9 : "Fantasy-Circus" (2/3)
Dans son bureau, Arsear regardait une énième vidéo des batailles qui avaient lieues un peu partout à travers les différents mondes Silridriss. Visiblement un autre général était arrivé avec une flotte complète pour tenter d'avancer dans les territoires humains. Mais il avait autant de mal que son prédécesseur. Les esclaves autochtones étaient des maîtres dans l'art de frapper et de se dérober, sans compter leurs aptitudes au combat à distance. Ils finissaient par plier sous le nombre lorsqu'ils affrontaient les Sarback en corps à corps, alors ils se contentaient de détruire quelques machines avant de disparaître. Que ce soit dans les déserts, les forets les steppes ou les montagnes, ils menaient la vie dure aux forces envoyées pour les affronter. En dehors de quelques chimères récalcitrantes, Hillgearim avait retiré son peuple des factions présentes sur le champ de bataille.
Rig-rid sorti de la salle de bain du capitan en se séchant les cheveux avec un linge.
« - Rig-rid, peut-on améliorer la précisions de nos armes de tir?
- Non, désolé, car le problème ne viens pas de l'arme, mais du bouclier qui équipe le sarback.
- Comment cela ? Interrogea le Silridriss, réellement surprit.
- C'est le passage de la charge au travers le bouclier qui dévie le tir. S'il n'y avait pas de bouclier, nos tirs seraient aussi précis que les leurs. Mais lorsqu'elle force pour sortir, elle est légèrement déviée, de manière imperceptible, mais sur quelques malons, c'est flagrant.
- Ne peut-on palier ce défaut ?
- Des groupes entiers d'esclaves ont été mobilisé pour résoudre cette imperfection. Et tous ont été mis à mort car ils n'avaient pas trouvé dans les temps impartis. C'est devenu une expression chez les esclaves : « il veut que je passe les bouclier sans forcer. » synonyme d'une tâche impossible entraînant la mort. Il faudrait un de nos anciens, un des concepteurs, ceux qui créaient les runes pour trouver une solution. Mais ils ont été systématiquement éliminés pour les empêcher de trouver une solution à l'asservissement de mon espèce.
- Est-ce que tu pourrais copier les protections humaines ?
- Heu... je ne sais pas. Je n'ai jamais vu une de leurs machines de près, et avoir des artisans de leurs monde serait un plus.
- Je vais arranger ça, Berik, Osrak, dans mon bureau. En parlant d'elle, comment est-ce qu'elle se débrouille avec la version du démon d'Alikaross qu'elle affronte ?
- Elle a essayé les deux adversaires. Mais, en dehors de la manière de faire, le résultat de l'engagement est toujours le même.
- Bien. Et toi ? Comment vas-tu ? »
Surprise, la gnome ne réalisa pas que c'était à elle qu'il s'adressait, elle crut qu'une fois encore, il utilisait la broche pour discuter avec une personne loin d'eux. Ce ne fut que lorsqu'il sorti, et activa la sphère de silence qu'elle comprit. Un Silridriss s'inquiétant pour une esclave, voilà quelque chose qu'elle avait du mal à admettre. Pourtant, avec les révélations qu'il lui avait faite, tout portait à croire qu'il était sincère lorsqu'il posa la question.
« - Maintenant tu peux parler. Vas-y.
- Je vais bien, si c'est ce qui vous inquiète. Berik ne m'approche plus et Osrak me traite correctement vu que c'est moi qui fait la mise à jour de sa machine. Ce qui m'inquiète c'est le jeu auquel vous jouez. C'est extrêmement dangereux.
- Je ne suis pas dupe, malgré toutes mes précautions, il st fort possible que je ne vois pas la finalité de tout cela. Et je doute que l'on me pardonne la méthode, ou les actes. Tu es la seule à qui j'en ai parlé. Tant que tu tiendras ta langue, et que tu feras attention à ce que tu fais, nous vivrons. Attention, les voilà, cette conversation est terminée. »
*
* *
*
Devant les yeux du professeur Belamour, sur le graphique d'un ordinateur, se déroulait une courbe jaune sur un fond noir. Celle-là même qui avait arpenté l'écran de Mylène Ferreira quelques mois auparavant. Elle n'ondulait pas, suivant la ligne du zéro sans faire de défauts.
Je rêve... ce foutu pirate avait raison : le système est stable. Mais n'importe quoi peut sortir de cet horreur : un ange comme un démon peut faire son apparition à tout moment. Pour le moment, il faudrait un pilote d'essai...
La scientifique appuya sur un bouton de son interphone. Deux sonneries retentirent avant que quelqu'un ne décroche.
« - Bureau du commandant Higas ?
- C'est Belamour, passez-le moi.
- Euh... il est occupé, je peux prendre un message ?
- Oui, deux même. Pour commencer, qu'il me trouve discrètement un pilote d'essai.
- D'accord... Quel est le second ?
- Qu'il change de secrétaire. »
Elle coupa la conversation, ne voulant pas poursuivre avec une personne qui n'arrivait pas à faire le tri dans les appels. Elle avait réussi, mais pas comme elle le voulait : elle n'avait pas trouvé, on lui avait donné la solution. Son amour propre avait du mal à le supporter. Elle devait faire mieux que le pirate, faire mieux que la gamine qui avait trouvé la solution à ce casse-tête informatique. Elle enregistra son travail avant de faire de nouvelles modifications dessus.
Je dois trouver mieux. Maintenant que je sais où chercher, je devrais pouvoir faire quelques normalisations, ou limiter les évolutions pour garantir l'intégrité du système.
Le téléphone se mit à sonner, elle décrocha.
« - Belamour, se plut à répondre la scientifique.
- C'est le commandant Higas. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de pilote d'essai ?
- J'ai une version stable du programme Berserker.
- Vraiment ? Est-ce que vous êtes sûre d'avoir trouvé ?
- Oui. Amenez-moi un pilote. »
La scientifique se prépara à raccrocher mais se retint en entendant la question du militaire :
« - Est-il nécessaire qu'il parle notre langue ?
- Non. Pourquoi ?
- Parce que j'en ai un à disposition. Même si elle ne comprends que le russe, elle passe des jours entiers dans les simulateurs, et bousille les entraînements des autres troupes.
- Elle se bat bien ?
- Oui, très bien d'après ce que j'ai entendu dire. Elle faisait partie d'un escadron nommé Demony, mais ils ont été retiré du service actif. Elle a été arrêtée car elle ne parle pas.
- Vous voulez dire qu'elle ne parle pas la langue ?
- Non, elle ne parle pas tout court. Ça pose un problème ?
- Ça dépends, est-ce qu'elle comprends quelque chose ?
- Oui, quand c'est dit en russe.
- Alors y'a pas de problèmes : trouvez un interprète pour qu'on puisse la guider. Je prépare une séance d'essais pour la semaine prochaine. »
*
* *
*
Manuel pénétra dans son monde, le château avait légèrement changé. Pas de beaucoup, mais suffisamment pour qu'il le remarque. Des trous dans les murs avaient été bouchés, des remparts avait été relevés, et une partie de la végétation avait commencé à faner voir à pourrir en certains endroits. Un avant poste se dressait désormais devant l'entrée. Les ponts-levis étaient baissés invitant le jeune homme à pénétrer plus avant dans la forteresse.
Il trouva Ego sur l'un des balcons de la forteresse, assis, occupé à regarder les nuages rouler en dessous du château volant.
« - Bonjour Manuel, comment vas-tu ?
- Bien, mais... qu'est-ce qui s'est passé ici ?
- Rien d'intéressant. Mais dit-moi plutôt ce que tu es venu faire ici. Demanda le loup en se retournant puis en se dirigeant vers l'intérieur du château.
- Je suis inquiet, j'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose de très important. Qui pourrait nous mettre tous en danger. Je suis persuadé que tu sais de quoi je parle.
- Bien sûr.
- Alors je t'écoute. Déclara le pilote en suivant la créature fantastique dans le château.
- Je ne peux rien dire Manuel, désolé.
- Quoi ? Attends une minute, la dernière fois, tu m'as donné un tuyau sur Marilyn, pourquoi est-ce que tu ne peux plus ? »
Le loup s'arrêta dans le couloir qui les menaient à la bibliothèque. Il tourna vers le pilote un regard désolé.
« - Essaye de comprendre Manuel : Avec Marilyn, tu avais toutes les informations pour trouver tout seul. Là, il t'en manque, la seule chose que je puisse faire, c'est te fournir cette impression que tu n'as pas tout.
- Alors pourquoi m'avoir parlé de la succession ? »
A ces mots, Ego fronça les sourcils.
« - Quand ai-je fait cela ?
- Quand je cherchais, assis dans le camion, je...
- Manuel, coupa doucement la créature sans cesser de le regarder avec méfiance, écoute bien mes paroles : je ne t'ai jamais rien dit en dehors de la machine.
- Mais, avec Salida, dans l'usine désaffectée...
- Nous étions sur la même envie, je t'ai juste fourni les mots qui te manquaient. De plus, ce n'était pas à toi que je m'adressais. Je te le répète : je ne t'ai jamais parlé en direct. J'en suis incapable.
- Mais alors ... Qui ...
- Là encore, je ne peux rien dire. Mais il te sera facile de deviner.
- La bête?
- Oui, fait extrêmement attention à elle : elle va amplifier tes peurs et tes doutes pour t'amener à ce qu'elle veut te faire faire. Elle se servira même de moi en amplifiant les pressentiment.
- C'est à dire ?
- Manuel, je t'informe de ce qui te paraît étrange, comme un sixième sens. Or, elle peut facilement faire une pondération sur les sentiments que je te fais parvenir...
- Et en modifier les priorité, compléta le jeune homme.
- Tout à fait. Sans que je sache qu'elle agit. N'oublie pas qu'elle désire être libre par dessus tout.
- Mais elle risque de me mettre en danger en modifiant les priorités.
- Non, elle n'ira pas jusqu'à ce point là. En revanche, sois assuré qu'elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour avoir ton AMC entre les mains. Tiens ? Voilà qui est intéressant.
- De quoi ?
- Alfa nous invite dans le second berserker. Je n'ai jamais eu de contact avec lui qu'avec le réseau ou par personnes interposées. Est-ce que...
- Oui. Je suis curieux moi aussi. »
Comme les fois précédentes, le jeune homme se senti aspiré lors de son transfert. La chaleur de son nouvel environnement le frappa comme un coup de poing. Ce fut comme s'il passait d'un matin de printemps à la fournaise d'un incendie en été. Ses jambes heurtèrent un sol rocailleux, et il dû s'accroupir pour garder l'équilibre.
Il tourna sur lui-même pour constater le décor fantastique qui l'entourait. En totale opposition avec son propre monde, celui de Fernand était rouge, immense, avec des volcans en activité partout. Il n'y avait pas de soleil sur le ciel recouverts de nuages noir. La lumière, rouge et jaune, provenait des gigantesques coulées de lave, et d'une végétation éparse à l'aspect cristallin. Le sol était recouvert lave refroidies et craquelées avec une fine couche de poussière. Si la végétation étrange n'avait pas été présente, c'eut été une véritable vision de l'enfer.
« - Je suis d'accord : la décoration est particulière. » Glissa le loup en apparaissant à coté de lui.
*
Tégos s'était installée sur le coté, le siège le plus à gauche de la cabine de conduite dés leurs départ de la zone dévastée de Clermont-Ferrand. Elle regardait souvent dehors, cherchant une menace dans le tunnel sombre et droit du mastodonte.
Mais il n'y avait rien.
Rien que de la pierre sans âme à perte de vue.
Se savoir loin de la surface provoquait un sentiment d'anxiété qui, s'il grandissait encore pouvait devenir se transformer en claustrophobie si elle se laissait aller.
Le camion qui les précédait était loin devant, celui qui les suivait,loin derrière. Quand aux autres, sur les quarante camions qui composaient le convoi, seuls neufs étaient devant eux. Tout les autres les suivaient. Manuel était allé dans sa machine, en déclarant qu'il voulait vérifier certaines choses. Fernand l'avait suivi. Elle connaissait suffisamment le combattant pour savoir que quelque chose le tracassait. Par l'intermédiaire de la mémoire, la guerrière contacta mentalement une chimère près de la zone dévastée de la ville que les humains appelaient Lyon. Celle-ci lui assura que tout était prévu pour les recevoir.
- Tégos ?
- Oui Salida ? Répondit la guerrière à travers la mémoire.
- Je... je ne sais pas trop comment le dire, et puis... je ne suis pas encore sûre de tout...mais...
- Que se passe-t-il ? Insista-elle gentiment.
- Je... Je ne sais pas comment je devrai réagir lorsque je serai face à mon peuple.
La guerrière comprit immédiatement que la princesse déchue lui cachait quelque chose. Cette inquiétude qu'elle venait de lui confier n'était pas la principale. Quelque chose d'autre occupait son esprit de manière bien plus profonde. Pourtant, la garde du corps choisit de faire comme si elle croyait à son mensonge.
- Reste-toi même. Je pense que c'est ce que tu as de mieux à faire.
- Merci Tégos.
- Je t'en prie, s'il y a quoi que ce soit d'autre, n'hésites pas à m'en faire part.
Le camion commença à ralentir. Tout les sens en alerte, Tégos rejoignit rapidement le conducteur au centre de la cabine. Daniela se dirigea vers la porte opposée.
« - Que se passe-t-il ?
- Je ne sais pas, le camion devant nous vient de se stopper. Daniela va jeter un coup d'œil, reste calme s'il te plaît. Si ça se trouve, ce n'est rien. »
Salida les rejoignit tandis que la scientifique courait dans la lumière des phares vers le camion devant eux pour s'enquérir de la situation. Une ou deux minutes passèrent avant qu'elle ne revint en marchant, une cigarette entre les doigts. Ils l'entendirent grimper pour atteindre l'habitacle, et rester dehors pour fumer sur le petit balcon. Elle prit la peine, entre deux bouffées, de lancer depuis la porte la raison pour laquelle le convoi s'était stoppé :
« - Un des camions devant nous a pété un essieux. Le matériel de réparation est dans l'avant-dernier camion. Ils seront là dans trente minutes, mais on est immobilisé pour quelques heures. Si on a des AMC, elles peuvent donner un coup de main : cela accélérera les réparations.
- J'y vais, murmura simplement la garde du corps. Je vais aussi prévenir les garçons.
- Ok, on va en profiter pour s'installer pour tout à l'heure. » Confirma le Sniper.
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