3 : Dangereuses liaisons (1/3)

Le maître des forges plaça le cube d'airain dans l'espace de son bureau prévu pour.

Au milieux des trois protagonistes, une image du premier démon Alikaross fit son apparition. Il s'agissait de l'armure blanche.

« - Parle ! cria le maître des forges

- Je n'ai...

- Saches que tu joues ici ta vie, coupa Arsear en murmurant, imposant pourtant sa voix dans les lieux. J'ai longuement étudié ces deux machines. J'attends de toi que tu me fournisses au moins cinq éléments que je n'ai pas identifié. Dans le cas contraire, ta vie finira ici. Commence.

- Je n'ai jamais vu de telle machinerie messeigneurs,reprit la gnome en se levant avec difficultés. Si cela est bien une machine. Et il n'y a rien dessus qui permette de la qualifier comme telle. » La petite créature avança en boitant jusqu'à l'image. « Je commencerais par vous dire que son poids est bien supérieur à celui d'un sarback. Cela se voit clairement quand il se bat, les déformations au sol le montrent clairement. » Dit-elle en faisant un mouvement dans les images. Aussitôt les déformations furent accentuées au niveau du sol. Et, entre l'armure blanche et le sarback qu'il affrontait la différence de déformation était flagrante.

« Ensuite, cette chose dispose d'une célérité et d'une maniabilité extraordinaire. Aucune machine à ce jour n'est en mesure de réaliser cela. » Les images passèrent au moment où, il affrontait seul une dizaine de machines noires. « Regardez- bien ses queues : elles ne lui servent pas uniquement comme arme : leur utilité première sont les appuis. Avec elles, il peux effectuer des virages et des mouvements normalement impossibles. Ensuite, je suppose que cette capacité divinatoire où il voyait à l'avance l'arrivée d'un coup dans un angle mort, n'est en rien de la magie : il était prévenu. Regardez ceci. » Dit la gnome en montrant le radar du navire en fonctionnement. Ceci doit avoir un rôle dans ses prémonitions. Mais je n'en suis pas sûre.

- Donne nous uniquement tes certitudes. Épargne nous le reste, fit remarquer Ragoune.

- Non, j'ai besoin de tout. Continue.

- Ce qui m'effraye, c'est ceci » dit-elle en montrant le frisson parcourant la toison du loup lors de la pose des entraves « ceci » Une image du loup pointant un énorme pistolet « et cela. » Une image de la machine s'abritant derrière un bouclier. « Il faut plusieurs années pour maîtriser les artefacts à Erapha. Pourtant, cette chose a recopié et même amélioré l'un de nos boucliers. Elle a crée de toute pièce une arme en plein combat, et, elle a contré les entraves auxquelles même les Tarantas ne résistent pas. A ce jour, personne n'a jamais été capable de réaliser de telles performances. Cependant elle a des défauts, si l'on regarde bien, tout les coups qu'elle a stoppé l'ont toujours été sur les mêmes éléments : les pièces d'armures et les faces extérieures des ailes. Tout le reste doit être sans protections. Un coup bien placé devrait avoir raison de lui. Mais, là encore, il faudrait déjà arriver à le toucher. L'autre démon ? »

Arsear lui fit signe de poursuivre, visiblement intéressé par ce qu'elle avait à dire.

« L'autre démon, est dans le même genre que le premier, il n'a pas beaucoup combattu, mais de ce que j'ai pu voir, là où le premier était une anguille, glissant entre les coups, celui-ci serait du genre rocher : il encaisse sans broncher et riposte autant qu'il le peux. Si le premier est un spécialiste du corps à corps, celui-là a une puissance de feu équivalente à nos Tarantas. Tout son arsenal offensif se situe dans les projectiles. » Les images montrèrent les échanges de tirs plus que nourrit entre le Tarantas et l'armure orangée.

« Mais, contrairement à son camarade, malgré la lourde armure dont il dispose, j'ai l'impression que son seul système de défense est cette chose bizarre qui lance des boucliers. Cependant, tant que personne ne l'aura affronté en corps à corps, il n'y aura aucune certitude. Seulement, en considérant ce qu'il s'est passé dans l'arène, plus ils affronteront d'adversaires plus leurs puissance grandira. Voilà, c'est tout ce que j'ai pu trouver : je manque d'informations pour identifier leur fonctionnement complet. »

Arsear regarda encore un moment les images du sauvage combat qui avait eu lieu dans l'arène.

« - Es-tu en mesure de construire des sarbacks capables de rivaliser avec ces choses ? Murmura-t-il.

- Si je devais fabriquer un tel artefact, ce ne serait pas un Sarback. Mais plutôt un modèle comme les leurs : Nos Sarback sont conçus pour l'assaut, et uniquement avec cet objectif. Cela ne convient pas. Il faut plus de souplesse et de modularité. Il ne devra y avoir que deux pattes pour être aussi rapide qu'eux, au détriment de la précision et de la stabilité, retirer les quatre bras pour n'en laisser que deux afin de ne pas rentre le système instable. Enfin, faire comme eux : utiliser un système d'arme modulaire.

- J'ai posé une question.

- Oui, je suis capable de créer quelque chose capable de rivaliser avec eux. Mais je vais avoir besoin de plus d'informations sur ces deux démons.

- Ragoune ?

- Rig-Rid, désormais, tu appartiens au seigneur Capitan ici présent. Sache le contenter du mieux que tu le puisses, il en va de ta survie. Seigneur Capitan, La porte est derrière vous. »

Arsear attrapa la petite esclave par un poignet et la traîna en direction de la chambre du maître des forges. Lorsqu'elle comprit ce qui allait lui arriver, elle se débattit en suppliant, des larmes sur les joues et peur au ventre. L'avancée du Capitan fut implacable malgré tous les essais de l'ingénieure pour se dégager ou ses suppliques. La porte de la pièce ouverte, il y jeta l'esclave sans ménagement avant d'y entrer lui aussi. Ragoune vit la porte de sa chambre se refermer avec satisfaction Peu après un cri de douleur traversa la porte et généra un petit sourire sur son visage de reptile.

*

* *

*

Dans une salle d'examen, le professeur Belamour fit un pas vers le docteur Henric.

« - Allons docteur, laissez-moi les approcher.

- C'est hors de question, répondit Henric en faisant un pas en arrière.

- Je ne fait que regarder, promis, dit-elle avec un nouveau pas.

- Pas la peine d'insister, recula-t-il de nouveau. Elles ne sont pas prête à voir autant de monde autour d'elles.

- Mais les deux cobayes sont avec elles.

- Oui, mais elles les connaissent toutes les deux. Même leurs gardes du corps sont dehors. »

Le docteur passa derrière la table d'examen au milieu de la pièce, cherchant à mettre le plus d'objets possible entre cette dangereuse femme et lui-même.

« - Et si j'attendais un peu qu'elles sachent qu'elles ne risquent rien ? Après, c'est possible ?

- On verra. Pour le moment, j'aimerais retourner faire mon travail. »

*

Manuel était assis sur une chaise dans la petite pièce, juste en face des deux lits. Fernand lui, c'était adossé au mur à coté de la porte. L'une à coté de l'autre, les deux chimères étaient inconscientes. Par mesure de sécurité, elles étaient attachées aux lits les yeux bandés. Ne sachant trop comment réagir, les infirmiers les avaient recouverts avec des draps jusqu'au cou comme pour des individus normaux.

Lorsque Fernand comprit que Tégos était elle aussi enfermée dans sa machine, il y était re-rentré pour l'en libérer.

Salida avait désormais le corps d'une belle femme, le corps recouvert d'une toison blanche avec ses anciennes marques bleues. La densité pileuse était aussi élevée que les poils étaient courts. Les ailes avaient disparues, mais la queue était restée. La tête de tigre, facilement reconnaissable par tous, posait fièrement sur ce corps soigné et parfaitement proportionné. La fourrure paraissait soyeuse et sans défauts. Tégos, de son coté était restée avec la peau à nue aussi noire que l'ébène, son visage plus proche de l'humanité que sa princesse. Elle avait tout de même conservé quelques pièces de cartilages. L'arête du nez possédait un ensemble articulé remontant sur le crâne, et glissant dans le cou puis continuait le long de la colonne vertébrale. Les hanches, les genoux, les coudes portaient eux aussi des éléments protecteurs. La poitrine, plus développée que la tigresse, se trouvait rehaussée elle aussi par un soutient-gorge naturel en cartilage. Pas de lèvres, seul une discrète fente permettait d'identifier la position de la bouche dans laquelle les dents étaient restées tranchantes.

Les deux chimères disposaient d'une étrange beauté liée à l'étrangeté de leurs formes, c'en était irréel. Mais pour les deux garçons, elles restaient tout aussi dangereuses.

« - Mais où est-ce que ça a merdé...

- J'en sais rien... »

Depuis qu'ils étaient entrés dans cette pièce, avec les deux chimères, ils ne cessaient de s'interroger sur ce qui s'était passé, et, surtout, quels étaient les événements qui avaient abouties à la transformation des deux créatures.

« ... Mais j'espère qu'elles ne vont pas souffrir comme nous quand nous sommes arrivés ici, répondit Manuel, les mains jointes devant lui.

- C'est clair. Est-ce que tu crois que les gars de l'équipe de recherche vont pouvoir nous dire ce qui s'est passé ? Parce que moi, j'en ai pas la moindre idée.

- Si ce n'est pas eux, je ne vois pas qui pourrait le faire. »

Fernand répondit d'un clin d'œil.

Il est au courant pour Ego...

« - Et que nous est-il arrivé ? »

La voix était féminine et ferme. Tégos venait de parler de ses propres mots. Une voix de femme avec un soupçon de colère au fond de la gorge.

« - Je rêve où elle parle en français ? Interrogea Fernand

- Je dois être dans le même rêve.

- Et je vous comprends. Manuel, Fernand, je vous ai reconnus, et pourquoi est-ce que je suis attachée ?

- Euh... Tégos, va falloir que tu sois forte. On a de mauvaises nouvelles.

- On est en vie, je ne vois pas où est la mauvaise nouvelle, répondit la créature en se débattant légèrement sur le lit.

- Tégos, aucun de nous quatre ne s'en est sorti sans séquelles. »

Le corps de Tégos se calma, quand Manuel posa sa main sur le front de la créature.

« - C'est quoi sur ma tête ?

- Ma main. »

Il y eut un moment de flottement tandis que l'information cheminait dans l'esprit de la chimère.

« - Ne me dites pas que j'ai perdu ma taille.

- Tu as aussi perdu ta forme originale. Morphologiquement, tu ressembles à une femme de mon espèce.

- Vous vous foutez de moi ?!

- Malheureusement non.

- Ne me dites pas que je vais devoir vivre ainsi !

- Vous resterez ainsi jusqu'à ce que nous ayons trouvé une solution. »

Les deux pilotes se retournèrent et virent le professeur Belamour dans l'encadrement de la porte.

« - Qui est-ce ? Demanda Tégos

- Je suis le professeur Patricia Belamour. Responsable de ce centre de recherche. Pour le moment, on cherche à récupérer les informations que l'on a perdues dans l'accident de la salle de contrôle.

- Pourquoi ?

- Parce que votre code génétique, qui vous donnait votre forme, doit être quelque part. Il devrait nous aider a vous rendre votre forme originelle. Mais vu qu'une chimère a paniqué...

- L'autre ! Je le retrouve ! Je le flambe !

- Allons, allons, essaye de te calmer s'il te plaît... Commença Manuel.

- Me ''calmer'' ?! Mais c'est pas vrai... depuis que je t'ai rencontré, je n'ai que des ennuis ! Et ça va de mal en pis !

- Manuel ? »

La voix venait de la princesse, sur l'autre lit. Elle était douce et inquiète. Tégos se calma aussitôt.

« - Manuel ? Est-ce que c'est toi ?

- Oui, répondit le jeune homme en s'approchant du lit, je suis là.

- Que s'est-il passé ? Je me sens bizarre. Et pourquoi suis-je attachée ?

- Il s'est passé pas mal de choses, et je n'en comprends pas la moitié.

- Ne me dites pas que la princesse à subit le même traitement, murmura Tégos.

- Si, répondit simplement Fernand.

- C'est pas vrai, c'est un cauchemar. » Tégos laissa aller sa tête contre le lit et ne bougea plus. Les compresses s'humidifièrent de larmes. Quelques unes coulèrent en dehors et Fernand les récupéra avec un mouchoir.

« - On va trouver une solution Tégos, Pour le moment, essaye d'accepter ce qui t'arrive..

- Dégage, répondit-elle, mauvaise.

- Je suis Humaine ? Demanda Salida

- Pas tout a fait. Il y a quelques différences.

- Mais pas tant que ça, corrigea le professeur Belamour. J'ai les résultats de l'IRM. Tout est à sa place, seuls quelques os et l'épiderme sont différents.

- Et la queue ? Salida a gardé sa queue, non ? Interrogea Fernand.

- Le coccyx est ce qui nous reste de notre période de primate. Le Berserker lui a juste rendu son utilité première. Maintenant, Mademoiselle Tégos, sachez que vous n'êtes pas la seule dans ce cas-là. Les deux jeunes hommes qui sont ici avec vous ont aussi subit des dommages. Pas aussi impressionnants que les vôtres, mais ça choque quand même quand on connaît leurs vis-a-vis.

- Quoi ?

- Ils ont les marques de leurs machines sur le corps. Ils ont enduré des souffrances inimaginables, et, je ne sais pas par quel miracle, ils ont survécu. Ils n'ont perdu l'usage d'aucun membre dans l'affaire, ce qui, au vu de l'historique des tests, est tout a fait exceptionnel. Croyez-moi, vous n'êtes pas la plus à plaindre, ces deux pilotes sont passé par l'enfer pour que vous gardiez la vie. Vous devriez plutôt les remercier.

- Alors pourquoi suis-je attachée ?

- Nous avions peur de votre réaction, et nous voulions tout vous expliquer avant de vous libérer.

- Maintenant que c'est fait laissez-nous partir.

- Non. Nous sommes responsables de votre état, nous allons vous garder jusqu'à ce que nous soyons en mesure de vous rendre votre apparence normale. »

Tégos se calma instantanément.

« - Pouvez-vous réellement le faire ?

- Oui, mais, pour ce faire, il y a pas mal de zones d'ombres à éclaircir, et nous aurons besoin de votre coopération.

- Ça me va. Détachez-moi maintenant.

- Allez-y. Commencez par lui retirer les compresses, d'après les analyses, contrairement à vous, elle ne risque rien. » Annonça la scientifique aux deux pilotes.

Manuel et Fernand se jetèrent un coup d'œil entendu avant de commencer à détacher la créature. Fernand commença par les yeux tandis que Manuel s'attaquait aux pieds. Lorsque sa vision fut découvertes, ses paupières clignèrent quelques instant. Puis les pupilles rouges sur fond noir s'ouvrirent puis se rétrécirent en cherchant une mise au point correcte. Elle se figea quelques instant à la vue de l'homme au-dessus d'elle. Chauve, la peau rougie, et une paire de lunettes noires sur le nez. Elle renifla quelques instant avant de demander :

« - Fernand ?

- Oui ?

- Je vous avais dit que vous n'étiez pas la seule à avoir des séquelles. » Dit une femme en tailleur près de la porte.

Sentant ses pieds devenir libres, elle posa son regard sur l'autre pilote. Les marques noires qui recouvraient son visage et ses cheveux blancs la surprirent au plus haut point. Chacun de son coté, ils détachèrent les poignets de la guerrière. Une fois fait, d'un signe de la tête, Manuel demanda à Fernand de l'aider à détacher Salida. La princesse était restée muette durant toute la durée de cet échange.

Tandis que les deux jeunes s'activaient à détacher la seconde chimère, le professeur Belamour s'approcha de Tégos. La chimère chercha à quitter le lit, mais, d'une simple main posée sur elle, la scientifique l'en empêcha.

« - Je regrette, mais votre corps est trop faible pour soutenir votre poids. Restez sur le lit, vous aurez toutes les séances de rééducations nécessaires pour disposer de vos membres.

- Qui vous dit que je suis faible ?

- Faisons l'expérience. Si vous me battez à la course sachant que je suis en talons aiguilles, je vous laisse. La première arrivée au bout du couloir gagne. » Fit simplement la jeune femme en reculant pour s'écarter du lit.

La chimère chercha du regard la princesse, et la trouva. Un sourire tendre éclaira son visage, rassurée de la voir sauve. Mais sa vue glissa ensuite sur Manuel qui secoua la tête en lui faisant signe de ne pas accepter le défi de la scientifique.

« - Allons-y, murmura Tégos, le regard vissé dans les lunettes du jeune homme. »

Malheureusement, la chimère s'écroula dés sa descente de lit. Elle ne tenait pas debout, même à quatre pattes. Elle vit les chaussures de Manuel et de Fernand s'approcher d'elle et l'attraper pour l'aider à se retourner dans le lit. La scientifique partit, satisfaite de sa démonstration.

« - Je vous hais ! Dit-elle à l'adresse des deux jeunes hommes.

- Tégos ! Apostropha la princesse.

- Nous as-tu jamais appréciés ? Demanda Fernand en se laissant tomber dans un siège.

- Je n'y crois pas Tégos, tu es tout de même heureuse d'être en vie. Ce que la professeur voulait te montrer, c'est ton état de faiblesse actuelle. Avec la rééducation, tes membres atrophiés vont prendre de la masse musculaire et tu redeviendras autonome, expliqua Manuel.

- Nous sommes aussi passés par là, rajouta Fernand. Mais, nous, on avait la douleur en plus. Le Berserker nous avait épluché comme des patates. On a passé des jours entiers a désirer mourir tant la douleur était insupportable. Même la morphine ne nous calmait pas.

- Je veux que nous retrouvions nos formes d'origines !

- Et on va s'y employer. Mais il va falloir être patiente Tégos.

- C'est l'heure les gars, fit le capitaine Jugo en ouvrant la pièce.

- Qui c'est lui ?

- Un prof de pilotage répondit Fernand. Et là, c'est à nous d'aller faire nos exercices.

- On repassera plus tard vous rendre visite. Promis. » Rajouta Manuel en se dirigeant vers la porte. Bientôt suivit par Fernand.

*

* *

*

Rig-Rid s'était assise sur la chaise du pupitre vide, dans le bureau d'Arsear. Du sang avait coulé de son entre-jambe et avait laissé des sillons rouges qui avaient séché. Les larmes avaient coulé le long de ses joues et avaient laissés leurs version blanches sur ses joues. Elle avait encore mal de temps en temps, mais elle se refusait à trop bouger de peur de rouvrit la blessure. Elle regardait le Silridriss avec beaucoup d'interrogations. Elle ne comprenait pas ce qui s'était passé. Pourquoi avait-il fait cela ? Pourquoi lui-avait-il sauvé la vie avec une telle mascarade ?

L'objet de ses interrogations était assis à son bureau, et regardait fixement la porte devant lui, les mains croisées à hauteur de son museau et les coudes sur le meuble. Il était totalement perdu dans ses pensées.

Quelques coups sur la porte signalèrent un visiteur.

« - Entrez, dit simplement Arsear.

- Vous m'avez fait demandé Capitan ? Demanda Berik en entrant dans la pièce.

- Oui, tu vas rejoindre le gros de la quatrième flotte, et tu vas aller affronter les démons d'Alikaross chez eux. Là où ils sont. Si tu peux t'en débarrasser, tant mieux. Dans le cas contraire, réunis autant d'informations que tu le peux et enfuis-toi si la situation devient intenable.

- Bien Capitan. » Malgré l'accord qu'il venait de donner, Rig-Rid comprit que l'intendant n'était pas enchanté d'aller se battre contre ces deux monstres.

Quelqu'un d'autre frappa à la porte.

« - Entrez. »

Un esclave, un sylvain ouvrit doucement la porte, dans ses mains, une seconde robe de bure.

« - Donne lui, et va-t-en, compléta Arsear en montrant Rig-rid. Tu ne te sens pas à la hauteur Berik ? » continua-t-il, en direction de son intendant cette fois-ci.

« - Si, mais j'aurais espéré que vous mèneriez l'assaut.

- J'ai d'autres choses de prévu. Qui prendront toutes leur importance plus tard. Rappelle-toi que les ordres de la gouverneur me son absolus. Et, par delà elle, la Déesse-Impératrice.

- Bien, je m'en occupe Seigneur. Je pars dés a présent. »

Rig-rid pris la robe de bure et se changea tandis que l'intendant sortait en lui adressant un sourire mauvais. L'esclave qui avait amené la vêtement sorti à sa suite. Elle venait de se rasseoir quand elle vit Arsear vérifier que personne n'écoutait à sa porte.

« - Qu'en penses-tu ? Demanda-t-il.

La gnome laissa passer un petit moment de silence avant d'identifier quoi répondre au capitaine.

- Avec l'aide de l'Impératrice, votre intendant a toutes ses chances.

- Excellente réponse. Celle qui aurait été attendue par n'importe qui.... Ce que tu penses vraiment maintenant. »

L'ingénieure de Sarback ne savait pas quoi répondre. Quelques heures plus tôt, elle avait décidé de répondre franchement à ses questions, quitte à en mourir. Et il lui avait sauvé la vie. Là encore, elle choisi d'être honnête.

« - Il n'a aucune chance de vaincre. Les sarbacks dont il dispose ne sont pas assez conçus pour affronter ces machines.

- Mais tu m'as dit que tu serais en mesure d'en fabriquer.

- Oui, avec les informations actuelles. Mais si votre intendant va les affronter et que les démons changent encore, mes nouvelles machines peuvent être complètement dépassées.

- Fabrique-les. Tu disposes des forges du navire pour cela. J'ai fait le plein de tout les matériaux nécessaires aux forges, et j'ai demandés ses meilleurs équipes au maître des forges. » Répondit Arsear, ignorant la dernière partie de la phrase. « Ils t'attendent tous à la poupe du navire, au niveau médian. Tu reviens chaque soir me faire un rapport et dormir ici. Compris ?

- Compris seigneur Capitan.

- Une dernière chose. Bien que je ne crois pas qu'il soit utile de le préciser, les discutions privées que nous avons ensemble doivent le rester. Même chose pour ce qui s'est passé dans les forges. Il en va de ta vie.

- Bien seigneur Capitan. Comme le seigneur maître des forges me l'a demandé, je ferais ce que vous m'ordonnez, dit Rig-rid en ouvrant la porte pour sortir.

« -Oublie-le. » Crut-elle entendre en fermant la porte derrière elle. Elle resta un moment à regarder la porte, ne sachant si elle avait bien entendu, ou si elle avait bien compris ce qu'avait dit le Silridriss. Elle hésita à retourner dans cette salle pour demander des précisions. Elle posa même la mains sur le système d'ouverture de la porte. Avant de se raviser et de partir vers l'arrière du navire : il lui avait demandé de fabriquer une machine, et, elle lui devait la vie, la douleur sur son sexe le lui rappelait à chaque pas. A elle de ne pas le décevoir et de lui prouver qu'il n'avait pas fait d'erreur.

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