14 : Calme (1/3)
Du haut du clocher, Arsear observait la tempête de sable secouer les alentours du village vide. Koulash restait dans l'ombre de la tour.
« - Je sais exactement à quoi tu penses... Vu que je suis toi. Ha ha !
- Je ne vois pas ce qui te fait rire. La situation est critique ! Grogna Arsear, véritablement mauvais.
- Ha bon ? En quoi ?
- Lorsque l'Impératrice verra que j'ai changé ! Elle me fera parler et me tuera ensuite ! Mais à quoi peuvent bien penser ces abrutis !... »
Arsear se retourna pour voir que le sourire de l'Avieen n'avait pas bougé d'un pouce. Ce dernier se contenta de s'accroupir, de croiser les bras et de poser sa tête sur une de ses propres épaules.
« - Les Humains diraient que tu es vraiment une cloche quand tu t'y mets...
- Quoi ? Grogna Arsear une lueur de sauvagerie dans les yeux.
- Crois-tu vraiment que le Système Berserk qu'ils ont crée fait les choses à moitié ? Si tu avais dû être repéré, tu l'aurais été depuis longtemps.
- Comment cela ?
- La statue en bas, elle me cherche. Si j'apparais dans son champs de vision nous serons immédiatement éliminés. Elle permet à l'impératrice de lire dans l'esprit des gens qui portent sa marque. Ce n'est pas pour rien si je ne sors pas d'ici tu sais.
- Et ce village abandonné, et cette église, cela fait aussi partie de ses modifications ? Et la chose dans le sable là-bas, c'est de son fait aussi ?
- Non, ça, c'est normal. Sauf pour l'église... euh, je réponds à quelle question en premier ? » Demanda l'Avieen qui changea sa tête d'épaule.
La colère envahissait Arsear, et les vents devinrent plus violents. Une partie réussi à rentrer dans le village, secouant les objets encombrant les rues et les toitures de paille séchées. Sous la surprise, Arsear se calma immédiatement.
« - C'était imprudent : elle n'attends que cela pour te sauter dessus.
- Quoi donc ?
- La ''bête''. Ou plutôt ''ta bête''. Contrairement aux Humains chez qui elle est profondément enterrée sous de nombreuses couches, la tienne est très proche. Tant que tu gardes ton contrôle, tout ira bien... Mais si tu le perds et qu'elle t'attrape...L'histoire s'arrêtera là.
- Une bête ?
- La ''sauvagerie'', la ''haine'', la ''violence aveugle'', appelle-là comme tu veux. Le terme générique que les Humains lui ont donné est la ''Bête''.
- Comment sais-tu tout cela ?
- C'est le système berserk qui m'informe des expériences des autres. Même s'il y a eut quelques adaptations à faire, il fonctionne. En premier lieu, il a fallut que tu me trouves et que tu échappes à la bête. Les Humains n'ont pas eut ces problèmes.
- Je t'écoute, parle-moi du village, déclara le Silridriss résigné.
- Oh ? Comme tu voudras. Le village était peuplé de fervents partisans de la Déesse-Impératrice. Mais tes découvertes les ont tous faits fuir, ou tués. Puis vint la marque qui se posa au milieu de la place. Il n'y avait plus grand-chose à voir à ce moment là. L'impératrice à dû s'habituer à ce désert de pensées et d'envies... L'église se trouve à la place d'un temple qui était érigé à sa gloire. Ce temple a été abandonné en même temps que le village. Lorsque le berserk t'a touché, il a en partie corrompu cette représentation. C'eut pu être une mosquée ou un temple juif... Mais ce fut une église. Étant donné que c'est toujours un lieu de culte, cela n'a pas choqué la statue.
- Ce lieu désolé est donc tout ce que je suis.
- Non, c'est tout ce à quoi tu ressembles... Mais les terres les plus arides peuvent receler des trésors extraordinaires.
- Montre-moi. » Déclara Arsear.
Koulash se leva avec un mouvement complexe et gracieux pour son corps disproportionné. Il emprunta l'escalier du clocher jusqu'en bas. Derrière l'autel, caché à la vue de tous,, une trappe de pierre s'ouvrit lorsqu'il appuya sur un motif particulier. Les unes après les autres, des torches s'allumèrent dans le passage, révélant un profond souterrain. L'escalier qui descendait dans les profondeurs de la terre était propre et net. Avec un sourire moqueur, l'Avieen descendit, Arsear à sa suite. Rien n'aurait pu préparer le Silridriss à ce qu'il allait découvrir.
Une caverne d'une profondeur et d'une luxuriance dépassant la logique. Une étrange lumière solaire éclairait l'endroit rempli de plantes et d'eau. Sur les murs de la caverne, des filons de métaux précieux scintillaient à même la roche. Des oiseaux chantaient des mélopées envoûtantes. Quelques uns passaient même sous le regard d'Arsear.
« - Viens, je vais te montrer le plus intéressant. »
Encore sous le choc de la magnificence de ce jardin d'éden, le seigneur suivit la créature jusqu'à un immense arbre. Plus haut que tout les bâtiments qu'il lui ai été donné de voir jusqu'à présent, la ramure montait clairement jusqu'au plafond du lieu. Des fleurs de toutes les couleurs, avec des dimensions démesurées s'éparpillaient en dessous.
« - Cela ne te rappelle rien ?
- Non.
- Regarde mieux. »
Rig-rid. La plante disposait de la même morphologie que la gnome. Le visage, paisible et endormi se trouvait juste en-dessous de la ramure, les courbes, bien proportionnées, la rendait quasiment invisible.
« - Mignonne hein...
- Que fait-elle là ?
- Oh, elle n'est pas là. C'est ton amour pour elle qui est ici. Et il vaut mieux qu'il le reste pour le moment. »
*
Fernand s'était déplacé dans le couloir pour continuer d'observer les dessins muraux. Il cherchait à en mémoriser un maximum. Il y vit la cité d'argent recouverte d'un manteaux de nuages noirs. Une bataille à laquelle les berserkers participaient avec un ciel saturé de traits de lumières. Cinq enfants,dont il ne distinguait pas les visages jouaient autour de sa machine. Manuel serrant la main d'une Humaine bien habillée dans un décors lumineux. Arsear se cachant dans une bibliothèque, des gardes, en arrière plan. Mais ce furent les deux dernières qui attirèrent le plus son attention : la première montrait la sphère de la despote Silridriss près de la cité d'Argent. La seconde, les trois berserkers affrontant une Silridriss d'une taille démesurée. Manuel au-dessus de la tête de la combattante, l'épée brandie, Nemaya et lui dans les étages et en mauvais états. Une épaisse fumée blanche masquait le sol et montait jusqu'aux genoux de leur monstrueux adversaire.
Mince, ça ne dit pas comment ça se finit... Commenta Alpha
- Non, on reviendra, il faut descendre maintenant, Nemaya nous attends.
*
* *
*
Braniss entra sans ménagements dans la pièce qui avait été confiés aux prisonniers Humains. L'endroit était encombré de matériel informatique et mécaniques en tout genres et de toutes les époques récupérés ça et là dans leurs monde. Les murs de pierre gris renvoyaient la lumière extérieure avec quelques reflets argentés sur les câbles et les carcasses désossées.
« - Où en êtes vous ?
- Ça avance, on a fini de réparer les derniers ordinateurs... Répondit le professeur Belamour. Ça irait plus vite si nous n'étions pas sans arrêts dérangés.
- Fait attention à ce que tu dit esclave, grogna le saurien en s'approchant de la scientifique, glissée sous un meuble avec une planche à roulette
- Est-ce que cela changera quelque chose ? Non : vous venez nous voir tout les jours depuis que nous sommes là, et on stoppe le travail pour répondre à vos questions. Pour la énième fois : vous n'avez pas les prérequis mathématiques et les notions de physique nécessaire pour comprendre comment c'est monté ou comment ça fonctionne. Même si je vous montre un schéma de principe il vous sera incompréhensible.
- Combien de temps encore ?
- Deux, trois jours. Le câblage est terminé, il ne manque que la source d'énergie. » Déclara le professeur Feirrera de derrière un mur.
D'un pas décidé, et sans toucher un seul des équipements installés, Braniss se déplaça de son pas lourd vers l'origine de la voix. Un tapotement régulier se fit entendre. Il resta interdit devant le spectacle qu'il avait devant les yeux : six tableaux, recouverts de symboles tracés à la craie. Le scientifique, la mine concentré, écrivait avec application une intégrale triple, se retournant de temps en temps pour vérifier une équation sur un autre tableau.
« - Qu'est-ce que c'est que ça... Quels sont ces signes magiques esclaves ?
- Ce n'est pas magique, corrigea le père de Manuel après un soupir. Je suis actuellement en train de déterminer les équations concernant votre peuple avec mes connaissances. Si vous répondez à quelques questions, je devait avoir des résultats plus précis...
- Quel genre ?
- Combien d'enfants une femelle de votre race a en une fois.
- Un seul.
- Combien de zones industrielles de Sarbacks disposez-vous ?
- Cinq... Non, quatre.
- Une d'entre-elle a été détruite n'est-ce pas ?
- Qu'est-ce que cela change ?
- L'équation ! » Intervint Belamour dans l'autre pièce.
Branniss allait la reprendre mais le professeur parla en premier.
« - Si on estime le nombre de Favorites et Seigneurs à quinze,... en reprenant les ressources disponibles... Tablons sur des rapports de bataille stables... Les berserkers ! Où est-ce que je les aient mis ?
- Tableau un ! Intervint Patricia.
- Merci... Bien, l'équation est... celle- là ! »
Avec fierté, le professeur entoura une série de symboles incompréhensibles pour le Silridriss.
«... Ha non, se reprit-il, j'ai omis les caractéristiques de la politique de votre espèce... Se replongea le scientifique dans un tableau.
- Un thé ? »
La voix, à peine audible de la mère Feirrera sorti l'homme-lézard de l'état contemplatif lié à l'incompréhension de ce qui se passait devant lui. Il posa ses yeux sur cette petite femme rousse qui lui tendait un plateau avec trois grosses tasses d'un liquide un peu jaune.
« - Qu'est-ce là ? Demanda-t-il, méfiant.
- Du thé.
- Une infusion de plantes ! Cria le professeur Belamour. Ça se boit chaud ou glacé, sucré ou non ! Sonia, c'est du thé vert ?
- Heu... Oui, répondit la mère Ferreira.
- J'en veux bien une tasse !
- Arrête de hurler Patricia, j'ai du mal à me concentrer. » Intervint le père Ferreira tandis que le Silridriss prenait l'un des récipients pour en humer les vapeurs. Un coup de langue dans la faible fumée s'échappant du mug lui apprit tout ce qu'il voulait sur son contenu. Cela ne l'empêcha pas de regarder le liquide coloré avec méfiance. Il reporta alors son regard sur la femme qui s'était déplacée vers son mari, et avait posé une tasse sur un petit meuble avant de revenir.
« - Si vous le dérangez quand il est dans cet état, lui dit-elle. Il fera des erreurs... Il boira le thé s'il en a besoin. Professeur Belamour ? Voici le vôtre, continua-t-elle en posant le récipient sur une table. Je reviens, je vais en refaire une tasse pour moi. » Termina-t-elle avec un regard inquiet au saurien. Elle s'évapora dans les empilements de matériels de la pièce sous les yeux de Braniss, toujours sur le qui-vive.
« Quelque chose vous dérange ? » Demanda la scientifique qui venait de sortir de sous le matériel à l'aide d'une plancha à roulettes. Elle portait la robe de bure traditionnelle des esclaves, mais, les manches retroussées, des traces noires signalant qu'elle avait fait de la mécanique parsemaient ses bras. Elle s'essuya rapidement les mains avant de prendre son thé.
« - J'ai du mal à vous comprendre... On dirait que vous désirez vraiment nous aider, alors que cela va à l'encontre de la résistance que vous opposez.
- En fait, nous sommes nous aussi curieux. Nous manquions d'informations pour faire l'expérience, mais il est certain que cela aurait été réalisé de toutes manière.
- Pourquoi cette autre femelle ne vous aide pas dans votre travail ?
- Elle nous aide autrement : elle fait en sorte que nous restions concentrés sur nos objectifs, murmura le professeur Ferreira.
- Et elle n'a pas le niveau scientifique pour cela.
- Mais elle a toute la gentillesse du monde... Cela n'est pas donné à tout le monde. »
L'insulte à peine masquée de Belamour avait été immédiatement sanctionnée par le père de Manuel. La scientifique comprit la référence à sa manière d'être. Braniss ne vit aucun sous-entendu, il se contenta de regarder le liquide devenu brun dans tasse.
« -On dirait que quelque chose vous tracasse.
- Mêlez-vous de vos affaires, répondit le Silridriss.
- C'est le cas : Nous sommes là pour répondre à toutes vos questions.
- Je me demande toujours pourquoi la Déesse-Impératrice perds son temps avec vous. Votre espèce est vraiment trop bizarre : Vous ne maîtrisez rien à l'erapha... et pourtant vous nous opposez une résistance jamais vue, même les gnomes, que nous avons eut du mal à pacifier n'étaient pas aussi retors. En plus, il n'y a rien à gagner dans votre monde, l'erapha est en trop faible quantité pour être exploitée.
- Allez savoir... fit Belamour. Une chose est sûre : elle ne s'arrêtera jamais.
- Doucement Patricia, murmura José Ferreira.
- Que veux-tu dire par là ?
- Ne te sens-tu pas fatigué à chaque fois que tu reviens de la communion ?
- Si, quel est le rapport ?
- Si les Favorites et les Seigneurs ne font pas la communion, c'est qu'il y a une raison. Mais si je te la dit : tu ne me croiras jamais. Je te laisse donc te renseigner. La raison de sa conquête dans notre monde est tout autour de vous.
- Attention..., continua le scientifique tandis que le Silridriss écoutait sans broncher avant d'observer autour de lui.
- En effet, nous n'avons pas d'érapha, mais notre technologie lui fait peur : nous pourrions comprendre ce qu'elle est et remettre en cause beaucoup de choses.
- Quoi donc ?
- Je te laisse chercher, mais attention aux questions que tu poseras à tes congénères : ils se peux qu'ils ne veuillent pas de la vérité. »
*
* *
*
Nemaya avait précipitamment écarté sa machine quand la masse métallique qu'était le Berserker en construction avait cherché à l'attraper. La masse gluante avait renoncé lorsqu'elle eut atteint la distance de cents mètres. Elle s'était alors recroquevillée et la matrice finissait de créer une nouvelle machine surprenante. La guerrière avait fumé cigarette sur cigarette en attendant que la nanoconstruction se termine. Un point lumineux dans le ciel, extrêmement brillant s'approchait petit à petit de la surface.
« - Nemaya, ici Friedrich, impact prévu dans dix minutes. Fait attention à notre invité. Il risque de montrer son vrai visage dans peu de temps. »
Tu ne pourrais pas mieux dire se moqua intérieurement la combattante. Tandis que le nouveau berserker apparaissait de plus à travers les trous des fluides de métaux. La couleur laiton et violette brillaient de temps en temps au soleil. La machine était visiblement disproportionnée, mais elle supposait que c'était dû à l'étrange mentalité du Silridriss. Elle referma le caisson de sa machine après avoir jeté son mégot.
- Alors ? demanda-t-elle à son loup gris.
- C'est fini. Le système a dû faire quelques ajustements pour que ce soit viable, mais ça y est, c'est stable.
- Il a reprit connaissance ?
- Il y a deux petites minutes environs.
- Mets moi en contact avec lui. Dans un même genre d'espace virtuel que celui qu'on a utilisé aux Amériques.
- Bien.
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