Nous verrons si cette abnégation perdure dans le temps. »
Arsear préféra ne pas relever le sous-entendu. Mais il comprit que les informations qu'il allait obtenir ne seraient pas aussi simple à extraire et à analyser.
« - Avez-vous quelque chose d'autre à ajouter tant que je suis présente ?
- Oui, Justement concernant la bataille dans cette cité, il faudrait purifier la ville. Il n'est pas impossible que la maladie qui y est présente se propage et massacre la population.
- Je comprends. Je vais m'en occuper. Autre chose ?
- Non Ô Déesse-Impératrice. J'ai des ordres et des ressources. Tout ce qu'il me faut pour mon bonheur.
- Je n'en doute pas... »
Ces derniers mots, l'impératrice les prononça tout en disparaissant dans un nuage de fumée dorée. Le petit sourire en coin qui ornait son visage lorsque ce dernier disparut provoqua chez le seigneur un frisson d'inquiétude.
Ce n'est pas normal...
*
La Reine Salida regardait ses petits avec autant de tendresse qu'une mère pouvait en avoir pour ses enfants. Malgré sa volonté de sortir, le médecin avait insisté pour qu'ils restent tous les quatre en observation. D'une certaine manière, elle le comprenait et l'acceptait : elle était la première à enfanter d'un Humain. Et cette espèce n'avait pas pour habitude de laisser ce genre de première expérience sans un minimum de contrôle et de suivi. En y repensant, elle avait encore mal à ses abdominaux suite à l'accouchement. Son sexe était encore très sensible et si elle avait accueilli la bouée gonflable de sa belle-sœur avec une curiosité doublée d'un amusement non feint la compréhension de la finalité provoqua un rire gêné. Mais elle devait l'avouer, c'était très utile. Shershalla, qui l'accompagnait à ce moment-là, s'était montrée intéressée et attendrie par les petites boules de poils dans leurs bacs. Elle avait même pris la petite renarde dans ses bras après en avoir demandé l'autorisation. Si la tigresse avait eu une légère peur en voyant la Silridriss prendre sa progéniture, l'extrême bienveillance dans les mouvements de la saurienne l'avait rassurée. Dans le regard de la Capitaine, un désir venait de naître, c'en était palpable. Elle avait même joué avec elle en chatouillant la petite avec son museau sur le ventre. Cette dernière riait à gorge déployée lorsque la Silridriss soufflait tout en secouant son museau au milieu des poils.
Au travers de la mémoire, la reine s'était amusée en percevant les chatouilles sur sa fille.
Les deux femmes avaient quitté les lieux, mais Salida n'était pas dupe. Elles aussi allaient agir pour agrandir leur famille. Qui et Comment ? Elle ne le savait pas, mais elle avait vu l'envie dans le regard des deux femmes.
Elle passait donc ici ses journées entre ces murs blancs, pratiquant des examens, s'occupant de ses enfants, et gérant au travers de la mémoire la politique de la cité d'argent. Pourtant, au bout de trois jours sans avoir de nouvelles de son mari, elle se résolu à demander de l'aide.
- Kouiros ?
- Oui ma reine, demanda l'intéressé toute affaire cessante.
- Est-ce que tu sais où est Manuel ?
- Au dernières nouvelles, il est à la base. Il passe ses journées dans sa machine, il dort et mange sur place. Le service de sécurité qui a été mis en place y est toujours.
- Et où va-t-il avec son engin ?
- Nulle part. La machine ne bouge pas de son emplacement.
- Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il rate les premiers moments de ses enfants, fit la tigresse
- Ma Reine, il n'y a pas si longtemps, j'aurais pensé comme vous. Mais je vais devenir père dans quelques temps moi aussi. Et je pense avoir compris le sens de notre dernière discussion.
- Laquelle ?
Sans plus de cérémonial, Kouiros présenta à Salida les derniers propos du Roi.
- Ce n'est pas bon. Déclara simplement la Reine.
- Pardon ?
- Essaie d'avoir des informations sur ce qu'il fait : je crains les extrémités auquel il pourrait se résoudre à aller.
La reine sentit une légère désapprobation de la part du bouquetin dans le silence qui suivit.
- Quelque chose ne va pas Kouiros ?
- Non, tout va bien. Je me dis juste que l'on ne devrait pas le déranger. Même s'il prépare quelque chose de dangereux ou d'horrible, il ne sera pas assez fou pour les mettre en application.
Pour toute réponse, Salida, lui rappela la bataille où Manuel avait perdu le contrôle de lui-même. L'horrible créature qui s'était libérée des entraves des limbes de l'Humanité avait pris forme et occasionné des dégâts à en prouver l'existence du Diable. Elle se garda cependant de présenter au héros le moment où ce dernier avait avoué la torture de la favorite Silridriss au fin fond de l'épave d'un navire volant.
- Je vais quand même vérifier, fut la seule réponse du bouquetin avant de quitter la mémoire, sa présence fut immédiatement remplacée par celle de Sellgan.
- Bonjour Reine Salida. Puis-je m'enquérir de votre état ?
- Bonjour Sellgan, je vais de mieux en mieux, quelques douleurs résiduelles mais rien de plus.
Dans la mémoire, l'ancien prétendant fut réellement soulagé, mais Salida devinait qu'il n'était pas là juste pour cela. La suite de la conversation lui donna raison.
- Bien, je vous avoue que j'étais très inquiet... Il est rassurant de savoir que vous alliez mieux. Cependant, ce n'est pas pour cela que je viens vous voir, il y a eu des évolutions du côté de la zone dévastée de Clermont-Ferrand.
- Laquelle ?
- La délégation du gouvernement central demande à être évacué avec les réfugiés, d'après ce que j'ai pu comprendre, ils demandent à ouvrir un consulat ou une ambassade. Ils en seraient les prémices. Ils souhaitent également vous enformer en direct que la présidente du gouvernement central tient à vous rencontrer.
- Ha...
- Vous n'avez pas l'air surprise.
- J'étais déjà au courant. Manuel m'a annoncé que les pirates du carré d'argent avaient déjà anticipé cette manœuvre.
- Que fait-on ? Demanda le diplomate.
- On les fait venir comme ils le demandent. Mais pas d'ambassade ou de consulat pour le moment. Ils seront cantonnés dans des locaux que nous allons grader. Aucune arme ne leur est autorisée. Surveillance rapprochée de tous les instants de leur délégation.
Peu après cette déclaration, Salida comprit que si Sellgan restait, c'était qu'autre chose le gênait.
- Quel est le problème Sellgan ?
- Le commandant Higas a la charge de l'équipe en question.
- Alors doublez tout ce qui les concerne. Et pas un mot aux Ferreira, Mylène et Manuel ne doivent rien savoir. Je m'occupe de le leur dire.
- Si jamais le roi apprend sa présence, ce sera l'alliance la plus courte que notre espèce n'ait jamais eu l'occasion de signer.
- Raison de plus : faites en sorte qu'ils ne se croisent pas pour le moment. Sellgan, je ne plaisante pas, on joue notre survie, pas de bêtises.
- Bien entendu ma Reine, fit la loutre pourpre, un peu amusée.
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