13 : Affaires de Cœurs (2/3)
Le consul Kasheb entra dans la pièce cylindrique, une colère sourde faisant bourdonner ses oreilles. Vérité, sa secrétaire l'y suivit. Deux mètres cinquante de haut, les murs, le sol et le plafond recouverts de vitres fumées presque opaques. Un grand bureau en arc de cercle semblait suivre la courbure de la pièce et, de l'autre coté, un autre, rectangulaire, équipé d'un siège. De la même matière que les murs, ce mobilier renfermait, comme le reste de la pièce, du matériel électrique.
« - Essayez de vous calmer si vous ne voulez pas détruire votre carrière, déclara la jeune femme tandis que le consul s'installait sur la chaise.
- C'est une connerie de premier ordre qu'ils s'apprêtent à faire.
- Je sais. Mais faites valoir vos arguments, expliquez-leur.
- C'est flagrant !
- Trente secondes avant communication, cracha une voix provenant des murs.
- Je vous laisse. Restez calme et factuel.
- Je vais essayer.
- Non, faites-le. » Termina la secrétaire avant de tourner le dos pour sortir de la pièce en faisant claquer ses talons sur le sol.
Quelques secondes s'écoulèrent encore avant que la lumière ne baisse. Un carré de lumière blanche s'alluma sous le consul, englobant la table et la chaise. En arc de cercle, derrière le bureau devant lui apparurent six silhouettes bleues-blanches. Lentement, des traits se dessinèrent, pour laisser deviner quatre femmes et deux hommes. Deux femmes étaient habillées en militaire, le reste des protagonistes étaient en tenue de bureau. L'une des militaires tapait sur un portable, ignorant totalement que les projections holographiques avaient débuté.
« - Bonjour, consul Kasheb, fit la femme en face de lui.
- Bonjour madame la présidente, Messieurs-Dames, répondit Arionis le plus diplomatiquement possible.
- Avez-vous reçu mon message ?
- Oui madame, mais...
- Comment comptez-vous procéder ?
- Si vous me le permettez, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
- Tiens donc ? Et pour quelle raison ?
- Madame la présidente, ils ont déserté, tourné le dos à l'Humanité. Ils ont pactisé avec les chimères, on ne peut pas leur faire confiance. »
La jeune femme qui écrivait s'arrêta et leva la tête de son écran :
« - Dans mes souvenirs, c'est plutôt nous qui leur avons tourné le dos... La directive neuf était de votre fait non ?
- Personne ici n'a émit d'objection. Vous le pouviez pourtant.
- Oublions l'origine de l'état de nos relations avec la faction d'argent, coupa un homme qu'Arionis savait être analyste du service de renseignement. La vérité est que l'on a besoin d'eux : ''l'ennemi de mon ennemi est mon ami.'' et les Silridriss font peser une menace bien plus terrible que les chimères. En vingt ans de guerre, aucune chimère n'a jamais trouvé une seule de nos cités sous-marines. En moins de deux ans, les Silridriss ont appris leur existence et en ont détruit deux.
- Deux ?
- Eslelios, dans le pacifique, a été attaqué. Pas de survivants, compléta la militaire.
- Ils ont trouvés nos organes de production militaire, et ils sont en train de les chercher pour les détruire, expliqua le présidente. Notre temps est compté consul. Quand aux ''Argentien'', ils ont frappés et détruit une de leurs forges. D'après les informations que nous possédons, il y en a cinq. Quatre maintenant.
- Ils ont pu frapper là où ça fait mal, compléta la seconde militaire. Et on a besoin de cette force de frappe mobile et efficace derrière leurs lignes.
- Parce que vous croyez qu'ils vont la mettre à votre disposition ? Vraiment, vous divaguez. Pourquoi ne pas s'appuyer sur Hillgearim ? N'avons nous pas de bonnes relations avec lui ?
- Hillgearim ne contrôle plus les chimères, dit calmement la présidente. Ou du moins, à peine vingt pour cent d'entre-elles. Le reste est, ou partit dans une espèce d'anarchie, ou aux ordres de la reine Salida.
- Comment est-ce possible ? Déclara Arionis sidéré.
- Il est impliqué dans le décès du roi Shershen, et dans l'état actuel de la Reine Salida. Durant son règne, la manière de gérer le peuple chimère n'est pas bien passée, énuméra l'homme du service de renseignement. Beaucoup d'entre-elles ont fait défection. J'ignore si vous le savez, mais seules les chimères fidèles à Hillgearim sont encore sur notre monde.
Arionis fut une nouvelle fois surprit qu'une telle information lui ait échappé. Il était au courant que les chimères avaient débuté un exode, mais que quatre-vingt pour cent soient parties lui faisaient un choc.
- La reine et son mari semblent plus stables malgré nos erreurs passées, termina la présidente. Servez-vous des parents encore présents pour renouer le contact.
- Je persiste à penser que c'est une erreur. Mais si c'est un ordre, je l'appliquerait.
- C'en est un, confirma la politicienne. Notre temps est compté Consul, par ''notre'' j'entends aussi dire ''votre'' car vous êtes compris dans le lot. La survie passe avant tout, agissez en conséquence. Si vous ne le pouvez pas, nous enverrons quelqu'un pour vous remplacer.
- J'obéis aux ordres. Même si je les désapprouve, se résigna le consul.
- Parfait. J'attends de bonnes nouvelles de votre part. »
Les silhouettes disparurent en même temps que les lumières de la pièce revenaient. Le carré de lumière s'éteint également sous le consul, en partie abattut par les dernières nouvelles.
« - Ça aurait pu plus mal se passer, constata Vérité qui venait d'entrer dans la pièce.
- Sortez le Commandant Higas du placard, maugréa Arionis. Préparez des troupes pour allez soutenir les forces de la zone dévastée de Clermont-Ferrand.
- Pourquoi ?
- Le dernier parent lié à quelqu'un de la faction d'argent, dont nous connaissons la position est la mère Lebon. Et elle s'est réfugiée dans la zone dévastée près de son ex-beau-frère... Vu le dossier que nous avons sur elle, cela ne va pas être une partie de plaisir. Allez. »
Ce dernier mot fut prononcé avec résignation.
*
* *
*
Maximilien Aquil regardait la cité d'argent déployée sous ses yeux. Immense et labyrinthique, la cité était devenue quelque chose qu'il n'aurait jamais pu imaginer dans ses rêves les plus fous. Accoudé à la rambarde, il se trouvait sur l'un des seuls promontoires qui donnait sur un volume vide suffisamment conséquent pour imaginer la taille de la ville souterraine. Mais même ainsi, ce n'était qu'une idée qui restait bien en dessous de la réalité. Les murs étaient décorés des drapeaux nouvellement fabriqués pour affirmer la personnalité du peuple qui s'y était installé.
Son regard descendit et alla se poser dans le parc souterrain, étalé en dessous du promontoire. Un joli jardin fait de bosquets, de fontaines, de chemins et de fleurs. L'ensemble ne semblait pas à sa place sous terre, mais les ballons lumineux qui flottaient au-dessus éclairaient le décors d'une lumière solaire. Dedans se promenaient de nombreux couples, parfois hétéroclites. Il reconnu Shershalla et Mylène assises sur un banc, elles riaient, même s'il était trop loin pour les entendre parler.
Les pensées du soldat vagabondaient. Belamour, la pirate informatique, les berserkers, un satellite équipé d'une arme stratégique, les Silridriss, les trahisons, les plans mal préparés, les coups de chance, comme ceux de malchance. Cela commençait à lui peser, il devait sans cesse s'adapter aux découvertes et à l'imagination malsaine de leurs adversaires. Tout ce qu'il pouvait faire pour le moment c'était d'enseigner ce qu'il savait aux chimères. Il avait eut un doute concernant le bien fondé de cet action, n'allaient-elles pas retourner ce savoir contre l'Humanité ? Maintenant, il était certain que non : elles tenaient à l'Humanité, et à leur roi.
« - Bonsoir. »
L'ex-commando se retourna doucement pour identifier son interlocutrice. Une chimère au pelage jaune et orange dans une tenue de la base.
« - Bonsoir, Djiza c'est ça ?
- Oui, fit la chimère en s'accoudant à la rambarde à coté de lui. Vous êtes bien la dernière personne de la base que je me serai attendue à trouver ici.
- Pourquoi donc ? Demanda le soldat en s'allumant une cigarette qui était apparut entre ses mains.
- Derrière-vous, c'est un quartier de sorties et de rencontres. Or vous êtes toujours seul. Même ici. »
Imperceptiblement, Maximilien regarda derrière lui. Plusieurs cafés avaient leurs terrasses pleines de monde. Les différentes espèces discutaient, jouaient à des jeux de cartes ou de société venant de mondes qu'il ne connaissait pas forcément. Il reconnut un jeu d'échec, une partie de poker et entendit des bruits de baby-foot. Le reste lui était inconnu.
« - Je n'y avait pas fait attention. Je viens ici pour me changer les idées et m'interroger sur ce que je fais. Et vous ?
- Je cherche un Humain avec qui me marier. Mais j'y arrive pas. Dés que j'en parle, il s'enfuit. »
La phrase arracha à l'homme un sourire amusé.
« - Pas étonnant si tu abordes le sujet de la même manière qu'avec le commandant.
- Comment ça ? Demanda Djiza surprise.
- Fait d'abord connaissance avec lui. Ce n'est pas le tout d'en trouver un. Trouve-en un qui te convienne. Nous sommes aussi différents mentalement que vous l'êtes physiquement.
- Vraiment ?
- Oh oui !
- Et vous ?
- Pardon ?
- Pourquoi est-ce que je ne vois jamais personne à vos côtés ?
- Je ne sais pas... répondit le commando en tirant sur sa cigarette et en reposant son regard sur la ville éclairée. Peut-être que mon âme et mon cœur sont trop cabossés pour de nouveau m'attacher à quelqu'un. J'ai même réussi à faire fuir une personne qui me plaisait récemment ... C'est dire. Non, je laisse cette mission trop complexe pour moi aux jeunes. Je ne pense pas avoir suffisamment de tolérance pour m'y lancer.
- Vraiment ?
- J'ai eu une petite amie, il y a longtemps. Comme j'étais toujours en mission, elle a fini par se lasser et m'a remplacé. Le conflit avec les chimères a crée une sorte de réflexe Pavlovien de répulsion à votre égard, mais j'apprends à changer. Même chose pour les Silridriss. Il n'y a pas si longtemps, j'aurais mis une balle entre les yeux de Shershalla avant de lui demander son nom. Étrange personnage qu'est le Roi, je le suis depuis un petit moment maintenant, même s'il n'était pas roi à l'époque. Et ,je n'arrive toujours pas à le cerner... »
Les yeux de Djiza brillèrent un instant d'inquiétude avant de se calmer quand elle comprit les propos du commando :
« ... il se fiche éperdument de la personne avec qui il discute du moment qu'elle désire vaincre l'impératrice Silridriss. Je m'interroge également sur la durée de vie de cette cité utopique...
- Comment cela ?
- Il n'y a rien de plus changeant que la nature humaine... Et je ne connais pas suffiament les autres espèces pour prévoir le futur. Selon moi, il n'y a rien de plus incertain.
- Qu'est-ce que vous diriez de discutez de cela devant une bière ? Je commence à avoir soif. Ensuite, apprenez-moi comment procéder pour aborder un ''Homme'' comme vous dites.
- Ça me paraît bien. »
*
* *
*
Manuel pénétra dans le box d'examen assez précipitamment. Il resta quelques instants à la porte tandis que ce qu'il analysait ce qu'il voyait. La salle était blanche, normale, avec tout les équipements médicaux en bons état dont certains fonctionnaient normalement. Salida et Daniela le regardaient avec surprise. Allongée sur le dos, les vêtements relevés au niveau du ventre, la reine attendait. La scientifique promenait sur l'abdomen de la chimère un étrange matériel semblable à un rasoir dans un gel transparent. Elle observait les résultats sur un écran de contrôle invisible au couple royal. Tégos, postée dans un coin ne pouvait cacher son stress. Le jeune homme se précipita au chevet de sa femme qui passait l'échographie. La chaise glissa sans bruit tandis qu'il la tirait près du lit d'examen.
« - Chérie, c'est quoi cette histoire ? Demanda-t-il en s'asseyant
- Il semblerait que je sois... enceinte ? C'est le mot ?
- C'est le mot, confirma Daniela sans quitter l'écran des yeux.
- Mais comment est-ce que... ? Je veux dire, nous sommes...
- Je n'en ai pas la moindre idée. C'est pour cela que je suis venue ici le plus vite possible. Mais c'est magnifique non ? Fit-t-elle radieuse et un peu inquiète.
- On se calme, tempéra Daniela qui posait des électrodes sur le ventre de Salida. On ne sait même pas si le fœtus est viable.
- Mais avoue que ce serait génial d'avoir un petit ?
- Un enfant ? Demanda Manuel qui ne savait plus vraiment où il en était. Il regardait les mouvements de la scientifique qui avaient reprit ses opérations sur le ventre couvert de gel avec un mélange de tous les sentiments pouvant être ressentis. Le jeune homme était complètement confut par la situation.
- Oui, un enfant...
- Non, corrigea de nouveau le médecin en prenant une bande de papier qui sortait d'un équipement. Je regrette, mais ils sont trois. »
Durant un court instant, seuls les équipements médicaux firent du bruits dans la petite pièce.
« - Trois ? Firent le couple de tourtereaux
- Trois. » Confirma la scientifique en tendant la bande de papier après avoir tourné le moniteur. Quatre courbes de battements de cœurs courraient sur le papier, celui de la mère et des trois petits. Sur l'écran, les trois fœtus, encore peu développés étaient présents à l'écran dans des nuances de noir et de bleu.
« - Il est encore trop tôt pour dire s'il y aura des problèmes par la suite. Une amniocentèse devrait pouvoir nous donner des infos sur le sujet... L'ennui c'est que l'examen est risqué.
- Mais... C'est qui le père ? » Demanda Manuel qui n'y croyait pas.
Avec colère, sa femme lui mit une claque derrière la tête ce qui lui remit une partie des idées en place :
« - Question idiote... Constata-t-il lui-même tandis que Tégos se pinçait l'arête du nez avec dépit.
- Sincèrement, Manuel, il a des fois où tu me fais peur, pesta Salida.
- C'est que ... euh... je suis pris un peu court là... Je ne sais plus comment réagir... C'est totalement nouveau. Et puis... trois... Je vais rester assis je crois.
- Doucement Salida, cela fait quelques heures que vous êtes au courant. Laissez-lui le temps de s'y faire aussi. Il redeviendra normal peu après... En attendant, plus de pilotage et plus de zones stressantes. Plus de rencontres avec les Silridriss, laissez Manuel s'occuper de tout ça.
- Je vais essayer.
- Non, c'est un ordre de votre médecin. On ne sait pas du tout si ces enfants vivront. Autant leur donner le maximum de chances dés le départ. On est d'accord ? »
*
* *
*
L'intérieur du satellite était rempli d'eau. Une couleur bleue claire inondait l'installation d'une lumière douce. La température était bonne, et le liquide permettait à Fernand de pouvoir se déplacer sans trop de problèmes. L'avant, ou la partie dirigée vers la terre, comprenait énormément d'installations inconnues : des cristaux, des lignes de bismuth, de l'opale, du métal et, étrangement... des coraux. Après un retour à sa machine pour se restaurer, ainsi qu'un rapport au contrôle-commande, il était de nouveau dans l'installation. D'après ses mesures, le satellite devait faire dans les deux-cent mètres d'envergure et quatre-cent de profondeur. Il avait pu visiter l'avant, restait l'arrière. Lors de son premier passage, il avait trouvé le passage, mais avait passé son chemin.
Il y pénétra après une brève hésitation. Le couloir hexagonal se perdait au loin, même si la lumière ambiante l'éclairait de tout son long. La sensation qu'il était prévu ne l'avait toujours pas quitté.
Cela ne me plaît pas... Pensa-t-il
- Moi non plus, confirma Alfa.
Mais il faut y aller.
Prenant appui sur une paroi, il se propulsa avant de freiner immédiatement. Quelque chose sur le mur avait attiré son attention. Il se colla à la surface opposée pour mieux observer ce qui semblait une peinture.
« - Nom de Dieu... » Pesta-t-il en comprenant le sujet du dessin.
Sur le mur, peint dans un réalisme saisissant, le dessin d'une bataille entre des Silridriss et des Chimères dans leurs anciennes formes dans un monde vert et luxuriant. Les Chimères perdaient. De l'autre coté, une vitre brillait d'une lueur rose. Le mélange des couleurs rendait le couloir violet et plus malsaine que le reste de la station spatiale.
- Y'en a une autre au-dessus.
Fernand se déplaça pour admirer la suivante : une autre bataille, la capture de la princesse et l'assassina de la reine. Il fit immédiatement le rapprochement avec l'Histoire du peuple chimère.
Dites-moi que je rêve...
- Avance bordel !! Va voir ce qu'il y a au fond !! Cria l'ours complètement paniqué.
La respiration du jeune pilote s'accélérait tandis qu'il se propulsait avec terreur dans le couloir rempli par les fresques. Son esprit lui criait que ce qu'il avait sous les yeux était le fruit de son imagination, que c'était totalement impossible. Devant lui défilait en avance rapide une frise temporelle racontant l'Histoire avec un grand ''H''. Le sauvetage de la princesse par Kouiros, la fuite vers le monde Humain, la guerre chimérique. Les principales batailles avec l'Humanité, la rencontre avec Kouiros à Clermont-Ferrand, des images de la vie de tout les jours avec l'escadron Rock. Les visages des protagonistes étaient aisément reconnaissables. Les batailles avec les Dreamers et les Demony, la forme des armures de combat. La capture jusqu'à la bataille dans l'arène d'Alikaross. L'opération rêve d'ébène, les Kalieks, des scènes tendres entres des membres de l'escadron. La lumière rose devint de plus en plus rouge. Jusqu'à l'apparition d'une énorme pierre rouge derrière la vitre. Il resta quelques secondes devant avant de poursuivre son ascension. Pour l'avoir vu un peu partout ces dernières années il reconnut sans peine la plus grosse pierre d'érapha qu'il lui ait été donné de voir. Il l'ignora, sachant pertinemment qu'il s'agissait là du cœur d'érapha. Pour le moment la fresque attirait toute son attention.
Il se figea.
Immobile dans le couloir du satellite, le temps s'arrêta.
C'est tout bonnement impossible...
L'image devant lui était particulière. Elle le représentait face à la fresque tel un miroir qui n'aurait jamais changé d'image. Un frisson glacé partit de son échine pour se diffuser le long de sa colonne vertébrale.
*
- Je suis prêt, déclara Striggle.
Super, place-le dans la main gauche.
Nemaya releva son engin. Devant elle, Arsear était remonté dans sa propre machine en attendant le cœur d'érapha. Le plus naturellement du monde, elle s'approcha de lui.
« - Tu veux quelque chose ? » Demanda-t-il en lui faisant face.
Sans un mot, la combattante posa tranquillement sa main gauche sur l'épaule de l'autre machine. Avec violence et par surprise, elle frappa de son autre main le plastron de l'engin Silridriss.
Arsear ne dû sa survie qu'à ses réflexes. Pourtant, le coup plia tout de même la pièce de métal qui le protégeait. D'un bon, il se mit hors de portée et sortit la lame, prêt au combat.
Comment ?! Vous osez me trahir ? Pesta-t-il avec colère.
Mais le berserker se contenta de s'asseoir sur une pierre avant d'ouvrir le poste de pilotage. Comme si de rien n'était, la pilote retira son casque avant de s'allumer une cigarette et observer. Le sourire, à la fois énigmatique et sadique, qui ornait son visage ne lui disait rien qui vaille.
Qu'est-ce que c'est que cette histoire... Que cherche-t-elle à faire ? Elle a pourtant vu la marque du Klastlabad sur mon corps. Ou du moins, son supérieur lui en aurait parlé... Elle ne peut pas me vaincre et elle le sait.
Le Silridriss reprit une position pacifique face à la pilote qu'il ne comprenait pas. Jusqu'à ce que quelque chose se coule le long de son épaule gauche vers la droite. La sensation de brûlure fut immédiate, il n'eut pas besoin de voir ce que c'était pour le deviner : Elle avait piégé sa machine !
Je dois sortir de là ! Vite !
Il attrapa la commande d'ouverture qui resta sans effet. Le coup au plastron n'avait jamais eu pour but de tuer le pilote, mais plutôt de le bloquer à l'intérieur de l'engin. Il ne le comprit que trop tard. Il fit alors une seconde erreur tandis que les nano-machines couraient dans l'engin pour en prendre le contrôle : il tenta d'utiliser la puissance du Klastlabad pour sortir du véhicule. Le système berserk identifia immédiatement l'origine de l'énergie et se précipita dessus pour s'alimenter.
Nemaya vit la machine effectuer des mouvements totalement désordonnés avant de s'écrouler au sol avec les hurlements du pilote coincé à l'intérieur.
Allez... C'est pas si terrible que ça. Voyons, un grand gaillard comme toi... Un ''Seigneur'' ! Ironisa-t-elle. Je sais que c'est pas plaisant, mais au moins, avec ça, tu vas vraiment nous aider, et sans risques d'entourloupes !
*
Loin dans le ciel, le satellite détecta le puissant pic d'énergie que la transformation avait généré, enclenchant par là même un processus prévu des milliers d'années auparavant. L'alarme sonna, sortant le pilote de l'état contemplatif et sidéré dans lequel il était. Paniqué Fernand sentit l'immense installation trembler. Les reflets rouges commencèrent à bouger vers le bas, lentement pour commencer, puis cela alla en s'accélérant. Le jeune homme vit l'énorme pierre d'érapha glisser vers la surface avec une vitesse hallucinante. A l'extérieur, l'immense tour au milieu de l'installation s'ouvrit avec lenteur. La colonne d'érapha cristallisé fut éjecté dans un immense jet de vapeur d'eau qui se cristallisa quelques secondes plus tard dans un nuage blanc.
*
Dans la cité d'argent, ce fut la panique.
« - Nom de Dieu Fernand, qu'est-ce que tu fout ?!
- Rien ! Ça s'est mit en marche tout seul !
- Tu déconnes ? Et tu vas me faire croire que tu n'as pas fait exprès de faire tomber le cœur d'érapha à deux kilomètres au sud de la position de Nemaya et de notre ''invité''.
- Oh merde.
- C'est rien de le dire. D'ailleurs il se passe des choses bizarres là-bas... Reste pas là-haut, on ignore si l'installation a subit des dommages.
- Questions bizarreries, je crois que j'ai ma dose aussi : une fresque imagée qui raconte le conflit contre les Silridriss.
- En quoi est-ce bizarre ? Il fallait bien qu'ils écrivent leur histoire quelque part.
- Ce n'est pas leur histoire Friedrich, c'est celle des chimères et la nôtre.
- Ouh putain ! ... Ça se fini comment ?
- Je ne suis pas encore au bout du couloir. Je vais jeter un œil et je sors d'ici aussi vite que possible. Combien de temps avant l'impact du cœur sur la surface ?
- Trente-cinq minutes environs, répondit le rasta après avoir vérifié ses écrans. Grouille ! Personne ne sait ce que ce Seigneur Silridriss à l'intention de faire une fois qu'il aura le cœur sous la main. On aura peut-être besoin de toi.
- Bien reçu. » Répondit le pilote en se propulsant dans le conduit avec les mains.
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