11 : Confrontations (2/3)

Où est passée l'arrière-garde ? S'interrogea Arsear en constatant qu'une partie du convoi avait disparu de son champ de vision.

Comme pour répondre à sa question, deux machines surgirent derrière lui et le plaquèrent au sol.

« - Bien tenté... » Murmura-t-il avec un sourire.

Alimenté par le Klastlabad, le véhicule qu'il conduisait n'avait rien de commun avec les Kalieks, les sarbacks ou les tarantas. Par conséquent, son véhicule se releva sans efforts apparents tandis que les deux AMC de plusieurs tonnes chacune tentaient désespérément de le maintenir au sol.

Une troisième machine vint face à lui, et le mis en joue avec un fusil d'assaut. Avec une vitesse qui surprit tout le monde, Arsear se débarrassa des deux agresseurs qu'il avait sur le dos en les jetant l'un contre l'autre. Avec une facilité déconcertante, il désarma la dernière machine avant de lui arracher le plastron.

Comme il le supposait, le pilote était un mélange entre un homme et une chimère. Une explosion, lié à l'utilisation d'un pouvoir chimérique le repoussa de quelques mètres.

Il ne fut pas déçu : Voyant son engin hors d'usage, le pilote avait utilisé son pouvoir.

Considérant que c'était suffisant pour le moment, et avec un sourire d'amusement, Arsear leva les bras pour signifier sa reddition. L'envie de rire était difficilement contenue : même ensemble, aucun des trois assaillants ne pouvaient rivaliser avec son engin. Il ne se rendait que parce qu'il le désirait et que c'était le meilleur moyen de savoir ce qui se tramait sous la montagne. De toute façon, le Klastlabad le protégeait et garantissait à lui tout seul une porte de sortie si son périple dégénérait.

« - Rig-rid chérie ? Fit-il le sourire au lèvres tout en activant la broche.

- Euh... Oui, répondit l'intéressée, surprise du titre qu'il venait de lui accorder.

- Je vais rentrer dans les tunnels de la montagne. Cela risque de couper un petit moment. Personne ne bouge avant mon retour et tu tiens ta langue.

- Bien sûr. Monseigneur, je vous ai...

- Chut, pas maintenant. » Coupa-t-il.

*

* *

*

« - Alors Fernand ?

- Négatif, je ne vois pas Calianne. J'ai les traces de pas des Silridriss qu'on a laissé sur place, mais pas de la Dryade.

- Merde, pesta Manuel dans le coin radio du navire. Mais où est passée cette abrutie ?

- Est-ce que je rentre ? J'ai rien de plus à faire ici : y'a que des cailloux et du sable dans le coin.

- Vas-y, traîne pas dans le coin, les Silridriss ne devraient plus tarder.

- Manuel ? » Fit Kouiros entrant dans la petite pièce.

- Oui ?

- On vient de faire une étrange capture à la Cité d'Argent.

- Laquelle ?

- Un commandant Silridriss, il déclare te connaître et demande à te parler. »

Manuel resta quelques instants interdit face à ce que le bouquetin lui annonçait. Le jeune roi chercha dans sa mémoire une rencontre avec un Silridriss avec qui il aurait pu se lier d'amitié mais en dehors d'un esclave, il ne vit personne.

« - Je ne vois pas qui cela peux-bien être, commença-t-il avant de constater le regard soupçonneux très appuyé de la chimère. Euh... Kouiros, tout va bien ?

- Tu ne nous cache rien hein ?

- Bien sûr que non ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Rien, il y a eut pas mal de remouds dans la mémoire ces dernier temps. Je suppose que cela doit jouer sur mon humeur.

- J'espère que ça va se solutionner... est-ce que ce prisonnier a fait du dégât avant de se faire attraper ?

- A peine deux blessés légers. Pourquoi ? Interrogea Kouiros.

- Ça vaut peut-être la peine d'écouter ce que ce type à a dire. Et il ne faut pas oublier que l'on cherche un interlocuteur valable. Un commandant est un bon début.

- Il reste Silridriss.

- Shershalla aussi. »

Le héros chimérique comprit immédiatement la référence. Mais il se garda bien du moindre commentaire.

« - Mettez-le au frais pour mon arrivée. Traitez-le correctement.

- Ok. »

*

* *

*

« - Excusez-moi, Ô favorite, fit le garde en entrant dans le bureau de Myanate. J'apporte des nouvelles intéressantes.

- Je t'écoute, répondit-elle dans un murmure.

- Le navire que vous avez envoyé à la poursuite de l'esclavagiste a envoyé son rapport. Il a trouvé les cadavres de nos congénères et une Dryade encore en vie. Il semblerait que certains d'entre-eux aient été froidement abattus par les démons d'Alikaross.

- La Dryade ?

- Elle voulait monnayer la vie de l'un des démons contre des informations. Le commandant l'a interrogée, puis éliminée avant de la jeter dans la chaudière du navire. Elle avait avec elle un objet nommé ''Disque dur'' contenant des informations très importantes. Entre-autre, la manière dont les démons d'Alikaross sont apparus et la forme originale de la princesse chimère.

- Mais pourquoi les démons ont-ils attaqué un simple convois d'esclave ? Demanda Myanate qui ne comprenait pas cette stratégie.

- Ils voulaient sauver leurs congénères, et d'après elle, ils vont s'attaquer aux forges.

- Quoi ? Où est leur base d'opération ?

- Nous ne savons pas : la Dryade est décédée avant de l'avoir dit.

- Mais quel abruti ! Hurla Myanate en tapant du point sur le bureau. Bon ! Ordre immédiat pour la flotte : direction les forges ! Nous devons à tout prit protéger ces installations ! »

*

* *

*

« - Commandant Higas ? Nous avons une communication en provenance de l'Arche, déclara le soldat en entrant dans la tente de son supérieur.

- Qu'est-ce qui veulent ce coup-ci ?

- Rien, c'est un de nos gars. Les chimères leurs ont rendus leurs armes déchargées, leurs matériels ainsi que les clefs de l'Arche. Enfin... ce qui reste de l'arche.

- Comment-ça : ''ce qui reste de l'arche'' ?

- Les chimères ont tout démonté avant de partir. Il ne reste que les murs en béton. Même les toilettes ont disparus.

- C'est pas possible ! Mais par où se sont-ils barrés ?! Et où est passé tout le matériel de l'Arche ?

- Ils ne savent pas. Les chimères les ont fait sortir, leur ont rendu leur équipement avant de prendre le dernier ascenseur fonctionnel.

- Elles sont descendues ?

- Oui, et une fois l'ascenseur de retour, ils y sont aussi descendus. La caverne de stockage était vide, mais au milieu, il y avait un étrange mécanisme qui semblait avoir été détruit à l'explosif.

- Les salopes ! Elles ont changé de monde ! Que reste-il là-bas ?

- Je ne sais pas, mais pas grand-chose on dirait. »

Le commandant comprit alors les raisons pour lesquelles il avait fallu du temps aux chimères.

Ce qui est plus inquiétant, pensa-t-il, c'est qu'ils ont maintenant de quoi équiper, entretenir, et développer une armée entière.

*

* *

*

Le corbeau-couronné, auréolé de la petite flotte de navire capturés s'approcha de la montagne qui renfermait la Cité d'argent. A la grande surprise des équipages, un pan entier de la montagne s'ouvrit a son sommet pour laisser voir une immense baie d'amarrage. Cette partie avait clairement été conçue par des chimères : une colonne centrale immense tel un pilier trônait au milieu d'un immense espace vide. Sur les murs, un escalier en colimaçon courait comme celui que Manuel avait vu dans la cité de Pau. Mais au lieu des nombreuses alvéoles dortoir creusées dans la roche, le lieu avait été aménagé pour accueillir des navires volants Silridriss. La dizaine de navires volants qui arrivaient ne remplissaient pas la moitié des emplacement disponibles.

Devant des installations aussi grandioses, les Humains étaient bouches bées. Le roi ne fit pas exception à la règle.

« - Jeune homme, fit le commandant Sarlen, tout aussi admiratif à coté de lui. Il semblerait que les chimères aient assimilé notre technologie.

- Non, ce sont juste les portes de l'Arche qui ont été démontées et réinstallées ici. En tout cas, elles ont fait du bon boulot.

- Une Reine et Roi motivent un peuple. Et la motivation est d'autant plus forte qu'il sent que ces derniers font ce qu'ils peuvent pour lui. » Répondit Salida en montant à bord. Elle avait troqué la tenue de pilotage qu'elle portait régulièrement pour la robe chinoise qu'elle avait reçu du vieux Weng.

Manuel se dirigea immédiatement vers elle et l'enlaça avec tendresse. Elle fit de même.

« - J'ai eu peur pour toi, lui glissa Manuel. Comment ça s'est passé à l'Arche ? Vous avez tous pu fuir ?

- Ne t'inquiète pas : il n'y a plus rien d'intéressant là-bas, raconte-moi plutôt ce qui s'est passé avec les navires esclavagistes...

- Avec la mémoire, tu le sais déjà.

- Je préfère quand tu me raconte.

- Je te raconterai tout, promis. Mais d'abord. »

Manuel sortit la tête de la chimère qui s'était glissée dans son cou pour l'embrasser avec tous les sentiments qu'il avait pour elle. Le vieux commandant, et les quelques spectateurs humains qui n'avaient pas encore vu ce genre de relation inter-espèce furent choqués. La surprise passée, une grande majorité s'amusa de ce qui venait de se dérouler. Le reste s'en désintéressa, quelques-uns exprimèrent leurs désaccords de manière étouffées.

Le baiser terminée, Salida colla son front contre celui de son Homme dans une marque d'affection identique dans la symbolique.

« - Pourriez-vous prévenir quand vous faites ce genre de chose ? Demanda le commandant après s'être éclairci la voix. Y'a quand même des âmes sensibles ici. »

Le commentaire engendra quelques grincement de dents cotés chimères. Salida sourit au vieil homme tout en se rapprochant de lui.

« - Commandant Sarlen, c'est un honneur de vous revoir.

- L'honneur est pour moi princesse... euh... Reine Salida ? Se reprit-il.

- C'est le cas et je me suis même mariée.

- Alors je vous adresse toutes les félicitations de circonstances pour votre mariage, tout mes vœux de bonheur...

- Cela me va droit au cœur.

- ... Même si vous auriez pu prendre autre-chose que le plus dingue des Humains que je connaisse pour époux. Bon, de ce que j'ai compris vous avez besoin de structurer et de renforcer l'armée que vous êtes en train de monter pour aller botter des culs de lézards.

- C'est exact.

- Je n'ai plus vraiment de valeur aux yeux du commandement central. C'était la troisième fois que je désobéissais à un ordre direct. Je suis bon pour la court martiale. Mais le ''Roi'' m'a demandé de l'aider, je tiens à m'assurer que les chimères obéiront aussi à mes ordres.

- Est-ce que notre organisation politique vous convient ?

- Y'a mieux mais ça fera l'affaire.

- Alors je ne vois aucune raison qui ferait qu'une chimère ne vous obéirait pas ; en particulier si vous avez la confiance du Roi.

- Euh... Y'a pas un genre de cérémonie féodale ou un truc du genre ? Demanda le vieil homme, surprit de voir que ce point était réglé sur le pont d'un navire volant sans plus de procès.

- Les chimères ne s'embarrassent pas de ces choses là. Une fois dans la mémoire, l'information est officielle, expliqua Manuel.

- En parlant d'officiel, Manuel, nous avons eu un invité.

- Kouiros m'en a parlé...

- C'est Arsear.

- Qui ? Demanda Manuel.

- Celui qui nous a capturés lors de la bataille de Gibraltar. »

Le silence dura quelques instants, l'information trouva rapidement son chemin dans l'esprit du jeune Roi. Le responsable de la disparition de l'escadron Rock, de la noyade de Marilyn, du meurtre de Véronique, de la malédiction de Salida et de la sienne. Heureusement qu'il n'était pas dans son AMC : sa perte de contrôle aurait été immédiate.

« - Tu es sûre ?

- J'ai reconnu son odeur. Et elle empeste la machine dans laquelle il est arrivé.

- Cet espèce de fils de pute, commenta Fernand qui aurait aussi perdu tout contrôle s'il pilotait.

- On se calme les enfants, recentra Sarlen. Il est venu pour discuter n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas écouter ce qu'il a à dire ? Vous pourrez toujours le fusiller après... »

*

* *

*

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top