1 : Messages (2/3)
Le double-clic déclencha immédiatement la lecture du document. La fenêtre s'ouvrit et Mylène l'installa en plein écran. Le professeur Ferreira fut à l'écran, il chercha à régler l'image avant de commencer à parler tandis que ses enfants écoutaient dans un silence complet.
Bonjour les enfants. Je suis sûr que vous êtes au courant de notre capture par les Silridriss. La vie est difficile ici, mais, avec votre mère, on se débrouille pour survivre. Faites ce que vous avez à faire et ne vous inquiétez pas pour nous : nous allons bien. Vous vous demandez comment est-ce que j'ai pu me connecter ? Eh bien voilà, j'ai un arrangement avec l'un de mes tortionnaires : je dois vous faire parvenir le livre sacré de leur dogme religieux, en échange, je suis autorisé à vous envoyer un petit message personnel... Que vous dire d'autre ?... Ici, parmi nos agresseurs, j'ai parfois l'impression de vivre en plein milieu de dix-neuf cent quatre-vingt quatre tant c'est irréel et aberrant dans certains cas... Étudiez bien les documents que je vous envoi, les messages sont un peu difficile à comprendre mais je ne doute pas un seul instant que vous y arriverez. On vous aime, tout les deux. Ha, j'allais oublier ! N'imprimez jamais ce que je vous ai envoyé. Il y a de fortes chances pour que les Silridriss sachent tracer ces documents où qu'ils soient. Si vous en faites une copie, il y a de grandes chances pour qu'ils arrivent en force séance tenante.
L'homme de science releva le visage pour observer les alentours avant de reprendre un instant plus tard.
Si,... si nous ne nous en sortons pas, votre mère ou moi, sachez que nous sommes, et resteront tout les deux fiers de vous. Quelque soit ce que vous faites ou ferez, vous resterez nos enfants. On vous aime. On vous embrasse très fort.
La vidéo finie, Manuel resta interdit face à ce que sont père avait dit. Il ne vit pas Mylène refermer la vidéo et ouvrir le second fichier, le multimage.
« - Un livre religieux... Qu'est-ce qu'on va foutre d'un truc pareil ? Déclara Mylène qui avait lu les premières phrases.
- Attends, repasse-moi la vidéo.
- Ok. »
A la seconde lecture, ce fut Ego qui exprima tout haut ce dont Manuel doutait.
Il y a plusieurs messages. Certains sont cachés.
« - Mylène ?
- Oui ?
- Je crois qu'il y a plusieurs messages là-dedans.
- Je le pense aussi. Mais si jamais il avait été pris il n'aurait jamais pu se justifier... Attends. Papa est né en deux-mille cinq cent quatre-vingt neuf, il ne vivait pas en mille neuf cent quatre-vingt quatre. Qu'est-ce qui s'est passé à cette époque ?
- J'en ai pas la moindre idée. J'ai jamais été très attentif en cours d'histoire.
- Je vais faire quelques recherches, remonte : On a fini ici et Shershalla se prépare à entrer un peu plus dans le territoire Silridriss.
- Ok, j'arrive. »
Le Loup blanc déploya ses ailes et prit son envol en direction du navire pirate. Rapidement, le vaisseau de bois se détacha du fond pourpre du ciel. Manuel entra dans la soute là où les AMC étaient stockées, il les compta. Celle de Kouiros avait eu une épaule et la tête fracassées mais était correctement rangée, celle d'Ibrahim était posée dans un coin, la jambe gauche manquante. Le visage de Salida, qui attendait dans le hangar s'illumina à son arrivé. Le soldat assit sa machine presque précipitamment tant le besoin de rejoindre sa sœur se faisait sentir de manière pressante. Cela n'échappa pas au regard de la chimère.
« - Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle alors que l'AMC s'ouvrait pour laisser le pilote sortir.
- On a reçu un message de mes parents. Par le réseau.
- Qu'est-ce qu'il dit ?
- On sait pas très bien encore : on suppose que papa y a caché des messages. Viens. »
Manuel sortit de sa machine et se dirigea immédiatement vers la cabine de Mylène. Dans les couloirs résonnèrent quelques cris de douleurs d'Ibrahim.
« - Ici Shershalla, résonna un petit haut parleur entre deux effets larsen tandis que le couple se frayait un passage dans les coursives, Shaaa ! Comment est-ce que ça fonctionne ce truc-là déjà ? ... Oui ?... Ha ? ... Bon, on viens d'attaquer deux navires ennemis, et on s'en est sorti, nous quittons la zone. Des troupes vont rapidement être dépêchée sur place et j'ai vraiment pas envie d'être à pour les accueillir. »
Ils échangèrent un regard à la fois complice et un peu moqueur sur les capacité du capitaine à se servir de la radio de bord avant d'entrer sans frapper dans la chambre de Mylène.
« - Merci Mylène. Ce système est pratique mais je doute d'arriver à m'en servir correctement un jour, fit la voix de la capitaine Silawësis.
- Je vais te faire un petit récapitulatif. Tu l'accrocheras dans le poste de pilotage, fit Mylène en souriant.
- Si tu veux...
- Mon frère vient d'arriver, coupa-t-elle, on voit la suite tout à l'heure.
- Bien, répondit le haut-parleur.
- Tu as pu trouver quelque chose ? Demanda Manuel en se rapprochant
- Je viens d'éplucher rapidement l'historique de l'année mille neuf-cent quatre-vingt quatre. Y'a rien de vraiment intéressant... C'est la fin de la guerre froide, quelques politiques avec des casseroles au cul qui font des déclarations, quelques batailles... C'est essentiellement une période de paix même s'il y a quelques tensions et des missiles qui volent.
- Merde.
- C'est grave ? Demanda Salida.
- Non, mais il n'y a rien à priori dans les archives historiques qui soit transposable à notre époque : tout est différent.
- Ça veut dire que c'est plus compliqué qu'il n'y parait, expliqua Manuel.
- Ou plus simple, parfois le plus simple est le plus difficile à voir. Je m'occupe de ça, toi, tu lis le bouquin, je t'en ai mis une copie sur la tablette.
- Merci de me laisser la patate chaude ! Pesta Manuel.
- J'ai quand même plus de chances que toi de trouver ce que papa voulait dire en donnant cette année. Alors tu arrêtes de grogner et tu commences à potasser.
- Ouais... ça t'arrange bien hein.
- Tu ne peux pas imaginer à quel point. » Répondit Mylène avec un sourire moqueur.
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« - Installez-vous, le colonel ne va pas tarder. » Fit le caporal en ouvrant la porte de la pièce à l'escadron Papillon. Les dix soldats entrèrent, suivis par Nemaya. La pièce était petite, et pourvues d'un grand nombre de chaises qui regardaient toutes un écran pour rétroprojecteur contre un mur. Ce dernier, en veille, descendait du plafond au bout d'un bras métallique. Sans dire un mot, les différents soldats s'essayèrent de manière éparse pour remplir la salle. Ils n'attendirent pas longtemps avant qu'un colonel n'entre en compagnie du caporal. Le sous-officier alla s'installer au fond de la salle, un ordinateur portable sous le bras. Le gradé alla devant l'écran blanc tandis que les différents soldats se levaient.
« - Assis. Je suis le colonel Maclow, des forces d'actions spéciales. Votre escadron a été recruté pour mener une mission aussi discrète que nécessaire. Ce sera difficile, mais nous n'avons personne de plus compétent que vous sous la main. Alors oubliez de vous faire porter pâle, ça serait immédiatement sanctionné. Entrons dans le vif du sujet : vous devez neutraliser une troupe de mercenaires qui effectue en ce moment même des actions de trahisons. Caporal ?... »
Comme pour compléter ses propos, une vidéo des armures Berserk de Manuel et Fernand apparurent. « ... Voici vos cibles. Ils se font appeler la ''Fantasy-Cirrus''. Ce sont deux machines échappées d'un centre de recherche dont les pilotes ont perdu tout contrôle. Désormais ils attaquent tout le monde, amis comme ennemis, il n'y a plus de différence pour eux. Vous mettrez donc fin à leurs souffrances. Des questions ? »
Au fond de la salle, Nemaya s'interrogeait sur ce qui venait de lui être présenté : jamais Manuel n'avait attaqué un seul allié. Du moins, elle ne l'avait jamais vu d'elle même. De ce qu'elle savait du jeune homme, il était suffisamment solide pour supporter le Berserker sans se laisser entraîner par la bête. Il n'y avait pas grand chose de vrai dans ce briefing. Les propos du pirate informatique revinrent alors dans son esprit. Les objectifs des Humains, ceux de Manuel, et le contrat qui la liait au pirate informatique.
« - Est-ce que l'on pourraient connaître les indicatifs des deux pilotes ? Demanda un pilote.
- Ce n'est pas nécessaire pour cette mission : moins vous en saurez sur ceux qu'ils étaient autrefois, plus ce sera simple.
- Ne peut-on les raisonner ?
- Non, nous avons déjà essayé, c'est sans espoir, répondit le Colonel.
- Est-ce qu'ils ont un soutien quelconque ? Leur escadron ne se compose quand même pas que de deux machines ?
- Il y a d'autres AMC classiques, rien de vraiment dangereux pour vous et vos engins. Vous êtes autorisés à éliminer toute personne se mettant en travers de votre route. »
Nemaya serra les poings. Il n'y avait rien de plus discutable que cette affirmation. Lors des opérations dans le Sahara, elle avait souvent entendu parler de l'escadron des ''machines tunnées'' pour reprendre l'expression des soldats là-bas. Deux commandos et une chimère accompagnaient Manuel et Fernand. Leur unité avait rapidement rejoint ceux renommés des escadrons de sauvegarde : là où les chances de survies étaient le plus élevés. Cette opération serait loin d'être facile. Le loup blanc en particulier serait difficile à vaincre, la dernière fois qu'elle avait affronté Manuel, ce fut dans une simulation. Jamais elle n'avait affronté d'adversaire plus retors et il en résulta une mort virtuelle commune.
« - Nemaya ? »
L'annonce de son nom sorti la guerrière de sa torpeur.
« - Tu es chargée de la neutralisation du loup blanc, je sais que ce sera dur, mais actuellement, tu es la seule à pouvoir réaliser cet exploit. Le reste de l'escadron ''papillon'' empêchera toute ingérence dans ton combat. A ce sujet, je conseille également au reste de l'escadron de ne pas te fournir d'appui : ça leur serait mortel. Est-ce bien compris ? »
Dans la salle, quelques personnes hochèrent la tête, les autres ne dirent rien.
« - D'autres questions ?... » Demanda le colonel.
Personne dans la petite pièce ne dit mot.
« ... Bien, préparez vos affaires, vous partez dans deux heures. »
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« - Comment ça ils ne sont pas là ?! Demanda Myanate au Silridriss inquiet devant elle.
- Non, ô favorite, aucune des sphères que nous avons envoyée n'a pu les voir. Même les escadrons de Sarbacks qui ont attaqué la cité ne les ont forcés à sortir. Les esclaves y sont, ils la tiennent mais les démons d'Alikaross n'y sont probablement pas.
- Alors on les attends.
- Bien, ô Favorite. Mais je ne crois pas que... »
L'infortuné soldat fut projeté hors du bureau avant qu'il n'ait eu le temps de finir sa phrase. La porte claqua derrière lui, laissant la Favorite seule dans la pièce. Le même bureau que celui qu'Arsear occupait dans son navire.
Qu'est-ce que j'ai oublié ? Les démons ne sont pas là... ou du moins ils ne se montrent pas. Non, ils sont absents. Mais pourquoi ? Qu'est-ce que les Humains sont encore en train de faire ? Il faudrait que je puisse capturer l'un d'entre-eux, un qui sache ce qui se passe. Comment Arsear aurait-il résolu cette question ?
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Arsear était assis à son bureau, devant lui, tous les capitaines de navires étaient réunis. Tous avaient revêtus de riches habits afin d'être présentables devant le Seigneur Silridriss. Les étoffes travaillées côtoyaient les armures et les cotes de mailles rutilantes. Tous auraient espérés courtiser le maître des terres de Kalam et de Youris, mais, tous comprirent qu'ils avaient fait une erreur : Arsear portait la cote de mailles réglementaire et un tablier aux couleurs pourpre. Les petites discussions allaient bon train tandis que les derniers gradés arrivaient.
« - Bien, commençons... » Déclara Arsear en se levant de derrière son bureau. A ce moment, toutes les discussions s'évanouirent et l'attention se recentra sur lui. « ... Vous avez tous lu l'Ardrem, le livre sacré de notre Déesse-Impératrice. Vous le connaissez tous par cœur j'en suis sûr... Mais, il y a un passage qui a été omis dans ce livre...
- Sacrilège ! Cria un commandant en sortant son épée. Il fut immédiatement collé au plafond.
- Commandant... Zolrech si je me souviens bien. Permettez que je vous donne l'origine de mes informations avant de m'accuser d'hérésie : Ils proviennent de la Déesse-Impératrice en personne. »
Après s'être assuré que son interlocuteur avait bien intégré son propos, il le laissa choir sur le sol sans ménagements avant de poursuivre : « Le premier monde à avoir été conquis n'était pas celui des gnomes comme tout le monde le pense. Un autre a été envahi juste avant. Ses habitants ont été exterminés et la planète en elle-même a été quasiment détruite. Mais... Les habitants ont pris bien soin de cacher tout l'Erapha de leur monde avant leurs disparition. La théorie la plus répandue est qu'il est regroupé en un seul endroit, nommé le cœur d'Erapha. Notre mission est de trouver cet endroit pour la gloire de la Déesse-Impératrice. Ne vous attendez pas à affronter des légions d'adversaires, là où nous allons, il n'y a personne.
- Même pas une cité pour le ravitaillement ? Demanda quelqu'un dans la salle.
- Même pas. Lors de la conquête, nous n'avions pas de navires volants, de sarbacks ou de Tarantas. Nous avons essayés mille fois de faire plier les habitants à la servitude. Mais ils ont préférés la mort et la Déesse-Impératrice a exaucé leur souhait. Le conflit a totalement détruit leur monde et il a été abandonné en l'état.
- Aucun autochtone ne savait où se trouvait ce cœur d'Erapha ?
- Aucun de ceux capturés du moins. Et, de ce qui m'a été expliqué c'était déjà difficile d'en attraper un seul. On nous a retiré les Kalieks, et nos cibles, les Démons d'Alikaross, pour nous donner cette mission. Ce n'est pas une punition, nous avons réussi là où beaucoup de monde prévoyait notre échec. Et c'est là la raison pour laquelle cet objectif nous a été confié : de nombreux Silridriss ont essayés avant nous. Ils ont tous échoués, même les Favoris n'ont pu trouver ce lieu.
- Est-ce la raison pour laquelle nous nous équipons comme pour aller chez les humains ?
- Oui, le manque cruel d'Erapha est tel qu'aucune pierre bleue ne fonctionne là-bas. C'est même pire que chez les humains.
- Pourquoi nous dire tout cela ? Demanda un Capitaine. Vous devez pourtant vous doutez que vous frisez l'hérésie en allant à l'encontre du livre sacré. Même si c'est au nom de la Déesse-Impératrice, vous risquez une punition bien plus terrible.
- La spécificité de la quatrième flotte a été actée par la Déesse-Impératrice : obtenir des résultats sans passer par les moyens conventionnels. Quitte à frôler l'hérésie. Maintenant que vous savez ce que nous allons chercher, nos chances de le trouver sont multipliés par le nombre de personnes présentes dans cette salle. D'autres questions ? D'autres remarques ? »
Voyant que personne ne répondait le Seigneur Arsear conclu cette réunion par quelques mots : « Je vous laisse libre ou non de décliner notre objectif à vos équipages respectifs. Nous partons dans deux jours, soyez prêts. »
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