8 : La dame rouge (1/3)
Dans le petit restaurant, Manuel, Fernand, Tégos et Hicham étaient assis autour d'une petite table carrée. Manuel se leva soudain et alla à la rencontre de Rachida qui descendait les escaliers.
« - Comment va-t-elle ? demanda-t-il, inquiet.
- Elle s'est endormie. Mais son petit cœur est blessé. Son père a été tué, elle va avoir du mal à passer le cap.
- Manuel ? » A l'appel de son nom, le jeune homme se tourna vers la guerrière chimérique. « Avant de mourir, le roi a demandé à ce que Kouiros et toi protégiez sa fille. Puis-je compter sur toi ?
- Bien sûr.
- Ils vont tous nous avoir, murmura Fernand. Ils vont venir nous chercher si on ne fait rien. Manuel, je sais que toi non plus ça ne te plaît pas, mais il va falloir retourner sur le front. C'est notre place, c'est la place de ces deux machines.
- Non les enfants ! Coupa la tenancière du restaurant, c'est trop dangereux.
- Nous ne sommes plus des enfants Rachida. Il y a bien longtemps que nous ne le sommes plus d'ailleurs. Nous avons toujours été en défense jusqu'à présent, nous avons perdu des amis, et bien plus même. Les Berserkers sont des machines d'assaut, je dis seulement que nous ne sommes pas là où nous devrions être. Ça ne me convient absolument pas, mais...
- Je vois ce que tu veux dire Fernand. Il est temps d'équilibrer les scores.
- Ouais. »
Rachida se déplaça rapidement vers Manuel, le claqua au visage avant d'aller vers Fernand et le gifla lui aussi.
« - Mais vous êtes devenus fous ! Vous rendez-vous compte de ce que vous dites ? Ce n'est pas un jeu !
- Rachida...
- C'est hors de question ! Mais que vous arrive-t-il ? Vous aimez a ce point vous mettre en danger ? Vous risquez de mourir là-bas... » Le reste fut exprimé en arabe tant la colère était grande.
« - Rachida, dit simplement Manuel une fois que la dame se fut calmée. Appel Yin et Happy Summer. Je veux savoir ce qu'ils en pensent. »
*
* *
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Arsear retira son casque, et sortit du siège de contrôle des prototypes que Rig-rid avait crée. Osrak était là, son casque sous le bras, le rictus de la victoire sur le visage. Mais le Capitan ne souriait pas.
« - C'est une grande victoire Capitan.
- Non, c'était un test. Concluant, peut-être, mais ce n'était qu'un test.
- Un... test ? Demanda Osrak, n'y croyant pas une seconde.
- Oui, ces machines ont été spécifiquement crées pour affronter les démons d'Alikaross. Tant que ce ne sera pas fait, nous ne pouvons parler de victoire.
- Néanmoins, nous avons déstabilisé toute la chaîne de commandement des Chimères.
- Non plus. Hillgearim va prendre le pouvoir. Comme prévu.
- J'ai l'impression que vous en savez plus que moi sur le sujet. Que va-t-il se passer après ?
- L'alliance Humaine-Chimère va se briser, les batailles seront légèrement plus simple. Mais pas de beaucoup : les Humains sont bien organisés et ont de la ressource. Non, pour le moment, nous devons nous préparer, les démons d'Alikaross vont sortir de leur cachette, et nous devrons intervenir rapidement pour les affronter.
- Et s'ils ne sortent pas ? Demanda Osrak
- Alors nous utiliserons ces nouveau engins sur le champ de bataille, répondit le Capitan en descendant de son pupitre et en se dirigeant vers la sortie.
- Pourquoi ne pas faire la même chose au commandement Humains ? Ça pourrait marcher non ?
- Non. Même si l'on frappe à la tête, les multiples cellules de combat restent autonomes. Cela ne servira donc à rien. On dirait...
- Quoi ?
- Contrairement aux autres peuples d'esclaves, on dirait presque que, comme nous, ils ont l'habitude de se battre.
- Vous vous faites des idées, objecta l'Enseigne à coté de lui.
- Je ne crois pas : personne, aucun peuple ne peux avoir un tel degré d'organisation et d'équipement militaire sous la main sans avoir souvent fait l'amère expérience du champ de bataille.
- Je n'en ai jamais affrontés.
- Je ne vous le conseille pas : vous seriez morte avant d'avoir compris ce qui se passe. »
A ces mots, la combattante se stoppa, regardant Arsear continuer sur sa lancée, en direction de son bureau. Rapidement, elle le rattrapa et l'interrogea avec une pointe de colère :
« - Vous dites que je suis faible ?
- Non, je dis qu'ils sont imprévisibles, et que vous êtes trop jeune. »
Rapidement, ils avancèrent dans les corridors du navire de guerre. Osrak le suivit, s'interrogeant sur le sens des dernières paroles du Capitan. Finalement, ils arrivèrent devant la porte de la pièce.
« - Sinon, je ne sais toujours pas comment se nomment ses prototypes, mais c'est assez jouissif de les piloter, préféra-t-elle changer de sujet.
- Tiens donc ? Ainsi les prototypes sont opérationnels. » Fit une jeune Silridriss assise dans le siège de bureau du Capitan.
Immédiatement, Osrak se plaça devant Arsear, outrée de voir une autre personne que son supérieur s'arroger le droit de s'installer à cette place. Inconsciemment, elle porta la main à la paume de son épée.
« - Qui êtes-vous ? De quel droit vous installez-vous ici ? Levez-vous...
- Silence Osrak ! » Rugit Arsear. Coupant la Silridriss dans ses propos. Celle-ci le regarda alors avec un air d'incompréhension.
« - Favorite Myanate, je vous prie d'excuser l'attitude de mon Enseigne : elle est encore jeune, et prompte à vouloir se battre pour la Déesse-Impératrice et ses supérieurs. »
Comprenant son erreur, Osrak prit immédiatement une position de soumission. Myanate sourit, se leva, et gracieusement, fit le tour du bureau avant de s'asseoir sur son bord.
« - Vous savez vous entourer Capitan, se moqua-t-elle, j'étais venue voir comment vos avancées, et je constate que cela évolue dans le bon sens.
- En effet, le test final des prototypes a été effectué en combat réel : le roi Shershen est mort. Grâce à l'Impératrice, tout se passe comme prévu. Avez-vous trouvé un nom pour ces matériels ?
- Oui, ce seront des Kalieks, Au sujet de l'Impératrice, sachez que toute son attention se porte actuellement sur vous. J'ai été autorisé à vous accorder un vœux. Faites votre choix.
- Actuellement, mon besoin le plus urgent est le soin d'une esclave qui se trouve dans mes appartements.
- Cette esclave là ? Oui, je l'ai vue, elle n'en a plus pour longtemps à vivre, ses blessures sont trop profondes, malgré des soins bien appliqués. Vous devriez prendre plus soin de vos jouets quand vous les utilisez.
- C'est un subordonné bien peu soigneux qui l'a mise dans cet état. Je ne me serais pas permis d'attenter à la vie d'une personne qui a un rôle majeur dans la destructions des démons d'Alikaross. »
A ces mots, la Favorite descendit du bureau, et l'instant d'après, elle regardait Arsear dans les yeux, flottant à quinze centimètres au-dessus du sol. Son regard était d'or, les arêtes de ses écailles brillaient de milles feux. Toute sa puissance étant exposée aux yeux du Capitan.
« - Qui a osé faire cela ?
- Une personne qui ne recommencera plus, répondit Arsear calmement. »
De son coté, Osrak ne bougeait plus, et préférait garder les yeux fermés dans cette atmosphère saturée d'Erapha.
« - Je t'ai demandé son nom !
- Il se nomme Berik, c'est mon Intendant. J'implore votre pardon en son nom. »
La favorite reprit sa forme originelle avant de se poser doucement sur le sol. Elle le regardait étrangement.
« - Pourquoi protéger un subordonné incompétent ?
- Berik n'est pas incompétent, il est juste malchanceux dans ces choix, et peut-être aussi paranoïaque. Mais pour le reste, c'est un élément de grande valeur en qui j'ai toute confiance. »
Osrak, qui écoutait la conversation, tiqua en entendant le Capitan mentir à la Favorite.
« - Vraiment ?
- Oui.
- Il est rare de voir des Capitan comme vous. Vous me mentez effrontément pour protéger vos soldats.
- C'est grâce à eux que je suis ici. A moi de transmettre les souhaits de notre Impératrice sur le champs de bataille, et de les éclairer dans les ténèbres grâce à son pouvoir. »
Avec beaucoup de grâce, la Favorite se posa, se retourna et marcha lentement vers l'Enseigne agenouillée et les yeux clos. Elle la regardait de manière amusée, comme un jouet intéressant.
« - Vous avez beaucoup de chance d'avoir un supérieur comme lui, Enseigne Osrak. Faites-lui honneur et en sorte qu'il survive à notre époque.
- Oui, Ô Favorite.
- Capitan, êtes-vous sûr de vouloir conserver cette esclave en vie ? N'y-a-t-il pas d'autres solutions ?
- Si, il y en a une : tout reprendre à zéro. Mais le temps nous fait défaut, les démons d'Alikaross vont bouger et nous n'avons pas encore d'arme à distance. »
C'est sans grand entrain que la Favorite fit un pas vers les appartement du Capitan.
« - Bien, voyons cette esclave... »
*
* *
*
Lorsqu'elle entra dans son bureau, les bras chargés d'un encombrant porte-document, le professeur Belamour fut surprise de constater la présence du commandant Higas. C'est à peine si elle lui jeta un coup d'œil lorsqu'elle alla s'installer à derrière le bureau. Elle y jeta le porte-document avec un soupir.
« - Bonjour professeur, je...
- Silence, coupa-t-elle en leva l'index. Généralement, on demande la permission avant de s'inviter chez une femme. J'ai donc ici la preuve qu'en plus de ne penser qu'à très court terme, vous êtes un sans-gêne avéré. Autre-chose à démontrer ?
- Oui, j'ai aussi une très bonne mémoire. Dans mes souvenirs, vous deviez me fournir une version exploitable du Berserker.
- C'est en cours, mais j'ai l'impression d'avoir omis un paramètre logique. Car l'expérience d'hier n'aurait pas dû se terminer ainsi.
- Pouvez-vous préciser ?
- Si vous voulez. Nous avons retrouvé le pilote éparpillé dans la salle. Du sol au plafond. C'est assez précis ?
- Est-il encore vivant ?
- Qui ? Le pilote d'essai ? Non. J'ai beau chercher, je ne trouve pas la variable qui est responsable de tout cela. De manière strictement théorique, cela devrait fonctionner. Mais dans la pratique, comme d'habitude, c'est différent. C'en est frustrant.
- Combien de temps encore ? Demanda le militaire.
- Là, je n'en ai aucune idée. J'ai tout les paramètres, sauf un apparemment. J'ignore complètement combien de temps il me faudra pour l'identifier. »
*
* *
*
Devant l'ordinateur, Manuel, Fernand, Salida, Tégos et Yin regardaient le petit soleil rebondir sur les bords de l'écran.
« - Mes plus sincères condoléances pour votre père princesse. Déclara le pirate informatique à la voix modifié. Contrairement à la plupart des hommes, il avait comprit que la survie passait par une alliance entre nos deux espèces.
- Cela ira. Répondit-elle sans motivation. Je ne suis plus princesse. Et Hillgearim, mon cousin, a les faveurs du peuple des chimères pour monter sur le trône. »
Tégos fit une moue, exprimant son désaccord sur le sujet.
« - Pourrais-je m'enquérir de la mentalité de cette personne ?
- Il est,... » Commença Salida avant de se retourner, en larmes. Rachida arriva alors, et l'enlaça, avec des mots calmes, elle tenta de la calmer.
« - Il est moins concerné par le sort du peuple Chimère que de son propre confort, commenta Tégos. Il est nombriliste, dictatorial, et totalement dénué de respect envers qui que se soit si ce n'est lui-même. Mais ça, le peuple ne le sait pas. Ou du moins il ne l'a jamais vu car il est rarement au premier plan. Pour finir, il est farouchement anti-Humain.
- C'est fâcheux.
- Oui, mais ce n'est pas pour cela que l'on vous a contacté Happy Summer. Nous voulons aller sur le front. »
Il y eu un flottement, avant que la voix ne reprenne :
« - C'est une blague ?
- Non, c'est tout à fait sérieux : les Berserkers sont les armes d'assauts les plus perfectionnées à ce jour. Ici, cachées dans cette caverne, ils ne servent à rien. Répondit Manuel.
- Les Silridriss ont mis au point un nouveau modèle de combat. C'est avec ce modèle qu'ils ont attaqué le roi des chimères. Doit-on attendre d'en avoir plein sur le dos pour bouger ? Rajouta Fernand.
- Hum... Yin ? demanda le soleil sur l'écran vidéo.
- Ils ont raison. Nous avons trouvé un maître d'armes mais il faut encore qu'ils apprennent.
- De combien de temps avez-vous besoin ?
- Deux semaines pour les bases. Le reste, c'est du perfectionnement.
- Bien, je vais voir ce que je peux faire pour ne pas avoir de soucis avec l'armée régulière. Préparez-vous pour un départ dans deux semaines au plus tôt. Arrêtez de travailler, concentrez-vous sur toutes les manières possible de survivre.
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