12 : Politiques (3/3)

Lorsque l'opération fut décidée, un appel aux volontaires fut lancé dans la mémoire des chimères. Dioclès fit un choix, celui qui ne plut pas à sa femme.

« Je ne peux pas... se souvint-il lui avoir dit, j'ai fait trop d'erreurs dans ma vie. Mes enfants sont nés, je refuse qu'ils aient à avoir honte moi. Je ne peux corriger ce que j'ai fait... Mais je peux en limiter les effets. »

Elle ne fut pas d'accord.

Mais être soldat dans cette troupe hétéroclite fut bien différent de son passé de Fantôme : ils se verraient dans la mémoire.

... Plus jamais ça...

Il fut intégré à une petite troupe d'une centaine de personne, Humains et Chimères confondus. Les Humains semblaient être des vétérans qui désiraient en découdre avec les Silridriss. Curieusement, l'accueil Humain fut plus chaleureux que celui de sa propre race.

Pendant la semaine qui suivit, il arpenta la mémoire pour chercher comment se battre avec ce nouveau corps. En un rien de temps, il fut capable de manipuler un fusil, de s'en servir et de se déplacer en harmonie avec les autres soldats qui combattaient. Il imprima les mouvements d'une certaine Tégos, qui avait appris un de leur art martial dans sa propre mémoire. Dans son temps libre il y entraîna son corps et son esprit. Les pouvoirs chimériques, la mémoire, combinée aux sciences Humaines rendaient l'ensemble extrêmement prometteur.

Quels mouvements compliqués quand même... pensa-t-il alors. Mais je veux revoir mes petits, alors pas question de laisser une seule chance de côté.

Puis vint le jour de la bataille.

Dioclès se souvint s'être regardé dans un grand miroir, en tenue de combat. Il avait coupé ses cornes pour être plus discret, mais son visage d'élan, il ne pouvait le changer. Sa toison brune ressortait des quelques ouvertures de son équipement. Le treillis vert, les bottes, le pistolet à sa ceinture, le harnais contenant une protection pare-balle et des poches pour les munitions. Le fusil mitrailleur en bandoulière, il grava cette image dans sa mémoire avant de la transmettre à sa femme.

Elle répondit par un, « Fait attention à toi ».

Puis il partit. Un convoi les emmena loin, très loin. Puis des opérateurs ouvrirent des portails vers les forges. La miniaturisation de ces matériels était un mélange technologique de plein d'espèces différentes.

Comme tous, il eut peur. Mais il avança avec la première vague.

« - Une fois de l'autre côté, avancez le plus loin possible, compris ?! Faut pas laisser le temps à ces enfoirés le temps de comprendre ce qui se passe !! » Avait crié le sergent.

La lumière éblouissante du monde désertique laissa place aux ténèbres rougeoyantes régnant dans les forges. Un environnement de métal, de rouille et de chaleur.

Totalement le contraire de ce qu'il appréciait.

Mais il n'était pas là pour aimer quoi que ce soit. Par chance, le portail donnait sur un genre de chapelle dédié à la Déesse-Impératrice, un plafond très haut, et de magnifiques gravures vantant son dogme. Pas de rouille ici, mais de la brillance et de l'éclat. La statue de pierre blanche qui la représentait au sommet d'une pyramide de croyants trônait en son centre pour être visible de tous. La lumière était un mélange de rouge et de jaune, liés aux flammes qui alimentaient les forges. Peu de dangers environnementaux. Manque de chance, elle n'était pas vide.

Cinq combattants eurent le temps de passer avant que les Silridriss ne reprennent leurs esprits. Le sergent mit ce court moment à profit en ouvrant le feu.

Tuer des êtres sans défenses lui rappela les sombres heures de la guerre.

Une erreur de plus, puisse-t-on un jour me pardonner... Mais aujourd'hui, c'est différent : nous savons clairement qui nous affrontons.

Le lieu, sacré pour les Silridriss, fut secoué par le vacarme des armes automatiques. Les balles de guerre traversaient les protections derrières lesquelles quelques uns eurent la présence d'esprit de s'abriter.

« - Kelm ! Tu achèves les survivants ! Les autres, on bouge ! » Cria le sergent humain.

Dioclès se précipita à la suite de son supérieur vers l'entrée de la chapelle. La porte grande ouverte montrait les forges dans tout leur gigantisme. Nimbées de nuages noirs, de fumées, et couvertes rouge-orangé les usines étaient inquiétantes. Les tuyaux et les coursives couraient dans tout les sens tel un labyrinthe.

« - Bordel, on y voit pas à cinq mètres sergent, objecta un Humain.

- Baïonnette au canon, on y va ! Il faut essayer de rejoindre cette grande tour, désigna-t-il. Une fois là-bas, on la piège et on la couche.

- Je me demande bien à quoi ça sert, fit un autre soldat.

- C'est un haut-fourneau, ça produit de l'acier pour leurs machines de guerre, répondit une chimère qui avait entendu la question. Si on le detruit ils auront moins de marcheurs à nous opposer. »

Les combats qui suivirent furent sauvages et sanglants. Mais en dehors de quelques flèches, lances et autres épées, les Silridriss n'avaient pas de quoi rivaliser avec les forces qui entraient dans les forges. Les esclaves qui désiraient être libres devaient rejoindre les portails pour quitter ces mondes. Pour chaque Silridriss abattu, six esclaves étaient libérés, et quatre refusaient de partir. Au bout d'une heure de combat, une chimère s'écria :

« - Hé sergent ! Ces trucs dans le ciel, c'était prévu? »

Les uns après les autres, les cuirassés Silridriss apparaissaient dans le ciel. Leurs silhouettes noires annonçaient de terribles augures.

*

« - Et merde ! Qu'est-ce qu'ils foutent là eux ! Cria Sarlen en tapant de sa tasse le plan holographique. Donnez-moi un visuel !

- Ce sont les même que ceux qui nous ont capturés la dernière fois.

- Y'a une Favorite dans le lot... murmura-t-il. Ok ! Repli immédiat ! Ils ont un quart d'heure pour foutre le camps ! Que l'équipe Lion se prépare, ils vont faire feu. »

L'information fut transmise dans la mémoire de manière immédiate, et toutes les équipes entamèrent leur repli.

*

« - Sergent ? Demanda Dioclès entre deux échanges de tirs.

- Quoi ?

- L'équipe Lion doit employer une arme appelée bombe thermonucléaire. Qu'est-ce que c'est ?

- Tu déconnes ?... Ils vont pas employer ça ici !? On a pas encore tout évacué, il reste des soldats et des esclaves à libérer ! C'est de la folie !

- Si, mais qu'est-ce que c'est ?

- Boucle-là ! Faut se barrer d'ici tout de suite ! »

Même si le changement de couleur fut minime, le sous-officier devint blafard avant de hurler :

« - Melvin ! Kerbal ! Tuisib ! Revenez bande de cons ! Allez ! Tirs de suppression ! »

Sous les yeux de Dioclès, les soldats coururent vers lui sur une coursive de métal. Il utilisa son fusil au mieux pour leurs permettre de revenir.

« - Allez tout le monde ! On se casse ! On se casse ! Grouillez ! »

*

« - Nom de Dieu ! Grouillez-vous ! Bordel de merde ! Cria Sarlen face au déploiement Silridriss. Si cette salope est là ça va faire du grabuge ! »

*

« - Ô Favorite, le maître des forges nous informe que les esclaves ont entamés un repli vers leurs portails !

- Hors de questions qu'ils s'enfuient ! Déployez nos forces rapidement ! Faites des prisonniers ! » La favorite se précipita à l'extérieur pour intervenir de la même manière qu'elle l'avait fait quelque temps plus tôt.

Elle identifia immédiatement un flux de soldats qui se précipitaient vers une chapelle.

*

L'impact que provoqua la Favorite devant le temple fut équivalent à celui d'un obus. Quelques soldats furent projetés contre les murs devant l'entrée du bâtiment.

« - Merde sergent v'la l'autre folle !

- Dioclès ! Dit à tes copains que la Favorite est là !

- Ils vont fermer le passage si je fais ça !

- Fait ce que je te dis bordel ! Ce sera pire si elle le passe ! »

Dioclès s'exécuta.

- Pouvez-vous rejoindre le portail avant elle ? Demanda sont interlocuteur.

- On va se débrouiller.

Devant lui, la Silridriss déviait toutes les balles qui lui était tirées dessus en riant. Elle leurs tourna le dos et entra.

« - Merde ! »

*

« - La Favorite à été signalée Mon commandant... déclara Arson.

- Merde.

- Elle se rapproche de l'un des passages.

- Que l'équipe Lion fasse feu ! Fermez les passages desquels elle s'approche.

- Mais le temps n'est pas...

- Nous n'avons plus de temps ! »

*

Voici le passage...

La Silridriss marchait tranquillement en direction du cercle de lumière. Intérieurement, Myanate jubillait. Personne ici ne pouvait l'arrêter. Ce ne serait qu'une question de temps avant que le reste des troupes n'extermine tout le monde de ces lieux.

Soudain, elle se sentit bizarre, elle se stoppa pour tenter de comprendre. Mais il était trop tard : son esprit flottait déjà au-dessus de son propre corps.

Une chimère à tête d'élan, dans l'encadrement de la porte, la regardait avec ses yeux blancs. Une dizaine de soldats se précipitèrent, et le dépassèrent tandis qu'il marchait vers elle.

- Comment oses-tu ? Fit-elle d'une voix éthérée. Penses-tu vraiment me vaincre ainsi ?

- Vous vaincre ? Non. Juste vous ralentir.

Autour d'elle, tous les soldats et esclaves qui s'enfuyaient se précipitaient dans le portail. Elle fit de violent mouvements pour lancer des sorts et limiter l'exode. Mais la marque du Klastlabad restait sur son véritable corps. Celui-ci était certes intouchable, mais hors de contrôle. Quelques soldats cherchèrent à la blesser mais sans succès. Le dernier l'embrassa sur la joue avant de lui glisser une grenade dans la bouche et des tapotement amicaux sur la joue.

Dioclès fut le dernier à passer. Le compte à rebours progressait dans sa tête, régulièrement incrémenté par une autre chimère. Il savait exactement quand cette dernière serait déclenchée.

- Tu vas le regretter...

- Peut-être... Peut-être pas, répondit Dioclès avant de passer le portail.

A peine la chimère eut-elle traversé que Myanate réintégra son corps et courut vers le portail qui se refermait. La grenade qu'elle avait dans la bouche explosa sans faire plus de dégâts qu'un pétard. Elle dériva l'énergie de sa marque vers le portail, ce qui lui permit de le bloquer sur un cercle d'une vingtaine de centimètres. Lentement, elle le rouvrait. Le tir à bout portant d'un fusil à pompe glissé dans l'intervalle entre les mondes n'eut aucun effet sur elle. Elle savourait déjà le carnage qui allait suivre.

L'arme honnie détonna.

D'abord un éclair blanc, surpuissant, rendit tout ce l'entourait d'une blancheur et d'une brillance insupportable. Comme un soleil dans le ciel au-dessus des forges la boule de feu couvrit tout, montant la température à plus d'un million de degrés Celsius. Tout ce qui vivait dans un rayon de trente-cinq kilomètres fut brûlé vif. Les cuirassés Silridriss virent leurs boucliers voler en éclat quasiment en même temps qu'ils se transformaient en four. Tout ce qui était en métal se déforma, fondit, ou fut sublimé sous les effets de la terrifiante chaleur. Puis vint l'onde de choc. Ce qui tenait encore debout, fragilisé par la température, fut soufflé. Quelques instants après, un vent de mort ramena les poussières et débris vers le point de l'explosion avant de réaliser un immense champignon noir qui monta au firmament.

L'extrême violence de l'explosion mit fin à la sauvagerie de la bataille, et laissa un silence malsain dans les ruines des forges.

Parmi les décombres, Myanate se releva difficilement. Son corps reprenait peu à peu forme. Son bras droit avait été arraché et sa peau était brûlée au point d'avoir une couleur brune, craquelée, et sanguinolente. Lentement, ses yeux, qui avaient explosés, redevenaient jaunes avec la fente verticale. Le champignon atomique, annonçant les pires contaminations ne lui disait rien. Elle ne comprenait pas ce qui s'était passé. Quelques secondes plus tôt, elle forçait un portail vers les fugitifs, là, elle était assise dans des ruines, la douleur parcourant son corps. L'odeur de sa peau, cuite, lui arracha un cracha de dégoût. La chaleur était encore présente et pénétrait ses poumons comme un fluide épais et visqueux.

Dans le ciel, les retardataires de la flotte de combat qui lui avait été confié apparaissaient sans réellement savoir ce qui les attendaient.

Mais... Qu'est-ce qui s'est passé ? Se demanda-t-elle un peu hagarde.

*

En dépit de la quantité non négligeable de créatures qui composaient l'équipe de commandement dans la cité d'argent, un silence macabre emplit la pièce. Tout les regards étaient tournés vers le vieux commandant. Celui-ci se passa la main dans les cheveux grisonnant après avoir retiré sa casquette.

« - Arson ? Demanda le vieux commandant d'une voix douce.

- Oui ?... fit la chimère

- Ramène tout ceux qui restent. Soignez les blessés, faites le décompte des pertes et du matériel restant... Cette opération est un échec complet. »

*

Dans la mémoire le choc fut terrible : toutes les chimères qui n'avaient pas encore passé les portails disparurent d'un seul coup. Une centaine en tout et pour tout. Salida, arrêta Manuel dans les coursives du lieu qui allait représenter le parlement.

« - Manuel, est-ce que tu sais ce qu'est une bombe thermonucléaire ?

- Oui, c'est une horreur, pourquoi ? »

L'instant d'après le jeune Roi sentit sa femme trembler, les jambes étaient flageolantes. Avec beaucoup de précautions, il l'assit contre un mur.

« - Ne me dit pas que l'une d'entre-elles vient d'exploser.

- Si, des chimères étaient dessous.

- Qui ? Où ?

- Sarlen, dans les forges.

- J'espère que le vieux con a des explications à donner ! On n'utilise pas ce genre de truc n'importe comment ! Putain, je lui ai dit de sortir le maximum d'esclave avant de bousiller les installations ! Pas l'inverse !

- Les explications arrivent dans la mémoire... Il y avait une Favorite. Il n'a apparemment pas eu le choix.

- On a toujours le choix, répliqua Manuel, mauvais.

- Tu avais raison Manuel lorsque tu m'avais déclaré que ton espèce avait crée des monstruosités. Mais... Qu'est-ce qui vous a pris de fabriquer des horreurs pareilles ?

- Si je le savais... Ces choses auraient dû rester enterrées. Attends une minute... Sarlen ? Mais ... ça signifie que c'est nous qui les avons ?

- Oui...

- Combien ?

- Quatre-vingt quatre maintenant...

- Faut que je m'asseye, fit le roi sous le choc.

-... Elles étaient dans l'Arche. Ne sachant pas ce que c'était, je n'y ai pas fait plus attention que ça, poursuivit Salida. Vous ne les avez jamais employées contre nous, n'est-ce pas ?

- Non.

- Pourquoi ? Vous ne les aviez plus ?

- C'est surtout à cause des retombées radioactives que cette arme provoque. Elles vont tuer à petit feu tout ce qui est vivant dans la zone. Cela va affecter le monde entier... Et on n'allait pas détruire notre propre monde.

- Comment ça ''tuer'' ? Demanda Salida avec les larmes aux yeux.

- Je ne connais pas le principe exact, mais ceux qui sont touchés ont de grandes chances de mourir dans les pires souffrances. Est-ce qu'il y a une chimère près du commandant ?

- Il y en a plusieurs et elles désapprouvent ce qu'il a fait, d'autant qu'il y avait des hommes aussi.

- Qu'il finisse cette opération. Que personne ne touche plus à ces trucs jusqu'à nouvel ordre : c'est bien trop dangereux.

- Sarlen a déjà donné des ordres pour rapatrier tout le monde puis il est allé s'enfermer dans son bureau. Tu devrais aller le voir.

- Bien, j'irai tout à l'heure. Est-ce que tu peux marcher ? »

*

Le nouveau bureau dans lequel la favorite s'était installée était une copie identique à celui qui avait été détruit dans l'explosion. Sous ses yeux, son bras repoussait, lentement, mais sûrement. Ses écailles également, mais... tout était chaotique en taille, en forme, ou en couleur. Le Klastlabad n'arrivait pas à soigner certaines parties, et cela lui restait incompréhensible.

Je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé... J'allais passer le portail, et l'instant d'après les forges ont explosées.

Soudain Myanate toussa fortement et recouvrit le bureau de gouttelettes du sang jaune de son espèce. Elle sentit immédiatement le Klastlabad la soigner. Mais sa surprise était réelle.

Qu'est-ce que les esclaves ont encore fait ? Il faut que je trouve un survivant... Mais dans ces ruines, ça va être compliqué.

Quelqu'un frappa à la porte, et Myanate utilisa sa puissance pour reprendre une forme convenable avant d'autoriser son interlocuteur à entrer.

« - Ô Favorite, fit le soldat clairement malade en entrant. L'équipage est malade : une étrange épidémie se propage à travers le navire. Beaucoup vomissent, et ont mal partout. Ils ont du mal à penser et délirent parfois. Nombreux sont ceux qui appellent la Déesse-Impératrice de les sauver ou de les achever.

- As-t-on trouvé des survivants dans les ruines ? Ignora-t-elle

- Quelques-uns...

- Des esclaves ?

- Une dizaine.

- Des Humains ? Ou des Chimères ?

- Une seule. Un Humain... Très mal en point d'ailleurs.

- Amenez-la moi immédiatement.

- Selon vos désirs Ô Favorite. Mais... si vous pouviez aider ceux qui sont dans les cas les plus graves, cela remonterai le moral des troupes.

- Bien, conduit-moi jusqu'à elle, je soignerai ceux que je croiserai. Et, pour commencer... Reçois la bénédiction de la Déesse-Impératrice. »

Myanate effleura le soldat, et celui-ci reprit aussitôt de la vigueur.

« - Louée soit la Déesse et ses représentantes ! Je vous en prie, ce sera un honneur de vous guider jusqu'à elle. »

A la suite de son guide, Myanate se déplaça dans les coursives du navire de guerre, effleurant chacun des membres d'équipages Silridriss qu'elle croisait, ordonnant l'expulsion des esclaves malades. Mais cette éjection forcée, sur un navire en vol n'avait qu'une seule finalité pour les malheureux.

Enfin, elle arriva dans le quartier des prisonniers. La majorité étaient dans les forges avant l'attaque. Mais une femme était allongée sur le sol dans la paille. Doucement, elle psalmodiait un ''notre père'' approximatif, probablement la seule prière qu'elle connaissait.

Myanate s'approcha d'elle, mais la jeune femme, le teint blafard, presque vitreux était aveugle.

« - Je suis Myanate, Favorite de la Déesse-Impératrice. Si tu me parles, j'abrégerai tes souffrances.

- Que voulez-vous savoir ? Demanda-t-elle d'une voix rendue rauque par la chaleur et la douleur.

- Que c'est il passé dans les forges ? Quelle arme avez-vous employée ?

- Une bombe... La plus terrible des bombes. Celle qui maudit ceux qui l'ont utilisé comme ceux qui survivent.

- Est-ce elle qui te rends malade ?

- Oui... Et il n'y a pas de remède.

- Erreur, grâce à la puissance de la Déesse-Impératrice j'ai...

- Vous n'avez fait que repousser l'inévitable de quelques jours. Je sais ce que vous êtes... Le Klastlabad à fait de vous un suppôt du Diable...

- Qu'as-tu dis ? Murmura la Favorite sidérée et envahie d'une colère folle. Comment connais-tu l'existence du Klastlabad?

- Rassurez-vous, ignora la combattante, il ne vous a pas oublié. Demain,... Après-demain,... Ou plus tard encore. Il viendra réclamer son dû... Soyez-en sûre, qui que vous soyez.

- De quel monde nous avez-vous attaqués ? Quelles sont ses coordonnées ? Où se trouve votre base ?

- J'ignore de quoi vous parlez. Papa ? Papa ? Est-ce toi ? »

La prisonnière toussa, postillonna un sang rouge avant de cesser toute respiration. Inerte, les yeux grand ouverts sur le plafond de métal du croiseur de guerre, l'esprit de la femme s'était échappée de cette geôle.

La Favorite tenta d'utiliser se pouvoir pour l'empêcher de passer de vie à trépas en vain. Les radiations et la contamination avait eut raison de la combattante. Intérieurement, elle maudit que seule l'Impératrice puisse ramener les morts à la vie.

*

Seul, Manuel se tenait la tête entre les mains, le regard planté dans une petite tasse d'un café aussi noir que ses pensées. L'arrière-salle du café dans lequel il était avait une décoration boisée magnifique. Tout en bois, en verre, et en laiton. Le genre de café qu'avait affectionné l'escadron Rock en son temps : chaleureux et animé.

Vivant.

Les délires de ses frères d'armes lui manquait, comme les remontrances de Marilyn. Le brouhaha ambiant de la salle à moitié pleine ne le dérangeait nullement. Il sentait que les chimères présentent devaient parler de lui, tout comme la moitié du reste de la salle. Tant qu'on le laissait en paix, cela ne le dérangeait pas.

Il voulait rester seul quelques instants.

Dans le chaos de la guerre, un moment de calme, de solitude, et de silence relatif. Le monde devenait gris devant ses yeux. Sombre et dénué d'intérêt. Son seul rayon de lumière... Salida. Il ne pouvait concevoir de la perdre.

Une petite larme coula. Vite séchée, il la regarda avec étonnement.

''Petit à petit, un voile gris vient se poser devant les yeux des soldats, résonna la voix du père Jean. Les soldats deviennent alors pire que des animaux... et meurent.''

Est-ce que je deviens une de ces créatures sans âmes ? Tuer, autrefois m'a fait vomir et perdre le sommeil. Aujourd'hui, je ne ressens plus rien, et je dors sans problèmes. Ai-je perdu mon Humanité ?

Tout en s'interrogeant, Manuel releva la tête et son bras gauche, tatoué pour l'observer à la lumière blafarde. Mais il n'avait pas changé plus que cela depuis l'accident du Berserker. Et son regard se porta alors sur le reste du bar.

La Cité d'Argent avait bien changé : d'une forteresse militaire elle était devenue un village, puis une ville. D'autres cités avaient fleurit un peu partout, et des représentants y avait été élus. L'assemblée fonctionnait, et quelques lois anti-discrimination et anti-racisme avaient été arrangées pour faire face à l'arrivée massive d'anciens esclaves. Des cafés, des restaurants, des hôtels, des boutiques, des casinos et tout ce qui pouvait servir à faire passer le temps à des soldats, toutes espèces confondues, avait été crée. Dans de nombreux endroits les premiers drapeau de leurs faction apparaissaient. Faire un choix n'avait pas été simple mais Salida et lui en avait choisi un et avait été validé par l'assemblée. Deux rectangles superposés bleu et vert rappelant le ciel et la terre. Au milieu, un cercle polychrome pour toutes les espèces qui désiraient vivre ensemble. Un disque rouge sang au centre du cercle en L'honneur de tout ceux qui étaient morts pour que cette société puisse vivre, peu importe leur race. Pour finir, deux couronnes étaient posées dans le disque, la blanche et bleue pour Salida, une or et noir pour lui. Leur faction s'appelait la ''Faction d'Argent'' en raison du nom de la première cité bâtie. La proposition que Fernand avait faite sur le sujet lui arracha un sourire triste : ''L'Union-pour-le-pétage-de-gueule-de-l'Impératrice-à-coups-de-barres-à-mine-et-tessons-de-bouteilles''.

La chute des forges avaient fait le tour des réseaux d'information Silridriss. Il le savait car de nombreux esclaves s'enfuyaient des cités et des convois pour tenter de les rejoindre. Plus encore mourraient en essayant, mais les fugitifs étaient de plus en plus nombreux. Pour éviter les intrusions d'espions, des chimères avec le pouvoir de les démasquer avaient été missionnées pour faire le tri. Malheur à ceux qui ne venaient pas en étant animés de bonnes intentions.

C'est la guerre... il y a toujours des tragédies, mais... sommes nous capable de vaincre sans nous y perdre également ?

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