2 : Secrets (3/3)
« - Si j'étais toi, j'éviterais de toucher à tout cela. » La voix venait de derrière lui, elle était grave et un peu hautaine. Manuel se figea, sachant pertinemment qui venait de prononcer ces paroles.
« - Que risquerait-il de se passer dans le cas contraire ? Se risqua-t-il a demander.
- Tu la tueras, aussi sûrement que si tu lui mettais une balle dans la tête.
- Et qui es-tu ? Continua le jeune pilote en se retournant lentement. Pour trouver le visage du loup un peu trop près du sien à son goût.
- Voyons... je suis sûr que tu es capable de deviner.
- Tu es le Berserker.
- Non. Mais la réponse était prévisible. Réessaye.
- Tu es... une chimère.
- Là, Manuel, tu me déçois. J'aurais espéré que tu évites cette erreur.
- Pourtant, ta taille et ta forme correspondent à celle d'une chimère si Salida a cette taille.
- Ici, la taille n'a pas d'importance. Seule la représentation compte. Oh ? J'en ai trop dit. » Dit il avec un petit mouvement de recul en secouant la tête.
« - Tu es mon subconscient, ou mon inconscient, je ne sais pas, je n'y connais rien. Mais cela expliquerait la forme de l'armure si elle a été conçue à partir de mon esprit.
- Exact. Enchanté de te connaître jeune conscience, répondit le loup avec une petite révérence. Mais j'aurais espéré que tu devines du premier coup.
- Désolé, j'ai l'esprit en bouillie depuis que Marilyn m'a quitté.
- Ça, je n'y crois pas.
- De quoi ? De son départ ? Mais elle a écrit une lettre qu'elle a signée.
- Et depuis quand le Major s'exprime par courrier pour des choses aussi importantes ? »
La remarque secoua Manuel jusqu'au tréfonds de ses entrailles. Dehors, par les arches, la mer de nuages s'agita de manière plus violente.
« - Je te conseille de réfléchir à tout cela quand tu seras parti si tu ne tiens pas à mourir. Simple conseil. »
Avec beaucoup de difficultés, Manuel changea de sujet, se promettant de réfléchir à tout cela.
« - Que s'est il passé ici ? j'ai vu des squelettes Silridriss tout à l'heure. Comment sont-ils arrivés là ?
- Ha... Oui. Disons que le système Berserk reprends les dernières commandes s'il n'y a pas de correctifs. Et... La dernière commande à été de mener l'esprit de Salida ici. Aussi, ces deux intrus se sont infiltrés dans ma demeure. L'ennui, c'est qu'un autre invité, fort dangereux se trouvait déjà dans les lieux. Mes capacités m'ont permis de prendre soin de la princesse, mais je n'avais aucune envie de les protéger.
- Qui d'autre était là ?
- On en parlera plus tard. Nous avons tout notre temps, murmura doucement le loup en regardant la princesse chimère.
- Une dernière chose, quel est ton nom ? »
Le loup regarda Manuel de manière surprise.
« - Depuis quand est-ce que l'on donne un nom à son inconscient ? Voyons...
- Pourtant, continua Manuel, je dois bien te nommer si je veux discuter avec toi.
- Cela risque de générer un dédoublement de personnalité... Attends, on va contourner le problème : appelle-moi « Ego ». On trouvera difficilement plus simple non ?... »
Manuel hocha la tête pour acquiescer.
« - Bien, Maintenant que tu es là, et que tu es plein d'énergie, nous allons faire sortir la princesse là.
- Quoi ?
- Allez, au boulot ! »
Manuel se sentit tiré vers l'arrière. Son environnement changea du tout au tout et il se retrouva plongé au cœur des ténèbres. Devant lui, un petit cylindre bleu transparent apparu.
« - Ego, je suis censé faire quoi là ?
- Imagine que tu met la princesse dans ce petit espace, résonna la voix de l'animal. Mets tes mains de chaque cotés si cela peux aider.
- Mais elle est beaucoup plus grande que... attends, ici aussi seule la représentation importe ?
- Oui. Alors vas-y, je m'occupe du reste. Et on discutera de la suite plus tard. »
*
* *
*
Dans la salle, le technicien venait de retirer ses lunettes au jeune pilote. Le casque se ferma complètement en un claquement sec. Cela l'interpella. Il finit de plier les lunettes et les glisser dans sa poche.
« -Hé, tout va bien ? » demanda-t-il en tentant de secouer le jeune homme par l'épaule.
Mais Manuel s'était soudé à la machine, avec vitesse, deux bandes métalliques glissèrent des épaules jusqu'à la poitrine. Ses jambes comme ses mains furent coulées dans un métal liquide rapidement solidifié. Des tuyaux glissèrent sur ses épaules et trouvèrent des emplacements dans son casque. Derrière sa visière fumée, les yeux du jeune pilote brillèrent, l'un de bleu, l'autre de rouge.
« Oh, réponds. » redemanda le technicien dépassé par ce qui se passait sous ses yeux.
Lentement, la tête de Manuel bougea vers l'homme avant de se baisser vers le sol. Le membre du service technique regarda ses pieds lui aussi avant de revenir sur le jeune homme, qui n'avait pas bougé.
« Et merde... » Déclara-t-il en levant lentement les yeux vers la tête de la machine. Il savait pertinemment ce qu'il allait y trouver : la tête de loup dans la même position que celle du jeune homme, mais, elle, elle le regardait avec ses brillants yeux verons.
« - Jean ! Foutez le camps de là ! » Hurla un haut-parleur, le sortant de sa torpeur pour pouvoir s'enfuir.
Les lignes de bismuth qui recouvraient le corps du Berserker s'illuminèrent d'un bleu irréel. Des éclairs commencèrent à sauter d'un point vers un autre, et toutes les énergies allaient vers l'arrière de la machine.
Le long tube dorsal se craquela, laissant couler un liquide transparent sur le sol, avant de tomber en poussière. Laissant apparaître une créature que personne n'avait jamais vue, mais que certains reconnurent.
« - Salida... Murmura Fernand.
- Extraordinaire... laissa échapper Le professeur Belamour.
- Par l'Enfer. » Jura le Capitaine Aquil.
Dans la petite salle de commande, tout les ordinateur ou presque hurlaient qu'ils n'y comprenaient rien. Dans la salle de test, accrochée avec un harnais de métal, une créature anthropomorphique était apparue. A mi-chemin entre la femme et le tigre blanc et bleu, de chimère, elle avait gardé sa fourrure, sa queue et son visage félin. Le reste du corps avait les mensuration d'une belle femme. Elle était inerte, mais tout le monde pouvait constater qu'elle vivait.
*
« - Bien, maintenant que cela est fait, nous allons pouvoir discuter. »
La voix d'Ego réveilla Manuel, sur le sol du château, juste à coté de la mare où Salida fut enfermée.
« - Où est-elle ? Demanda-t-il groggy.
- Dehors. Vivante et en bonne santé. Tu dois te sentir fatigué non ?
- Oui, c'est le cas.
- Normal. Le Berserker utilise ton énergie pour la plus petite action. Il en utiliseras quand tu bougeras, quand tu utiliseras des armes ou des systèmes de visées...
- Quelle énergie ? L'Erapha ? Comme les chimères ?
- Oui, à quelques différences près. Entre-autre que cet Erapha provient de ton propre corps.
- Comment ça Ego ?
- Les Humains sont de vrai piles qui s'auto-rechargent quand ils se reposent où qu'ils se sustentent. Tel est le pouvoir des hommes. Mais il y a un verrou, quelque part dans notre âme, qui empêche l'utilisation de cette fantastique énergie. Ce n'est pas pour autant que vous n'en emmagasinez pas. Les seules informations dont je dispose sont celles que le système Berserk m'a transmise.
- Mais cette machine ...
- ...est mue par Erapha, je sais, compléta le loup tatoué Le Berserk fait sauter le verrou à chaque fois que tu pénètres dedans.
- Selon les chimères, pour un monde, c'est proportionnel à la vie qui l'habite. Je vis, et j'emmagasine de l'énergie magique, mais l'AMC m'en ponctionne une partie. Donc, si je tombe à zéro...
- Oui, nous mourrons tous les deux. »
Manuel resta un moment stoïque face à cette créature lui signalant que s'il pilotait trop, il mourrait.
« - Mais qu'est-ce que c'est que cette machine merdique ? Qui a construit un engin avec un tel défaut de fabrication ?
- Toi. »
La réponse d'Ego était informative et calme, alors que Manuel commençait à s'énerver.
« - Quoi ?
- Dans l'arène, ton esprit a demandé que ta machine ait une puissance supérieure à celle de tes ennemis. Il n'existe a ce jour aucun système humain capable de générer autant de puissance en aussi peu de temps. Après étude des carcasses Silridriss, le système Berserk a proposé d'utiliser la fantastique quantité d'énergie cachée dans le cœur des hommes. Tu as accepté, expliqua Ego. C'était un pacte avec le diable ou la mort immédiate. » Rajouta-t-il.
Le jeune homme réfléchissait, mais il dû reconnaître qu'il avait du mal à suivre un raisonnement correct. Le loup blanc reprit :
« Tu n'es pas au bon endroit pour réfléchir, retourne dans le réel. Ce sera plus facile, une dernière chose, ne parles à personne de ce que tu viens de vivre, et de ma rencontre. C'est certainement une petite paranoïa, mais il y a des bizarrerie, comme la lettre de Marilyn qui me laissent à penser qu'un terrible danger est bien présent.
- C'est ce que je pensais faire pour le moment, le temps d'éclaircir un peu cette histoire de lettre de rupture. »
Le jeune homme disparut de ce monde étrange, et la machine se déconnecta en même temps que son casque s'ouvrait. Il se précipita derrière sa machine pour décrocher Salida malgré une fatigue bien réelle. Une porte s'ouvrit laissant apparaître une foule de techniciens et des personnes portant des trousses de soins.
Lorsque ses yeux se posèrent sur la princesse, il ne put s'empêcher de penser : Merde, pourquoi a-t-elle cette forme ? Qu'est-ce que j'ai foiré ? J'ai jamais voulu un truc pareil !
*
* *
*
Arsear avançait dans les couloir du palais de Ragoune, le maître des forges. Autrefois, il aurait admiré la bâtisse de ce Silridriss. C'était un bâtiment immense et épuré, tout ce qui était présent avait une utilité. Rien n'était fait au hasard, les fioritures et les matériaux nobles n'avaient pas leurs places dans cet édifice où l'ambiance calorifère, dure et salissante régnaient.
L'esclave, en face de lui, le guida jusqu'à une porte à double battants, au fond du couloir. Il prit une profonde inspiration avant de pénétrer dans la pièce lorsque l'esclave lui ouvrit la porte. La pièce était simple et brute. Un bureau, avec les même systèmes qu'il possédait sur le sien, seul signe de l'importance de la pièce. Quatre gardes tous armés et caparaçonnés. Deux de chaque cotés de la porte, et deux autres de part et d'autre du bureau surveillaient le simple visiteur comme lui-même avec le même regard inquisiteur. Derrière le bureau, un immense balcon laissait voir les forges et les esclaves au travail. De temps en temps, le claquement d'un fouet se faisait entendre suivi d'un plainte.
A son bureau, Ragoune releva la tête, un sourire éclaira son visage lorsqu'il se leva en refermant un énorme livre de comptes. Il portait un autre habit de cuir et une broche dorée en forme de cors de chasse ornait son col.
« - Je vous en prie, je vous attendait Seigneur Capitan. Mais je vous attendait plus tôt... Un imprévu ?
- Oui, on peux dire cela comme ça. Mais c'est réglé maintenant.
- Rien de grave j'espère.
- Non, rassure-toi. Je suis en train de mettre un plan de bataille pour m'assurer de la disparition des démons d'Alikaross. Et je suis venu car je vais avoir besoin de la gnome dont vous m'avez parlé.
- Pour son châtiment ? »
Arsear réfléchit quelques minutes avant de répondre avec un sourire :
« - Oui, elle va recevoir la punition adéquate. Si elle survit, elle devra quitter ton service pour rejoindre le mien. Elle va travailler à la construction d'un modèle spécial de Sarback, un engin capable de rivaliser avec les leurs.
- Oui, je vois de quel genre de punition vous parlez, répondit Ragoune amusé.
- Cela vous dérange ?
- Non, son sort m'indiffère totalement maintenant que je sais qu'elle est responsable de la mort des jeunes de l'arène.
- Des jeunes ? Ils avaient mis des jeunes dans l'arène pour leur test de soldat ? Demanda Arsear outré.
- Oui, théoriquement, il n'y avait aucun danger. Faut croire qu'ils se sont trompé. Ça me désole autant que vous. »
Chez les Silridriss, les jeunes soldats devaient entrer dans une arène pour faire l'expérience du combat réel. Ils affrontaient alors des esclaves ou des prisonniers ennemis selon les disponibilités. Ceux qui avait combattus les humains n'aurait plus jamais leur chance de se battre pour la Déesse-Impératrice.
« - Allez me chercher Rig-Rid, murmura Ragoune.
- Pardon ? C'est a moi que tu parles ? Interrogea Arsear en plissant les yeux.
- Oh non, je ne me le permettrais pas seigneur Capitan. Le cors que je porte au col transmet mes ordres à l'ensemble des gardes dans l'usine. Et eux mêmes peuvent m'envoyer des informations. Il s'active d'une volonté, et la volonté disparue, il se désactive. Notre conversation est donc totalement confidentielle.
- Fait-moi voir. »
Le maître des forges détacha la petite broche de métal et la transmis à Arsear. Entre ses mains, la petite pièce de métal dorée était une véritable œuvre d'art. Derrière, près de la pique, était discrètement accrochée une minuscule pierre bleue.
« - Allez- y, faites un essai, contactez Yorasse, c'est la chef de la garde.
- Une simple volonté ?
- Faites comme si Yorasse était là, devant vous.
- Je ne sais même pas à quoi elle ressemble.
- Ce n'est pas important, faites comme si elle était derrière vous. La volonté de parler à cette personne en particulier activera la broche.
- Yorasse, je suis le Capitan Arsear de la quatrième flotte de la Déesse-Impératrice. Est-ce que vous m'entendez ? » Dit-il aussi simplement que possible.
« - Bonjour Seigneur Capitan. C'est un honneur que de vous avoir dans nos forges, fit une douce voix avec un léger écho à ses oreilles, Que puis-je faire pour vous ?
- Rien, je vous remercie, c'était un simple test. Continuez ce que vous faisiez.
- Bien Seigneur Capitan. »
Arsear tendit la broche vers Ragoune.
« - Quelle est la portée d'un tel élément ? interrogea Arsear.
- Il n'y en a pas. Mais il n'est pas utilisé sur le champs de bataille car on ne peux en avoir qu'une dizaine de pièces interconnectés. Au-delà, le sort se trompe parfois de personne, ou change des mots.
- Les fabriquez-vous ?
- Oui, pour quelle raison, vous en désirez ?
- Oui, deux jeux si possible.
- J'irais les chercher pendant que vous serez avec l'esclave. A ce sujet, il y a une pièce à droite dont je me sers pour dormir de temps en temps. Utilisez-la à votre convenance. »
Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas et une gnome fut jetée sur le sol de la pièce sans ménagements. Le grade responsable de cet acte ferma ensuite la porte, laissant la gnome avec les deux sauriens.
Arsear s'était retourné d'un bond lors du bruit, la main sur le pommeau de l'épée. Ragoune, lui, constata simplement que la gnome était là.
« - Veuillez excuser les actions un peu brutes des gardes. J'ai beau leur dire de prendre soin d'elle, mais cela se limite à ne pas la tuer. Pourtant, nombre d'entre-eux voudraient bien l'éliminer, pour les raison que vous connaissez. »
Les deux Silridriss se rapprochèrent de la gnome, terrifiée. Arsear s'était calmé, et il observa la gnome. Elle était dans un triste état. De ce qu'il voyait, elle avait le corps couvert de bleus et parfois d'hématomes sanguinolents. Sa robe de bure, symbole de sa condition avait été déchirée et maltraitée. A genoux, elle tentait tant bien que mal de garder une certaine pudeur en tenant la robe de bure déchirée contre sa poitrine, tout en sanglotant.
« - Je ne sais pas si tu as eu le temps de terminer le travail qui t'incombait, mais j'attends maintenant des résultats. Le seigneur Capitan ici présent jugera ensuite de la qualité de ton travail. Tu auras peut-être la vie sauve. »
En entendant le ''Capitan'' l'esclave eu un mouvement de recul. Elle regarda Arsear avec des yeux où la terreur était palpable. Elle se mit à tendre un petit cube d'airain en tremblant. Qui lui fut arraché des mains par le maître des forges.
« - Bien, commençons. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top