6 : Chez Rachida (3/3)
Généralement , les Silridriss n'étaient pas aussi relâchés sur les travaux qu'ils demandaient. Ils préféraient surveiller de très près les évolutions d'un nouvel engins, de peur de devoir justifier plus tard une erreur de jugement ou de conception. Mais cela surprenait Rig-rid : Arsear ne descendait jamais dans l'atelier pour s'assurer des avancées des prototypes. L'équipe d'esclaves œuvrait ensemble à la création d'une machine de mort telle qu'il n'en existait aucune dans l'empire. Les performances réelles de l'engin restaient totalement inconnues. Sur le papier, ça pouvait fonctionner, mais en réalité, tout pouvait être différent. Le Seigneur Arsear était bien passé une fois pour faire un essai lorsque les armatures avaient été stabilisées, mais il était reparti pensif, et sans dire un mot.
« - Rig-rid, on a fini l'œuvre des accélérateurs sur les cuisses, on passe sur les jambes.
- Non, insérez les marques de boucliers, et priez pour que cela soit stable. »
Tout les soir, avant d'aller se coucher, il lui demandait un avancement des travaux. Elle le lui faisait, mangeait, et allait se coucher dans la chambre à coté. C'était la chambre du capitan, mais il avait rajouté un second lit d'assez bonne qualité pour qu'elle puisse dormir et être en forme le lendemain. Pas une fois il ne l'avait touché, ni tenté de lui faire du mal de quelque manière que ce soit. Le soir, il restait des heures entières à son bureau, à réfléchir, le regard perdu dans le vide comme s'il était absent. Plus d'une fois elle l'avait vu avec un air triste ou colérique sans pour autant en identifier l'origine.
On dirait qu'il porte un lourd fardeau...
Elle ferma les yeux et elle se remémora ce qui s'était passé ce jour là dans la chambre du maître des forges.
Le Capitan l'avait traînée tandis qu'elle hurlait des excuses, et implorait sa pitié. Elle savait que le sexe des Silridriss était trop long pour ceux de sa race. Une fois sur deux ,ce dernier leur déchirait le ventre, et elles finissaient par mourir d'hémorragie. Sans compter que parfois, ils les griffaient, ou utilisaient des manières parfois abjectes pour les faire souffrir. Une fois la porte fermée, il l'avait jetée au sol puis il verrouilla l'entrée à clef. La pièce était une chambre avec un petit bureau, et des sanitaires dans un coin. Ce n'était pas conçu pour être beau, mais l'utilité était là. Alors qu'elle le regardait avec un regard implorant, elle le sentit la soulever et la faire asseoir sur la table sans ménagement. Elle cria.
« - Silence maintenant ! »
Elle était assise sur le bureau, les jambes de part et d'autre du corps musclé et protégés de l'homme-lézard. Elle sanglota doucement, regardant sans cesse le plastron, n'osant pas le regarder dans les yeux. Il avait les mains sur ses cuisses, mais il ne bougeait pas. Lorsqu'enfin elle osa le regarder en face, elle vit qu'il avait la tête légèrement vers l'arrière, et les yeux clos. Finalement, après un petit moment, il rabaissa son regard et elle revint également sur le plastron.
« - Regarde-moi ! »
Le regard terrifié, les yeux remplis de larmes par sa possible mort prochaine, elle leva de nouveau les yeux. Il était sérieux, pas violent, ni en colère.
« - Je suis en mesure de savoir quand tu mens. Je vais te poser des questions, tu vas y répondre honnêtement. Si tu me mens. Je ferais une action en vue de m'occuper de toi avec les conséquences que cela implique. Même chose si j'entends une supplique. Si on se retrouve dans la configuration où je suis en mesure de passer un moment agréable à tes dépends avant la fin de mes questions, je n'hésiterais pas. »
Elle avait cru à un mensonge, les Silridriss aimaient mentir, mais elle décida d'y croire, ne serait-ce que parce que c'était une chance minime de survie. De plus il n'expliquait pas ce qui arriverait à la fin de l'interrogatoire.
« - As-tu compris ? »
Rig-rid avait hoché la tête. Ne trouvant les mots pour répondre à ces règles sadiques à sens unique.
« - Quel son tes dieux ? Nomme-les !
- L'impératrice, est la seule... » commença-t-elle à répondre comme il était de règle pour la survie.
La lame de la dague s'était abattue avec force sur les restes de la robe en jute. Juste entre les jambes, clouant la pièce de tissus sur le bois.
« - Ne me ment pas ! »
Sur le coup, elle n'avait pas compris, mais elle s'était dit que si elle avait répondu autre chose, la lame se serait abattue dans sa chair.
« - Je repose ma question : Quels sont tes dieux ? » Avait demandé Arsear en colère.
Des larmes avaient coulées de nouveau sur les joues de la gnome avant qu'elle ne bredouille de nouveau :
« - L'impé... »
D'un geste rapide la lame avait ouvert la robe de bure jusqu'en bas. Elle croisa une trace de déception dans le regard du saurien.
« - Bon, on va essayer autre chose. Que penses-tu de mon espèce ? »
Elle savait qu'elle jouait avec le feu d'un brasier, et, qu'à tout moment, celui-ci pouvait se déchaîner sur elle. Par deux fois elle s'était brûlée. Se sachant perdue, elle plongea dans le brasier.
« - Je vous hais, murmura-t-elle.
- Pardon ?
- Je vous hais, avait-elle reprit plus fort. Détournant le regard, et attendant la morsure de la lame.
- Bien, on avance. Pas de beaucoup, mais c'est déjà ça. Alors on va reprendre la première question. Quels sont tes Dieux ?
- Kedor, Ajira, Melin,...
- C'est suffisant. Sais-tu comment faire pour vaincre les démons d'Alikaross ? »
Rig-rid, allait donner la réponse que tout Silridriss normal aurait attendu. Mais, elle s'était ravisée :
« - Je n'en sais rien, cette chose est bien trop étrange.
- Si je laisse en vie, il va falloir que tu trouves des solutions. T'en sens-tu capable ?
- Oui. Du moins, j'y travaillerais sans relâche. »
Avec brutalité, Arsear la coucha sur le bureau. Elle n'avait pas comprit sur le coup : elle n'avait dit ce qu'elle pensait à ce moment là. Elle resta allongée, jusqu'à la coupure. Elle hurla de douleur et porta immédiatement ses mains à son sexe en serrant les jambes tandis que le Silridriss s'écartait du bureau. Elle lui jeta un regard noir, avant de constater qu'il était toujours habillé, il rangeait sa dague. Elle regarda alors une de ses mains, les doigts étaient recouvert d'un sang entre l'orange et le brun. Le Capitan l'attrapa par les cheveux et la força à le regarder dans les yeux.
« - Calme-toi, j'ai légèrement entaillé ta chair pour éviter que l'on ne nous pose trop de questions. Maintenant, tu es à moi, ta vie et ton avenir sont entre mes mains. Ce qui s'est passé ici et notre discussion doivent rester secrets. C'est clair ? »
Alors que ses souvenirs quittaient sa mémoire, elle se rendit compte qu'il y avait beaucoup de choses qui différenciait Arsear des autres Silridriss. Mais, ce qui la gênait le plus, c'était ce regard étrange qu'il avait sur tout ce qui l'entourait, ou lorsqu'il était perdu dans ses pensées. Il ne le montrait jamais face à d'autres Silridriss, ou en présence d'esclaves. Un regard d'une infinie mélancolie et pleins d'interrogations.
« - Rig-rid ? »
L'interpellation de l'ouvrier sortit la gnome de ses pensées pour la remettre à la réalité du travail. Le cube d'airain sur son bureau reprenait les données collectées sur les démons d'Alikaross, lors de la dernière bataille. Elle avait eut plus d'informations sur la machine orange, d'après les images, cette dernière pouvait changer la trajectoire de ses tirs. La gnome était persuadée qu'elle s'était mise en relation avec les autres armures de la zone : toutes ses victimes avaient rencontré un adversaire avant de succomber. Mais, c'était étrange : la machine blanche avait perdu en maniabilité, les ailes ou les queues n'avaient pas été une seule fois été utilisées avec l'efficacité optimale.
Est-ce qu'ils en a perdu l'usage ? Ou bien est-ce qu'il n'a pas eu besoin de s'en servir ? Dans tout les cas, je vais devoir trouver un moyen de contrer son arme de poing : même si les effets ne sont pas dévastateurs au sens propre, ils sont particulièrement gênants...Le Taranta en a fait les frais.
*
* *
*
« - Bonjour Manuel.
- Bonjour Ego. »
La créature qui vivait dans le subconscient de Manuel ne demanda pas comment il allait, elle le savait très bien, et le jeune homme le devinait. Lentement, la machine blanche se leva dans une immense caverne mouchetée de toutes les couleurs de l'arc en ciel.
« - Je suppose que tu sais ce que l'on viens faire ici...
- Bien sûr, répondit le loup aux yeux vairons. Cet endroit est un champ de bataille simulé. Et tu désires apprendre à utiliser toutes les fonctionnalités de ta machine. Exact ?
- Oui.
- Ça va être compliqué...
- Rien n'est jamais simple. » Répondit Manuel en faisant quelques pas.
Comme à l'accoutumée, le jeune homme se retrouva dans cet étrange monde aérien. Il trouva Ego qui l'attendait à l'entrée du château en mauvais état.
« - Avant de commencer, j'ai des choses à te montrer, c'est important, et je n'ai pas eu le temps de le faire la dernière fois. Intéressé ?
- Je te suis. »
Manuel suivit l'animal ailé dans un dédale de couloir et de portes pour pénétrer dans les profondeurs du château. Au fur et à mesure de leur descente, la lumière diminua, le sentiment de malaise qui se profilait chaque fois qu'il entrait dans cet étrange monde devenait de plus en plus fort.
« - Où va-t-on ? demanda soudain Manuel, inquiet.
- Rencontrer la bête.
- Quoi ? Mais...
- Rassure-toi, elle ne te verra pas, tu ne la verras pas non plus, mais nous pouvons toujours aller là où elle se trouve.
- J'ai pas envie d'aller plus loin » Murmura Manuel, en faisant un pas en arrière.
Le loup se figea dans le couloir, avant de se retourner lentement. Dans la pénombre, ses yeux sans pupilles brillaient de couleurs différentes. Le tatouage qui entourait son œil rouge rendait la créature des plus inamicales.
« - Pas envie ?! Répéta-t-il en regardant le jeune homme. La bête t'a forcé à tuer des Hommes, tu dois savoir où elle est si tu veux sentir quand elle va tenter de sortir. Tu dois apprendre à rester maître de toi-même. Qui sait si tu ne tueras pas un de tes amis la prochaine fois ?
- Je ne la sens pas bien cette histoire Ego. Nous sommes là où l'on ne devrait pas être.
- Demande toi si les trois hommes d'équipage se sentent bien là où ils sont ? Ce qui s'est passé ne doit plus se reproduire ! Avance ! »
Sans dire un mot supplémentaire le loup reprit sa descente dans les entrailles du bâtiment moyenâgeux. Manuel hésita un instant avant de lui emboîter le pas.
Une odeur pestilentielle commença à se faire sentir, le givre qui recouvrait la bâtisse, devint une glace épaisse et dure, les murs et le sol se recouvrirent d'un genre de racine noire et gluante. La racine bougeait toute seule suivant un rythme lent. Elle se tordaient et des orifices munies de crochets s'ouvraient en se fermaient dans une séquence définie et facilement identifiable.
Merde... ce truc respire ?
« Je te déconseille d'y toucher. » Informa Ego.
Finalement, ils arrivèrent dans une pièce circulaire de six mètres de diamètre. L'odeur de pourriture était à son comble, Manuel avait envie de vomir, tant l'écœurement était à son paroxysme. La lumière était faible, mais suffisante pour identifier tout ce qui les entouraient. Le sol était recouvert en son centre d'une lourde trappe métallique de deux bons mètres de diamètre. Elle était fermée par un système avec de multiples crémaillères. Elle avait été violentée, et déformée, quelque chose avait tenté d'en sortir. Les murs étaient gelés, et recouvert de ces racines noires.
« - Nous y sommes, pour ton information, nous sommes ici sous la mer de nuages.
- Mais...
- Mais cela ne se voit pas qu'il y a un passage ? Compléta le loup. Je te rappelle que seule la représentation compte ici, oublie la vraisemblance et la logique. Concentre-toi sur ce que tu vois. Maintenant, que peux-tu me dire de cette salle ? »
Manuel avait du mal à réfléchir tant les sensations qui lui parvenaient étaient immondes. Il n'arriva à réfléchir qu'un petit instant avant que l'odeur ou le dégoût ne lui rappelle sa présence en ces lieux.
« - Une fermeture à crémaillère, ça me paraît bien complexe comme système de fermeture... attends, non. C'est un verrou à ressort. Le ressort c'est cette languette, là, elle retient la crémaillère sur son premier cran... On sort ?
- Non, continue. Analyse, dit-moi tout ce que tu comprends. »
Manuel s'en rendit compte à cet instant, Ego avait changé d'aspect. Il paraissait plus ébouriffé, les plumes de ses ailes allaient dans tout les sens, comme celles d'un oiseau malade. La gueule avait grandit, s'était épaissi, des crocs sortaient de part et d'autre, vers le haut et vers le bas. Ses yeux étaient devenus féroces et sanguinaires.
« - Ego ? Est-ce que tu vas bien ?
- Oui, je voulais aussi te montrer ce qui m'arrivait quand tu libères la bête. Et encore, là, tu as la version édulcorée. Imagine à quoi je dois ressembler quand cette horreur est lâchée. Continue maintenant. »
Le jeune homme dû se persuader que la créature en face, ne lui voulait pas de mal tant son aspect était effrayant. Et il eut également du mal à se convaincre que cela pouvait être pire.
« - Ego, je suis désolé...
- Allez ! » Grogna ce dernier.
Manuel identifia également que l'aspect d'Ego n'était pas la seule chose qui avait changé. Il était plus incisif, plus directif, même s'il avait conservé cette politesse aristocratique. Le jeune homme se pencha de nouveau sur la trappe et son verrou. Soudain, il leva la tête, pour y voir un trou et le château flottant au dessus d'eux.
« - J'ai compris Ego.
- Je sais, mais je veux l'entendre.
- Elle est là. La bête est là, juste sous cette trappe. Ce système à crémaillère, c'est ma volonté de la garder enfermée. Si ma volonté baisse, le ressort faiblit, et la crémaillère s'incrémente. Si je reprends confiance en moi, le ressort se renforce et la crémaillère se décrémente. Il y a sept encoches sur la crémaillère, à la huitième, elle est libre. Dés la première incrémentation, elle peux en partie sortir. Son objectif est le château là-haut.
- Ouiiii...., lorsque tu es tombé inconscient chez les Silridriss, elle s'est incrémentée jusqu'au troisième niveau, et lors de l'incident sous-marin, elle n'était qu'au premier cran.
- Pourquoi veut-elle le château ?
- Parce que c'est ton édifice. Pierre après pierre, ce bâtiment est le reflet de ta personnalité construite avec le temps. Mais il t'es arrivé quelque chose, le berserker et les combats ont gelés et endommagés ce magnifique bâtiment, ainsi que la végétation qui y poussait. Si elle y habite, c'est toi qui sera enfermé ici. Et ce sera de ta seule volonté, de ton seul fait. La bête n'a pas conscience des limites de ton corps. Et, ce sera la mort, à plus ou moins long terme.
- Maintenant qu'on a fini, peut-on ressortir ?
- Oui. Il est inutile de s'attarder ici. »
Le jeune homme fut heureux de sortir de cet horrible endroit. Et, même s'il ne l'avoua pas, il fut soulagé de voir le loup reprendre lentement sa forme originelle. Le loup se contenta de sourire d'un air entendu en ressentant ce sentiment de soulagement.
« - Bien, je te propose de passer à quelque chose de beaucoup plus intéressant : la maîtrise des ailes. Qu'en penses-tu ? » Dit Ego connaissant la réponse de Manuel, bien que sachant que ce ne serait pas facile.
*
* *
*
Lorsqu'ils entrèrent dans le restaurant, Fernand et Manuel virent que seule la moitié des tables étaient occupées. Et les quelques clients ne semblaient pas vraiment à l'aise avec les deux chimères aux formes humaines en tant que serveuses. Ils étaient éreintés, la maîtrise de ces machines étaient complexes et difficile à maîtriser.
Ils dirent bonjour à Hicham derrière le bar, ce dernier leur serra la main avant d'aller en cuisine dire à sa tante l'arrivée des deux jeunes hommes. Un sourire franc illumina le visage de Salida, et Tégos. elle-même eut un léger sourire.
« - Oh, grâce soit rendue à Allah, vous êtes partis en tant qu'enfants et ce sont des hommes qui reviennent ! Dit la vielle dame en sortant de la cuisine pour les enlacer.
- Bonjour Rachida, ça faisait longtemps.
- Bonjour Rachida.
- Les filles m'ont dit ce qui vous était arrivés, allez vous installer, ce soir, c'est moi qui offre. Et vous restez boire le thé ! Je vais voir avec Weng pour que vous habitiez ici vous aussi.
- Euh... Rachida tu... Commença Fernand
- Taratata ! Tu fais comme tout les hommes ! Tu t'assoies et tu te tais ! coupa la dame avec un grand sourire. Weng fera comme vous : ce que veulent les femmes ! »
Ils s'assirent à une table de quatre, vu qu'il n'y avait pas beaucoup de monde, ils pouvaient se le permettre.
« - Elle a perdu de la clientèle, murmura Manuel.
- C'est incompréhensible : les nouvelles serveuses sont super mignonnes. » Répondit Fernand dans le même ton.
La remarque totalement incongrue sur la présence des chimères en tant que serveuses arracha un début de rire à Manuel, malgré son moral et sa fatigue. En effet, leurs formes générales auraient rendues rêveuses bien des femmes. Fernand décida d'en profiter pour remonter un peu le moral de son ami :
« - Non sans rire, elles sont super bien roulées... Bon faudra faire attention à bien retirer toutes les pièces d'armures de la première, et la seconde est un peu poilue, mais ça se laisse manger non ? » Manuel était à la limite du fou rire.
« - Qui doit se laisser manger ? » Demanda Tégos, derrière Fernand, le regard noir.
Il comprit immédiatement, que ce n'était que parce que Tégos, qui était venue prendre la commande, écoutait la conversation, qui occasionnait un fou rire Manuel.
« - C'est une expression, dit le fautif rapidement, en cherchant une manière de calmer la guerrière..
- Commande. Dit-elle en tapant bruyamment les menus sur la table avant de faire demi-tour avec une colère non dissimulée.
- Franchement Fernand, tu ne pouvais pas mieux faire, commenta Manuel entre deux rires. Je vais prendre une tajine d'agneau aux abricots s'il te plaît Tégos.
- Moi je vais prendre...
- Et je ne suis pas au menu ! » Précisa la chimère à la limite de l'outrage. La réplique de la chimère, augmentant le quiproquo, empira le fou rire de Manuel. Il riait désormais à gorge déployée. Plusieurs personnes dans la salle se retournèrent, visiblement dérangées par le vacarme. Tégos ne comprit pas la réaction du jeune homme, ni celle de Fernand, à rire, caché derrière le menu.
Ne cherche pas, il y a un sens caché. Comme lorsque j'étais coincée dans la zone dévastée. Dit la princesse par l'intermédiaire de la mémoire, on demandera plus tard. Pour ma part, je préfère voir Manuel ainsi.
La guerrière regarda un instant les deux hommes qui riaient à leur petite table, elle réussi quand même à interpréter que Fernand prendrait la même chose que Manuel. Et elle les laissa, un peu frustrée d'être mise à l'écart de leur conversation.
Je préfère aussi.
Ils déjeunèrent ainsi comme les deux vieux amis qu'ils étaient. Lentement, le restaurant se vida, les deux chimères les rejoignirent et mangèrent un peu avec eux. Mais elles avaient déjà mangé avant le service. Seule une petite fringale fut rapidement comblée par les talents culinaires de Rachida. Ils reçurent un peu plus tard l'autorisation de Weng de rester chez la marocaine si avenante. Et Rachida n'avait pas attendu la réponse du vieux chinois pour préparer les chambres d'amis.
Plus tard, Tégos interrogea Rachida sur le quiproquo de tout à l'heure. La vielle femme ne put s'empêcher de rire en expliquant ce qui s'était réellement passé. Lorsqu'elle en comprit le sujet, la guerrière ne put masquer une moue de dégoût.
Faire ça avec un Humain, quelle horreur, et puis quoi encore...même en rêve c'est impossible.
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