1 : Messages (3/3)

Assis sur le sol, adossé au bastingage, Manuel lisait la tablette que sa sœur lui avait donné. Le jeune soldat ne pouvait s'empêcher de souffler à chaque page tant le style était lourd et pesant. A la difficulté à s'immerger dans le livre s'ajoutait la beauté du paysage extérieur. Malgré l'altitude, le vent était léger, le ciel mauve dégagé, le sol dans des nuances de jaunes ; et les quelques nuages qui ne bougeaient pas d'un pouce fournissaient un paysage grandiose. Ce genre de tableau générait plus un sentiment de béatitude contemplative qu'une réelle concentration. Finalement, la tablette sur les genoux, Manuel laissa aller sa tête contre le bastingage et laissa le soleil chauffer son visage, toujours protégé par les lunettes. Il resta ainsi quelques minutes, cherchant à emmagasiner le maximum d'énergie de l'astre solaire.

« - J'ai deux mots à te dire ! Fit une voix en colère qu'il reconnut facilement.

- Tégos, si c'est parce que je suis avec Salida...

- Oui c'est pour ça. Tu n'es pas chimère, tu n'as rien à faire avec la princesse ! C'est clair ?!

- Oui et non.

- Comment ça ?

- Oui, je ne suis pas chimère. Non, j'ai à faire avec elle.

- Je vais t'éclater la gueule !

- Et pour quel motif ? Répondit Manuel en portant son attention sur la guerrière au visage de cauchemar. La protéger ? Son pouvoir est là, elle est adulte et elle fait désormais ses propres choix.

- Je ne te reconnaîtrais jamais roi !

- Super ! Tu veux pas dire au reste du peuple de faire pareil ? Oups, pardon, ils ne la reconnaissent pas comme reine ! »

Avec une très grande vitesse, la chimère planta ses griffes dans le bois juste à coté de la tête de Manuel. Celui-ci se laissa tomber sur le côté pour éviter l'assaut qui ne lui aurait fait aucun mal de toutes façons. La chimère noire le colla au sol de son autre main, montra ses dents et parla presque en murmurant :

« - J'ai élevé Salida comme ma fille salopard, les Chimères n'aiment pas comme les Humains, et si jamais tu lui brises le cœur je te promet que tu passeras un sale quart d'heure ! Compris enfoiré ?

- Fait très attention à ce que tu dis et ce que tu fais Tégos, je ne plaisante pas. »

Durant un court instant, la chimère ne comprit pas de quoi parlait le jeune homme. La sensation d'un objet s'appuyant sa poitrine força la combattante à quitter des yeux le jeune capitaine. Il avait sorti son pistolet et appuyait le canon sur le cœur. Elle regarda de nouveau le jeune homme dont le visage était fermé avec une colère non dissimulée.

« - Tu es la dernière à croire encore à cette connerie du trône. Tout le monde a passé l'éponge, même si personne ne reconnaît vraiment l'autre connard comme roi. Salida est une princesse sans peuple, et elle a fait le deuil du titre. Si elle est comme ta fille, alors regarde-là bien. Elle vit, elle ne subit plus, elle vit ! Elle est heureuse comme ça ! Hurla presque Manuel.

- Ce n'est pas son destin ! Répliqua Tégos de la même manière.

- C'est celui qu'elle a choisi ! Riposta Manuel.

- Elle est trop jeune pour savoir ce qu'elle doit faire !

- Ce qu'elle doit ou ce que tu veux qu'elle fasse ? Tu veux son bonheur oui ou merde ?!.. »

Sous la surprise, Tégos eut un mouvement de recul tandis que Manuel continuait : « ...On est grand bordel ! Laisse nous faire nos erreurs et nos expériences tout seuls ! On a frôlé la mort je ne sais combien de fois et tu veux nous retirer le seul petit bonheur que nous ayons ? Avise-toi ne serait-ce que d'essayer ! Je te garanti une refonte du portrait façon Picasso !

- Et si elle retrouve sa forme d'origine ? As-tu pensé aux conséquences ? Te sens-tu près à rester près d'elle sous son autre forme ? Demanda-t-elle avec colère.

- J'en sais rien. J'en suis pas encore là. »

D'un mouvement vif, Tégos releva la tête vers le kiosque arrière. Manuel suivit son regard. Kouiros était là, les bras croisés et le visage renfermé. Le jeune homme comprit immédiatement que la discussion avait lieu dans la mémoire chimères. Kouiros fronça un peu plus les sourcils et Tégos montra des dents. Finalement, elle lâcha Manuel et décrocha sa patte du bois avec rage.

« - Ne t'avise pas de lui faire du mal ou tu le regretteras amèrement. » Déclara-t-elle à l'attention de Manuel, elle quitta le pont en colère sous les regard du jeune homme et du héros chimérique. Ce dernier fit quelques pas en direction du pilote pour s'enquérir de son état :

« - T'as vraiment pas de bol : où elles t'aiment ou elles veulent te tuer.

- Te fout pas de moi Kouiros, c'est pas le moment.

- Simple constatation.

- Qu'est-ce que tu lui as dit pour la calmer comme ça ?

- Hum... Comment dire... Je lui ai fait remarqué qu'elle agissait comme une ... heu... le terme n'existe pas dans ta langue. Mais en gros, qu'elle outrepassait ses droits de tutrice et qu'elle s'invitait dans la vie sentimentale d'une autre chimère.... » Le bouquetin s'installa à coté de Manuel qui s'était redressé dans sa position initiale. « ... Tu sais à quel point l'amour que nous pouvons éprouver pour l'être aimé peut être fort n'est-ce pas ? Et bien il arrive parfois qu'un ou une préceptrice outrepasse ses droits et s'invite dans les choix de la progéniture qui est pourtant considérée comme adulte. Elle profite de l'habitude et de la main-mise psychologique sur les petits pour influer sur leurs choix. C'est très mauvais, car le petit n'est pas forcément heureux ainsi. Je le lui ai simplement fait remarqué cela. Personnellement, votre relation avec Salida m'intrigue beaucoup. Je me demande comment cela va se terminer.

- En barbecue ?

- Espérons que non, rit Kouiros, avoue que se serait dommage que cette histoire parte en fumée. Mais c'est pour une autre raison que je voulais te voir.

- Laquelle ?

- Tiens. »

Kouiros tendis la liasse de feuilles qu'il avait à la main et que le jeune homme n'avait pas remarqué.

« - Qu'est-ce que c'est ? Demanda Manuel en regardant rapidement les premiers croquis.

- Une ébauche de modification d'AMC pour les modèles pilotés par des chimères. J'ai vu ça avec le gnome mécanicien de bord. Ce devrait être envisageable. C'est l'intégration de Bismuth aux composants pour l'utilisation de nos pouvoirs.

- Comment ça ? Salida n'a pas de problèmes. Fit Manuel en étudiant le troisième plan avant de revenir sur le premier.

- Elle non. Mais Tégos et moi-même sommes très limités. Pour être efficace, nous devons avoir une interaction avec le monde extérieur. Si Tégos crée du feu dans sa machine, il se fera dans sa main, et non dans celle de sa machine.

- Problématique, commenta le jeune homme.

- Oui, idem pour moi. Je n'ai aucun pouvoir sur la roche dans mon armure. L'ingénieur de bord s'est penché sur le sujet et a proposé cette solution : un circuit de bismuth sur la coque.

- Tu veux que je sois franc ?

- Oui.

- Je n'y connais strictement rien en maîtrise d'Erapha. Mais si ça marche il faut faire les modifications au plus tôt. Ça pourrait nous donner un avantage certain.

- Ha...

- Et quand est-ce que tu vas nous dire comment tu as acquis cette forme ? » Fini Manuel avec un sourire.

Kouiros eut l'air gêné, peut-être un peu honteux. Il récupéra ses documents avant de se lever et quitter le pont sans un mot.

*

* *

*

- Princesse Salida, j'ai besoin de votre aide. Par pitié, répondez-moi.

Salida releva la tête du gratin qu'elle préparait en compagnie d'une dryade dans la cuisine du navire. Le message dans la mémoire était implorant, et chargé d'émotions. Elle avait prit l'habitude de ne plus accéder à la mémoire tant la haine à son encontre était grande. Pourtant, lorsqu'elle le fit pour y insérer quelques souvenir, le message la choqua tant il était chargé de tristesse.

- Qui es-tu ?

- Je me nomme Skajac votre majesté. Je ne sais plus à qui m'adresser, mais je ne supporte plus cet état de la mémoire.

- Comment cela ?

- N'avez-vous pas remarqué ? Les informations qui y sont inscrites sont futiles. Il n'y a aucun sujet de réflexion, seul le roi y dépose ses décisions.

- C'est bien triste, mais je fais pareil. Peut-être est-ce là le lot de notre époque.

- Non, objecta la chimère, c'est le lot de votre cousin. Et je ne supporte plus cet état de fait. Je veux reprendre ma vie d'avant, je veux montrer à mes petits les beaux jours de notre espèce. Cette époque où les Silridriss et les Humains n'intervenaient pas dans notre univers.

- Je crains que ce ne soit plus possible : ils sont là désormais, il faut faire avec. Je ne sais toujours pas ce que tu me veux...

- Avec mes petits , je veux pouvoir vous rejoindre.

Le choc de la surprise fut tel que la tigresse eut un vertige et tituba quelques instants avant de s'asseoir sur une chaise. La Dryade se retourna, inquiète. D'un mouvement de la main, elle fit signe que tout allait bien.

- Mais... pourquoi ? Demanda Salida, mon quotidien est sur le front. Il est fait de batailles, de combat, de sang et de larmes. Ce n'est pas un endroit pour des petits.

- Votre quotidien est parsemé de bonheur. Et mes enfants vivent dans une crainte perpétuelle de voir arriver les tueurs du Roi alors qu'ils n'ont rien fait. Je ne supporte plus ce climat de méfiance envers chacun, partout, dans la mémoire et dans la réalité... Alors j'ai choisi de prendre des risques pour mes petits.

- Qu'attends-tu de moi ?

- J'aimerais vous rejoindre... mais je sais que ce n'est pas prudent. Dites-moi simplement à quel endroit je pourrai être à l'abri du roi, des Hommes et des Silridriss. Cela me suffira le temps que ces temps de tragédies s'écoulent.

La princesse s'évertua à réfléchir à une solution. Skajac avait parsemé ses propos de souvenirs, de visions de ses petits et d'une réelle volonté de les protéger de tout. La tigresse avait appris à différencier un vrai sentiment d'un faux. En cherchant un peu dans la mémoire, elle trouva l'histoire de Skajac. Elle remontait loin et la vie n'avait pas été tendre avec lui. Son père était mort par les Silridriss, sa mère également, dévorée. Sa compagne avait été tuée par les Humains dans les Appalaches, il ne lui restait que ses petits. Et, de tout ce qu'elle avait pu voir, et recouper comme information, il y tenait plus qu'à sa propre vie. Tant de témoignages et de traces, ne pouvaient que démontrer l'honnêteté de la chimère.

- Je suis désolé... je n'en connais pas... Attends... je rajoute quelqu'un à la discussion, Kouiros ?

- Oui Salida ?

- J'ai une chimère qui veut nous rejoindre...

- C'est pas possible, coupa sèchement le grand bouquetin.

Le sentiment de tristesse et de désespoir qui inonda les deux chimères fut comme un raz-de-marée. Cela arracha une larme à la tigresse.

- Kouiros, je pensais lui faire rejoindre Sellgan et les autres fuyards.

- Ce serait les mettre en danger, réfuta le héros.

- Je veux seulement mettre mes petits en sécurité. Si je ne peux y accéder, emmenez-les avec vous. Je veux qu'ils retrouvent la joie de vivre... Qu'importe si je suis refusé.

- Bon... Je vais voir ça avec Sellgan et les autres... Mais ne criez pas victoire trop vite. Pas question d'attirer l'attention.

- Merci, merci infiniment ! Laissa éclater Skajac

- Une petite précision Skajac, ajouta Kouiros, les choix personnels de la princesse ne regardent qu'elle. Compris ?

- Que voulez-vous dire ?

- Simplement qu'il y a une partie privée à sa vie. Même si tu as un jour accès à ces informations, tu n'as rien à en dire. On est d'accord ? Demanda Kouiros

- Tout ce que vous voudrez, acquiesça Skajac.

- Bien, je te recontacterai plus tard pour voir ce que l'on peut faire. Reste discret.

- Bien, de tout mon cœur, merci, termina la chimère soulagée.

Lentement, Salida tourna la tête vers l'entrée du mess, s'attendant à tout moment à voir entrer le héros chimérique. Mais il ne vint pas, la tigresse recontacta alors le bouquetin.

- Kouiros ?

- Oui ?

- Tu es au courant ?

- Pour Doux-dingue ? Bien sûr. Je l'ai vu dés mon arrivée dans le désert. Et Tégos s'en est mêlée y'a dix minutes.

- Tu n'as rien dit ?

- C'est ta vie, précisa-t-il, je te laisse faire tes propres expériences.

- Tu désapprouves ?

- Je ... Je ne pense pas... être le plus indiqué pour faire des critiques.

- Mais de manière personnelle ?

- Personnellement ? Je m'attendais ce que ce soit une chimère qui partage ton cœur... Mais, tu aurais pu faire pire également... Choisir un Silridriss par exemple.

Salida eut un profond dégoût en recevant cette pensée. Avant de constater qu'elle comportait un humour masqué. Elle voulu recontacter le bouquetin, mais ce dernier ne renvoyait que des rires. Elle se leva et reprit ce qu'elle avait commencé à faire, un sourire aux lèvres. Celui qui fut héros et qui désormais vivait en paria avait tout prévu : Personne n'aurait à redire sur les choix personnels de Salida s'il venaient à rejoindre les transfuges.

Merci Kouiros... Pensa-t-elle.

*

* *

*

Dans la chambre emplie de ténèbres, Rig-rid se colla à la peau froide du seigneur Silridriss. Ce dernier ne bougea pas d'une écaille. Elle ne pouvait pas exprimer explicitement son désaccord sur ce qu'il avait fait. Mais, elle avait beau chercher et retourner le problème dans tout les sens, elle ne voyait pas ce qu'il aurait pu faire pour éviter cette fin tragique aux trois humains. Elle se remémora son arrivée dans le bureau après l'empaquetage du matériel pour Kalieks. Le sang recouvrait déjà le sol et Arsear finissait de riveter le second sarcophage. Il lui avait immédiatement ordonné de nettoyer les dégâts. Ce fut en retrouvant une phalange de la main mécanique sur le sol que la gnome comprit qu'il était arrivé malheur aux deux femmes. Sous ses yeux, le seigneur Silridriss tua de sang froid le troisième humain dés son retour à bord.

« - Monseigneur ? Murmura-t-elle

- Je sais. Je devine ta question. La réponse n'a pas changé : je suis prêt à tout pour réaliser mon objectif.

- Est-ce qu'il a changé ? »

L'ingénieure gnome sentit la peau écailleuse inconfortable se mouvoir tandis que le corps puissant changeait de position pour se mettre face à elle.

« - Non, murmura-t-il simplement en se collant contre elle et en l'enlaçant. ''Chacun doit faire ce qu'il doit'' m'a un jour enseigné le prêtre de mon village. Je sais de qu'il parlait de la Déesse-Impératrice, mais c'est applicable ailleurs.

- Et que va-t-il arriver aux humains ?

- Rien. »

Malgré le manque de lumière, l'esclave sentit une pointe d'humour dans la voix de celui qui se collait contre elle, ses muscles étaient tendus pour se forcer à se retenir de rire. Il ne lui fallut pas longtemps pour deviner ce qu'avait fait Arsear. Tout était exprimé en sous-entendus. Et, dans ces ténèbres profondes, personne à par elle ne pouvait deviner que le Seigneur des terres de Kalam et de Youriss savourait le plaisir d'avoir fait quelque chose qui le démangeait depuis longtemps.

« - Vous avez osé ? » Demanda-t-elle doucement en sachant pertinemment qu'elle n'obtiendrait pas de réponse.

Mais une illusion ne change pas la réalité...

Le Silridriss qu'elle avait devant elle prenait de plus en plus de risques. Intérieurement, elle sentait qu'elle devait elle aussi participer à cette entreprise. Car, en cas de découverte, elle subirait le même sort que lui pour avoir été son esclave personnel. Voir pire. Elle se laissa glisser sur lui.

« - Qu'est-ce que tu... demanda-t-il, surpris.

- Ce sera trop voyant s'il n'y a que des mensonges autour de vous, murmura-t-elle. Autant les limiter.

- Mais, tu vas ...

- Je suis maudite, rappelez-vous. Je ne risque pas grand chose. Autant se servir de ce que l'on nous a gracieusement donné. »

Arsear comprit immédiatement ce que la gnome allait faire lorsqu'elle retira la couverture du lit pour se coucher de manière à ce que leurs sexes se retrouvent au même niveau. Allongés, la tête de la gnome arrivait à peine à la hauteur des épaules du Silridriss. Avec un mouvement extrêmement rapide, Arsear attrapa la gnome au niveau des côtes et la souleva sans forcer au-dessus de lui pour que leurs peau ne soient plus en contact.

« - Rig-rid, c'est non. C'est hors de question.

- Pourquoi ? Ne devez-vous pas me violer régulièrement ? Que se passera-t-il si quelqu'un se rends compte que vous ne me touchez pas ? Demanda-t-elle en caressant doucement un de ses bras froid.

- Ce n'est pas le problème. C'est...

- Oui ? Demanda-t-elle, attendant la fin de la phrase en suspens. Je ne veux pas qu'il vous arrive malheur car vous avez mentit à mon sujet.

- Je ne veux pas.

- Je n'y crois pas. Trouvez autre chose, dit-elle, en ramenant ses jambes sur son torse dans les ténèbres.

- Comment est-ce que tu ... demanda Arsear décontenancé par l'esclave.

- Comment je le sais ? Je suis une femme, on devine ces choses là, expliqua Rig-rid qui savait qu'elle jouait dans un domaine où elle était totalement novice.

- Je ne suis pas sûr d'arriver à me contrôler...

- Vous contrôler ? Je ne pense pas que ce soit nécessaire : la Favorite s'est déjà occupée de moi.

- Et, si ça dégénère ?

- Mais où est passé le fier Silridriss, Seigneur des terres de Kalam et de Youriss ? Comment pouvez-vous avoir peur d'une esclave gnome qui s'offre à vous ? Je serais prête à jurer que c'est pourtant un fantasme chez les vôtres. »

Lentement, l'étreinte des bras durs se desserra, dans les ténèbres, la gnome s'assit sur le ventre du saurien. Ils ne se voyaient pas, mais ils étaient aussi gênés l'un que l'autre, chacun le savait.

« - Autrefois, je t'aurais éventrée avant que tu ne finisses cette phrase. Aujourd'hui, j'ai peur de ce que je ressens pour toi.

- Je sais... quand à m'éventrer... c'est moi qui vous le demande. »

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