5 : Fugitifs ! (2/3)
« - Ici sonar, contact perdu, murmura l'opérateur
- Trouvez-le. » Répondit l'interphone devant lui.
L'opérateur se remit à trifouiller la console informatique devant lui, cherchant sans relâche cet étrange bruit. Puis, soudain, l'interphone reprit « Selon vous, qu'est-ce que c'est ?
- On dirait un genre de sonar actif. Mais il n'est pas sur les fréquences usuelles. De plus, ses échos sont beaucoup trop rapprochés. Je ne sais pas du tout ce que c'est. »
*
Manuel tomba à genoux, au fond de la mer, devant cette épave. Il n'eut aucun mal à se rappeler de la scène. Le navire Silridriss arrivant sur le coté et l'effroyable choc à l'avant. Fernand et lui avait tenus, Les émissions de Marilyn et de Dionysos avaient cessés à ce moment là.
Ils étaient passés par dessus bord.
Ils avaient coulés à pic. La bataille faisant rage, personne ne pouvait vraiment leur venir en aide. Ils étaient mort ainsi, écrasé par la pression ou noyés ; les ouvertures des armures disjonctant et transformant les machines en cercueils de métal.
Soudain, sans vraiment savoir ce qu'il faisait, il chargea l'épave sur ses épaules et marcha sur le fond de la mer en direction de la côte espagnole.
Ego ne dit rien, la douleur étreignait aussi son cœur, mais il remit en marche le petit sonar.
*
« - Ici sonar, je l'ai retrouvé. Direction deux-huit-zéro, distance mille deux cent mètres, profondeur quatre-cent cinquante deux mètres. Il est au fond.
- Bien, on remonte, profondeur de périscope. Préparez les fichiez pour un transferts, on les envoi à Bordeaux et on demande des ordres. Préparez la caméra sous-marine sur le tube deux, il faut savoir ce que c'est que ce truc. Sonar, ne le lâchez surtout pas.
- Bien monsieur. »
L'opérateur sentit le sous-marin s'incliner vers la surface. Il n'y resta pas longtemps. Quelques minutes tout au plus, envoyant sa découverte au centre de Bordeaux. Puis il replongea, l'opérateur retrouva immédiatement les étranges sons et sa nouvelle position.
« - Il met le cap au nord. Cap zéro-un-zéro, il avance lentement sur le fond, à une vitesse de huit nœuds environs.
- Bien, compartiment avant, remplissez et ouvrez les tubez un et deux. On prends pas de risques. Sonar, j'ai besoin d'une solution de tir.
- Ici sonar, solution de tir transmise.
- Bien, tube deux, feu, envoyez une caméra là-bas... »
*
Au fond de l'océan, Manuel se laissait aller à de bien sombres pensées. Le loup avait repris son regard de glace. Une colère froide et un désir de vengeance inassouvi commençait lentement à l'envahir. Par vagues successives, la douleur d'avoir perdu Marilyn, la colère d'être inutile, la trahison qu'il avait subit, le traitement et les expériences alimentaient une haine brute à l'égard des Silridriss et des Hommes.
« - Manuel, essaye de te calmer s'il te plaît, ou il risque de prendre le contrôle. Tu feras des choses que tu de regretteras amèrement.
- Qui ?
- Ta bête Manuel. Je la sens, elle est là, prête à agir. Je t'en conjure, réfléchit de manière objective ou tu signeras notre perte à tout les deux.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- C'est la part d'ombre qui existe en chaque être humain. Elle est la somme des pulsions primaires. Je n'ai pas les moyens de te désobéir, et si elle te contrôle elle risque de faire des dégâts incommensurables.
- Je n'arrive pas à penser correctement. Je suis désolé.
- Quelque chose approche derrière-toi. »
Manuel se retourna et vit arriver lentement un point gris vers lui. Il entendait des coups de sonars et au loin, une petite hélice tourner.
C'est quoi encore ça ? Pensa Manuel en regardant ce qui approchait.
Ego lui présenta immédiatement une image et des caractéristiques.
« Selon la base de données du net, il s'agit d'une caméra autonome de fabrication turque. Elle équipait les sous-marin de l'alliance arabique peu avant la dernière grande guerre. Elle est à la fois pourvue d'un haut parleur sous-marin et d'une charge explosive de moyenne puissance. Et elle vient vers nous. »
Merde. Pensa le jeune pilote en reprenant son chemin au fond de la mer. J'ai pas besoin de ça.
*
« - Nous arrivons près de la source des échos, je... merde, commandant, je crois que vous devriez venir voir ça. » Dit le pilote de la petite caméra autopropulsée.
Le commandant et le chef de quart se déplacèrent entre les tubes et les différentes consoles pour arriver près de l'opérateur.
« - Qu'est-ce que c'est que ce truc ? murmura-t-il en voyant l'étrange armure blanche porter sur son dos l'épave noire.
- Je sais pas, mais ce n'est ni à nous, ni aux Silridriss, fit le chef de quart.
- Les Chimères ? demanda l'opérateur.
- Et depuis quand les chimères ont deux pattes ? Interrogea le commandant. Non, c'est certainement un pilleur d'épave ou un ferrailleur clandestin qui récupère illégalement des pièces. C'est probablement la raison pour laquelle il a modifié sa machine. On est autorisé à ouvrir le feu si nécessaire. Mais on va essayer de les capturer. Sonar, trouvez le navire qui est en relation avec ce salopard.
- Ici sonar, désolé monsieur, il n'y a aucune trace de navire.
- Quelque chose ne va pas monsieur. Déclara le pilote de la caméra.
- Quoi donc ?
- Bah... en voyant la caméra, il aurait dû s'enfuir en lâchant son butin... alors que là... il poursuit sa route comme si de rien n'était. Pourtant, il a vu la caméra : il a tourné la tête.
- J'ai déjà vu cette machine quelque part..., murmura le chef de quart, mais où ? »
*
La caméra tournait autour de lui comme une énorme mouche. L'éclairant d'un projecteur aveuglant.
Tirez-vous de là ! foutez-moi la paix.
Manuel avançait, la colère continuant à grandir au fond de lui. Soudain, dans un anglais parfait, la caméra parla :
« - Submarine Trident here, arabian naval forces, declare your corps, forces and nation's flag ! » [ Ici le sous-marin Trident, forces navales arabes, déclarez votre corps, forces et nation]
Dans la tête de Manuel, la traduction se fit instantanément.
Manuel, par pitié, calme-toi ! répéta Ego.
« Me faites pas chier, c'est pas le jour. » répondit le jeune combattant par l'intermédiaire de la machine.
*
« - Est-ce que quelqu'un a compris ce qu'il a dit ? » Demanda le commandant du sous-marin au pilote de la caméra et au chef de quart. Tout les deux secouèrent la tête en signe de négation.
« - Trouvez-moi dans quelle langue il parle.
- Ça ressemble à de l'Italien, ou du Français, déclara le chef de quart.
- On a quelqu'un qui parle ces langues ?
- Il y bien Jorgen qui est au poste avant qui vient d'Europe, mais je ne sais pas s'il sait les parler.
- Amenez-le. Et faites-lui écouter les bandes. »
Il ne fallut pas longtemps au dénommé Jorgen pour rejoindre le petit groupe d'hommes près de la console de la caméra. Il expliqua que cela faisait vraiment longtemps qu'il n'avait pas pratiqué une langue européenne. Mais il identifia immédiatement le français. Il dû écouter plusieurs fois l'enregistrement avant de se prononcer.
« - Si, je ne fais pas d'erreur, mon commandant, et pour faire simple, il nous envoi chier. Littéralement parlant. »
Le commandant et le chef de quart se regardèrent totalement décontenancés par les propos du pilote de cette machine.
*
« - Stoppez immédiatement votre déplacement, lâchez votre butin et rendez-vous. »
Là, c'en était trop. La queue de Manuel attrapa la caméra qui flottait entre deux eaux et la plaça de façon à ce qu'elle regarde bien son visage de loup.
« Ce n'est pas un butin ! Ce n'est pas une prise de guerre ! C'est ma femme ! La seule ! Celle qui n'aurait jamais dû mourir ! Elle mérite mieux que de pourrir en mer ! Dégagez immédiatement avant qu'il ne me prenne l'envie de vous envoyer par le fond ! Je rigole pas ! Tirez-vous avant que je ne m'énerve pour de bon ! »
De rage, Manuel empoigna la caméra de sa main droite tandis que ses queues retenaient l'armure de Marilyn. Avec violence, il écrasa le drone sur le fond de la mer dans un nuage de poussière sous-marine.
*
« - Faites sauter la caméra, fit simplement le commandant en voyant les images.
- Attendez. Si j'ai bien compris, il veut enterrer la pilote de cette armure.
- C'est ce qu'ils disent tous. Exécution. »
L'opérateur appuya sur le bouton d'autodestruction de la caméra. Mais il n'y eut rien. Aucune explosion.
« - Désolé commandant, mais on dirait que la caméra est trop endommagée.
- Commande pour le poste torpilles. Est-ce que l'on a une solution de tir ?
- Ici torpilles. On a une solution de tir déjà dans la une.
- Tube un feu. » Dit le commandant en pressant le bouton de l'interphone.
Dans le sous-marin, le bruit de la torpille chassée de son tube de lancement résonna.
« - Ici sonar, torpille en acquisition. »
*
« - Attention torpille ! » Dit Ego à la limite de la panique.
Manuel posa doucement la machine de Marilyn sur le sol avant de se retourner. Il la vit, un point noir sur un fond blanc.
« - Mince, elle nous a repérés ! elle nous fonce dessus. »
Vous voulez le jouer comme ça bande d'enfoirés ? Ok ! je sais jouer moi aussi !
Le pilote sorti son pistolet et le pointa vers la torpille.
Gèle-là.
Le barillet s'incrémenta pour le mode de tir voulu. Et, Manuel tira trois fois. Les deux premières salves ratèrent l'engin de mort. La troisième, en revanche la toucha de plein fouet. Emporté par le poids de la glace, la torpille remonta vers la surface. Manuel ignora totalement cette étrange réaction. Ce qui l'importait c'était qu'il n'étais plus la cible de l'arme.
Où est ce ''Trident'' ?
« - Manuel, elle est là ! la bête est là ! » répondit Ego complètement paniqué. Mais la direction du sous-marin s'afficha tout de même aux yeux du soldat. Et, de part sa volonté, la machine se propulsa aussi vite qu'elle le put. Elle ralluma également le sonar.
« - Manuel ! Arrête ! Ce n'est plus toi qui pilote ! »
Mais le jeune homme n'écoutait plus rien. Il voyait rouge, la haine qui l'habitait devait sortir d'une manière où d'une autre. Ce sous-marin avait ajouté la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase.
*
« - Ici sonar ! il nous fonce dessus ! commandant, il va vite !
- Route au un-neuf cinq ! Vitesse maximale, cavitation autorisée, préparez les tubes arrières ! Alerte collision ! »
L'équipage du sous-marin ferma les différentes portes de séparation des compartiments alors que le bâtiment tournait lentement sur lui-même pour échapper à l'armure blanche. Le bâtiment de guerre venait de se mettre sur le cap que son commandant avait défini, quand il fit une violente embardée. La proue se releva et l'arrière s'enfonça.
*
« Manuel ! Non ! »
Mais il était trop tard. Animé par la haine, la douleur et la colère, le jeune homme releva la main droite après avoir posé sa machine sur l'arrière du sous-marin noir. Il l'abattit plusieurs fois sur la coque du navire. Au départ, il y eut juste du bruit résonnant au fond de la mer.
« - Manuel ! Arrête ! Ne la laisse pas te contrôler ! »
Quelques bulles s'échappèrent soudain de la coque. Mais Manuel ne les vit pas. Il tapa encore, toujours au même endroit.
Soudain, son bras tout entier pénétra la coque avec violence. Les pressions éventrèrent instantanément le compartiment. Une énorme bulle de gaz en sorti, emmenant avec elle trois corps.
Le jeune homme vit un des corps passer près de sa tête avant d'être aspiré par les hélices du navire. La colère disparut aussi vite qu'elle fut intense.
« Manuel... Par tout les dieux...Qu'as-tu fait ? » Murmura Ego, horrifié.
Un sentiment étrange de culpabilité et de tristesse envahi de nouveau le soldat.
*
« - Le compartiment arrière supérieur viens d'éclater !
- Impossible ! Aucune armure amphibie n'est aussi rapide qu'un sous-marin.
- Surface ! Cria le commandant. Videz les ballasts ! Assiette plus trente ! Préparez-vous à l'évacuation ! »
*
Complètement sidéré par ce qu'il venait de faire, Manuel en lâcha la coque du navire. Il était tétanisé et sa machine se dirigea lentement vers le fond.
Je... j'ai tué des Hommes...
« - Oui, c'est triste, et on ne peux plus rien y faire. Le brusque changement de pression les a tués sur le coup. Ils n'ont pas souffert si ça peux te rassurer. »
Me rassurer ? ... Ego, j'ai tué des Hommes !
« - Oui, dans ta colère, tu voulais casser cette machine. Mais la bête t'as fait complètement occulter qu'il y avait des hommes dedans. »
La bête...
« - Ton pire ennemi, c'est toi. Essaye de t'en rappeler la prochaine fois. »
Manuel se rappela en effet de quelque chose :
Marilyn.
« - Je doute qu'elle aurait approuvé ce que tu viens de faire. »
Le jeune homme fit faire un salto au Berserker avant de retourner dans les profondeurs de l'océan.
« - Ce qui m'ennuie le plus, dit Ego sur le ton de l'information c'est que ce sous-marin va faire un rapport. »
Je ne tuerais plus d'être humains Ego. Je n'en suis pas capable, pas comme ça du moins...
Ego ne répondit rien à cette décision qui paraissait bien prétentieuse au regard des événements à venir.
*
Le sous-marin sortit de l'eau comme un bouchon de liège provenant des profondeurs : sans sortir complètement, mais en projetant du liquide partout. Il se mit immédiatement à gîter sur tribord arrière. Le commandant commença à parler dans un interphone.
« - Chef de quart ! Rapport d'avaries !
- Le compartiment arrière supérieur a éclaté. Il nous manque trois hommes. Poste torpilles arrière complètement hors service. La ligne d'arbre moteur a tenu, mais je ne sais pas pour combien de temps encore. Les ballasts arrières sont percés et la poupe s'enfonce un peu. Tant que l'on garde les six autres vides, on devrait continuer à flotter.
- Sonar, Où est-il ?
- On dirait qu'il est retourné à ses affaires, au fond de l'océan. Commandant, j'ai jamais vu une armure amphibie se déplacer à cette vitesse.
- Je sais. Moi non plus. Radio, contactez Bordeaux. Signalez-leur l'accrochage et demandez des secours.
- Je reçois des ordres par le canal sécurisé. Dés que c'est fini, je leur transmet tout ce que j'ai.
- Bien, amenez-moi tout ça. »
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