12 : Politiques (2/3)
« - Monsieur, il y a une communication en clair sur le réseau ! » Se précipita Vérité dans le bureau d'Arionis. Elle y entra sans frapper et fit sursauter l'Homme politique.
- Nom de Dieu, Vérité ! Qu'est-ce qui se passe !
- Regardez ça ! » cria-t-elle en allumant le grand écran pour sélectionner une chaîne du réseau. Sur l'image, coupée en deux dans le sens vertical, deux hommes discutaient. Celui de gauche était un présentateur bien connu, celui de droite tenait un micro dans une pièce en pierre richement décorée et sculptée.
« ... Avouez tout de même que cela paraît incroyable, fit le présentateur.
- Et pourtant, je vous assure que c'est vrai : Des chimères sont désormais à taille humaine. Elles ont récupéré des machines de guerre à nous et elles affrontent les Silridriss. Une bonne partie des soldats qui sont sauvés lors des opérations militaires qu'elles mènent viennent grossir leurs rangs.
- Mais ce sont des Humains qu'elles libèrent ?
- Oui, mais pas que ! Elles m'ont moi-même libéré.
- Êtes-vous libre de vos mouvements ?
- Oui, et lorsque je leur ai demandé de reprendre mes activités de journaliste, elles ne s'y sont pas opposé. Je suis totalement libre de mes mouvements et de mes propos.
- Mais alors, pourquoi ces soldats ne reviennent pas dans les rangs de l'armée ?
- Tourne la caméra, montre-les. » Fit le journaliste au cameraman.
Sur l'écran apparurent alors les trois armures berserkers autour desquelles s'affairaient des chimères et des Humains. La production passa le plan en plein écran.
« - Je dois préciser que nous sommes dans une zone sécurisée...
- Vous voulez dire qu'elles sont réelles ? Le coupa le présentateur.
- Aussi réelles que moi. Il y a trois modèles.
- Est-ce que ce sont des Chimères qui les pilotent ?
- Non, ce sont des Humains, nous n'avons pas encore pu les rencontrer mais nous avons la certitude que ce sont bien des Humains qui pilotent ces engins.
- Pourquoi ces pilotes aident les chimères alors que les Silridriss progressent sur terre ?
- Nous n'en savons rien, mais nous avons un entretien avec le couple royal dans quelques minutes ici même. Peut-être aurons-nous le fin mot de cette histoire... On me fait signe qu'ils sont là.
- Allez-y Sylvain, vous gardez l'antenne. »
La caméra se déplaça pour suivre les mouvements du journaliste qui se mouvait dans l'atelier des armures. Elle filmait la maintenance, les Chimères, les Humains, et quelques autres espèces inconnues tandis qu'ils évoluaient. Pendant ce temps, le présentateur faisait un résumé de la situation.
« - C'est la merde, commenta le consul, mal à l'aise.
- Pas sûr. » répondit Vérité.
Finalement, la caméra arriva jusqu'à un renfoncement où trois chaises de jardin en fer attendaient. Sur deux d'entre-elles étaient assises un homme tatoué au visage et une chimère avec l'aspect de tigresse blanche avec des rayures bleues. L'homme portait un ensemble en jean et la chimère une robe chinoise. La caméra filma des poignées de mains échangées avec le journaliste avant que les trois personnages ne s'asseyent. Le jeune homme aux cotés de la chimère n'avait pas l'air à son l'aise.
« - Bonjour Reine Salida, commença le journaliste. J'ai compris que vous désiriez commencer dés maintenant l'interview. Pour quelles raisons le Roi n'est-il pas convié ?
- C'est moi, fit Manuel.
- Pardon ? Reprit le journaliste.
- Le Roi, c'est moi.
- Ah... Euh... Le Roi des chimères est Humain. Mais... Comment est-ce que... ?
- Comment est-ce possible ? Suggéra Manuel.
- Oui, avouez que c'est plutôt surprenant, comment vous appelez-vous ?
- Je m'appelle Manuel Ferreira. J'ai épousé Salida grâce à un coup du sort, ou du destin.
- Expliquez-nous cela s'il vous plaît. »
Manuel entra alors dans l'histoire commune qu'il avait avec celle qui fut une princesse et qui était désormais Reine. Salida agrémenta de quelques anecdotes prouvant ainsi leur complicité.
« - Mais, techniquement... Vous couchez ensemble ?
- Non, on joue au scrabble ! Répondit Manuel du tac-au-tac avant de se reprendre. Nous sommes mariés, nous faisons donc tout ce qu'un couple marié à l'habitude de faire. Les détails techniques sont de l'ordre de la sphère privée.
- Mais, reprit le journaliste n'avez-vous pas l'impression d'une union contre-nature ?
- Si nous nous aimons cela ne regarde que nous, répondit Salida.
- Pourtant vous êtes de deux espèces différentes.
- Et ? Demanda Manuel avec un sourire.
- Pardon ? Demanda le journaliste.
- Quelle est précisément la question ?
- Cela ne vous dérange-t-il pas d'avoir une relation avec une autre espèce ?
- Non, répondit Salida.
- Non, et comme vous l'a précisé ma femme, cela ne vous regarde pas. »
La réponse, sans plus d'explications fit comprendre au journaliste qu'il n'en saurait pas plus et qu'il se devait de changer de sujet.
« - Sire, je n'ai pu m'empêcher de remarquez que vous portez sur le visage les mêmes marques que l'une des armures que nous avions montré précédemment.
« - C'est le cas, et c'est normal : j'en suis le pilote. »
S'en suivit des heures de questions-réponses où tout ou presque fut passé en revue. Les raisons de sa défection envers les forces Humaines, l'organisation politique de la cité d'argent et des objectifs de cette nouvelle faction.
« - Il se débrouille pas trop mal, commenta le consul.
- Il est trop franc, c'est dangereux avec l'opinion publique.
- Mais cela peut fonctionner.
- C'est un coup de poker qu'il fait.
- Je ne pense pas, le commandant Higas m'a transmis son dossier. Ce type est trop bête pour avoir une réelle stratégie de communication. Il dit ce qu'il pense.
- Merde. »
La conversation avait dévié sur les récentes attaques contre des zones dévastées à travers le monde. Salida expliqua qu'il s'agissait là des agissement du gouvernement central Humain, aidé des Chimères restées fidèles à Hillgearim. Le journaliste demanda des preuves et Salida parla de la mémoire commune de son peuple.
« - Chérie, c'est suffisant pour moi, mais je crois que lui veut des preuves matérielles.
- Haaa... Je vous conseille alors d'aller voir Happy Summer au niveau dix-neuf. Elle vous donnera toutes les preuves que vous désirez. »
Arionis se tourna vers sa secrétaire :
« - Où en est-on avec ces opérations ?
- Elles se poursuivent.
- Suspendez-les.
- Bien. »
Vint alors les questions concernant la nouvelle faction, quelle nom porterait-elle ? Quel en serait le symbole ? Mais Arionis éteignit l'écran.
« - Une opération de communication de leur part, c'est surprenant, fit Arionis en s'appuyant sur son bureau.
- Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'il n'a pas démenti sa relation avec la Reine, commenta Vérité. Il a réagit comme si elle était Humaine... Et il a défendu cette relation.
- En quoi est-ce un problème ?
- Nous l'avons attaqué publiquement sur un sujet personnel. Il ne s'est pas défendu, ni démenti. Juste : ''Cela ne vous regarde pas, seuls mes actes comptent''. »
*
* *
*
Le commandant Sarlen finit d'écrire un courriel sur l'ordinateur. Il le relut, puis satisfait du résultat, il l'envoya avec le sourire. Il se retourna vers son petit bureau d'acier, au plus profond du centre de commande de la Cité d'Argent. Les murs étaient nus, mais, scotchés de manière homogènes, de petits posters d'AMC et d'avions de chasse étaient accrochés. Il laissa son regard s'attarder sur l'une des images avant de se replonger dans son travail.
Bon, maintenant, il faut préparer l'attaque des forges...
« - Arson ?
- Oui, commandant ? Fit l'aide de camps en entrant.
- Combien de troupes pouvons-nous détacher pour l'attaque des forges ?
- Comment le saurais-je ? »
Surpris, le vieil homme se tourna vers la chimère anthropomorphique.
« - Mais... Vous n'avez pas de liste de troupes disponibles ?
- Non.
- Mais comment savez-vous quelles sont les troupes disponibles pour des attaques ?
- On demande des volontaires dans la mémoire.
- Ha... Fait l'appel alors, j'ai besoin de savoir sur qui on peut compter. Une personne inscrite ne pourra se désister pour quelque motif que ce soit.
- Bien...
- Et fait la liste des Humains prêts à se battre également. Euh,... Est-ce que les Chimères subissent un entraînement sous ces formes ? Parce que si vous ne vous y êtes pas habitués, vous allez droit à abattoir.
- Ne vous inquiétez pas, nous suivons des formations prodigués par des soldats Humains.
- Bon... Quel est le matériel militaire disponible ?
- Je vous amène la liste de ce que nous avons ramené de l'arche. »
L'ours verts et orange repartit avant de revenir avec une épaisse liasse de documents de quarante centimètres d'épaisseur.
« - Personne n'a pensé à ranger ça dans des classeurs ? Demanda l'officier en soulevant un sourcil.
- C'est surtout que vous êtes la première personne à le demander. Pour nous, tout est inscrit dans la mémoire.
- Alors vous allez aussi devoir innover... Bon, je vais voir ce que je peux sortir de ce tas de papier.
- C'est classé par ordre alphabétique et traduit dans la langue du Roi. On s'est dit que c'était une base comme une autre.
- Parfait. » Répondit le vieux soldat en arpentant la première feuille.
Il se figea tandis que la chimère quittait la pièce.
« - Arson...
- Oui.
- Avez-vous comprit le moindre truc de ce que vous avez écrit ?
- Oui, pour la plupart. Mais environs dix pour cent nous est inconnu. Pourquoi ?
- Le Roi a-t-il eu connaissance de cette liste ?
- Non, je ne pense pas... Il me semble qu'il s'est limité aux armes tactiques comme les armures, les tanks et les chasseurs. Pourquoi ? »
Le vieil homme gardait le silence, hypnotisé par ce qu'il lisait.
« - Il serait sage de la lui montrer dans les plus brefs délais. Et de lui demander de s'attarder sur la première page. »
*
* *
*
Dans sa cellule, Arsear parlait avec Rig-rid.
« - Je n'aime pas vous voir prendre des risques Monseigneur.
- Ils sont calculés, rassures-toi. Comment ça se passe à bord ?
- L'équipage s'interroge, et le cœur d'érapha ne nous lâche pas. Vous pensez vraiment que les Humains vont le trouver ? Ils sont doués dans les domaines techniques et scientifiques, mais tout de même... Ils n'ont aucune connaissance en matière d'érapha.
- C'est pour cela qu'ils peuvent réussir. Ils ont d'autres limites et d'autres approches que les nôtres. Ils verront certainement quelque chose que nous n'avons pas vu ou compris.
- Et vous pensez vraiment qu'ils vont vous donner le cœur comme cela ?
- Ils n'ont pas le choix, et le roi et la reine le savent. Ils me haïssent mais ils ne peuvent rien me faire.
- Cela reste périlleux.
- Cesse donc de t'inquiéter. Je risque aussi d'avoir à me séparer de ma broche.
- Hein ? Pourquoi ? Demanda la Gnome
- C'est une surprise, fit le saurien avec un large sourire. Mais je serai de retour peu après.
- Hum... Faites tout de même attention. »
*
* *
*
« - Ô favorite, cela fait des jours que nous attendons près des forges, fit le Silridriss en entrant dans le bureau du navire. Aucun adversaire n'arrive... »
Le souffle coupé l'enseigne fut collé contre le mur. Retenu par la gorge, Myanate ayant revêtu son habit de lumière, elle grogna :
« - Remet-tu en cause mes ordres ?
- Non Ô favorite, je n'oserai pas : par votre bouche s'exprime la Déesse-Impératrice. Mais les équipages s'impatientent. La proximité avec les esclaves des forges n'arrange rien : ils veulent du sang.
- Du sang ?Amène-moi ceux qui s'énervent ! Je vais leur en donner... Cria-t-elle en le jetant sans ménagement sur le sol. Ils auront autant de sang qu'ils peuvent l'espérer à la prochaine bataille, mais s'ils ne peuvent attendre : Qu'ils viennent me voir ! »
Quelqu'un frappa à la porte du bureau.
« - Entrez ! Quoi encore ! Hurla-t-elle.
- Il se passe des choses dans les forges... Commença le messager apeuré.
- Quoi donc ?! Continua-t-elle s'être déplacée en un éclair.
- Des révoltes, mais, c'est étrange... Il y en a un peu partout en même temps.
- Les Humains ?
- Nous n'en savons rien. D'après les quelques rapports que nous avons, les esclaves se révoltent.
- Laissez les gardes se débrouiller ! Et guettez l'arrivée des Démons d'Alikaross ! Ils ne vont plus tarder ! »
*
Dans le centre de commande, Sarlen, l'éternelle tasse de café en main regardait la carte évoluer au fur et à mesure que les forces coalisées progressaient dans les forges. Si les Silridriss étaient puissants dans les plaines ou dans les villes à l'aide de leurs forces mécanisées, dans les forges, c'était une autre histoire. Les coursives et les espaces entre les bâtiments étaient bien trop réduits pour permettre à leurs machines de guerre d'évoluer correctement. Leurs troupes à pieds, constitués de quelques gardes-chiourme et surveillants plus ou moins sadiques étaient trop mal équipés. Suffisamment pour mater une rébellion, mais pas assez pour venir à bout de forces correctement équipées et organisées.
Ces installations sont gigantesques... On va mettre du temps à tout vider...
« - Les équipes Sagittaire et Gémeaux ont posé les charges, et annoncent la fin de leur avancées, très peu d'opposition. Les esclaves rencontrés ont été dirigés vers les portails. Capricorne, Poisson, Vierge, et Taureau ont une progression conforme aux prévisions. Cancer et Bélier font face à une forte opposition, mais ce n'est qu'une question de temps avant que cela ne cède et qu'ils ne reprennent leur avance, annonça Arson.
- Des pertes ?
- Quelques blessés pris en charge par les équipes médicales.
- Notre ''joker'' ?
- Lion ? Ils auront terminé dans dix minutes... Mais...
- Oui ?
- On n'en a prit qu'une seule. C'est... C'est aussi puissant que ça ? Demanda la chimère dubitative en repensant à la trace qu'une chimère de l'équipe Lion avait laissé dans la mémoire.
- Celle-là... Oui, fit le vieux soldat avant de boire un peu de café. Ça fait beaucoup de dégâts. Alors évitons de l'utiliser si possible. Que Sagittaire et Gémeaux fassent la liaison avec Cancer et Bélier. Maintient des ordres : il faut bousiller ces forges... Arson, qui a entraîné les chimères ?
- Comment cela ?
- Lorsque je regarde leurs mouvements, je jurerais voir des forces spéciales qui se déploient. Et vous n'avez pas pu apprendre ces stratégies par vous-même... Qui vous a enseigné cela ?
- Le capitaine Aquil.
- Eh bhé, il a fait du bon boulot. »
*
« - Alors ?! Cria Myanate.
- Toujours rien ô Favorite, répondit l'équivalent de l'opérateur radar chez les humains. Juste un de leurs appareils volant en haute altitude.
- Ils progressent dans les installations. Le maître des forges demande de l'aide.
- A-t-il pu identifier ses agresseurs ?
- Des Humains et des créatures qu'il n'a jamais vu. Elles sont équipés d'armes de tir qui font de terribles dégâts. Trente pour cent de ses effectifs ont déjà été perdus. Mêmes les lourdes portes anti-intrusions ne les stoppent pas : ils les ouvrent à l'explosif.
- L'infanterie Humaine ! On intervient ! Ordre à la flotte de changer de monde et de se déployer sur le flanc sud !
- Bien Ô Favorite. »
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