3 : Dangereuses liaisons (2/3)

« - Vous dites que vous savez comment les deux chimères ont pris cette forme ?

- Oui, répondit le professeur Belamour dans la petite salle de contrôle. La réponse m'a été fournit par un log papier et le rapport de mademoiselle Ferreira. »

Comme l'habitude avait été prise, la réunion se déroulait dans la petite pièce plongée dans la pénombre. Le commandant Higas, la main enroulé dans un épais bandage, regardait la scientifique avait de la haine dans les yeux. Si ces derniers avaient été des armes à feu, la pauvre femme aurait été hachée menue. Mais, il ne pouvait pas la toucher, ni même lui mettre des bâtons dans les roues : elle avait visiblement des contacts en haut lieu et les compétences pour mener à bien le projet Berserk. Elle avait déjà éclairci des zones d'ombres assez rapidement, et elle continuait.

« - Ce sont les directives trois et six. Continua-t-elle. La première est une directive prioritaire, provenant du pilote. Traduite, on peut la considérer comme ''Sauve les deux chimères, Salida et Tégos'' On retrouve cette directive chez l'autre pilote. Deux chimères, deux pilotes, la machine a fait le choix le plus logique : une chacun. Mais là, la taille des chimères est un désavantage majeur.

- Ne me dites pas que ce bazar a prit la décision de lui-même. Demanda Daniela.

- Non, cela provient de la directive six. Un ordre secondaire, qui ne provient pas du pilote.

- Quoi ? Vous voulez dire que quelqu'un d'autre que le pilote donnait des ordres à cette horreur !

- Ils étaient deux dans la machine à cet instant. Et, la directive six peux être traduite par ''Rends-moi humaine''. Je ne vois pas grand monde en dehors de la princesse qui puisse donner cet ordre. »

Le professeur Belamour se tut, laissant l'idée faire son chemin dans l'esprit des protagonistes. Finalement, ce fut Higas qui reprit la discussion.

« - Et pourquoi as-t-elle fait cette demande ? C'est idiot.

- Pas forcément, intervint Daniela. D'après Arson, une chimère qui est venue nous aider à étudier les sarbacks ennemis, elle appréciait notre espèce. » Elle se mit à regarder l'écran d'un air triste avant de poursuivre « peut-être que, se sachant mourir, elle a fait une dernière prière, une ultime demande pour avoir une vie meilleure.

- Je ne suis pas sûre que notre vie soit des plus passionnantes, et ce n'est pas ici le sujet, cassa le professeur Belamour. Le Berserker n'a trouvé aucun conflit entre les deux ordres. Il a immédiatement lancé le calcul pour l'identification d'un ADN combiné stable.

- Et pour Tégos ? Demanda le commandant Higas.

- Tégos n'a rien demandé de particulier si ce n'est survivre. Et, en raison de l'impossibilité de la conserver en vie sans son corps après le coup de feu qu'elle a prit, le Berserker à immédiatement appliqué la directive six. Il n'a trouvé aucune contre-indications et est allé au plus simple.

- Donc, si j'ai bien compris, la seule responsable de la forme qu'ont les deux chimères, c'est la princesse Salida ?

- Oui. nul est besoin de vous dire que cette information ne doit pas filtrer. Si jamais cela se savait, elle perdrait alors ses derniers partisans. Et je n'ai pas besoin de vous rappeler l'état politique bordélique dans lequel elles sont.

- Quelle est la suite ? demanda le commandant Higas.

- On passe demain aux tests pratiques de pilotages des berserkers par les cobayes. Quand au chimères, on va les passer à la rééducation. Pour le moment, leur montrer que l'on prends soin d'elles est la meilleure chose à faire pour le moment.

- Est-ce que l'on va pouvoir leur rendre leur forme originelle ? Demanda le docteur Henric.

- Tu crois au père Noël toi, répondit la professeur Belamour.

- A ce point-là ?

- Nous n'arrivons pas à sortir la plus petite information qui ne soit pas vérolée de ce qui reste des disques durs.

- Je vais voir si on ne peux pas leur appliquer à elle aussi une directive neuf déclara Higas.

- Quoi ? Vous n'y pensez pas ! Cria le professeur Wolkeazurblau. En se levant de son siège.

- Si, j'y pense. Mais ce n'est pas à moi de prendre cette décision. Je vais la proposer à Bordeaux, et ils feront leurs choix. Nous savons comment couper la princesse de tout soutien, à nous de faire en sorte que cela arrive si le besoin s'en fait sentir. Quand auront lieu les essais ?

- Demain, dans la matinée, au champs de tir de Clermont-Ferrand. Des officiels sont déjà arrivés.

- As-t-on des nouvelles du carré d'argent ?

- Non, ils font les morts pour le moment. »

Ou alors nous n'avons rien détecté...

*

* *

*

Dans le véhicule tout terrains décapotable, Manuel et Fernand sentaient enfin le soleil sur leur peau. Le vent, encore un peu froid, leur fouettait le visage avec un plaisir non feint. Et les deux jeunes hommes y prenait un plaisir non feint. Ils avaient passés des mois entiers dans les sous-sols du centre, cette première sortie était un vrai régal. Sur les place de devant, les deux gardes du corps les rassuraient sur la suite des événements.

Ils avaient appris à les apprécier, tout les deux. Ils leurs avaient enseignés les bases et certaines méthodes de combat en AMC. Ils avaient partagé avec eux beaucoup de leur savoir. Et, même s'ils manquaient encore un peu de pratique, les deux jeunes arrivaient à leurs faire quelques frayeurs en entraînement.

Leur voiture n'avait rien à voir avec les modèles tout terrain vendu dans le commerce, Manuel en appréciait la mécanique et le style. L'habitacle était assez petit, mais les roues montées sur d'énormes suspensions qui sortaient de chaque coté lui donnait un côté fou et mobile qu'il aimait bien. Un jeux de deux roues par élément monté sur chaque suspension. Cela donnait quatre roues à droite et quatre a gauche. Un système de contrôle électrique permettait de régler l'écartement des roues et leur hauteur par rapport à la caisse. Une véritable merveille de mécanique.

Devant eux, un cortège de voiture et, derrière, plusieurs camions. Juste derrière eux, les deux camions contenant chacun leurs machines bâchées. Manuel savait ce qui allait se passer aujourd'hui, et il avait un peu peur de ne pas être à la hauteur.

« - Arrête de t'inquiéter, ce n'est pas le rôle d'un soldat. Suis les ordres, et tout se passera bien. Si une cession de ce type a été planifiée, c'est que tu en as les capacités.

- Mais tu ne doutes jamais Max ? Demanda Fernand le regard toujours protégé par les lunettes de soleil en regardant le ciel.

- Non, c'est inutile. Tout dois être préparé et revu avant une intervention. Sur le terrain, il n'y a plus de temps pour la réflexion, c'est le moment d'agir.

- On est arrivé. » Coupa le capitaine Jugo.

Leur véhicule traversa un portail gardé sans clôtures de part et d'autre. Juste un panneau terrain militaire pour signaler le danger de tirs à balles réelles. Il roula jusqu'à une lisière de forêt devant laquelle s'étendait une immense plaine. L'engin tout terrain avança et se gara à coté d'un bunker à demi enterré. Les deux camion se garèrent à coté d'eux.

« - Franchement, un camion par machine... Si c'est pas du gâchis ça ?

- Attends Fernand, t'as vu le poids de voleur qu'elles font ?

- Ouais, bah c'est de la caille ces remorques si elles font la gueule avec une seule armure.

- Allez, en piste les artistes, leurs dit joyeusement Frantz, nous, nous seront là-dedans pour toute la durée de l'exercice, rajouta-t-il en leur montrant le bunker.

- T'es rassurant comme mec, ironisa Fernand.

- Vous ne risquez absolument rien ici. Pas de chimères, pas de Silridriss. »

A la lumière du soleil, l'armure de Manuel brilla de plus belle. Il se glissa dans le poste de pilotage et refit ce qu'il avait déjà fait de nombreuses fois, dans le centre d'essais. Là encore, il retourna dans cet étrange monde gelé dans le ciel, au dessus d'une mer de nuages. La sensation malsaine était toujours là. Mais, cette fois-ci, il avait identifié d'où elle venait : sous la mer de nuages. Quelque chose attendait patiemment son heure pour cracher sa rage. Cette fois-ci, il trouva Ego dans l'entrée du château.

« - Bonjour conscience.

- Appelle-moi Manuel s'il te plaît. Je voudrait piloter l'armure, t'as une idée de la manière à procéder.

- Je me doutais que cela arriverais un jour. »

Comme lorsqu'il s'était retrouvé devant le tube pour faire sortir Salida du berserker, le jeune homme se senti aspiré et les couleurs devinrent floues autour de lui, pour finalement lui montrer un paysage qu'il connaissait bien : le champs de tir. Il voyait au travers des yeux de l'armure, et il sentit sa poitrine se fermer, comme si un vêtement un peu épais glissait sur sa peau.

« - Alors ? c'est comment ? murmura Ego un peu amusé.

- T'es encore là ?

- Oui, je pilote avec toi, je m'occupe de tout les systèmes annexes, de la gestion de l'énergie et des communications. Je fais un peu office de copilote. A ce sujet, j'aimerais que tu évites de nous envoyer dans des endroits dangereux.

- De ce que j'ai compris, cette engin est spécifiquement conçu pour ça, fit Manuel en regardant une des mains de l'armure bouger comme si c'était la sienne.

- Ce n'est pas parce qu'un couteau coupe de la viande que tu ne dois l'utiliser que pour cela. »

Soudain, à force de regarder autour de lui, Manuel fut pris de vertiges.

« - Ego, qu'est-ce qui se passe ?

- Tu n'es pas encore habitué à la masse d'informations qui te parviens. Ton cerveau a du mal à tout traiter, je vais couper les système de repérages au corps à corps, de multi-détections et de chocs imminents. Ça devrait aller mieux maintenant. »

Les troubles disparurent aussi vite qu'ils étaient arrivés.

« - Qu'est-ce que c'est que tout ces trucs dont tu parles ? j'ai jamais entendu parler de ça jusqu'à présent.

- Berserker un, Berserker deux, Est-ce que vous nous recevez ? ici contrôle test. » Fit la voix du professeur Belamour dans les oreilles de Manuel. Malgré tout leurs efforts pour lui faire comprendre que ce n'était pas leurs noms de code, la scientifique restait butée et ils avaient décidés de lui faire passer le message d'une autre manière :

« - Ici Doux-dingue, Berserker un opérationnel contrôle test.

- Ici Twister, Berserker deux opérationnel contrôle test.

- Ça te dérange si on voit cela plus tard ? Dans le cas contraire, ils vont se douter de quelque chose, fit Ego.

- Ok, mais dés que tu peux, je veux que tu me dises tout sur cette machine.

- D'accord. Hum ?

- Quoi ?

- Voilà qui est étrange.

- Quoi donc ? interrogea Manuel

- Ta capacité maximale d'énergie a augmenté. Pas de beaucoup, mais suffisamment pour que ce soit visible.

- Ha ?

- Je pense que plus tu utiliseras ta machine, plus ton endurance augmentera. Un peu comme un sportif, plus tu t'entraînes, plus tu es efficace en compétition.

- Ok, bon à savoir ça. Fait moi un gros plan des voitures là-bas. Je voudrais voir la résolution des caméras. »

Les yeux de Manuel virent alors les voitures comme s'il s'était trouvé juste à coté. Pas de pixels, pas de flou.

« - Il n'y pas de caméras sur cette machine.

- Mais alors, avec quoi je regarde actuellement ?

- Des yeux numériques. Tu verras des objets nets jusqu'à douze kilomètres.

- Mais dans un champs de bataille, on n'atteint jamais ce genre de distance.

- Sait-on jamais ? »

Mais c'est quoi ça ?

Sur certaines voitures Manuel identifia des drapeaux. Comme s'il avait posé la question oralement, Ego Répondit :

« - Drapeaux de la chine, des États-Unis et de l'Union Européenne.

- Qu'est-ce qu'ils foutent ici ?

- C'est une excellente question, je me posais la même.

- Berserker un et deux, dirigez vous vers les postes de tirs » Reprit la voix du professeur Belamour.

Manuel descendit de la remorque du camion qui se souleva avec un crissement, soulagée du poids de l'énorme machine. A sa droite, Fernand fit de même. Le jeune homme était véritablement surpris, en dehors des pas, sa machine provoquait à peine un bruit de vent dans les feuilles d'un arbre. Pas de bruit de moteur ou de turbine, un silence quasi parfait.

« - Comment ça se fait que le contrôle test ne t'entende pas ?

- Disons que j'occulte nos discussions. Mais je suis toujours en discussion avec Alfa, répondit Ego.

- Alfa ?

- Mon homologue chez Fernand. C'est mon frère après tout : nous sommes nés ensembles.

- Berserker un et deux, une séries de cibles vont apparaître en différents points du champs de tir. Les cibles sont de couleurs bleues et jaunes. Berserker un, vous abattrez, les jaunes, Berserker deux, vous abattrez les bleues. Confirmez, reprit Belamour.

- Ici Twister, je confirme. Destruction des cibles bleues.

- Ici Doux-Dingue, je confirme, je m'occupe des jaunes. »

La main gauche de l'armure de Manuel alla jusqu'à l'énorme pistolet sur sa jambe. Ce faisant, il pesta :

« - Pourquoi as-tu mis cette arme là ? Je suis droitier.

- Attends de voir ce qui est configuré pour la main droite avant de te plaindre. Et fait attention, l'arme de poing est un peu spéciale.

- Et... y'a quoi sur la main droite ? Demanda-il en regardant le membre vide d'équipements.

- Pour le moment... rien. Je n'avais pas assez de puissance pour tout faire la dernière fois. J'ai dû stocker.

- Berserker un ! Est-ce que vous êtes prêts ?

- Non, contrôle test. Il semblerait que mon arme nécessite un préréglage. Deux ou trois minutes et c'est bon. »

Le jeune pilote ignora la discussion de Fernand et du professeur Belamour pour interroger Ego.

« - Ok, s'il est spécial, on va faire un tir simple.

- Un tir simple ? Quel tir simple ? y'a pas de tir simple.

- Comment-ça ?

- Le barillet que tu vois en dessous sélectionne le mode de tir, c'est moi qui le contrôle. Tu disposes de six effets sur tes projectiles. Il peuvent exploser à l'impact, augmenter sa fragilité pour la rendre aussi cassante que du verre, augmenter sa ductilité pour la rendre aussi molle de que la pâte à modeler. Tu peux aussi la geler , la projeter, ou la frapper à l'aide de la foudre. Fait ton choix. Pas besoin de demander, je le fais quand je sens que tu en as besoin. »

Manuel voulait simplement faire des trous dans ses cibles, et il vit le barillet s'incrémenter avant de s'arrêter. Puis changea le pistolet de main.

Pratique ce sélecteur de tir à la pensée, par contre, les effets sont un peu merdiques...

« - Ce sont ceux que tu as demandés. Et même si tu ne les apprécies pas, je suis sûr que tu en feras des merveilles. »

On verra, pensa Manuel en pointant son arme vers une cible. Au premier tir, la cible et les deux mètres autour volèrent dans le ciel. Absolument aucun recul ne fut provoqué lors de la détonation. Cette dernière provoqua plus un claquement et un grésillement de forte puissance qu'une explosion.

Whoua ! la vache ! pensa Manuel en regardant l'arme de profil, n'en croyant pas ses yeux.

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Directives trois et six : voir Tome 1 : Premiers pas.

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