18 : Vies (1/3)

« - Manuel ? Fit la voix dans les ténèbres.

- Oui chérie ? Demanda le jeune homme en se retournant dans le lit conjugal. Ses mains touchèrent le bras de Salida qui lui attrapa la main, et la serra trop fort à son goût.

- Je crois que tu vas devoir aller chercher de l'aide. Et vite, déclara la reine la respiration haletante.

- Oh merde ! »

Si quelques secondes plus tôt, il était encore légèrement endormi, la dernière annonce l'avait totalement réveillé. Il se précipita hors du lit pour aller trouver le téléphone pour composer un numéro enregistré depuis quelques mois. Il regretta de ne pas avoir trouvé de matériel sans fils. Là il était bloqué près du poste tandis que Salida était douloureuse.

« - Oui allô ? Fit une voix féminine encore endormie.

- Daniela, c'est Manuel. C'est pour maintenant.

- Hein ? Ils sont pressés ces trois-là... Il est trois heures du mat'. Je t'envoie une ambulance. Préviens les services d'urgences, ils s'occuperont du reste en attendant l'ambulance.

- Bien, je fais ça. »

Le jeune homme raccrocha le combiné. Dans la pièce d'à coté, sa femme eut un léger cri de douleur. Il résista à la volonté de se précipiter à son chevet puis il décrocha le combiné une nouvelle fois pour faire le numéro des urgences.

« - Urgences de la cité d'argent. Quel est votre nom ?

- Bonjour, je crois que ma femme va accoucher. J'aurais besoin d'aide, répondit Manuel sans entendre la requête de son interlocutrice.

- Bien, quelle sont votre nom et votre position monsieur ?

- Manuel Ferreira, bloc quarante-deux, sixième niveau, logement dix-sept.

- On envoi du monde. Vous êtes de quelle race ?

- Humain, mais ma femme est Chimère. A mon avis elle doit savoir que c'est pour maintenant.

- Euh... Ha, d'accord. »Répondit l'opératrice chez qui le cheminement de l'information venait de s'opérer. Derrière Manuel, Salida poussa un nouveau cri de douleur, puis un râle. Il se força à se concentrer sur que disait la femme au bout du combiné tandis que la volonté d'être auprès de la souveraine se faisait plus pressante encore.

« - Est-ce qu'elle a perdu les eaux ?

- Les quoi ?

- Les eaux. Est-ce qu'un liquide coule du sexe de votre femme ?

- Non, je n'ai rien vu de tel.

- Quelles sont les intervalles entre les contractions ?

- J'en sais rien, une toute les dix minutes à peu de chose prêt. Combien de temps avant l'arrivée des secours ?

- Ils sont en route monsieur. Restez calme.

- Je suis calme, répondit un Manuel paniqué et un peu perdu. Qu'est-ce que je dois faire là ?

- Vous êtes tout seul ?

- Oui. Mais je pense que des amis ne vont pas tarder à arriver.

- Bien, si votre téléphone est muni d'une fonction haut-parleur, activez-là puis posez le combiné. Je reste en ligne ne vous inquiétez pas. Retournez près d'elle et rassurez-là. Tout va bien se passer. Restez attentifs à l'arrivée des secours. Je vous entendrai

- Bien. Fonction haut-parleur activée, fit Manuel en appuyant sur le bouton avec une déformation militaire flagrante.

- Je vous entends. » Fit l'équipement tandis qu'il retournait auprès de sa femme.

« - Comment ça va chérie ? Comment ça se passe ?

- Ça fait terriblement mal... » Dit-elle avec une respiration bruyante et un regard implorant.

Soudain, elle se tordit de douleur, les yeux plissées et les babines retroussées. Manuel lui attrapa la main pour tenter de la rassurer. Mais cela lui paraissait tellement futile, dérisoire... Il était complètement démuni face à cet événement naturel si important.

« - Aide-moi à m'installer un peu mieux. Aide-moi à me redresser. »

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le jeune homme avait récupéré tout les coussins du logement pour les glisser derrière Salida. Ensuite il chercha tout les draps pliés, les couvertures et tout ce qui pouvait servir d'une manière ou d'une autre. Il en eut vite beaucoup trop.

Comme pour le sauver la sonnette de l'appartement retentit. Il se précipita pour ouvrir la porte.

Tégos.

La guerrière entra sans demander quoi que ce soit.

« - Où est-elle ?

- La chambre.

- Ferme pas : Kouiros arrive, il est allé poser la voiture là où elle ne gênera pas les secours. »

Manuel s'arrêta dans son mouvement puis laissa la porte entre-ouverte avant de se précipiter au téléphone.

« - Je ne suis plus seul : quelle est la suite ?

- Une personne doit guider les secours et quelqu'un doit toujours rester avec celle qui va enfanter.

Manuel vit la terrible garde de corps revenir et lui arracher le combiné des main.

« - Allô ? Demanda-t-elle

- Bonjour madame,... fit le haut-parleur du téléphone.

- Où son vos gars ? Le sexe a commencé à se dilater, on risque de manquer de temps, fit-elle, perplexe devant de matériel..

- Ils arrivent, j'ai déjà envoyé une équipe d'intervention.

- Ça va que c'est pas un feu. Mais si vous voulez je peux arranger ça.

- Arrête tes conneries Tégos, ce n'est pas le moment, intervint Manuel en lui arrachant, à son tour, le combiné pour le poser sur le meuble. Quelle est la suite ?

- Installez-là au mieux, dans la position qu'elle aura décidé.

- C'est fait.

- Restez à ses cotés et soutenez là moralement. Encore une fois les secours sont en route. »

Manuel reposa le combiné pour constater que Tégos était allée à la porte d'entrée. Kouiros venait de faire son entrée avec trois autres personnes habillées en blanc. Rapidement ils furent dirigés vers la chambre.

Il en profita pour donner l'information à l'opératrice :

« - Ils sont là.

- Très bien. Je ne pense plus être nécessaire. Bon courage.

- Merci ! Au revoir. »

Après avoir raccroché, Manuel se dirigea vers la chambre, mais Kouiros le stoppa à l'entrée.

« - Qu'est-ce que tu fais ? Laisse moi passer.

- Pas une bonne idée Manuel. Ils sont déjà cinq dedans et se marchent dessus. Une personne en plus ne fera que les gêner.

- Mais...

- Pas de ''Mais'' Manuel. Tu ne réfléchis plus de manière logique. Je te comprends totalement, mais c'est aussi le rôle d'un ami que de t'aider dans un cas comme celui-ci. »

Manuel n'eut pas le temps d'objecter quoi que ce soit : Tégos apparut dans l'encadrement de porte.

« - Une ambulance ne va pas tarder à arriver. Ils l'emmènent à l'hôpital. L'accouchement est pour aujourd'hui. Manuel, vu que tu es le mari tu montes avec elle dans l'ambulance. On vous suivra en voiture avec Kouiros. »

*

Dans les profondeurs de la zone dévastée, le conseiller Sanchez guidait Sellgan au travers des dédales et des rues devenues assez mal entretenues en raison de la mobilisation des forces de défense.

« - C'est encore loin ? Demanda la chimère, méfiante.

- Non, plus très... J'ai la sensation que vous ne me faites pas confiance. Je me trompe ?

- Non.

- Pourquoi donc ?

- Torture physique et psychologique... Appliquée à ma Reine, et par l'intermédiaire de la mémoire, à tout notre peuple. »

Le conseiller s'arrêta dans la rue en partie dépeuplée pour regarder l'ancien prétendant droit dans les yeux. Aucune lueur de de défi dans les yeux, juste une folle envie de lui faire comprendre comment le monde fonctionne.

« - Il faudra que je vous raconte l'histoire d'un certain petit oiseau un de ces jours. Ça devrait vous aider à voir un peu plus clair je pense.

- '' Celui qui te mets dans la merde n'est pas forcément ton ennemi. Celui qui te sort de la merde n'est pas forcément ton ami. Et quand tu es dans la merde ferme ta gueule.'' Cita Sellgan après un rapide passage dans la mémoire.

- C'est une bonne référence, gardez-là toujours en tête, fit le vieil homme avec un clin d'œil.

- Je ne vous fais pas confiance pour autant.

- Ce n'est pas grave, ce n'est pas quelque chose que l'on gagne en peu de temps.

- Pourriez-vous enfin me dire où nous allons ?

- Nous allons rencontrer le second pouvoir de cette ville : Monsieur Weng, le chef de la main de jade.

- La pègre ? Ils ne sont pas invités.

- Peu importe. Elle s'invitera d'elle-même, sous une forme ou une autre. Vous aurez un jour à gérer avec les pires crapules qui peuplent le monde. Je suppose que vous avez déjà des soucis d'alcools ou de trafics en tout genres. Même si votre police est capable de gérer pour le moment, attendez-vous à ce que cela prenne de plus en plus d'ampleur. Si vous voulez éviter une guerre des gangs dans votre jolie ville il faudra également travailler avec des individu qui ne sont pas forcément liés à la loi pour les calmer. L'expérience nous a appris que si la société est trop rigide, elle se rebelle ou vit dans la terreur. Il faut laisser une marge de manœuvre, une manière de transgresser quelques interdits. Pas tous ! Surtout pas ! Mais certains potentiellement acceptables.

- Quels genres ?

- Prostitution, jeux d'argent illégaux, emprunts bancaires dangereux, quelques drogues, armes et munitions en quantités limitées... les exemples ne manquent pas.

- Esclavage ? Demanda Sellgan extrêmement méfiant.

- Non, ça, ça ne sera accepté par personne. Même par la mafia si vous travaillez avec eux.

- En somme, vous me demandez d'ouvrir les portes de la cité d'argent aux bandits et aux voleurs.

- En somme, corrigea le conseiller, je vous demande de faire entrer dans votre ville des individus peu recommandables qui feront pour vous le sale travail dans les bas-fonds. Que s'est-il passé lorsque votre princesse a eut des ennuis et qu'il a fallu qu'elle se réfugie quelque part en sécurité. La zone dévastée l'a cachée et protégée. Il n'était pas possible de faire cela officiellement, Monsieur Weng s'est chargé de la partie officieuse.

- Elle a quand même été torturée alors qu'elle était sous votre protection, grogna la chimère.

- Il y aura toujours des imbéciles monsieur Sellgan. Et ceux qui ont fait du mal à notre invitée ne pourront plus jamais lui en faire. Le vieil homme s'en est assuré. Que vous le vouliez ou non, la criminalité fera son apparition. Le tout c'est de lui laisser la toute petite marge de manœuvre nécessaire pour faire ses affaires et servir de soupape de sécurité aux besoins de la plèbe.

- Les chimères n'ont pas besoin de cette soupape.

- Non en effet. Mais vous n'êtes pas tous chimères là-bas. On continue ? Le vieil homme est aussi pointilleux sur les horaires qu'un businessman en affaires. »

Sur ces belles paroles, le conseiller reprit sa route en marchand. Sellgan en profita pour accéder à la mémoire, et notamment aux fichiers de la police et des services de sécurité. A sa grande surprise, il constata que ce que lui annonçait le conseiller était vrai. La criminalité était très basse, quelques bagarres ici ou là, une trentaine de personnes avaient été interpellées pour avoir distribué des produits stupéfiants et c'était tout. Mais ces chiffres étaient en hausse.

« - Vous venez ? »

L'affirmation de l'homme politique le sortit de sa recherche. Il n'eut pas le temps de faire un pas qu'une autre phrase le choqua.

« - Si cela peut vous convaincre, dans le passé, votre roi actuel a déjà eu a traiter avec lui. »

*

« - Pourquoi votre espèce doit-elle toujours faire des choses aussi compliquées ? » Déclara l'impératrice en se frottant le crâne.

L'homme en face d'elle se tenait debout devant une immense plaque de verre sombre. Il avait écrit dessus tout un tas de dessins, de schéma et de tableau pour expliquer le fonctionnement de l'informatique à la saurienne. Elle avait remplacé la jeune femme par un autre individu qui semblait expert. Elle l'avait correctement installé et, depuis,tout les matins, il lui enseignait les mathématiques et l'informatique en général.

« - Je regrette, ce fonctionnement est simple. Le système neuronal est sur le même principe : un neurone est alimenté ou il ne l'est pas. Le ''zéro'' ou le ''un''...

- Et c'est la position de ces ''un'' parmi les zéros qui transforme cette suite de chiffres en un message qui est analysé puis traduit par la machine.

- C'est ça.

- Alors pourquoi je n'arrivais pas à lire ce qu'il y avait sur ce disque ?

- Cela fonctionne avec la gestion des droits d'accès, ou du cryptage.

- C'est ça, du cryptage ! s'exclama Estelarielle en se rappelant du terme employé par ceux qui avaient essayés de l'ouvrir. Quel est l'effet de ce cryptage ?

- La suite de chiffre, initialement lisible par tout les ordinateurs, est de nouveau mélangée par un ordinateur pour ne devenir lisible que par lui. Un peu comme code secret...

- Comment percer ce code ? Demanda la souveraine qui ne voulait pas refaire la même erreur si elle se représentait.

- Il faut des ordinateurs surpuissants, et encore... Un temps conséquent. Généralement, les données n'ont plus de valeurs à ce moment-là.

- Combien de temps ?

- Ça va de quelques jours à plusieurs années. Cela dépends aussi de la chance et de la complexité du code utilisé. »

L'Impératrice prenait conscience qu'accéder à ce disque n'était pas une simple serrure de coffre à briser pour s'emparer du contenant. La maîtrise de l'Erapha ne serait d'aucune utilité face à de tels défis intellectuels. Si les Humains s'adaptaient petit à petit à la maîtrise de l'Erapha, ce n'était clairement pas leurs cas. Certes, leurs forces avaient récupérés des équipements, mais ce n'était que du matériel civil. Les Humains détruisaient systématiquement les équipements sensibles. Et quand un commandement était éliminé quelque part, les forces restantes devenaient autonomes et attaquaient sans ordres directs. Tout cela sans compter les fréquentes incursions qui attaquaient les transports, frappaient les lieux de productions, piégeaient les bâtiment officiels, sabotaient tout ce qu'ils pouvaient. Le front n'était plus une bataille rangée, c'était une lutte de tout instant en tout lieu. Les installations Silridriss n'avaient pas été construites en ce sens.

Ses généraux ne savaient pas gérer ce genre de conflit et beaucoup se montraient très prudents. Les troupes manquaient de matériels et de nourriture. Ceux qui avaient un peu d'audace avaient vite été calmés par les méthodes de combat Humaines. Pire encore, les chimères avaient appris à leur contact et les pratiquaient également, sans compter les défections d'esclaves de plus en plus nombreuses qui venait grossir leurs rangs...

Je manque d'informations... Je ne peux pas les soumettre par la simple puissance ou par des miracles... Je dois trouver autre chose. Sinon, je devrais les exterminer, comme avec le peuple de l'eau.

« - Tu vas maintenant me raconter l'histoire de ton espèce.

- Je ne la connais pas complètement, elle est longue et complexe. Pouvez-vous préciser ce que vous désirez savoir ?

- Commence à partir du moment où vous avez commencé à vous battre.

- Euh... A ce que je sache, nous nous sommes toujours battus.

- Et contre qui ? Vous étiez les seuls sur ce monde.

- Nous nous battions entre nous. Pour des ressources, pour des richesses, pour la religion parfois... »

L'Impératrice comprit à ce moment précis que toutes ces méthodes de combat étaient la résultante de milliers d'années de conflits internes amassés. Pourtant quelque chose la dérangea :

« - C'est impossible. Tu mens ! Grogna-t-elle avec colère tout en se levant. Les Chimères vous ont quasiment exterminés et tu oses me dire que vous saviez vous battre !!

- Vérifiez par vous même sur le net si vous ne me croyez pas ! Non pitié ! » répliqua le prisonnier terrifié avant de mourir le cœur arraché par la terrifiante dirigeante.

Le net... Oui, il m'avait appris à m'en servir.

Elle laissa tomber le corps de l'homme sans vie au sol, et se dirigea vers l'ordinateur installé dans la pièce. Allumé, l'homme l'avait connecté à un réseau satellite chinois. Même si elle n'avait accès qu'aux informations publiques, elle trouverait toutes les informations qu'elle désirait. Elle posa le cœur encore chaud à coté du clavier.

Commençons par leur Histoire guerrière.

Elle se concentra, fit appel au Klastlabad, et, instantanément, les mots inscrits sur l'écran devinrent compréhensibles. Le clavier, recouvert de symboles devint également assimilable. Les mots silridriss qu'elle voulait transférer dans le moteur de recherche allumaient les lettres du matériel dans l'ordre précis de leur écriture.

Le premier mot qu'elle chercha fut : « histoire guerre ».

Puis elle commença a analyser les résultats.

De la guerre des Gaules à celles de Corées en passant par les trois guerres mondiales et les conflits d'Amérique latines. Des conflits des cités grecques, aux guerres des royaumes chinois, la guerre froide, les guerres du moyen-orient, les conquêtes napoléoniennes, les shoguns au japon, la guerre de sécession, la guerre des Boers, les guerres du Liban. Les guerres d'Indes et d'Afrique...

Manifestement, le monde entier avait subit plus d'une guerre. La monarque prit conscience que la compilation de tout cela allait prendre du temps.

Machinalement, elle attrapa le cœur humain et croqua dedans, puis commença la lecture correspondant à la première des guerres Gréco-Perses.

*

* *

*

Le capitaine Aquil s'était assis dans un recoin du parc, qui se trouvait au fond de la cité d'argent. Le banc était fait d'un simple bloc de pierre rectangulaire. Cette vue d'une cité plus cosmopolite que dans les rêves des utopistes les plus fous existait devant ses yeux. Pleine de vie, et de bonheur simple, il n'y en avait pas moins quelques problèmes de voisinages... Vite réglés après de petites discussions, un peu de bonne volonté de part et d'autre et un soupçon de tolérance. Il avait détesté les chimères pour la guerre passée, et là, il regardait un groupe d'enfants, toutes espèces confondues jouer au football au milieu d'un parc sous une montagne. Il se sentait dépassé, hors de son époque. Ce temps ou l'ennemi était simple à identifier, et facile de lui tirer dessus. Ses derniers ordres, étaient de ramener Manuel Ferreira et Fernand Lebon si ces derniers devenaient une menace. Ordre du Professeur Bellamour, à qui il continuait d'envoyer de fréquent rapports et demande d'ordres au vue de l'évolution de la situation.

Mais il n'y avait jamais eu de retours.

Il soupira. Seul sur ce banc.

Tout cela avait bien changé.

Ce qui devait permettre à Djiza de trouver un mari parmi les Hommes avait gravement dérivé de l'objectif initial. Son entraînement et sa formation avaient généré en lui des sentiments enfouis depuis bien longtemps. Et Djiza, de sa volonté d'apprendre initiale, était passée à une drague ouverte à son égard. Et aussi horrible que cela pouvait paraître à un observateur extérieur, il avait été séduit. Il avait accepté cet amour inconditionnel qu'elle lui offrait. Il sourit quelques instant en pensant à ce que son défunt camarade aurait pu penser d'une telle relation avec une chimère. Maintenant, sans ordres extérieurs, avec un objectif personnel à l'intérieur de ces murs, son regard se tournait vers la meilleure manière de protéger la chimère.

Les forces de la cité d'argent se comptaient désormais, toutes villes confondues à environs quatre cent mille personnes. Sa population, avec les libérations, ne cessait de croître et de les renforcer. Soixante cinq pour cent des habitants étaient Chimériques, trente pour cent étaient Humains, le reste provenait des différentes races libérées et des Silridriss sortis de l'esclavage. Malgré les victoires récentes, le vétéran savait que ce n'était pas une armée suffisante pour s'opposer de front aux Silridriss.

Et il y avait quelque chose de taille qui le gênait : Le Klastlabad.

Il fallait le détruire, ou tout du moins le rendre inopérant. Les informations le concernant étaient maigres et la zone bien défendue. Même ouvrir un passage en son centre semblait impossible. Les satellites ne voyaient rien d'autre que ce gros dôme gris impénétrable cerné par des murailles et des forces plus que conséquentes.

Une paire de bras avec une fourrure jaune et orange glissèrent sur ses épaules et l'enlacèrent tendrement. Il sentit la poitrine de la chimère se poser sur son dos tandis qu'elle lui murmurait à l'oreille.

« - Qu'est-ce que tu fais ? Tu as l'air perdu dans tes pensées...

- Je regarde les enfants jouer. Un enfant, quel qu'il soit, ne devrait pas avoir à faire autre chose.

- Tu repenses au passé ?

- Plutôt à l'avenir.

- Tu en veux un ? Demanda-t-elle, coquine, en regardant les enfants.

- Est-ce seulement possible ? Demanda le commando, mélancolique.

- La reine est en train d'accoucher. Elle va avoir trois enfants. On devrait s'y mettre nous aussi.

- Djiza, je t'adore, mais je suis Humain, est-ce que ce que je suis en train de faire ne va pas te desservir plus tard ? En plus je suis un peu vieux et...

- Stop ! Coupa sèchement la chimère. Complète-moi : ''Ce que femme veut,...''

- ''... Dieux le veut'' Rit Aquil. Mais il faut que tu saches quelque chose.

- Quoi donc ?

- Je ne sais pas trop pourquoi, mais je pense que je vais être envoyé sur le front. Ou plutôt à l'endroit le plus dangereux de tout les mondes pour réaliser une mission dont je ne reviendrai peut-être pas.

- Vraiment ?

- Je le sens. Dans mes tripes, dans mes veines.

- Alors je vais te donner une raison de revenir, lui glissa-t-elle amoureusement dans l'oreille. »

*



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