13 : Affaires de Cœurs (1/3)
Friedrich rejoignit Oneshot dans le centre de commandement une série de photos à la main. La pièce remplie d'individus aux formes aussi différentes que d'origines diverses bourdonnait d'activité. Si la majorité des Humains avaient un peu de mal et s'adaptaient au mieux, ce n'était pas son cas. Il était tombé sous le charme d'une dryade. Des cheveux couleur de feu sur une peau verte sans défauts. Les nuances rappelaient celle des arbres, mais la texture, plus la douceur de peau de chamois. Après quelques jours il était allé la voir. Et, contrairement à ce qu'il s'attendait, elle accepta de le revoir. Elle s'appelait Yenna. Peu après, elle lui confia qu'elle avait apprécié son côté calme, limite neurasthénique. L'expérience physique avait été particulière, mais pas désagréable à son sens.
« - A refaire. » lui avait-il confié.
Et elle avait partagé ce sentiment.
La surprise du rasta fut réelle lorsqu'il appris qu'elle travaillait dans l'équipe de l'ex-sniper. Lorsqu'il entra dans la pièce, il ne la vit pas immédiatement. Mais lorsqu'il s'adressa à Oneshot en lui tendant les photos elle passa à côté de lui avec une main baladeuse qui glissa sur une fesse. Lorsque l'ancien sniper releva la tête, Friedrich avait un sourire rêveur.
« - Alors c'est à ça que ça ressemble ? Recentra-t-il
- Hein... heu... ouais. Avoue que c'est une sacrée installation tout de même.
- Est-ce que l'on a quelqu'un capable de monter là-haut et de s'y accrocher ?
- La seule chose que l'on ait, ce sont des missiles anti-satellites... Et des lanceurs de satellites. Mais envoyer quelqu'un là-haut... Et pour quoi y faire ?
- En prendre le contrôle, le cœur d'érapha est diablement efficace contre les équipements Silridriss. A nous de savoir correctement le diriger. Comment monter à bord de ce truc ?
- Les berserkers pourraient.
- Vraiment ?
- Ces engins n'ont pas de limites ...Autant en profiter. Non ? »
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Le consul s'installa à son bureau comme tout les matins. Les sujets à traiter dans la journée s'annonçaient nombreux. Il alluma sa console informatique avant de se lever pour aller chercher une boisson matinale. À son retour, il commença à lire le courrier informatique, insensible au lever du soleil qui éclairait la pièce de reflets d'or. Une note confidentielle retint son attention. Elle provenait du commandement central. Mais n'aurait plus le laisser présager de ce qu'elle contenait. Il resta bouche bée.
Il en renversa le contenu de son gobelet de plastique sur le sol.
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- Ô ma reine, je m'appelle Portamin je demande audience, fit une chimère à l'attention de Salida au sein de la mémoire.
Salida, plongée dans les plans d'une nouvelle cité, ne releva pas la tête. Dans une salle de réunion avec une projection holographique, un humain lui parlait de topographie et de géologie. Tégos, considérant toujours la sécurité de la souveraine comme sa priorité, s'était adossée à un mur. Le reste des personnes étaient différents représentants des races voulant créer une nouvelle cité.
- Parle Portamin, je t'éc...
Portamin eut une réaction de surprise et Salida ne finit pas sa phrase. Elle-même frappée par la résonance de ses propos dans la mémoire. Son regard fut immédiatement dirigé vers son propre ventre qui n'avait pas changé. Elle y posa machinalement la main avec tendresse et inquiétude.
- Ma... Ma reine... Vous...
Salida coupa immédiatement la connexion avec Portamin
- Tégos ! Fit la voix de Salida dédoublée dans la mémoire. Pas de commentaires, Trouve-moi le professeur Wolkeazurblau, vite !
La surprise passée, la guerrière sortit avec une précipitation qui surprit tout le monde.
« - Je crains de devoir réduire mon temps de présence à cette réunion. C'est indépendant de ma volonté. Je vous prie de tous m'excuser. »
Salida se leva, et se dirigea d'un pas décidé vers la sortie. Elle n'était pas sortie qu'elle contactait le héros chimérique : Kouiros.
- Pas de remarques Kouiros ! Où est Manuel ?
- Il est en train de s'expliquer avec Sarlen... répondit le bouquetin avec calme face à cette voix royale dédoublée. Toutes mes félicitations ma Reine. Ça va surprendre beaucoup de monde je pense.
- Moi la première...
- Ma Reine, fit Tégos. Daniela est prête à vous recevoir en urgence. Elle vous attends à l'hôpital central.
- Kouiros, tu...
- ... Y amènes le Roi rapidement. Exact ?
- Merci Kouiros.
- Avec plaisir ma reine, termina le bouquetin qui ne pouvait pas vraiment cacher sa joie malgré l'inquiétude qui pointait dans la voix de Salida.
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« - Mais comment a-t-on pu merder à ce point, Général ?
- Ces fils de putes nous attendaient, répliqua le vieil homme, tu voulais que je fasse quoi ? Que je leurs serve la cité d'argent sur un plateau ?... »
La petite pièce était l'arrière-salle du centre de commande de la cité. Pas de fenêtres, juste une porte et du mobiliers succins dans quatre mètres sur trois. Les deux hommes criaient presque dans le réduit et cela résonnait fortement.
« ... Rappelle-toi que nous n'avons plus d'endroit où aller si les Silridriss nous trouvent. Maintenir notre position secrète est une question de survie dans notre situation.
- Mais putain c'était une bombe nucléaire ! Avec des gars à nous en dessous !
- Qu'aurais-je dû faire selon toi ?
- Faire sortir tout le monde avant de tirer non de dieu !
- Y'avait une Favorite ! Et elle a faillit passer ! C'est la bombe qui l'a stoppée de justesse.
- Qui te l'a dit ?
- Les marques sur les vaisseaux de la flotte volante ! C'est celle qui a attaqué la ville où j'étais retenu prisonnier. Et de nombreux témoins ont vu une Silridriss insensible aux balles ou aux grenades
- Avez-vous pensé aux dégâts sur nos propres troupes ? Qui va nous faire confiance après une telle débâcle.
- C'était un choix entre une catastrophe et un désastre ! Une préférence ? Répliqua le Commandant Sarlen. S'il le faut je l'expliquerai à tous. A l'avenir on se renseignera mieux sur nos cibles.
- J'espère que cela fonctionnera... reprit Manuel avec une voix normale en s'asseyant sur la chaise de la pièce. J'en ai marre, ... il faut que cela s'arrête. Que cette putain de guerre s'arrête. »
Sarlen comprit immédiatement ce qui se passait lorsque les premières larmes roulèrent sur les joues du Roi.
Il est en train de perdre pied... Ses nerfs sont en train de lâcher. Il faut qu'il se repose.
A ce moment précis, quelqu'un frappa à la porte pour demander d'entrer. Manuel se sécha rapidement les yeux avant de l'y autoriser. Kouiros entra :
« - Est-ce que vous avez fini ? J'ai besoin de voir le Roi pour une affaire d'état.
- Attends quelques secondes ici Manuel. Je dois lui dire un mot. »
Avant que quiconque ait pu agir le vieil homme avait poussé la chimère dehors et était sortit à sa suite.
« - Je désapprouve le procédé ainsi que la manière dont vous vous adressez au Roi, gronda Kouiros.
- Je m'en fout, y'a plus important : ses nerfs sont en train de lâcher démerdez-vous comme vous voulez, mais il doit se reposer.
- Que voulez-vous dire par ''des nerfs qui lâchent'' ? Demanda le bouquetin qui avait oublié la trouble.
- C'est un traumatisme de guerre. Il ne va bientôt plus pouvoir piloter si l'on ne fait rien... Même plus bon à diriger. Je le fais passer par le service médical et le retire du service actif temporairement. Il doit se changer les idées, oublier la guerre et les horreur qu'elle génère.
- Combien de temps ?
- Aucune idée, voyez cela avec le service médical. Il doit se concentrer sur autre chose avant qu'on le perde définitivement.
- Vraiment ? Son statut... commença la chimère.
- Si on ne fait rien, il ne le conservera pas longtemps ce statut, coupa le vieil homme. Il y a des limites à ce qu'un esprit humain peut accepter Kouiros. Au-delà, il craque. J'ai déjà vu de nombreux gars avec ce genre de réactions. Ils ne sont pas restés vivant longtemps sur le terrain dans un tel état. Alors toi et tes copines, si vous tenez à votre Roi, démerdez-vous pour le tenir éloigné de tout stress du champ de bataille. Clair ?
- Très clair, répondit le bouquetin qui comprenait un danger autour du souverain sans pour autant le définir clairement.
- Faites attention à lui. » Termina le commandant en quittant la discussion pour se diriger vers la section de renseignement de la base.
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Le corps de Myanate frappa avec violence la cloison de laiton. La douleur lui arracha un cri strident. Puis, une force invisible l'écrasa lentement contre celle-ci. Quelques os se brisèrent. La favorite hurla.
« - Donc je récapitule, énonça la représentation de l'impératrice en fumée qui arpentait le bureau doucement mais avec une immense colère dans la voix. Les forges ont été rasées, les Kalieks perdus, les Démons d'Alikaross se sont enfuis, le Klastlabad révélé, et nous ne savons toujours pas où trouver ces esclaves. Rassures-moi, ne devais-tu pas réussir à partir de maintenant ?
- La destruction des forges était liée à une réaction de panique de leur part. Les Démons d'Alikaross n'étaient pas là, réussi à articuler Myanate entre deux râles de douleur.
- Non, plus d'excuses Myanate, fit calmement la représentation. Tu es une de mes plus anciennes Favorites. Et je trouve dommage de devoir te supprimer. J'ai un châtiment plus... Approprié pour toi. Tu ne seras plus favorite, tu conserveras la capacité de parler en mon nom ainsi que la marque sur ta poitrine. En revanche, la moitié de ta puissance t'es retirée... et est transmise à celui en qui tu n'as pas confiance : Arsear.
- Ne faites pas cela Ô Déesse-Impératrice ! Arsear n'est pas digne de confiance...
- Il a trouvé le cœur d'érapha. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne me l'apporte. »
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« - J'ai déjà vu beaucoup de plan à la con Friedrich, et je t'avoue que celui-là n'est vraiment pas mal dans son genre. » Déclara Fernand tandis que sa machine quittait l'atmosphère. Un coup d'œil vers le sol lui fit voir la surface d'une planète désertique et sans nuages : le jaune et l'ocre y étaient étalés comme une peinture à l'huile. La fumée de ses deux propulseurs laissait derrière lui une trace sombre qui salissait le ciel vierge de tout nuage.
« - Dis pas ça : je sais que tu adores ça.
- J'ai aussi mes limites... Et si ce truc a des systèmes de défense ?
- On improvisera.
- T'es vraiment rassurant comme mec.
- Merci du compliment, répondit le rasta qui avait identifié le sarcasme. Comment va Alpha ?
- Il t'emmerde.
- Alors c'est qu'il va bien. Tu approches de ton objectif, d'après le radar, tu es à une heure de lui. Ta trajectoire est bonne. »
Le pilote du Berserker reporta son attention sur le ciel plein d'étoiles.
- Alpha ?
- Oui ? Fit la voix sombre de l'ours de cristal dans la tête du pilote.
- Est-ce que tu pourrais me donner un visuel ?
- Bien sûr.
Devant les yeux du pilote apparut une image du satellite qu'il devait aborder. Friedrich et Oneshot lui en avait déjà présenté quelques photos, mais le voir en vrai provoquait un véritable choc.
- Comment ces cons-là s'y sont-ils prit pour envoyer cet engin là-haut : c'est énorme !
- Bonne question...fit Alpha.
- Comment ça se passe avec Nemaya ?
- Je te mets en contact.
Le regard du jeune combattant observait une structure comme il n'en avait jamais vue. L'image qui s'en rapprochait le plus était celle d'un château fort dont le donjon se dirigeait vers le sol. Posé en étoile autour de lui et légèrement incliné, cinq tours plus petites reliées uniquement au donjon. C'était un savant mélange d'opale et de marbre banc. Des chemins d'énergies en cristal de bismuth bleu couraient sur les surfaces extérieures. En se rapprochant, il vit que le donjon était en réalité constitué de deux pièces parallèles comme une bouche légèrement ouverte prête à l'avaler.
J'la sens vraiment mal cette mission.
*
- J'ai pas confiance en lui Striggle, pesta la combattante russe en gardant Arsear à l'œil.
- Moi non plus, mais que veux-tu faire ?
- Je ne sais pas, mais une fois en possession de ce qu'il appelle le ''cœur d'érapha'' rien ne l'empêchera de tous nous massacrer. Mais à quoi pense Manuel bordel ?
L'Homme-Lézard était libre, à coté de sa propre machine, uniquement surveillé par Nemaya. Personne de présent dans les cents kilomètres environnant. Quand ce dernier eut comprit que sa gardienne ne parlait pas, il arrêta de lui adresser la parole.
- Il a peut-être confiance en lui ?
- On sait tout les deux que la confiance a des limites. Là, c'est de la naïveté. Il faut l'obliger à tenir parole... Mais comment ?
- Communication avec Fernand... Canal ouvert.
- Fernand, je le sens pas du tout ce mec.
« - Moi non plus, et Alpha est dans le même cas. Mais l'engagement qu'il a prit avec Manuel à valeur de contrat : on a passé le même avec Shershalla. »
Fernand abondait dans son sens, cela la rassura un peu, mais ce contrat verbal ne signifiait rien pour elle. De sombres souvenir lui rappelèrent qu'ils y avait toujours un moyen de forcer quelqu'un à l'obéissance... Mais aucun ne fonctionnerait sur ce Silridriss. Protégé par la marque du Klastlabad, il se savait intouchable.
- Je n'ai toujours aucune confiance en lui, continua-t-elle.
« - Ouais... et vu que nous sommes considérés comme des Démons pour eux, les annonciateurs de leur apocalypse, n'espère pas de la magnanimité de leur part. »
Le déclic se fit immédiatement.
- Putain que je suis conne ! Striggle !
- J'ai commencé, fit le loup de sa voix malsaine.
« - Qu'est-ce que tu vas faire ? »
- M'occuper de ce con : Je sais comment le forcer à nous aider et à tenir parole, termina Nemaya un rictus mauvais sur le visage. J'ai pas le temps de t'expliquer.
« - Ok, je m'approche d'une entrée du satellite. Le sas à l'air assez grand pour une armure... A croire qu'ils nous attendaient. Si tu fais quelque chose, ne te loupe pas, car lui ne te ratera pas. »
*
A la base de l'une des tours, Fernand avait trouvé un sas éclairé. La machine à l'intérieur, ce dernier se ferma sans un bruit. La désagréable sensation d'être attendu ne s'était toujours pas estompée.
- Alpha ?
Je suis là. J'ai fait des modifications sur ta combinaison. Tu peux résister à l'espace et tu es totalement étanche. Je serai toujours en contact avec toi : tu ne sors pas seul. Tu as neuf heures d'autonomie.
- Merci, mais sachant ce que tu es, je ne serais pas sorti seul de toutes façons.
Là au moins, tu peux me faire la conversation.
- Exact », répondit le soldat en ouvrant le cockpit de sa machine et cherchant du regard un accès plus petit.
N'oublie pas l'arme de poing.
La main du pilote attrapa un pistolet glissé dans un renfoncement de la machine et le laissa dans sa main gauche.
Oh putain !
Ce simple geste l'avait décollé du siège et jeté contre son AMC. Au dernier moment il s'était rattrapé à la carlingue.
« - Ici Friedrich du contrôle commande, comment ça se passe là-haut ?
- J'ai pas l'habitude d'être en apesanteur. C'est périlleux ces conneries.
- Ne va pas te blesser non plus. Quelque chose d'intéressant ?
- Pas encore, mais j'ai vu la partie arrière du satellite, on dirait un espace de stockage. Je vais explorer l'avant avant d'y aller : c'est moins loin.
- Bien reçu. Tiens nous au courant. »
Fernand hésita un instant puis se propulsa doucement en prenant appui sur sa machine. Et entra de la manière disgracieuse dans le sas : en tapant un des bord et en y rebondissant.
Je savais que c'était une idée de con.
- C'est pas moi qui l'ai dit, commenta le lion.
J'avais oublié que tu étais là, toi aussi.
Encore une fois, le sas se referma derrière lui. Lentement, ses pieds se posèrent sur une des parois puis le sas se remplit d'eau.
« - Bah v'la aut' chose... » Commenta-t-il avec de l'eau jusqu'à la taille.
La sensation malsaine d'être attendu ne le quittait plus.
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